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Fout annonce le Dieu qu'ont vengé les ancêtres. Tourne les yeux, sa tombe est près de ce palais; C'est ici la montagne où, lavant nos forfaits, Il voulut expirer sous les coups de l'impie; 'est là que de sa tombe il rappela sa vie. Tu ne saurais marcher dans cet auguste lieu, Tu n'y peux faire un pas sans y trouver ton Dieu; Et tu n'y peux rester sans y renier ton père, Ton honneur qui te parle et ton Dieu qui l'éclaire, Je te vois dans mes bras et pleurer et frémir, Sur ton front pâlissant Dieu met le repentir. Je vois la vérité dans ton cœur descendue, Je retrouve ma fille après l'avoir perdue, Et je reprends ma gloire et ma félicité En dérobant mon sang à l'infidélité.

(VOLTAIRE, Zaire.)

Quelles pensées ! quels sentiments! Quand on réfléchit que cela est sorti du cœur de Voltaire, il est impossible de ne pas conclure

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que l'incrédulité ne l'avait point envahi ertièrement.

C'est de la poésie! me direz-vous, c'est un peu de comédie, par conséquent!

C'est de la poésie et de la comédie ! ditesvous. Alors, pourquoi nous opposez-vous cet homme, si vous le trouvez sans valeur? C'est de la poésiel oui, mais il a écrit souvent en prose, dans le même sens et de la même manière.

C'est un peu de comédie! c'est possible; mais il a pensé de même dans d'autres circonstances où il devait se montrer tel qu'il était, notamment à la mort, où toute comédie doit cesser, ou jamais, pour l'homme, qui entrevoit déjà les réalités de l'autre vie.

SCAPULAIRE.

Objections.- Pourquoi ces deux morceaux d'étoffe que portent certains fidèles?- C'est de la petitesse. Il y en a qui disent que ceux qui les portent seront préservés de la damnation éternelle; d'autres, de toute mort violente. N'est-ce pas de la superstition?

Réponse.-Lescapulaire laïque, le seul dont nous voulions parler ici, consiste en effet dans deux petits morceaux d'étoffe sur lesquels sont peintes ou brodées certaines lettres ou figures destinées à nous rappeler la pensée de la sainte Vierge et tout ce qui se rattache, pour nous, à cette grande pensée. Il suffit d'avoir, je ne dis pas porté, mais vu un scapulaire, pour comprendre cela. Malheureusement, il y en a qui ont des yeux avec les quels ils ne voient pas, ou font semblant de ne pas voir.

Pourquoi ces deux morceaux d'étoffe que portent certains fidèles, nous disent-ils ?

Pourquoi ? mais je viens de vous le dire. C'est pour nous rappeler la pensée de la sainte Vierge, et tout ce qui se rattache, pour nous, à cette grande pensée; à savoir qu'elle est la Mère de Dieu, et qu'en cette qualité elle a le plus grand crédit auprès de son divin Fils; qu'elle est, en même temps, la Mère des hommes, et qu'en cette seconde qualité elle porte à tous les hommes, sans aucune exception, le plus touchant intérêt; qu'elle nous a donné l'exemple de toutes les vertus chrétiennes, pendant qu'elle était sur la terre; qu'elle est notre modèle à tous, mais qu'elle est plus particulièrement le modèle des femmes, des jeunes personnes, des enfants, des pauvres, de tout ce qui est faible ou souffrant en ce monde, que, pour mieux l'imiter, ces êtres, si faibles naturellement, exposés d'ailleurs à une infinité de dangers, ont besoin nou-seulemet de la prière, mais de réunir, le plus possible, leurs prières et leurs bonnes euvres, afin que ce pieux concert fasse plus d'impression sur son cœur maternel.....

Vous allez m'interrompre ici sans doute, pour me dire que nous savons tous cela parfaitement.

Qui, nous savons tous cela parfaitement, mais tous aussi nous l'oublions; nous l'ou

blions même chaque jour, et voilà pourquoi il importe de ne négliger aucun des moyens qui semblent propres à nous le rappeler. Or. le scapulaire étant un de ces moyens, comme il est impossible d'en douter, en voyanı l'approbation qui lui a été donnée dans l'Eglise, et les heureux fruits qu'en retirent ceux qui en font usage, il n'est pas permis de n'en faire aucun cas, et surtout de le mépriser, comme vous venez de faire.

C'est de la petitesse, avez-vous dit.

Quoi! la prière, la vertu, de la petitesse! mais c'est tout ce qu'il y a de plus grand, de plus saint, au contraire, dans les actions des hommes.

Vous me répondrez peut-être que ce n'est point ce résultat que vous traitez de petitesse, mais le moyen employé ici pour l'obtenir, à savoir ces deux petits morceaux de drap, moyen dont la petitesse ressort d'autant plus à vos yeux que le résultat obtenu est lui-même plus élevé.

Et qu'importe la petitesse de l'instrument, si, comme vous ne pouvez vous empêcher d'en convenir, le produit est lui-même excellent? Ne savez-vous pas que Dieu choisit précisément les moyens les plus faibles selon le monde, pour obtenir les plus grands résultats: Infirma mundi eligit Deus. (1 Cor. 1, 27.)

Si on jugeait de tout comme vous voulez faire du scapulaire, en prenant la chose en soi, indépendamment de l'idée qui s'y rattache, et qui en fait souvent la valeur, où ne trouverait-on pas de la petitesse?

En religion, par exemple, que signifient ces ornements de toute forme et de toute couleur dont se sert le prêtre? En soi, ce n'est rien, ou c'est du moins peu de chose; mais, si on considère les idées qu'ils suggèrent, les sentiments qu'ils inspirent au prêtre qui s'en sert, à l'assemblée des fidèles, dont ils frappent les regards, c'est quelque chose de réellement estimable.

Voulez-vous que nous sortions actuellement du cercle des idées religieuses? Voyez, dans l'armée, ces mille petits riens qui fout partie de l'uniforme du soldat: les chefs y tiennent avec une rigidité extraordinaire

C'est de la petitesse, diront aussi, à cette occasion, les esprits superficiels. En soi, oui; mais, par l'effet, non; car c'est l'uniforme, avons-nous dit; c'est-à-dire que tout cela sert à donner à l'armée cette unité qui en fait toute la force.

Quel objet plus petit, en soi, qu'une épingle; et cependant, si elle a son utilité, il ne faut pas dire à ceux qui s'en servent, c'est de la petitesse. Citons, à ce propos, un exemple qui me paraît avoir beaucoup de ressemblance avec le sujet qui nous occupe. -Vous ne m'oublierez point, direz-vous, je suppose, à quelqu'un que vous avez chargé d'une commission pour vous. Restez tranquille, répond-il, je ne vous oublierai point. J'ai trop de raisons de penser à vous.-Votre intention est bien de penser à moi sans doute, ajoutez-vous, et cependant je crains toujours que vous ne m'oubliiez. L'homme est naturellement si distrait, vous avez tant de sollicitudes, tant d'occupations de toute sorte!.. Eh bien! faites ce que je vais vous dire, ce sera un moyen bien simple mais presque infaillible de penser à moi. Attachez une épingle à la manche de votre habit. En voyant cette épingle, vous penserez à moi; el, si vous m'oubliez pendant le jour, vous ne le pourrez guère le soir, en vous déshabillant.--Soit, répond-il encore; et chacun de vous se retire, plein de confiance pour la réussite du moyen que vous avez vous-même proposé, moyen que, du reste, nous voyons employer tous les jours. Si quelqu'un venait vous dire que c'est là de la petitesse. « Et qu'importe, lui répondriez-vous, pourvu que nous obtenions ce que nous avons envie et besoin d'obtenir !» Or, c'est là précisément ce qui a lieu pour le scapulaire. - N'oubliez point la sainte Vierge, votre Mère, dit l'Eglise aux fidèles. Nous ne l'oublierons point, répondent, en général, les Chrétiens; car nous avons trop de raisons de penser à elle.

-Votre intention n'est point sans doute de l'oublier, ajoute l'Eglise; et cependant cela pourra bien arriver. L'homme est naturellement si distrait; il a tant de sollicitudes et d'occupations sur la terre !... Croyez-moi, mettez sous vos vêtements cet objet béni, où se trouve son image. Cette image sera là tout auprès de votre cœur, pour le conserver toujours pur. Vous ne pourrez du moins oublier cette bonne Mère; car, si vous le faisiez le jour, vous ne manqueriez pas de vous la rappeler le matin, en vous levant, et, le soir, en vous couchant, c'est-à-dire à ces deux instants de notre vie où nous avons le plus besoin de retremper notre âme dans les pensées de la fol. »

Ne dites donc plus que c'est de la petitesse. Non, ce n'est point de la petitesse; car c'est de la piété, puisque c'est un moyen trèspropre à nous rappeler la sainte Vierge, à nous la faire aimer, à nous porter à la pratique de ses vertus. Non, ce n'est point de la petitesse; car c'est la nature elle-même, puisque nous ne faisons là que ce qui se fait partout, que ce que vous faites vousmême en d'autres circonstances.

On nous fait une objection plus sérieuse relativement au scapulaire.

Il y en a qui disent que ceux qui le portent seront préservés de la damnation éternelle; d'autres, de toute mort violente. N'est-ce pas là de la superstition?

Croire cela serait en effet de la superstition, puisque ce serait attribuer à un objet béni des effets prodigieux qu'il ne produit ni ne saurait produire ordinairement. Pour ce qui est de la damnation éternelle, il n'y a qu'un moyen de s'en préserver, c'est de mourir en état de grâce. Le scapulaire peut nous aider à cela, en nous portant à l'accomplissement de nos devoirs; quant à produire cet effet merveilleux, de lui même, et infailliblement, cela n'est ni ne saurait être : la foi, la raison, l'expérience, tout s'accorde à prouver le contraire. Pour ce qui est de la mort violente, il est certain que Dieu peut en préserveret en préserve réellement quelquefois certaines personnes revêtues du scapulaire, à cause de leur dévotion personnelle à la sainte Vierge, ou même de leur consécration à cette divine mère. Quant à produire ce merveilleux effet, de soi et nécessairement, c'est une faveur que Dieu n'a accordé ni au scapulaire, ni à aucun autre objet, quel qu'il soit. La foi, la raison, l'expérience, tout s'accorde encore pour prouver le contraire. Qui donc a émis les idées que vous venez de rapporter, et que vous avez traitées avec raison de superstition! L'Eglise? — Jamais. Quelques personnes, faisant autorité dans l'Eglise ? Non, encore. — Qui donc, je le répète ? Quelque bonne femme, peut-être, qui aura rêvé cela, et aura voulu donner ses rêves pour une révélation à ses enfants et à ses petits-enfants; quelque religieux, peut-être encore, qui ayant plus de dévotion envers la sainte Vierge que de solidité dans la doctrine, aura voulu étendre cette dévotion salutaire per fas et nefas, comme on dit communément. Aveugles, en effet, qui ne comprenaient pas que rien ne saurait être plus funeste à la vérité que l'erreur. Mais depuis quand l'Eglise doit-elle être responsable des erreurs de quelquesuns de ses enfants, qu'elle est elle-même la première à réprouver, et à arrêter? Il ne manque donc qu'une chose à votre objection, pour avoir ici quelque valeur, c'est d'avoir un objet, une base, c'est d'atteindre quelqu'un ou quelque chose. Dès lors qu'elle frappe l'air, elle ne fait de mal à rien, et il n'y a point à s'en préoccuper.

Je le répète ici, ce que l'Eglise enseigne par rapport au scapulaire, c'est que nous avons la un moyen très-propre à nous faire penser à la sainte Vierge, à nous la faire prier, à nous porter à l'imitation de toutes les vertus, et à attirer sur nous, précisément à cause de cela, toutes les faveurs célestes, en cette vie et en l'autre. Qu'y a-t-il là qui ne soit conforme à la foi, à la raison, à l'expérience de chaque jour ? Contentonsnous de citer, à ce sujet, un fait bien er traordinaire rapporté par l'un des hommes les plus savants et les plus saints des temps

modernes, qui eut aussi une dévotion toute particulière pour la sainte Vierge sa pa.

trone.

Un prêtre, mon compagnon, dit saint Alphonse-Marie de Liguori,était dans une église à entendre les confessions. Il voit entrer un jeune homme. Quoique celui-ci n'eût donné en entrant aucun signe de piété, son air annonçait qu'il se livrait en son âme un combat dont le missionnaire crut avoir deviné le principe. Aussi, quittant le saint tribunal et s'approchant de lui: « Mon ami, » lui dit-il, « voulez-vous vous confesser? Celui-ci répondit que oui, mais que, sa confession. devant être ongue, il le priait de l'entendre en un lieu à l'écart. Lorsqu'ils furent seuls, le jeune homme lui parla en ces termes : « Mon père, je suis étranger et gentilhomme; mais je ne puis me persuader que je devienne jamais l'objet des miséricordes d'un Dieu que j'ai tant offensé par une vie aussi criminelle que fut la mienne. Sans vous parler des meurtres et des infamies de tout genre dont je suis coupable, je vous dirai que, désespérant tout à fait de mon salut, je me livrais au crime, moins pour contenter mes passions que pour outrager Dieu et assouvir la haine que je lui portais. J'avais sur moi un crucifix, et je l'ai rejeté par mépris. Ce matin même, j'ai horreur de le dire, je suis allé à la sainte table pour commettre un sacrilége. Mon intention était de fouler aux pieds la sainte hostie, et j'allais en effet exécuter cet horrible dessein. La présence seule des personnes qui m'environnaient m'a retenu.» Et dans le moment même il remit à son confesseur la sainte hostie qu'il avait conservée dans un papier. « En passant devant cette Eglise, ajouta-t-il, « je me suis senti pressé d'entrer, au point que je n'ai pu résister à ce mouvement intérieur; et aussitôt de violents remords de conscience se sont élevés dans mon âme, avec la pensée, quoique bien vague encore, de me confesser. J'approchais cependant du confessionnal, mais la confusion que j'éprouvais, et ma défiance de la miséricorde de Dieu étaient si grandes que j'ai été sur le point de sortir; et je l'aurais fait, si je ne m'étais senti retenu par je ne sais quelle main invisible. Là-dessus, mon père, vous vous êtes avancé vers moi. Je

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suis à vos genoux; je me confesse; je ne reviens pas vraiment de tout ceci. » Son confesseur se mit alors à lui demander s'il avait fait quelque bonne œuvre depuis peu, ou recouru à quelque pratique de piété qui lui eût obtenu lant de grâces.- Peut-être, » lui dit-il, «que vous avez fait quelque sacrifice à la sainte Vierge, ou imploré son assistance; car de telles conversions ne sont pour l'ordinaire que les effets de la puissance de cette bonne mère. cette bonne mère. Moi, des sacrifices et des pratiques de piété !» lui répliqua vivement le jeune homme; «ô mon père, combien Vous vous trompez, je me croyais déjà dans l'enfer. Réfléchissez un peu,» lui repartit le confesseur. « Hélas! mon. père. » Puis, portant sa main sur sa poitrine qu'il découvre «Tenez, voilà tout ce que j'ai conservé ; » et il lui montra son scapulaire. - « Ah! mon fils,» s'écria le prêtre attendri, «mon cher fils, ne le voyez-vous pas ? C'est la très-sainte Vierge qui vous a obtenu cette grâce. Sachez, de plus, que cette église, dans laquelle vous n'êtes entré que par un mouvement intérieur, est consacrée à cette bonne mère » A ces mots, le jeune homme fond en larmes, il pousse de longs soupirs. Ce fut le coup de la grâce. Il entre dans le détail de sa vie criminelle, et sa douleur allant toujours croissant, il tomba évanoui aux pieds du confesseur. Mais enfin revenu à lui-même, il achève son accusation, et reçoit l'absolution de ses crimes, grâce à Marie, le refuge des pécheurs. Avant de retourner dans son pays, il pria le missionnaire de publier partout la grande miséricorde dont Marie avait usé à son égard.

Nous aurions pu citer encore beaucoup d'autres traits à peu près semblables. Tous n'ont pas la même valeur, il est vrai; mais il y en a tant qui nous sont donnés comme certains par des personnes graves que, bien loin de les révoquer tous en doute, nous devons reconnaître hautement qu'il y a en réalité de grandes grâces attachées aux pratiques de dévotion envers Marie, et partienlièrement au scapulaire, appelé encore assez communément le petit habit de la Vierge, parce que ceux qui le portent font profession d'appartenir, d'une manière spéciale, à la sainte famille de cette divine mère,

SÉMINAIRE.

Objections. A quoi servent ces écoles secondaires ecclésiastiques, vulgairement appelées petits séminaires? Beaucoup y entrent qui ne sont point prêtres, et qui profitent ainsi d'aumônes et de sacrifices qui n'étaient point pour eux.

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reux ennemis, comme on l'a vu principalement à toutes nos époques de trouble. Qu'est-ce que cela prouve? l'ingratitude des hommes, la vôtre peut-être. Car je ne voudrais pas assurer que vous n'êtes pas un élève de nos séminaires, vous qui déclamez si fort contre la religion en général, contre les séminaires en particulier. Que si vous avez moins reçu de l'Eglise, vous lui êtes cependant bien redevable encore. N'êtes-vous pas né, n'avez-vous pas été élevé dans son sein? N'est-ce pas par elle qu'ont été formés vos parents et vos maîtres? N'avez-vous pas reçu d'elle, directement, sinon en totalité du moins en grande partie, les lumières que

vous possédez? Vous voyez donc bien que ce sont les hommes, vous aussi, que vous condamnez, quand vous nous rappelez que plusieurs de ceux qui sont élevés par le olergé le quittent et se tournent quelquefois contre lui. Dire que pour cela, il faudrait fermer les séminaires, c'est dire qu'il faudrait fermer l'Eglise, parce que beaucoup de ceux qui sont élevés par elle ne répondent point à leur vocation, que le monde devrait être détruit parce que la plupart des créatures ne vont point au but que bieu s'est proposé en les établissant...

Mais enfin, me direz-vous, à quoi servent ces séminaires?

A l'article CLERGÉ, je réponds à cette question, ainsi qu'à la plupart des objections qui viennent naturellement se grouper autour d'elle. Qu'il me soit permis d'ajouter ici seulement les sages réflexions de Mgr Daniel, évêque de Coutances. Ayant appartenu longtemps à l'Université, dont il fut l'un des membres les plus éminents, l'illustre prélat doit avoir approfondi, d'une manière particulière le sujet qui nous occupe:

« Ce n'est,» dit-il, « qu'avec et par des maisons d'éducation, immédiatement soumises à l'Eglise et dirigées par elle, que se conservent et grandissent les vocations sacerdotales. Le bien se fait dans les établissements de l'Etat et des villes. Nous aimons à dire que, dans notre diocèse, ce bien est grand et consolant. Toutefois, si recommandables que soient les colléges et les lycées, l'expérience l'atteste, ce n'est point par eux que peut se recruter le sacerdoce, ce n'est pas dans leur enceinte que fleurissent les vocations ecclésiastiques, elles n'y sont plus que

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de rare s exceptions. Si d'autres ressources ne leur étaient ouvertes, il faudrait désespérer de l'avenir; on pourrait prédire et dé terminer l'époque où, dépourvue de ministres, la religion cesserait de répandre sur le monde les inépuisables trésors de ses lumières et de ses consolations. Point de religion sans sacerdoce; point de sacerdoce sans établissements que l'Eglise façonne et dirige de ses propres mains, qu'elle anime de son souffle divin, et qui relèvent directement de son domaine et de son autorité.

« Ce n'est pas seulement à cause de leur mission principale, le recrutement du clergé, que nos écoles secondaires sont un grand bienfait pour le pays; c'est encore pour le contingent nombreux et distingué qu'elles fournissent aux professions libérales. Les hautes écoles de l'Etat, les services publics, toutes les carrières auxquelles peut aspirer une jeunesse studieuse, recueillent, chaque année, dans leur sein, des candidats qui possèdent, avec une instruction sérieuse, les principes chrétiens qui seuls offrent à la société des garanties solides et durables. Nos écoles ont d'autres titres encore à la reconnaissance publique; l'influence qu'elles exercent sur les établissements laiques, pour être indirecte, n'en est pas moins efficace. Excitées par la loyale concurrence de nos colléges diocésains et par la géné reuse émulation qu'ils font naître, les maisons laïques donnent aujourd'hui à l'instruction religieuse et à l'éducation des soins plus assidus et plus heureux. N'eût-elle que ce mérite, la liberté d'enseignement devrait être chère à tous. Nos écoles secondaires sont donc aussi utiles à la société qu'elles sont indispensables à la religion, »

SERPENT,

Objections. L'histoire de la tentation d'Eve par le serpent, prise à la lettre, est une fable pleine d'inexactitudes et d'invraisemblances. Est-ce que le serpent est le plus rusé de tous les animaux? Comment pouvait-il parler? Est-il croyable qu'au Est-il croyable qu'au lieu de s'enfuir effrayée, Eve soit entrée en conversation avec lui? Comment s'est-elle laissé prendre à un piége aussi grossier? — Si le serpent ne fut que l'instrument du démon, pourquoi sa punition? Est-ce que le serpent n'a pas toujours rampé sur la terre,?

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Réponse. - Au lieu d'entendre l'histoire de la tentation d'Eve par le serpent dans le sens littéral, comme font la plupart des commentateurs, aimez-vous mieux l'entendre dans un sens figuré? Vous le pouvez, à la rigueur, sans perdre la foi, Mais, comme cette interprétation n'est point ordinaire, et qu'elle n'est pas sans danger, nous allons répondre aux difficultés que vous élevez contre le sens littéral. Vous comprendrez bientôt qu'entendue en ce sens, l'histoire de Ja tentation d'Eve par le serpent n'a pas les inexactitudes et les invraisemblances que vous prétendez y voir.

Est-ce que le serpent est le plus rusé de tous les animaux? avez-vous demandé.

En soi, non peut-être; mais, comme ennemi et tel qu'il nous est ici présenté, c'est bien le plus rusé de tous les animaux. Comme il se cache habilement Comme il s'insinue sans bruit! Nous sommes tout à ce qui frappe délicieusement nos regards, et c'est alors qu'une blessure, petite d'abord, mais bientôt mortelle, nous est faite, sans que nous avons eu le temps de la prévenir et même d'y penser seulement.

Comment pouvait-il parler? demandez

Yous encore.

C'est le démon qui remuait sa langue de manière à former des sons qui fussent entendus d'Eve. Cela se retrouve dans les tentations dont il est parlé au livre des Ecritures et ailleurs, soit que le démon eût pris possession d'un corps véritable, soit qu'il animât un corps aérien seulement. Cette difficulté, du reste, ne peut guère nous paraître sérieuse. L'homme, l'enfant même, n'apprend-il pas à un oiseau à dire des mots, des phrases entières? A plus forte raison, le démon a-t-il pu faire prononcer au sorpent les phrases dont il s'agit ici.

Est-il croyable, avez-vous dit, qu'au lieu de s'enfuir effrayée, Eve soit entrée en conversation avec le serpent.

Remarquez d'abord que, par la volonté du Créateur, les animaux étaient alors soumis à l'homme; d'où il suit qu'Eve savait parfaitement qu'elle n'avait rien à craindre du serpent. Elle a dû sans doute être étonnée, émne, effrayée même, en un sens, en l'entendant parler. L'Ecriture ne le dit pas; mais elle ne dit pas non plus, le contraire. Vous pouvez donc croire ce que vous voudrez de ces particularités peu importantes auxquelles l'histoire ne s'est point arrêtée. Quoi qu'il en ait été, Eve est entrée en conversation avec le serpent; et c'était bien naturel de sa part, pour savoir où cela allait la conduire. J'ajouterai même que, plus la chose était surprenante, et plus sa curiosité devait être vivement excitée.

Comment, avez-vous dit encore, s'est-elle Jaissé prendre à un piége aussi grossier?

L'Ecriture le dit elle-même, par le sensualisme, qui a perdu, et perd encore chaque jour, tant de créatures douées cependant de la raison la plus haute La femme ayant donc vu que le fruit était bon à manger, qu'il était beau aux yeux et d'un aspect délectable, elle en cueillit et en mangea, et elle en donna à son mari, qui en mangea également « Vidit igitur mulier quod bonum essel lignum ad vescendum, et pulchrum oculis, aspectuque delectabile, et tulit de fructu illius, el comedit, deditque viro suo, qui comedit. (Gen. 111, 6.) Ce n'est pas là un bien grand mystère, pour nous surtout. Il est vrai que le sensualisme n'avait pas alors autant d'empire sur l'homme qu'il en a aujourd'hui; mais aussi, moins la tentation est grande, et plus la transgression est inexcusable: et c'est ce qui explique les suites funestes qu'elle a eues. D'où nous devons conclure ici que ce qui nous paraît incompréhensible dans nos croyances sert encore quelquefois à nous les rendre plus admissibles. Saint Augustin répond aussi que, sans la concupiscence, la femme put être étonnée de voir que Dieu permettait à un animal de l'outrager. La complaisance avec laquelle elle écouta le discours qu'il lui tint, lui fit commettre un péché véniel qui l'entraîna à la terrible chute que nous déplorons.

Si le serpent ne fut que l'instrument du démon, remarquez-vous, pourquoi sa punition? Saint Jean Chrysostome s'est proposé cette difficulté et il y a répondu en peu de mots, mais d'une manière saisissante: «De même, dit ce saint docteur, qu'un père tendre punit celui qui a frappé son fils et brise, en même temps, l'épée qui a fait la

SERVICES

Objection. Service du jour, service de buitaine, service anniversaire etc., etc., que d'Offices dont le prêtre sait toujours bien tirer parti!

blessure, ainsi le Seigneur en faisant tomber une nouvelle malédiction sur le démon, l'étendit au serpent lui-même. » Quoi de plus naturel! C'est injuste, direz-vous. Mais il ne faut point oublier que l'animal, incapable de mérite et de démérite à proprement parler, ne reçoit non plus, rigoureusement parlant, ni récompense, ni châtiment. C'est un instrument, et voilà pourquoi il est traité comme tel. Ajoutons que formé pour l'homme, il a dû participer à sa condition. N'en a-t-il pas été ainsi de toutes les créatures terrestres ?

Est ce que le serpent n'a pas toujours rampá sur la terre, remarquez-vous encore?- Quelques auteurs ont pensé qu'avant la chute d'Adam le serpent marchait droit, et que depuis il fut condamné à ramper, et en rampant, à manger la terre. La plupart des commentateurs pensent, au contraire, qu'il n'y a rien de changé dans la nature du serpent qui rampait sur la terre et devait s'en nourrir; mais que ce qui était naturel d'abord est devenu ensuite signe d'opprobre, et que Dieu s'est servi de cette particularité dans la nature du serpent pour nous rappeler la part qu'il a eue à notre malheur. C'est ainsi qu'il désigna l'arc-en-ciel comme signe de confiance.

Vous voyez donc qu'il n'est pas bien difficile de répondre aux objections que vous avez présentées contre le récit de la tentation de nos premiers parents, entendu dans le sens littéral. I! en est de même à peu près de toutes les autres. C'est de la poussière tombée sur un vieux monument et qu'emporte le souffle du vent.

Futiles en soi, ces difficultés le paraissent bien davantage encore quand on considère les bases sur lesquelles repose cet important récit. Placé en tête de nos Livres sacrés, rappelé sans cesse à notre souvenir par la religion, il se retrouve plus ou moins explicitement, plus ou moins clairement dans les traditions de tous les peuples.

Du reste, tout en prenant ce récit à la lettre, rien ne nous empêche de voir en lui l'enseignement moral le plus salutaire, enseignement qui se retrouve également dans toutes les traditions. Qui ne comprend par là, en effet, que nous ne saurions veiller trop attentivement sur nos sens, que toute tentation, de quelque part qu'elle vienne, ne doit pas être traitée trop légèrement, que quelque faible qu'elle soit, elle prend souvent dans la femme et par la femine des proportions colossales, et que notre chute est ordinairement la chute de tout ce qui nous environne, de même que notre triomphe en est également le triomphe ?

FUNÈBRES.

Réponse. Il y aurait à développer ici deux idées principales auxquelles nous nous arrêtons suffisamment ailleurs, à savoir l'utilité de la prière pour ceux qui souffrent dans le purgatoire et le désintéressement

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