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sement? Que dis-je! mais ceux-mêmes qui ont fait des voeux perpétuels que la loi ne reconnaît point, pourraient également quitter leur communauté, s'ils y étaient malheureux et s'ils rendaient les autres malheureux, comme vous prétendez.

La honte les retient, me direz-vous.

Ce serait possible de quelques-uns, mais de tous, mais du grand nombre? c'est impossible. La honte ne saurait avoir assez de prise sur le commun des hommes pour les retenir dans un lieu où rien ne les obligerait de rester, s'ils y étaient malheureux, et s'ils faisaient le malheur des autres.

Rappelons-nous d'ailleurs ce qui arriva à l'époque de notre révolution. Beaucoup alors sans doute se trouvaient dans les communautés qui y étaient entrés sous la pression des idées précedemment dominantes. Et pourtant, quand tout cloître eut été brisé, bien peu sortirent volontairement, il fallut la violence pour expulser les autres de leur douce et sainte retraite, et plusieurs, en mourant, ne se disaient pas moins martyrs du vœu qu'ils avaient fait à Dieu, comme religieux, que de la foi qui les engageait à Jésus-Christ comme Chrétiens.

Z

ZÈLE.

Objections. Je ne suis point aussi indifférent que vous le pensez en matière de foi.

J'ai aussi une religion à laquelle je tiens beaucoup. Comme je ne me crois pas plus infaillible qu'un autre, je laisse chacun suivre sa religion comme il l'entend. - Vouloir agir autrement, c'est se mettre sur la voie qui conduit aux persécutions, comme les Catholiques en Espagne, en Italie, presque partout, comme le protestantisme en Angleterre, en Suède, presque partout également.

Réponse. C'est fort heureux que vous nous mettiez ici sur la même ligne que les protestants. Nous ne sommes point accoutumés, à tant de douceurs. Permettez-moi cependant avant toute discussion, une petite réflexion Quand les Catholiques font tout ce qui dépend d'eux pour communiquer aux autres leur foi religieuse, ils se montrent conséquents avec eux-mêmes, étant convaincus, publiant hautement que cette foi est la seule vraie, la seule venue du ciel, la seule propre à faire le bonheur de l'homme au ciel et sur la terre. Quand les protestants veulent les imiter, ils oublient ce qu'ils ont dit mille fois, ce qu'ils ne cessent de répéter chaque jour, que c'est à l'homme à former sa croyance, la Bible à la main.

Cela reconnu, abordons la question.

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Nous la traitons ailleurs, notamment à nos articles Liberté religieuse, Religion, TOLERANCE; mais comme c'est une des questions qui sont le plus à l'ordre du jour, comme on dit communement, nous croyons utile d'y revenir ici.

Je ne suis pas aussi indifférent que vous le pensez en matière de foi, avez-vous dit.

Si nous le pensons, c'est que vous nous le faites penser, je ne dis pas seulement par vos paroles, mais ce qui est beaucoup plus déplorable, par vos actions. Ce que vous venez de nous dire n'est pas non plus trèspropre à nous faire penser le contraire, pour peu qu'on y réfléchisse.

J'ai aussi ma religion à laquelle je tiens beaucoup, avez-vous ajouté.

Je ne suis pas faché que vous me l'assuriez, d'autant plus que mille raisons me portaient à croire que vous n'en aviez guère, je dirais volontiers point du tout. Mais entin, puisque vous avez commencé à nous ouvrir votre cœur, vous pourriez bien nous l'ouvrir un peu plus. Quelle est donc votre religion? Etes-vous catholique ? Non pas précisément. -Etes-vous protestant? Pas davantage. Eles-vous Juif ? - Encore moins. Mahométan? Païen? Beaucoup moins encore. Qu'êtes-vous donc ? Puisque Vous avez une religion, cette religion doit avoir un nom? Ce n'est pas nécessaire. J'ai ma religion que je me suis faite à moi-même. C'est de ne faire à qui que ce soit ce que je ne voudrais pas qu'on me fit à moi-même. Elle est courte votre religion. Je vous conseille, en effet, d'y tenir beaucoup, car elle vous échapperait facilement.

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Si je ne vous réponds pas sérieusement, comme vous voyez, c'est que ce que vous me dites ne me paraît pas sérieux. Est-ce que Vous pouvez appeler cela une religion? Qui dit religion dit l'ensemble de nos devoirs, non-seulement envers les autres hommes, mais aussi envers nous-mêmes, et avant tout envers Dieu. Or, cela ne se trouve point contenu dans votre court symbole. Qui dit religión dit aussi la prière, l'offrande, tout ce que le cœur, la raison, le sens commun nous prescrivent de faire pour témoigner notre reconnaissance à l'auteur de tout bien et pour lui demander chaque jour les grâces dont nous sentons que nous avons besoin, nous, pauvres créatures si ignorantes et si faibles. Or, on ne voit rien de cela dans ce que vous appelez votre religion. Qui dit religion dit un lien ferme, indestructible, un lien surnaturel, divin, qui nous attache inébranlablement au devoir, alors même que nos passions et celles des autres, alors que toutes les puissances mauvaises s'efforcent de nous en détacher. Or, rien de semblable ne se trouve dans votre religion. Qui dit religion dit un lien extérieur, public qui unit entre eux les membres d'une même famille, puis les familles les unes avec les autres, de manière à faire régner l'ordre et la vertu

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