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grandes autorités contre. » Or, chacun sait que l'exemple ne saurait prévaloir contre l'autorité, pas plus que le fait contre le droit.

Il y a, dites-vous, des personnes qui lisent des romans, fréquentent les bals et les spectacles, sans cesser pour cela d'être honnêtes et même chrétiennes.

En êtes-vous bien sûr? Je n'ose vous dire que vous nous trompez ou que vous vous trompez vous-même; mais ce que je ne

crains pas de vous dire, c'est que les personnes dont vous parlez pourraient bien ne pas garder longtemps leur honnêteté et surtout leur christianisme. En tout cas, je crois qu'il n'est pas prudent de les imiter. J'ai vu des personnes qui étaient tombées du toit d'une maison saus se faire aucun mal, et d'autres du haut d'un clocher, sans se casser le cou. Seriez-vous curieux d'en faire autant?

BAPTÊME.

Objections.-Vous soutenez done que sans le baptême personne ne peut entrer dans le ciel! N'est-il pas cruel surtout de placer ainsi dans l'enfer une multitude infinie de pauvres enfants qui ont été privés du baptême sans qu'il y ait de leur faute, ni même, la plupart du temps, de celle de leurs parents? -Comment quelques gouttes d'eau peuvent-elles rendre la vie à l'âme qui est toute spirituelle. Cette eau glacée ne pourrait-elle pas plutôt faire périr ce petit corps alors si délicat? Le prêtre commence, dès ce moment, à se montrer intolérant i veut que le baptême soit administré dans un temps donné, que les parrains aient tel Age, sachent faire telle et telle prière, répondre à telle et telle question.... C'est l'affaire des parents.

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Ce n'est pas nous qui le soutenons, c'est l'Eglise de tous les temps et de tous les lieux. Mais si l'Eglise, de sa voix la plus unanime et la plus constante, a proclamé ainsi hautement et proclame encore la nécessité du baptême pour tous, c'est parce que Jésus-Christ, son divin fondateur, votre Dieu comme le nôtre, le roi des intelligences, celui dont l'Evangile a été miraculeusement annoncé à toute la terre, l'a lui-même proclamée, le premier, cette nécessité, en termes tels qu'il est impossible de concevoir le moindre doute à ce sujet. Ecoutez plutôt: En vérité, en vérité, je vous le dis, si quel qu'un ne renait de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. « Amen, amen, dico vobis, nisi quis renatus fuerit ex aqua et Spiritu sancto, non potest introire in regnum Dei. » (Joan. 11, 5.) Ce précepte, qui se trouve répété, d'ailleurs, en d'autres endroits des saintes Ecritures, est on ne peut plus formel ici, et n'excepte personne, pas même les enfants, remarque saint Ambroise. (De Abraham., lib. 1, c. 11.) Salutaire institution, au point de vue même de nos intérêts temporels, qui ne vous sont peut-être pas moins chers que nos intérêts spirituels! C'est souvent à cause du

baptême que les parents sont si vivement préoccupés de leurs enfants, avant même qu'ils aient vu le jour : « Quel malheur, pour eux et pour nous, pensent-ils, s'ils étaient privés du sacrement de la régénération ! » C'est le baptême qui en fait l'objet de leurs soins les plus attentifs, quand ils sont nés; tandis que les infidèles les abandonnent sans aucune sollicitude. Il serait impossible de dire à combien d'enfants la nécessité de recevoir le baptême a conservé la vie, non seulement chez les peuples chrétiens, mais encore chez les peuples idolâtres, où la foi nous porte quelquefois à aller les rechercher. Cessez donc, vous à qui je réponds en ce moment, de déclamer contre cette nécessité; car, sans elle peut-être vous n'auriez pas joui de la lumière du jour, ou du moins vous n'en auriez pas joui longtemps.

N'est-il pas cruel surtout, avez-vous dit encore, de placer ainsi dans l'enfer une multitude infinie de pauvres enfants qui ont été privés du baptême, sans qu'il y ait de leur faute, ni même, la plupart du temps, de celle de leurs parents?

Non, quand on entend bien la doctrine de l'Eglise à ce sujet.

«Que faut-il donc penser du sort des enfants morts sans baptême?» se demande ici l'abbé de Frayssinous (Maximes de l'Eglise cath. sur le salut des hommes.) « Exposons d'abord ce qu'ordonne de croire la foi catholique, et nous verrons ensuite ce que nous permet l'opinion. Nous le dirons sans détour; que ces enfants descendent dans l'enfer, qu'ils soient damnés, qu'il n'y ait pas pour eux de région mitoyenne entre le ciel et l'enfer; qu'ils soient privés à jamais de la possession du Dieu qui fait le bonheur des élus dans le royaume céleste, tel est le langage, telle est la doctrine de l'Eglise ; mais là se borne son enseignement: hors de là est la région des opinions et des conjectures. Eh quoi! direz-vous, ce sont là tous les adoucissements que vous semblez annoncer touchant le dogme catholique! C'est ici qu'il faut nous expliquer et nous entendre. Qu'est-ce que le ciel! C'est le lieu des récompenses et de la félicité. Qu'est-ce que l'enfer? C'est le lieu des privations et des peines. Mais dans l'enfer, comme dans le ciel, il est diverses demeures; pour les uns, les châtiments sont divers suivant les fautes; comme pour les autres, les récompenses varient suivant le degré de mérite et de

vertu. Que les enfants baptisés, mourant dans leur innocence, so ent éternellement heureux dans le ciel, c'est un point de la croyance catholique; que les enfants non baptisés soient privés de ce bonheur, et que leur damnation soit inséparable de cette privation, c'est encore un article de notre foi mais jusqu'à quel point Dieu leur fait-il connaître la grandeur du bien dont ils sont privés? Dans quel degré de douleur et d'amertume en sentent-ils la privation? C'est un secret pour nous, et nous ne sommes pas obligés de croire qu'ils en sont aussi douleureusement affectés que peuvent l'être ceux qui, par leurs fautes personnelles, ont perdu ce bien immense. De plus, outre cette privation de félicité, les enfants souffrent-ils une peine positive, telle que celle du feu, plus ou moins vive? Sur cela, l'Eglise n'a rien décidé; elle permet à chacun d'embrasser le sentiment qui lui paraît le plus plausible. Je vous prie de remarquer que le bonheur de voir et de posséder Dieu dans le ciel, de le contempler dans ses perfections adorables, dans cette beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, comme parle saint Augustin (Confess., lib. x, cap. 27), que ce bonheur est une faveur purement gratuite, une libéralité toute miséricordieuse, que Dieu ne doit à personne. C'est one destinée si haute, si sublime, si divine, que l'homme n'a par lui-même nul droit d'y prétendre dès lors, si les enfants en sont privés, je vois là pour eux la perte d'une immense félicité, mais, du côté du souverain Juge, qui ne la devait à personne, il n'y a pas même une ombre d'injustice.

« Donnons à fcette matière un plus long développement. I suffit d'être initié aux premières études théologiques, pour savoir que saint Fulgence, au v siècle, saint Grégoire le Grand, dans le vi, et après eux plusieurs théologiens, ont pensé que les enfants non baptisés, outre la privation de la félicité céleste, souffrent encore, à cause de la tache originelle, une peine sensible, celle du feu, plus ou moins vive; mais nous savons également que l'opinion contraire a été embrassée par saint Grégoire de Naziauze, saint Thomas, saint Bernard, et le très-grand nombre des docteurs des écoles catholiques, sans qu'il se soit élevé contre eux aucune réclamation de la part de ceux qui sont les dépositaires de la foi, je veux dire le corps des premiers pasteurs, les évêques et le Souverain Pontife qui en est le chef; et, pour tout homme instruit et impartial, cela seul décèle un partage d'opinions d'après lequel il est permis à chacun d'abonder dans son seus. Saint Augustin, cette grande lumière de l'Eglise chrétienne, qui paraissait d'abord pencher vers le sentiment le plus sévère, avoue, dans une lettre à saint Jérôme (epist. 166, n. 76), que, lorsqu'il vient à examiner la nature des peines subies par ces enfants, il n'éprouve que doutes, perplexités, embarras. Ce n'est pas tout, dans son dernier ouvrage contre les Pélagiens, celui où il combat l'un de ces

seclaires, nommé Julius, nous lisons ces paroles: Je ne dis pas que les enfants morts sans baptême doivent subir une si grande peine qu'il raudrait mieux pour eux qu'ils ne fussent point nés... Quoique je ne puisse pas décider ce que sera, quelle sera et combien grande sera leur damnation, je n'ose néanmoins dire qu'il serait meilleur pour ces enfants de n'être point que d'être dans cet état. (Contra Julian., lib. v, cap. 11.) Ainsi saint Augustin permet de penser qué la damnation de ces enfants est telle qu'ils aiment mieux exister que de ne pas exister.

« Je ne me permettrai pas de les appeler simplement heureux; je ne dirai pas qu'ils jouissent d'un bonheur naturel, pur et sans mélange; non, je ne vais pas jusque-là; mais je puis me les figurer comme des princes détrônés, privés d'un royaume auquel ils pouvaient prétendre, comme des exilés qui regrettent une patrie qu'ils ne doivent jamais revoir; je puis croire que leur destinée est préférable au néant. Ce monde, ce n'est pas le séjour du repos et du bonheur parfait, et cependant il est peu d'hommes qui préfèrent la mort à la vie. Tel est donc le sort de ces enfants que, tout imparfait qu'il est, ils l'aiment mieux que l'anéantissement, et qu'ils désirent de le conserver.

« Quel était sur cette matière le sentiment de l'évêque de Meaux, qui, de son vivant même, fut révéré comme l'oracle de l'Eglise gallicane, et qui a été le théologien le plus profond comme le plus grand orateur de son siècle et de sa nation? Nous avons de lui, sur le sort de ces enfants, un écrit raisonné, dont voici l'origine : Un prélat, le cardinal Sfondrate, avait avancé une opinion qui parut s'éloigner de la simplicité et de la pureté du dogme catholique; Bossuet, de concert avec plusieurs évêques français, le dénonça au Saint-Siége dans une lettre adressée au Pape Innocent XII, lettre que nous avons encore. (Lettre 201, OEuvres de Bossuet, t. XXXVIII, in 8°.) Bossuet s'y élève bien avec force contre ceux qui veulent affranchir les enfants non baptisés de la damnation, mais en même temps il reconnaît que la plupart des docteurs les prétendent exempts de la peine des sens, c'est-à-dire du tour meni du feu éternel, et il était si loin de condamner ce sentiment comme une erreur qu'il ajoute : -Que nous importe à nous, qui ne disputons pas sur ce point? Nous l'abandonnerons à la dispute des théologiens. (Ibid., pag. 36.)

« Je pourrais me prévaloir d'une autorité plus imposante encore par l'éminente dignité du personnage, celle d'un des plus savants Papes qui se soient jamais assis sur le siége de saint Pierre, de Benoît XIV, qui a vécu dans le dernier siècle. Ses écrits, pleins d'une immense érudition, sont remarquables par l'exactitude avec laquelle il distingue les dogmnes qu'il faut croire des opinions qui sont un sujet de controverse. Or, dans un de ses ouvrages, ayant eu occasion de parler de la damnation de ces enfants, il dit: Outre ia privation de la béatitude, sont-ils exempts ou non de la peine qu'on

appetie des sens? C'est une chose encore controversée parmi les théologiens. (De festis Dom., lib. 1, cap. 8, De Sabbato sancto.) Donc ici l'Eglise n'a rien décidé. »

Je me résume en quelques mots: Je dois, moi catholique, reconnaître que les enfants morts sans baptême n'entreront jamais dans le royaume de Dieu. C'est l'enseignement formel de l'Eglise, la parole même de NotreSeigneur Jésus Christ. Mais je puis admet tre, sans cesser d'être catholique, que le sort de ces enfants dans l'enfer vaut encore mieux que le néant. Il n'y a là évidemment ni cruauté, ni l'ombre même d'une injustice.

Et pourquoi nous répugnerait-il tant d'admettre une telle croyance ? N'est-ce pas, jusqu'à un certain point, l'enseignement de la raison, la croyance des peuples mêmes idolâtres?

Que nous dit, en effet, la raison ? que nous descendons tous d'une source corrompue, puisque, sans cela, nous ne pouvons expliquer l'état de dégradation dans lequel nous venons au monde. D'où il suit que celui qui meurt avant l'expiation, ou avant la renaissance, pour parler le langage des Ecritures; Nisi quis, renatus fuerit (Joan., III, 5), meurt coupable, et digue, par conséquent d'une neine quelconque.

Quant à la croyance des peuples mêmes idolâtres, je la trouve dans ces vers où le poëte nous représente les enfants se lamentant à l'entrée du Tarlare ·

Continuo auditæ voces, vagitus et ingens,
Infantumque animæ flentes in limine prímo.

¡VIRGIL., Æneid., lib. vi, vers. 426, 427. Comment quelques gouttes d'eau peuventelles rendre la vie à l'ame qui est toute spirituelle. demandez-vous?

Ces quelques gouttes d'eau ne suffisent pas; car, avec l'eau, qui est ce que nous appelons la matière du sacrement, il faut aussi l'énonciation de certaines paroles, prononcées au nom de l'Eglise, et qui en sont ce que nous appelons la forme. C'est la recommandation bien précise de Notre-Seigneur Jésus-Christ à ses apôtres, et, en eux, à tous ses ministres, au moment de retourner au ciel: Allez donc, leur dit-il, instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : « Baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. » (Matth. XXVII, 19.) Ainsi, pour qu'il y ait renaissance ou renouvellement de la vie dans l'enfant, avec l'eau, il faut la parole, avec la matière la forme, avec le corps l'esprit, si je puis parler de la sorte; car presque partout nous retrouvons l'image de l'homme, lequel a été créé lui-même à la ressemblance de Dieu. Et ces deux choses, l'eau et la parole, n'ont de valeur pour la régénération spirituelle de l'enfant, que parce que telle est la volonté toute-puissante du Seigneur, parce qu'il est là lui-même, agissant en eux et par eux. Aussi l'avons-nous entendu, après avoir commandé à ses ministres de baptiser les hommes au nom du Père, et du Fils, et du

Saint-Esprit, ajouter ces remarquables paroles: Et voilà que je suis avec vous, tous les jours. jusqu'à la consommation des siècles: « Et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem sæculi. » (Matth. XXVIII, 20.) Cela vous paraît-il suffisant? Que pouvez-vous désirer de plus? Quoi ! c'est par sa volonté, par son Verbe, que Dieu a créé toutes choses, notre âme en particulier. Omnia per ipsum facta sunt; et sine ipso factum nihil, quod factum est (Joan. 1, 3), et cette même parole ne suffirait pas pour rendre à l'enfant la vie spirituelle dont la privé la tache originelle?

Mais, dites-vous, pourquoi ce signe vulgaire ?

Pourquoi! parce que telle a été la volonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Baptizantes etc., nous dit-il expressément.

Pourquoi! parce que l'homme n'est point esprit seulement, mais corps en même temps qu'esprit, parce qu'il a besoin d'être averti, que ceux avec qui il est en rapport de biens spirituels ont besoin de l'être également.....

Cela reconnu, que peut-il y avoir de mieux pour nous que ce signe vulgaire, comme vous l'appelez; qu'un signe si naturellement expressif, aux yeux de tous, qui nous prévient que, tandis que cette eau, dont le propre est d'effacer les souillures matérielles, coule visiblement sur le corps, la rosée de la grâce coule invisiblement sur l'âme, pour effacer la tache originelle.

Cette eau glacée, demandez-vous encore ne pourrait-elle pas plutôt faire périr ce petit corps, alors si délicat?

Mais il n'y a que quelques gouttes d'eau, comme vous l'avez fait remarquer vousmême; et il est de toute impossibilité que cette petite quantité, employée comme on le fait surtout, produise les funestes effets que vous sembiez craindre. Ne savez-vous pas que certains peuples ont été dans l'habitude de tremper entièrement dans l'eau leurs enfants nouveau-nés, qu'on en retrouve encore des vestiges aujourd'hui ? Je n'ai pas entendu dire que la mort en résul tât. Aux yeux de ceux qui avaient de telles pratiques, c'était un moyen, au contraire, de fortifier leurs enfants, et de prolonger leur existence, soit naturellement, soit surnaturellement tant il est vrai qu'une ombre plus ou moins obscure de christianisme se trouve à peu près partout. Quoi qu'il en soit, vous n'avez aucune raison de craindre que quelques gouttes d'ean, même glacées, coulant, soit sur la tête de l'enfant, soit ailleurs, quel que soit l'état dans lequel il se trouve, soient pour lui une cause de mort, ni même de maladie. « De la glace sur de la chaleur !» allez-vous vous écrier peut être. Pourquoi, non, c'est, nous dit-on, un moyen de guérison dans les cas mêmes où l'on aurait cru autrefois que la mort en fût résultée infailliblement. Tant l'homme a d'aveuglement et! de préjugés, non pas seulement en religion," comme on le voit,

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nous occupe en ce moment. Tranchons-la, au contraire, en quelques mots. Vous craignez que l'eau froide du baptistère, couTant sur la tête échauffée de votre enfant, n'ait de funestes effets; demandez qu'elle soit réchauffée. Vous n'aurez même pas besoin de le demander, le prêtre ne manquera pas de le faire, toutes les fois qu'il le jugera à propos. C'est une recommandation qui lui a été faite d'une manière générale, et dont, au reste, son attentive charité n'avait nul besoin.

Le prêtre commence dès ce moment, avezvous ajouté, à se montrer intolérant: il veut que le baptême soit administré dans un temps donné, que les parrains aient tel âge, sachent faire telle et telle prière, répondre à telle et telle question..... Cela regarde les parents.

Oui, sans doute, cela regarde les parents, puisqu'il s'agit du baptême de leurs enfants; mais cela regarde aussi le prêtre évidemment, puisqu'il s'agit du baptême, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ dont il est le ministre, conféré au nom de l'Eglise, dont il est le représentant.

Raison de plus, me direz-vous, pour se montrer plein de douceur et de charité. Ne le fait-il pas aussi? En cette circonstance, comme en toute autre, ne pousse-t-il pas la douceur et la charité jusqu'à leurs dernières limites? faudrait-il aller plus loin encore, transgresser ses devoirs? Vous ne le voudriez pas; et je ne sais même si vous ne seriez point les premiers à l'en blâmer ensuite.

Il veut, représentez-Vous, que le baptême soit administré dans un temps donné. Mais ce n'est pas lui qui le veut; c'est l'Eglise dont il n'est que le ministre, et qui défend sous des peines sévères de différer trop longtemps le baptême aux enfants, de peur que ceux-ci ne meurent coupables du péché originel, et ne soient exclus du royaume de Dieu, où nul ne peut entrer sans avoir été régénéré. Ce n'est donc point pour lui que le prêtre se montre aussi ferme sur l'observance de cette prescription salutaire de l'Eglise, c'est dans l'intérêt de l'enfant, que la mort peut frapper au moment où on s'y attend le moins, comme elle frappe tout homme ici-bas, et même plus promptement encore, vu l'état dans lequel il se trouve, c'est dans l'intérêt des parents, qui, avec la mort temporelle de leur fils, auraient encore à pleurer sa mort éternelle.

Il veut que les parrains aient tel âge, sachent faire telle et telle prière, répondre à telle et telle question.

Non, encore une fois, ce n'est pas lui qui le veut, mais l'Eglise dont il est le représentant, Et, franchement, ne devez-vous pas voir vous-mêmes qu'il doit en être ainsi? Pourquoi des parrains, en effet? C'est pour répondre pour l'enfant en face de l'Eglise, c'est pour prier, faire profession de foi à sa place. Mais, s'ils n'ont pas plus de raison, et de foi que lui, et moins encore peut-être, à quoi servent-ils, et n'est-ce pas une déri

sion? Pourquoi des parrains encore? c'est pour lui tenir lieu de parents, à l'occasion, comme le mot même l'indique, sous le rapport spirituel principalement. Mais si ceux que vous présentez ne se font aucune idée de cela, s'il est à peu près sûr qu'ils n'en tiendront jamais aucun compte, n'est-il pas naturel d'en demander d'autres? Ce n'est point de l'intolérance et de l'injustice, c'est, au contraire, de la justice et de la charité.

Qu'il nous soit permis de rappeler ici quelques réflexions que nous avons émises ailleurs sur cet important sujet.

« Séparés de Dieu, principe de tout bien, disions-nous, nous pouvions rester à jamais dans cel affreux isolement. L'Etre infiniment bon ne l'a pas voulu. Il a envoyé son Fils sur la terre pour nous racheter. Souffrant comme homme, et donnant comme Dieu un prix infini à ses souffrances, l'Homme-Dieu a réconcilié la terre avec le ciel. Il est retourné, sa mission remplie, auprès de sor Père; mais auparavant il a établi sept sacrements, dont il a laissé l'administration à son Eglise, pour que le prix de ses souffrances fût à tous également appliqué. Le premier de ces sacrements, c'est le baptême. Sacrement admirable I par lequel quelques gouttes d'eau jointes aux paroles de la miséricorde ont un effet plus divin à nos yeux que toutes les eaux du déluge, jointes aux paroles de la justice; puisque par le déluge, les coupables étaient détruits, et les fautes n'étaient point effacées, tandis que, par le baptême, c'est la faule, au contraire, qui est détruite, et le coupable régénéré.

« Pour que cette céleste régénération soit de bonne heure produite en nous, l'Eglise veut que nous recevions le baptême le plus tôt possible. Pères, mères, vous tous qui êtes chargés de procurer aux enfants cette première grâce de l'Eglise, en comprenez-vous bien toute l'étendue? Comprenez-vous également les conséquences qu'elle a pour eux dès ce moment, et qu'elle aura encore dans la suite? Si l'on vous disait : --Votre enfant est mort: allez le baigner dans ces eaux consacrées par de célestes bénédictions, et il vivra. Quels ne seraient pas votre empressement, votre sollicitude, votre allégresse et votre reconnaissance. La mort que vous avez à pleurer dans vos enfauts, ce n'est pas cette mort d'un jour qui consiste dans la séparation de l'âme et du corps, mais bien cette mort éternelle qui consiste dans l'éloignement de Dieu, unique auteur de la vie. Et vous restez calmes, indifférents, incrédules même quelquefois à la voix de l'Eglise qui vous dit: Courbez sa tête sous l'onde régénératrice, et par un effet de la toute puissante volonté de Dieu, il vivra éternellement. Si l'on vous disait, comme la fabuleuse antiquité le raconte par rapport au plus valeureux des Grecs « Cet enfant aura à livrer de redou«<tables combats venez tremper son corps <« dans ces eaux mystérieuses, et il sera in«< vulnérable, » avec quel empressement encore, avec quelle joie et quelle reconnaissance vous accepteriez ce bienfait! Ce n'est point

ce corps de boue que l'Eglise veut préserver des atteintes du fer, mais bien l'âme créée à l'ide Dieu, qu'elle veut prémunir contre les altaques de l'invisible ennemi. Et vous ne tressailleriez pas d'allégresse à sa voix quand elle vous dit « Venez tremper cette âme affaiblie déjà avant d'avoir combattu, dans ces eaux fortifiantes qui jaillissent de la vie éternelle!»

Parents, amis, vous tous qui êtes choisis par une famille pour répondre, à la place de l'enfant, aux plus graves questions, et pour prendre en son nom le plus solennel engagement, interpellés publiquement en quelque sorte par l'Eglise, votre mère; comprenez toujours la sublimité de vos fonctions! Gardez-vous bien surtout d'être intérieurement incrédules, où de rester seulement indifférents et inattentifs, quand Dieu luimême daigne abaisser les cieux, et vous parler par la voie de son ministre !

« Et vous, jeunes enfants, vous qui êtes chargés quelquefois d'affirmer les plus hautes vérités religieuses à un âge où vous pouvez à peine les bégayer, en quelque sorte, vous présentez sans doute un touchant spectacle en venant demander ainsi, pour un frère plus jeune encore, l'innocence dont Vous êtes vous-mêmes la vivante image. Toutefois, pour ne pas mentir à l'Eglise, ou

du moins pour ne point lui parler du bout des lèvres seulement, à elle qui est esprit aussi, à l'exemple de son divin Fondateur, vous devez, autant qu'il dépend de vous, agrandir votre âme en ce moment, l'embraser d'amour et de foi, comme le flambeau symbolique qui brûle alors sous vos yeux. Sans vous arrêter à la surface des choses, comme on le fait si communément à votre age, voyant des yeux de la foi les anges du ciel verser abondamment la grâce céleste dans l'âme du régénéré, en même temps que l'eau baptismale coule sur sa tête, vous devez, autant que possible, vous montrer dignes de coopérer à l'acte divin de la régénération. (L'Education chrétienne.)

Voilà le baptême, tel qu'il est réellement, pour qui sait le comprendre. Mais il ne peut en être ainsi si vous gênez le le prêtre dans l'administration de ce sacrement, si vous êtes toujours disposés à le blâmer, à le critiquer, dans tout ce qu'il prescrit ou conseille alors au nom de l'Eglise. Ah! plutôt, prêtons-nous de bon cœur et avec zèle à l'accomplissement de ces cérémonies si touchantes et si nobles qui servent à faire descendre plus abondamment sur la terre les grâces célestes et nous rattachent plus intimement et plus solidement à Dieu l

BARTHÉLEMY (MASSACRE DE LA SAINT-).

Objection. Et la Saint-Barthélemy! C'est une lache dont le nom de catholique se lavera difficilement.

Réponse. Si quelque chose m'étonne, c'est que le souvenir du massacre de la SaintBarthélemy nous soit le plus souvent et le plus acrimonieusement rappelé aujourd'hui par des hommes qui font sonner hautement leur nom de Français, et qui ne permettent pas toujours qu'on leur retire celui de catholique.

Et la Saint-Barthélemy! nous dit-on. C'est une tache dont le nom de catholique se lavera difficilement.

Vous croyez? Avez-vous bien réfléchi à ce que vous dites? C'est au cœur même de la France que ce grand crime a été commis; ceux qui l'ont commis ne portaient pas seulement le nom de catholiques, ils portaient également celui de Français, ils occupaient alors, dans notre patrie, les plus hautes dignités. La France n'a point été à jamais déshonorée par cela pourquoi donc la religion catholique le serait-elle? Le nom français n'a point été souillé d'une tache indélébile pourquoi celui de catholique le seraitil davantage? Si un étranger venait vous faire des reproches à ce sujet, et s'avisait de vous dire, en se servant de votre pensée, et en partie, aussi, de vos paroles: Et la Saint-Barthélemy! c'est une tache dont le nom de Français se lavera difficilement, vous ne seriez pas beaucoup embarrassés pour

--

répondre : « La Saint-Barthélemy! diriezvous; mais nous la détestons, nous la réprouvons, nous la maudissons, autant et plus que vous peut-être, parce qu'elle nous pèse davantage sur le cœur. La France, du reste, n'en saurait être déshonorée. Le crime a été commis en France, au cœur même de la France, dans sa capitale, mais non pas par la France, par la majorité de ses habitants, par son esprit surtout, par cet esprit de douceur, de générosité et de dévouement, qui nous porte, nous Français, à épargner nos ennemis, plutôt qu'à répandre leur sang inutilement et traitreusement. Notre nom de Français reste donc toujours digne de la vénération et de l'amour des peuples. Il n'a pas été plus souillé par ce crime que le nom d'Anglais ne le fut par les atrocités de son Henri VIII, que le nom de Romain ne le fut par les incomparables cruautés de ses Nérons, cruautés qui ont duré plus d'années, autant de siècles peut-être que les cruautés de la Saint-Barthélemy ont duré de jours. Bien loin de faire une seule et même chose avec ceux qui commirent ces cruautés, ceux-ci ne méritaient même pas de le porter, quelles que fussent leurs dignités. »

Voilà ce que vous répondriez, n'est-il pas vrai? Et c'est aussi ce que nous pouvons vous répondre, quand vous nous dites : « Et la Saint-Barthélemy Ic'est une tache de sang dont le nom de catholique se lavera difficilement. >> « La Saint-Barthélemy! mais nous la détestons, nous la réprouvens, nous

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