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et que, par conséquent, elle se trouve naturellement exempte de tout abus. Que disje! cette nature divine qu'elle a reçue de son fondateur, qui est Dieu, doit, au contraire, repousser tous les abus, quels qu'ils soient, les condamner et les détruire, bien loin de se les approprier, comme le bien repousse nécessairement le mal, le condamne et le détruit, au lieu de venir à lui, pour ne faire qu'un tout de deux choses incohé-. rentes. En vain le cœur de l'homme s'approche d'elle, à chaque instant, avec ces passions violentes qui cherchent leurs satisfactions jusque dans l'abus des choses les plus saintes. Elle se renferme avec soin dans son sanctuaire, et met tout en œuvre pour repousser les ten'atives sacriléges qu'elle a en horreur. Tantôt c'est une mère éplorée qui presse avec amour ses enfants égarés de revenir à de plus nobles sentiments; tantôt c'est une reine indignée qui lance avec autorité ses anathèmes contre des sujets révoltés, et les menace des châtiments éternels de l'autre vie. Quelquefois elle a le bonheur de réussir, souvent aussi elle a la douleur de voir que ni ses prières ni ses menaces ne sont écoutées. Quoi qu'il en soit, jamais, non jamais, car cela est contraire à la nature des choses, jamais il ne lui arrive de pactiser volontairement avec le crime qui cherche à souiller son incomparable pureté.

Admettons, me direz-vous, qu'il n'y ait, à parler rigoureusement, aucun abus dans la religion catholique considérée en ellemême. Toujours est-il qu'il y en a de trèsnombreux et de très-grands qui viennent d'elle, ou, ce qui est à peu près la même chose, à son occasion; et nous demandons comment une religion divine peut être la cause, ou, si vous le voulez, l'occasion de tous ces abus.

L'objection n'est plus la même, quoi que vous en disiez. Dès lors que vous admettez qu'il n'y a point d'abus réellement dans la religion, mais seulement à son occasion, ce n'est plus elle que vous attaquez, c'est le cœur humain, qui abuse de tout: et comme nous n'avons point pour mission ici de défendre ce cœur, comme nous ne cessons de répéter, au contraire, qu'il est faible, aveugle, corrompu, qu'il a besoin de se tremper elde se retremper encore dans le sein de la religion, sa divine mère, pour se fortifier, s'éclairer et se sanctifier, nous pourrions nous en tenir là. Cependant, attendu que la manière dont vous présentez encore cette objection pourrait jeter une ombre de défaveur sur la religion, je vais vous suivre sur le nouveau terrain où vous vous êtes réfugié.

Je vous demanderai d'abord si les abus que l'on peut regarder non pas comme engendrés par la religion, nous venons de reconnaître que cela est impossible, mais comme occasionnés par elle, sont réellement aussi nombreux et aussi grands que quelques-uns le proclament hautement, et se l'imaginent peut-être. Je ne le pense pas, quant à moi; et ce qui prouve que j'ai rai

son en cela, c'est qu'on traite souvent d'abus dans le monde les choses de la religion les plus utiles et quelquefois les plus nécessaires. Qui ne sait, par exemple, que plusieurs regardent la confession et la communion fréquentes comme de véritables abus. Or, pour qui connaît sa religion, non-seulement ce ne sont point là des abus, mais ce sont, au contraire, les moyens les plus efficaces de régénération et de sanctification que peut employer la religion catholique, dont toute la mission pourtant est de régénérer et de sanctifier les âmes. D'autres regardent comme des abus et même comme de grands abus, le jeûne, la pénitence sévère, Te renoncement aux choses de la terre, la vie du cloître, le dévouement au prochain, le martyre... Et cependant, pour qui interroge, dans le silence des passions, sur ces différents points, je ne dis pas précisément sa foi, mais sa raison, ce sont là deux actes. d'héroïsme qui élèvent l'homme au-dessus de ses semblables et le rapprochent de la Divinité, en le faisant marcher sur les traces de l'Homme-Dieu. D'autres encore appelleront abus l'autorité dont use l'Eglise à l'égard de tous, la puissance des évêques, celle du Pape principalement... Et pourtant qui ne voit qu'au lieu d'être des abus, ce sont là des biens, au contraire, et même de très-grands biens, puisque c'est par eux qu'on peut expliquer humainement, autant que cela peut être ainsi expliqué, la force de la hiérarchie catholique, de cette divine hiérarchie à laquelle rien ici-bas ne saurait être comparé, qui a soutenu tant de luttes, remporté tant de victoires, qui a résisté jusqu'ici et résistera jusqu'à la fin, suivant la promesse de son divin fondateur, non-seulement à toutes les puissances du monde, mais encore aux puissances bien plus redoutables de l'enfer.

Je n'entrerai point dans ae p us longs développements à ce sujet. Cela me paraît tout à fait inutile. Disons seulement ici que ce faux jugement que nous venons de signaler doit avoir lieu également dans une infinité d'autres circonstances, et concluons de tout cela que beaucoup de choses qui sont regardées comme des abus, et même comme de grands abus, occasionnés par la religion, sont, au contraire, des biens, et quelquefois de très-grands biens, dont nous lui sommes redevables. En sorte que, au lieu de dire que l'histoire de l'Eglise n'est que le récit continuel de tous les abus sortis du cœur de l'homme comme l'affirment quelques-uns, nous dirions avec beaucoup plus de raison que c'est le récit continuel d'actions pures, saintes, héroïques, d'actions véritablement divines, sorties du cœur humain élevé au-dessus de lui-même par la foi, avec le récit correspondant d'un certain nombre d'abus, dont l'ombre, du reste, se trouve être aux bonnes actions, ce que l'ombre ordinaire est aux traits d'un beau tableau.

Cette reserve faite, je conviendrai volontiers qu'il y a beaucoup d'abus, et si l'on

vent même, de très-grands abus indirectement occasionnés par la religion. Qui peut en être surpris? Ne devrions-nous pas nous étonner, au contraire, qu'il en fût autrement. Partout où est l'homme, il se trouve là nécessairement avec sa faiblesse, son ignorance, ses passions, avec ses misères de toute sorte. D'où il suit qu'il peut difficilement se bien servir des dons de Dieu, surtout abandonné à lui-même, qu'il en use souvent mal, et quelquefois très-mal. De là, des abus, de nombreux et de grands abus, non-seulement en religion, mais partout. Voyez l'homme en société avec ses semblables voyez-le dans cette société plus restreinte qu'on appelle famille; considérez-le dans son individualité. Ne le voyez-vous pas faire naître, là aussi, comme dans la religion, de très nombreux et de très-grands abus?

Nous avons parlé plus haut de différentes choses que plusieurs regardent comme des abus en religion, et que nous avons appelées, nous, des biens véritables, et mênie de très-grands biens. Ces choses sont la confession, la communion, le dévouement religieux, l'autorité ecclésiastique. Ce sont là réellement, comme nous l'avons dit, des biens véritables et même de très-grands biens pour l'âme religieuse. L'homme en abuse, et quelquefois d'une manière déplorable, nous devons le dire aussi, mais ce n'est point parce qu'ils tiennent à la religion, c'est parce qu'ils sont à l'usage de l'homme, et que l'homme abuse de tout, comme nous ne cesserons de le répéter. En effet, voulez-vous que nous considérions, dans la vie ordinaire, je ne dirai pas ces mêmes choses, qui ne se trouvent que dans la vie religieuse, mais des choses tout à fait analogues? Nous ne tarderous pas à reconnaître, si nous ne le savons déjà, que ces choses bonnes, excellentes en soi, peuvent occasionner aussi, et occasionnent même souvent de très-nombreux et de très-grands abus.

Qu'y-a-t-il de plus doux, de plus salutaire, par exemple, que la confidence d'un cœur malheureux au cœur d'un père, d'un frère, d'un ami? Cette confession naturelle, si je puis m'exprimer de la sorte, a aussi quelque chose de divin. Comme la confession religieuse, quoique d'une manière infiniment moins efficace, elle console le cœur malheu reux, elle le guérit, le tire de l'abîme où il était abattu, et l'élève quelquefois bien audessus de l'état où il se trouvait avant ses malheurs. Mais ne voyez-vous pas les abus qui peuvent naître des cœurs corrompus, à l'occasion d'une chose si sainte? Ne voyezVous pas déjà la trahison, l'attachement désordonné, la jalousie et bientôt la haine avec ses fureurs?

Qu'y a-t-il de plus nécessaire à l'homme que la nourriture qui lui conserve la vie? Qu'y a-t-il de plus agréable pour lui que de pouvoir prendre cette nourriture vivifiante, assis à une même table, qui peut être aussi une table religieuse et sainte, avec un père et une mère, avec des enfants, des frères, des amis? Et cependant si la nour

riture est mal préparée, ou prise avec excès, ou reçue dans des estomacs mal disposés, elle atraiblit, bien loin de fortifier, et si ces abus s'aggravent encore, au lieu de cesser, vous n'aurez plus là bientôt que des cadavres qui ne tarderont pas à entrer en corruption, à la place de corps vigoureux et réjouis.

Quoi de plus noble que le dévouement militaire Un soldat véritablement digne de sa mission, c'est un martyr de la patrie, une victime qui s'immole aussi pour le salut public. Mais, si au lieu de ce glorieux martyr, de cette noble victime, je n'aperçois qu'un monstre à figure humaine qui, échauffé par le vin et plus encore par la colère, tourne contre la patrie, contre ses frères d'armes, contre lui-même, le fer qu'il a reçu pour combattre l'ennemi, mes yeux se détournent avec indignation.

Quoi de plus utile à la société que cette autorité publique sous la garde de laquelle nous pouvons tous reposer en paix, et vaquer à l'accomplissement de nos devoirs ! Mais si elle dégénère en despotisme, faute de contrôle, ou si, trop divisée, elle se change en anarchie, vous voyez naître aulant de maux de ces différents abus de l'autorité qu'elle était appelée à produire de biens

Voulez-vous actuellement que nous jetions un instant les yeux sur l'homme considéré individuellement? Nous arriverons toujours au même résultat, à savoir que l'homme abuse de tout absolument, même de sa propre personne. Les pieds lui ont été donnés pour se conduire, et il s'en sert pour s'égarer; les mains pour édifier et défendre, et il s'en sert pour attaquer et détruire; la langue pour louer Dieu et entretenir avec ses frères d'utiles relations, et il s'en sert pour blasphémer et semer partout la division; tout le corps pour obéir à l'âme dans le service de Dieu, et il l'emploie pour mieux faire éclater sa révolte. L'esprit lui a été donné pour connaître la vérité et l'enseigner aux autres, et il s'en sert pour former at propager l'erreur; son cœur a été créé pour aimer le bien, et il en fait un foyer de haine ou d'amour impur... C'en est assez, je pense, et même beaucoup plus qu'il n'en faut pour montrer que ce n'est pas de la religion seulement, mais de toutes choses que l'homme abuse continuellement, et quelque fois de la manière la plus déplorable.

Quoi que vous puissiez dire, ajoutez-vous, toujours est-il que c'est à l'occasion de la religion qu'ont lieu les plus grands abus. On ne peut s'empêcher de le remarquer et de se demander pourquoi Dieu permet cela.

Que tout le monde remarque plus particulièrement les abus qui ont lieu à l'occasion de la religion. je n'en suis point encore surpris. Je dirai même que c'est une nouvelle preuve que je puis apporter en faveur de son incomparable sainteté. Jetez de l'encre sur de l'encre, vous ne remarquez rien, tandis que toutes les taches se comptent facilement et paraissent dans toute leur

laideur sur une robe d'une éclatante blancheur.

Au fond, ces abus sont-ils réellement plus grands que ceux qui viennent d'ailleurs? C'est selon quelquefois oui, quelquefois non. Mais je vous accorde qu'ils le soient toujours, qu'en conclurons-nous? Tout le contraire de ce que vous semblez vouloir nous faire conclure. Oui, je ne crains pas de le dire, si la religion mal interprétée occasionne les plus grands abus, c'est précisément parce qu'elle a été établie pour être la source des plus grands biens. On l'a dit bien des fois, et on ne saurait trop le répéter, parce que rien n'est plus vrai ni plus instructif. Plus une chose est excellente en soi, plus elle devient funeste quand elle est détournée de l'usage pour lequel elle a été établie : - Corruptio optimi pessima. - C'est le torrent débordé qui porte la dévastation et la ruine partout où, maintenu dans son lit, il eût porté la fécondité et la vie. Voyez également le canon, l'une des forces les plus prodigieuses qui soient sorties de la main des hommes! Le mal qu'il fait en éclatant sur ceux qui le chargent est ordinairement en raison même du bien qu'il leur eut fait en tirant sur l'ennemi. Voyez la pensée, cet autre feu du ciel, descendu du sein même de la Divinité! Plus elle a de force, plus elle devient funeste, quand on la tourne au mal. Nous ne devons done point nous étonner qu'il en soit ainsi par rapport à la religion, cette force divine par excellence. La grandeur des abus est encore de la grandeur; et elle en suppose bien plus dans la chose dont on abuse. Voilà pourquoi sans doute J.-Jacques Rousseaui luimême reconnaît jusque dans le fanatisme une grandeur et une force qu'il est bien loin de trouver dans l'esprit philosophique et irréligieux.

Bayle, » dit-il, « a très-bien prouvé que le fanatisme est plus pernicieux que l'athéisme, et cela est incontestable; niais ce qu'il n'a eu garde de dire, et ce qui n'est pas moins vrai, c'est que le fanatisme, quoique sanguinaire el cruel, est pourtant une passion grande et forte, qui élève le cœur de l'homme, qui lui fait mépriser la mort, qui lui donne un ressort prodigieux, et qu'il ne faut que mieux diriger pour en tirer les plus sublimes vertus; au lieu que l'irréligion, et en général l'esprit raisonneur et philosophique, attache à la vie, effémine, avilit les âmes, concentre toutes les passions dans la bassesse de l'intérêt particulier, dans l'abjection du moi humain; et sappe ainsi à petit bruit les vrais fondements de toute société... Si l'athéisme ne fait pas verser le sang des hommes, c'est moins par amour pour la paix, que par indifférence pour le bien; comme que tout aille, peu importe au prétendu sage, pourvu qu'il reste en repos dans son cabinet. Ses principes ne font pas tuer les hommes, mais ils les empêchent de naître, en détruisant les mœurs qui les multiplient, en les détachant de leur espèce, en réduisant toutes leurs affections à un secret égoïsme, aussi funeste à la population qu'à la vertu. L'indifférence philoso

phique ressemble à la tranquillité de l'Eta sous le despotisme; c'est la tranquillité de la mort; elle est plus destructive que la guerre inême. Ainsi le fanatisme, quoique plus funeste, dans ses effets immédiats, que ce qu'on appelle aujourd'hui l'esprit philosophique, l'est beaucoup moins dans ses conséquences.»

Et ce n'est pas seulement la saine raison qui reconnaît et proclame hautement l'excellence de la religion jusque dans les abus qu'on en fait, les passions même qui en abusent le reconnaissent et le proclament aussi à leur manière. L'hypocrisie est un éclatant hommage que le vice rend à la vertu, a-t-on dit avec une grande vérité. Il en est ainsi de tous les abus religieux. Pourquoi les plus honteuses passions aiment-elles à se cacher souvent sous le voile de la religion? C'est parce qu'elles reconnaissent que c'est une chose sainte, excellente, et que son apparence, même trompeuse, est encore le meilleur moyen d'échapper aux regards et à la justice des hommes.

Vous me direz peut-être que Dieu ne devrait pas permettre un tel abus de ses dons les plus précieux. Dieu le permet, parce qu'il ne veut point enchaîner, dans ses créatures, la liberté qu'il leur a donnée; mais, en le permettant, il commence déjà à exercer sa justice sur la terre, et dans cet exercice terrible de sa justice, il proclame encore, d'une manière incomparable, à qui sait l'entendre, l'excellence de ses bienfaits mal employés. Ne le comprenez-vous pas ? ne reconnaissez-vous pas que si l'homme tombe si profondément quelquefois, c'est parce qu'il avait été appelé à une plus grande hauteur. Elevé jusqu'à Dieu lui-même, introduit dans son cœur, si je puis m'exprimer de la sorte, nourri de sa propre substance, par la religion la plus auguste, il a méconnu, tourné à contre-sens peut-être si je puis m'exprimer de la sorte, ces moyens si efficaces de sanctification. Dès lors, Dieu l'abandonne à luimême; et il tombe, de chute en chute, sous le poids de sa faiblesse et de ses crimes, jusqu'à ce qu'il soit descendu au plus profond de l'abîme.

Voyez Judas. Pourquoi a-t-il été le premier déicide? Parce que les leçons dont il avait abusé étaient celles d'un Dieu. D'où venaitil, quand il s'empressait d'aller trahir sor maître? De la table sainte.

Voyez les Juifs. Ce peuple n'a point été condamné à mort seulement, comme les autres peuples qui ont abusé des dons ordinaires de Dieu. Marqué au sceau de la justice irritée, ce peuple-caïn, si je puis l'appeler de la sorte, erre de contrée en contrée, traînant partout le lourd fardeau de ses crimes et de sa honte. De quels bienfaits exceptionnels a-t-il donc abusé, pour mériter ce châtiment exceptionnel?-Le Juste s'est présenté à lui, avec l'abondance de ses grâces, et il l'a crucifié?

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DES OBJECTIONS POPULAIRES. Dien? - Ils l'aimaient, le servaient, chantaient ses louanges et étaient destinés à le posséder éternellement. Ils ont abusé des plus grands biens, et voilà pourquoi ils sont condamnés aux châtiments les plus terribles.

Ainsi, grands abus, grandes choses dont on abuse. Tout le prouve, et cela d'ailleurs saute aux yeux. Grands abus dans la religion, avez-vous dit. Donc, aussi religion excellente.

ACCAPAREMENT.

Objection. Comment voulez-vous que nous aimions les prêtres et la religion qu'ils enseignent? On dit qu'ils cherchent à nous faire mourir de faim. - C'est pourtant vrai, assure-t-on; chacun d'eux met une somme, proportionnée à sa fortune, pour former une bourse, qu'on appelle bourse noire, qui est destinée à accaparer tous les blés, et à affamer ainsi la population. Il faut bien qu'il y ait quelque chose de semblable. Est-ce que, sans cela, les blés se seraient maintenus, depuis si longtemps, au prix où ils sont? Les récoltes ne sont pas mauvaises. Et puis, d'ailleurs, la plus mauvaise récolte suffit pour nourrir la France pendant plus de quatre ans...

Réponse.-Voilà quelques-uns des propos abominables, absurdes, et plus qu'absurdes, qui, à l'heure qu'il est, en plein xIx siècle, dans ce siècle des plus vives lumières, pnisque le siècle dernier était déjà le siècle des limières et que nous allons toujours en progressant, en France, dans ce noble pays qui Jasse pour être le centre de la civilisation hplus avancée, volent de bouche en bouche, excitant les préventions et la haine contre es personnes et les choses qu'on doit le plus imer et vénérer. Cela n'est pas croyable, et >ourtant cela est :

Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable! (Boileau, Art poétique.) Cela est, vous dis-je, et vous êtes d'autant lus obligé de le croire, que mille personnes put-être vous ont dit l'avoir entendu, et ce vous-même, à moins que vous ne restiez onstamment dans votre chambre, ou qu'en ortant vous ne vous bouchiez bien soigneuement les oreilles, vous avez dû l'entendre assi, non pas une fois, mais cent fois, si ce hest plus encore !

On serait tenté de croire que ces propos sensés, que je n'entendrais pas sans quele surprise à Charenton ou dans toute autre éunion de fous, dussent se réfuter par leur Kagération, et je dirai même par leur exásération dans l'absurdité. Car l'absurde ne soutient pas, comme on dit communément, ce qui est violent ne saurait être durable. s du tout. I paraît que les règles généles ne sont point applicables ici; car il y a ente ans reut-être que cela dure, avec des ternatives de hausse et de baisse, et, jourd'hui encore, quand de pareils propos t passé et repassé de bouche en bouche, y a des hommes assez méchants et assez s pour les répéter, et d'autres presque ssi méchants mais beaucoup plus sots ur les croire.

Quand je dis croire, c'est avec intention; il y a certainement bonne foi chez un

grand nom! re. J'appelle ici bonne foi ce que je devrais plutôt appeler une foi mauvaise, puisque de telles idées ne sauraient avoir de prise sur une âme honnête; mais je veux dire qu'il y a, chez un grand nombre, une certaine croyance, une adhésion quelconque de la volonté, fondée sur des motifs plus ou moins mauvais, et pourtant déterminants.

J'ai cru longtemps le contraire. Je me disais Il n'est pas possible que des accusations, si évidemment fausses en soi, et si clairement démenties par les faits, trouvent la moindre créance dans une seule âme, quelque inepte ou dépravée qu'elle soit. J'ai pris, à cet égard, tous les renseignements nécessaires; et, de plus, j'ai voulu m'assurer par moi-même de la réalité des choses. J'ai questionné et recueilli avec soin les réponses qui m'étaient faites. J'ai écouté attentivement encore alors même que je n'étais point aperçu. J'ai examiné l'expression du visage, le geste, la conduite, tous ces signes enfin que la divine Providence a mis à notre disposition pour pénétrer, autant que cela est utile, au fonds même des âmes; el je ne crains pas de l'affirmer ici : « Oui, il y a croyance relativement aux propos incroyables que nous venons de répéter! il y a croyance même dans la partie la plus intéressante de la population, dans celle qui habite et cultive nos campagnes!»

D'où cela vient-il donc? Je ne saurais le dire absolument; mais pourtant je puis en indiquer quelques sources. Il y a là dedans de l'ignorance, de l'immoralité, de l'impiété, de la méchanceté, de la jalousie, un grand abus des grâces, une tentative dernière de l'enfer qui voudrait s'assurer définitivement de la proie que depuis longtemps i convoite entièrement et pour toujours, mais qu'il n'a pu encore saisir que par parties et pour un temps.

Il semble véritablement que Dieu ait dit aux âmes simples qu'il appelait spécialement à la pratique de la vertu, mais qui, dédaignant ses grâces, ont p: éféré le vice: « Vous n'avez point goûté le bien; aimez le mal! Vous n'avez point écouté les bons, que j'ai faits mes ministres; écoutez les méchants qui sont les ministres du démon! Vous n'avez point voulu croire aux paroles du ciel; croyez aux paroles de l'enfer!» Et Et alors le démon se serait jeté sans ménagement sur la proie qui paraissait, jusqu'à un certain point, lui être abandonnée. E. pour donner à cette attaque furieuse plus de chances de réussite, il se serait dit à luimême, et aurait agi aussitôt en raison de ce qu'il se disait : « C'est par le prêtre, ministre de Jésus-Christ, que le peuple échappe à ma domination; établissons entre le peuple et le

prêtre la démorcation infranchissable de la défiance, de la jalousie et de la haine. Ce qui contribue le plus à consolider la puissance du prêtre sur le peuple, c'est sa réputation de charité et de dévouement. Eh bien! faisons crouler cette réputation établie depuis tant de siècles, en montrant qu'au lieu d'être une cause d'édification et de vie, il en est une de destruction et de mort. »

O vous que toutes les puissances du mal n'ont point séduit encore mais qui pourriez l'être bientôt; vous qui vous êtes laissé séduire déjà, mais qui, en ce moment, plus calme, paraissez disposé à revenir à de meilleurs sentiments; vous-même qui êtes tout à fait égaré, exaspéré, mais que quelques bonnes paroles pourraient cependant adoucir et empêcher du moins de pénétrer plus avant dans les voies de l'erreur; écoutez-moi avec attention. Ce n'est pas le langage de la foi seulement que j'ai à vous faire entendre, c'est celui de la raison, du cœur, du plus simple bon sens; c'est un langage capable de faire impression sur tout homme, quel qu'il soit, pourvu qu'il ne ferme pas entièrement ses oreilles, et qu'il n'endurcisse pas complétement son cœur.

On dit que ce sont les prêtres qui rendent le blé cher.

Ne voyez-vous pas que c'est là l'accusation la plus injuste, la plus absurde, la plus incroyable, par conséquent, qu'il soit possible d'imaginer; car non-seulement les prêtres ne veulent pas se rendre coupables d'un tel crime, mais ils ne le pourraient, en aucune Inanière, lors même qu'ils le voudraient.

Ils ne le veulent point, parce qu'ils n'ont aucun intérêt à cela; ils ne le veulent point, parce que personne ne doit désirer plus vivement qu'eux-mêmes, au contraire, que le blé et tous les vivres soient à bon marché; ils ne le veulent point enfin, parce que le caractère dont ils sont revêtus, la mission qu'ils remplissent auprès des hommes, leur conduite habituelle, leur vie de charité et de dévouement, éloignent d'eux à jamais, je ne dirai pas seulement la volonté formelle, arrêtée, persévérante, comme on le suppose, mais l'idée même d'un tel crime.

Ces propositions sont si claires, si frappantes, qu'elles ne devraient avoir besoin ni d'explication ni de preuves pour être admises. Mais comme les notions les plus vulgaires du sens commun sont brouillées aujourd'hui, surtout en pareille matière, comme il s'agit de ramener à la vérité, à la justice, des ames profondément égarées, je dois entrer dans quelques développements à ce sujet.

Vous affirmez, de vous-même ou après d'autres, que ce sont les prêtres qui rendent le blé cher.

Mais quel intérêt ont-ils donc à cela? car Vous savez que les hommes ne font rien sans un intérêt quelconque, que quand il est question surtout d'un acte grave, public, persévérant, d'un acte qui peut appeler sur ceux qui les font les regards,l'animadversion de tous et peut-être même des châtiments

épouvantables, il leur faut des motifs tout particuliers d'agir, et qu'alors encore ils ne se déterminent pas toujours. Eh bien! donc, je vous le demande, quel intérêt les prêtres ont-ils à rendre le blé cher ?

C'est, dit-on, pour ramener à la religion les peuples qui de plus en plus l'abandon

nent.

Singulière prétention 1 vouloir ramener les peuples à la religion, c'est-à-dire à la pratique de toutes les vertus, et commencer par affamer ces peuples, c'est-à-dire par commettre l'un des plus grands crimes qu'on puisse imaginer. Mais c'est expliquer l'absurde par du plus absurde encore. Admettons-le, cependant, quelque inadmissible que cela soit. Les prêtres, dites-vous, veulent rendre le blé cher, pour ramener les peuples à la religion. à la religion. Mais ils n'ont pu prendre cette grave détermination qui évidemment les expose à toute la rigueur des lois divines et humaines, sans avoir l'espoir de réussir. Or c'est précisément le contraire qui arrive. Au lieu d'adoucir les peuples, ce prix élevé des subsistances les irrite au plus haut point, au lieu de les ramener à la religion, c'est précisément ce qui les en éloigne le plus en ce moment. Et ne me dites pas que cela est arrivé contre leur attente; car je vous répondrais alors qu'ils eussent employé c moyen une fois peut-être, deux fois, trois fois même, à la rigueur, mais toujours, e avec des résultats tout opposés à leurs désirs; ce serait plus que de la folie, puisque le fou se garde bien d'aller chercher la vie dans le poison qui toujours donne mort.

Il ne vous est pas plus possible assure ment d'expliquer cette prétendue déterm nation des prêtres à vouloir rendre le b cher, par un motif politique ou tout autre car je vous répondrais encore que cet cherté tournant toujours contre eux, au lig de les servir en quoi que ce soit, il est a surde de supposer qu'ils voulussent, av tant d'opiniatrelé, y coopérer.

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Il est donc évident aux yeux de tou d'après ce que nous venons de dire, que prêtres n'ont aucun intérêt à rendre le cher. J'ajoute que personne ne doit désir plus vivement qu'eux-mêmes, au contrair que le blé et tous les vivres soient à ba marché.

Les prêtres ne sont pas riches, en Franc depuis que la révolution a dépouillé l'Egli des biens dont l'avait dotée la piété de n pères. En ce moment surtout, ils sont gén ralement très-ênés, et quelques-uns so véritablement pauvres. Jugez-en plutôt.

Ils ont environ 1,200 fr., terme move Quelques-uns ont davantage; mais le pl grand nombre a moins. Je mets ce chiffr pour qu'il ne s'élève aucune réclamation ce sujet. C'est, à quelque chose près, position qui leur a été faite à l'époque la restauration du culte. Ou plutôt c'est u position moins avantageuse encore; car, leurs revenus fixes out augmenté d'un lien je suppose, la valeur représentative de c

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