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SOCIÉTÉ

DES

BIBLIOPHILES FRANÇOIS

La Société des Bibliophiles Français vient de parachever un beau livre, et plus exactement de terminer la reproduction en fac-simile d'un manuscrit, dont les exemplaires ne seront pas communs, n'ayant été tirés qu'à 31 exemplaires, 29 pour les membres de la Société, un pour la Bibliothèque Nationale et un pour le British Museum. Non hic piscis omnium! comme inscrivait je ne sais plus quel bibliophile de l'ancien temps sur ses livres.

C'est par les procédés si parfaits de la maison Boussod que le charmant manuscrit des Commentaires de la Guerre Gallique, exécuté pour le roi François Ier dans le premier quart du XVIe siècle, aura été rendu dans l'intégrité de son texte et le charme de ses miniatures. Par une fortune singulière et regrettable, chacun de ses trois volumes se trouve dans une collection différente, le premier à Londres au British Museum, le second à la Bibliothèque Nationale, et le troisième dans celle du château de Chantilly. Ce sera l'honneur de la Société des Bibliophiles d'avoir, sur l'initiative de S. A. R. le duc d'Aumale, et grâce aux soins assidus de son président actuel, M. Gustave de Villeneuve, mené à bien une œuvre aussi délicate, et réuni dans cette remarquable reproduction, trois volumes précieux à jamais séparés.

Une notice détaillée placée en tête du premier volume et due à la plume du regretté baron Du Noyer de Noirmont

(1) LES COMmentaires de LA GUERRE GALLIQUE, reproduit en fac-simile d'après le manuscrit original par les soins de la Société des Bibliophiles François. Paris, 1894-96, 3 vol. in-8.

explique l'origine du manuscrit, son contenu et ses vicissitudes.

<< Au lendemain de la bataille de Marignan, le roi François Ier « se souvint que quinze siècles auparavant un grand capitaine <<< avait vaincu les Suisses et raconté sa campagne dans un << livre immortel. Le roi voulut le lire et commanda qu'on << lui mît en bon français le récit de César. C'est à sa royale << fantaisie que nous devons les trois volumes des Commen<< taires de la Guerre Gallique. »

Est-ce bien le roi qui prit cette initiative, comme semble le croire M. de Noirmont, et n'est-ce pas plutôt son ancien précepteur, François Dumoulin, abbé de Saint Mesmin, qui, pour lui faire sa cour, eut l'idée de faire exécuter ce beau manuscrit en l'honneur de son maître et de célébrer par de flatteuses comparaisons, sa victoire? Toujours est-il que c'est lui qui confia le soin du texte à Albertus Pichius ou Pigghe, secondé du peintre Godofredus ou Godefroy pour l'exécution des miniatures, qui sont peintes en camaïeux rehaussés d'or et d'azur, et des portraits en médaillon, tant des lieutenants de César que des compagnons d'armes de François Ier. On lit en effet ceci sur l'un des cartouches du livre :

Albertus Pichius auxilio Godofredi pictoris batavi faciebat, precipiente Francisco Molinio, mense novembris anno 1520.

L'écrivain hollandais a l'idée de faire rencontrer César par le roi François dans son parc de Saint Germain en Laye, pour l'interroger à loisir sur la manière dont il a vaincu <«<les Souyces et les Allemans » et sur les demandes du roi de France, César raconte complaisamment ses campagnes, décrit la Gaule, ses peuples, ses villes, ses fleuves, les sièges qu'il a menés et les batailles qu'il a gagnées.

Et la fiction se continue pendant les trois volumes, tantôt sous les futaies de la forêt de Byèvre, tantôt dans les bois de l'Angoumois et de la Saintonge, avec mention de chasses au cerf, où il est même question des chiens de la meute royale et de Pérot le veneur préféré du Roi.

Quant aux miniatures nombreuses, batailles et chasses, vues de villes et de châteaux, scènes guerrières, datées pour la plupart de 1519 et de 1520, elles sont d'une grande finesse avec leurs nombreux personnages costumés, mi-partie en romains, mi-partie au goût du temps comme cela plaisait alors.

à Marignan, Montmorency, Bonivet, Fleuranges, Lautrec, Tournon, Chabanes-Lapalice, ornent le second volume et ont été loués comme ils le méritent par le marquis de La Borde qui les attribuait à l'auteur des miniatures, Godefroy. Tel n'est pas l'avis de M. Henri Bouchot, conservateur au Cabinet des Estampes, qui croit, à certaines analogies avec des crayons du château de Chantilly, y reconnaître la main de Jehanet Clouet.

Nous serions tenté de mettre les deux savants d'accord en disant que ces portraits d'accent pourtant si personnel, ont été copiés par le miniaturiste sur les crayons du célèbre artiste.

A quelle époque les trois précieux volumes ont-ils été séparés ? M. de Noirmont suppose qu'ils ont dû être dispersés, soit pendant le transport de la bibliothèque du Roi de Fontainebleau à Paris, sous le règne de Charles IX, soit au temps de la Ligue, au moment du pillage du cabinet du roi Henri III en 1589.

Il n'est que juste de louer l'habileté avec laquelle les ouvriers vraiment artistes des ateliers Boussod sont parvenus à rendre les miniatures dans toutes leurs finesses. Les consciencieux miniaturistes Bénard, suppléés ensuite par Guerrier, ont complété cette reproduction si réussie, par l'enluminure des ors rehaussés de vermillon et d'azur, et donné ainsi l'illusion presque absolue de la miniature originale.

Ce beau travail auquel la Société des Bibliophiles n'a pas hésité à consacrer une trentaine de mille francs, lui fera grand honneur ; mais ne peut-on pas regretter qu'elle se soit, comme tout bon collectionneur, montrée un peu égoïste, et qu'elle ait conservé pour elle seule la jouissance de ce bijou de l'art de la Renaissance?

BARON ROGER PORTALIS.

La vente des autographes provenant de la succession de M. le baron Jérôme Pichon, président honoraire de la Société des Bibliophiles françois, a eu lieu le 10 février dernier, à l'Hôtel Drouot, par le ministère de Me Maurice Delestre, assisté de M. Noël Charavay, expert.

La collection n'était pas des plus importantes; mais le nom du baron Pichon avait, exceptionnellement, attiré une grande affluence dans la salle no 8 qui était comble. La Bibliothèque Nationale, la Bibliothèque Mazarine, la Bibliothèque de la Ville de Paris, les Archives nationales et celles de la Seine étaient représentées; un grand nombre d'amateurs et de libraires assistaient à la vente. Le total des adjudications s'est élevé à 12,696 francs.

Nous relèverons simplement ici quelques enchères:

No 11. Lettre signée de Jean de France, duc de Berry, au duc de Bretagne, 90 fr., achetée par la Bibliothèque Nationale.

No 12.

Lettre autographe signée de Bossuet à Madame du Mans, 310 fr., achetée pour une de nos femmes bibliophiles les plus distinguées.

No 19.

125 fr.

Lettre autographe signée de Sainte Chantal à M. Coulon,

No 20. Lettre autographe de Sainte Chantal à la Mère J. Compain,

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205 fr.

No 21. Lettre signée de Sainte Chantal à la Mère Catherine Maleteste,

95 fr.

No 22.

Quatre lettres autographes de Sainte Chantal à Madame de Toulongeon, 470 fr.

No 23. Lettre autographe signée de Sainte Chantal à son cousin M. le comte de Bussy, 210 fr.

No 24.

No 25.

Lettre autographe de Sainte Chantal à la Mère Agnès, 170 fr.

Lettre autographe de Sainte Chantal à l'assistante de la Visitation de Nevers, 195 fr.

No 42.

Quatre lettres autographes ou signées de Saint François de Sales, 600 fr.

No 43.

No 48.

Lettre autographe de Saint François de Sales, 510 fr.

Lettre autographe signée d'Henri de Lorraine, duc de Guise, dit le Balafré, 105 fr.

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Lettre autographe d'Henri IV, signée de son monogramme,

No 61. No 69.

N° 94.

· Lettre autographe de Ninon de Lenclos, non signée, 85 fr. Lettre signée de Louis XI au duc de Milan, 78 fr. Lettre autographe signée de Mme de Pompadour, 240 fr. No 95. Lettre autographe de Mme de Pompadour à son père, 150 fr. No 106. Lettre autographe de Mme de Sévigné à sa fille, à laquelle on avait joint un fragment de la robe de la célèbre épistolaire, pris au moment de la violation de son tombeau, 400 fr., achetée par la Ville de Paris.

No 113.

Lettre signée (au président Orry) d'Anne-Marie de La Trémoïlle, princesse des Ursins, 100 fr.

No 117.

No 129.
No 135.

Lettre autographe signée de Voltaire à d'Argental, 96 fr.
Dossier sur la chasse et la pêche (XIV-XVIIe siècle), 805 fr.
Réunion de factures, comptes, etc., de fournisseurs de

Mme Du Barry, 581 fr.

No 143.

Soixante-quinze pièces environ (factures de livres, gravures, objets d'art, etc., fournis à la Reine Marie-Antoinette), 752 fr.

Les autres collections de M. le baron J. Pichon vont aussi être vendues prochainement; voici l'indication précise des dates auxquelles ces ventes auront lieu :

29 mars-10 avril. Vente des curiosités, objets d'art, meubles, faïences, émaux, miniatures, orfèvrerie, tapisseries, tableaux, sculptures, etc., etc. (Mc Paul Chevallier, commissaire-priseur; MM. Mannheim, père et fils, experts).

26 avril-1er mai. - Ventes des Antiquités, bijoux du Moyenâge, bagues, monnaies, médailles, jetons, etc. (Me Paul Chevallier, commissaire-priseur; MM. Rollin et Feuardent, experts).

3 mai-14 mai.

Vente des livres rares et précieux. (Première partie). (Me Maurice Delestre, commissaire-priseur ; MM. Leclerc et Cornuau, experts).

17 mai-20 mai.

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Vente des estampes. (Me Maurice Delestre, commissaire-priseur; M. Danlos, expert).

La vente des livres rares et précieux de feu M. le baron Lucien Double a produit une somme de 71,987 francs. Voici quelques-uns des prix atteints :

No 2.

L'Image de vertu, aux armes de François Ier, avec le Saint Michel terrassant le Dragon, 1.805 fr.

No 12.

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Novum testamentum, imprimé sur vélin, aux armes de Charles IX, 4.705 fr.

No 50. Découvertes de M. Marat, aux armes de la Reine Marie

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