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SUR

L'HISTOIRE DE LA RELIURE

Extraits des Comptes royaux des XIVe et XVe siècles

L'unique prétention des pages qui vont suivre est de grouper, sur l'histoire de la reliure, un certain nombre de textes exclusivement empruntés aux anciens comptes des rois de France. On a bien voulu me dire qu'un recueil de documents de ce genre pourrait offrir quelque intérêt aux lecteurs du Bulletin du Bibliophile, en attendant que je songe à coordonner l'ensemble de mes matériaux dans un travail de plus longue haleine où les développements et les commentaires prendront une place qui ne saurait m'être ici accordée, sans de ma part abus d'hospitalité. Le sujet assurément est un peu technique et je m'expose à devoir une compensation au Bulletin. Je la lui fournirai, par la suite, au moyen d'une autre série de notes, moins arides, sur les enlumineurs, les écrivains et les libraires mentionnés également dans les comptes royaux antérieurs au XVIe siècle. Mais j'ai à remplir tout d'abord mon premier engagement et à m'occuper, pour cette fois, des textes ayant trait d'une manière spéciale à l'art si complexe et si varié de la reliure au moyen âge, tel que, suivant les cas, y coopéraient alors les orfèvres, les brodeurs, les boursiers, etc., en dehors des libraires, des écrivains et des artisans qualifiés de « relieurs de livres ».

Jusqu'au milieu du XIVe siècle, les épaves des comptes

auteur était par trop injuste pour le gouvernement de la France, qui bientôt allait envoyer sa flotte à Navarin, et contribuer si puissamment à assurer l'indépendance de la Grèce. Mais on l'accusait volontiers de tergiversations et de tiédeur. Mme Tastu, appartenait au parti libéral, plus étroitement encore au parti bonapartiste, et ses vers s'en ressentent. Le fils de Canaris est surtout pour elle un prétexte à gourmander le gouvernement, et ses vers sont encore plus satiriques qu'enthousiastes :

O malheureuse Grèce !

Tu souffres, mais tu vis. Ici tout dort
De ce sommeil pesant précurseur de la mort.
On dirait que la France en sa morne apathie
Avec ta jeune ardeur n'a plus de sympathie :
Elle applaudit de loin aux droits que tu défends,
Comme une antique aïeule aux jeux de ses enfants :
Impassible témoin de ta brûlante audace,
Des nobles passions elle a perdu la trace;

Elle en parle aujourd'hui, mais elle n'y croit plus.

Il reste la jeunesse : c'est à son cœur que parlera le jeune hôte de la France, c'est là qu'il suscitera à la Grèce des défenseurs :

Dis-lui les Grecs trahis, tes proches massacrés,

Le Pacha dans tes murs, Psara livrée aux flammes,
Les prêtres, les vieillards, les enfants et les femmes,
Jonchant le sol fumant de leurs sanglants débris,
Sous le fer des vainqueurs....

Espère, jeune Hellène ! à ton pays unie
Tu verras quelque jour la France rajeunie
Se lever tout entière à ta voix, et nos fils
Suivre au-delà des mers le fils de Canaris.

(A suivre).

EUGÈNE ASSE.

DOCUMENTS

SUR

L'HISTOIRE DE LA RELIURE

Extraits des Comptes royaux des XIVe et XVe siècles

L'unique prétention des pages qui vont suivre est de grouper, sur l'histoire de la reliure, un certain nombre de textes exclusivement empruntés aux anciens comptes des rois de France. On a bien voulu me dire qu'un recueil de documents de ce genre pourrait offrir quelque intérêt aux lecteurs du Bulletin du Bibliophile, en attendant que je songe à coordonner l'ensemble de mes matériaux dans un travail de plus longue haleine où les développements et les commentaires prendront une place qui ne saurait m'être ici accordée, sans de ma part abus d'hospitalité. Le sujet assurément est un peu technique et je m'expose à devoir une compensation au Bulletin. Je la lui fournirai, par la suite, au moyen d'une autre série de notes, moins arides, sur les enlumineurs, les écrivains et les libraires mentionnés également dans les comptes royaux antérieurs au XVIe siècle. Mais j'ai à remplir tout d'abord mon premier engagement et à m'occuper, pour cette fois, des textes ayant trait d'une manière spéciale à l'art si complexe et si varié de la reliure au moyen âge, tel que, suivant les cas, y coopéraient alors les orfèvres, les brodeurs, les boursiers, etc., en dehors des libraires, des écrivains et des artisans qualifiés de « relieurs de livres ».

Jusqu'au milieu du XIVe siècle, les épaves des comptes

laconisme extrême en fait de renseignements relatifs à l'histoire des beaux-arts, y compris la reliure. Je n'y ai guère rencontré que des indications succinctes analogues à celles-ci :

Du temps de saint Louis, dépense de 26 sols, en 1239, « pro duobus paribus fermatoriorum ad libros regine » (1), et, en 1245, dans un compte d'Alphonse de Poitiers, de 20 sols < pro quodam romano religando et pro historio (sic) de Reccevaux (sic) » (2) ;

Sous Philippe le Hardi, paiement de 65 livres 9 sols 2 deniers, en 1275, « pro libris capelle [regis], scriptoribus notarum, illuminatoribus, ligatoribus librorum », etc. (3);

Sous Philippe le Bel, dépense, en 1302-1303, de 6 sols « pro quodam libro capelle Petre Pertusie (4) reparando et cohoperiendo » (5); en 1305, de 5 sols « pro libris regis reparandis religando », de 3 s. « pro cooperire et illuminare quandam vitam sancti Ludovici », et enfin de 25 s. « pro corio ad cooperiendum et ligandum libros capelle regis dans un de ses châteaux de Touraine (6).

A cette époque, l'industrie de la reliure paraît avoir été assez florissante à Paris. Dans le rôle de la taille de cette ville dressé en 1292, figurent 17 « liéeurs de livres », indépendamment des libraires, etc. (7). Un autre rôle de la taille levée à Paris en 1313 n'en comprend plus, il est vrai, que trois, Thomas « le liéeur », Jean d'Arras et Jean de Sèvres, ce dernier à la fois « lieur de livres et tavernier » (8); mais il faut observer que le rôle de 1313 ne semble pas avoir le caractère général de celui de 1292 et que la profession des contribuables n'y est pas, à beaucoup près, toujours énoncée. Parmi les autres relieurs établis alors à Paris, je me bornerai à citer Alain de Vitry, vivant en 1313-1314 (9).

Sous Philippe le Long, un compte de l'argenterie de 1316 porte en dépense 12 sols « pour lier les heures le roy et pour

(1) Biblioth. nation., ms. latin 9017, f. 45. Cf. aussi Recueil des historiens de la France, t. XXII, p. 608.

(2) Id., ms. latin 9019, f. 4.

(3) Biblioth. de Rouen, ms. 5870, Recueil Ménant, t. IV, f. 8 vo.

(4) Ancien château royal de la sénéchaussée de Carcassonne.

(5) Bibl. nat., coll. Clairambault, vol. 228, p. 887.

(6) Id., coll. Baluze, vol. 394, n° 695, f. 7 v° et 45.

(7) Id., ms. fr. 6220, passim. Cf. H. Géraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 519. (8) Id., ms. fr. 6736, passim.

paindre dehors les armes de France », et 4 livres 8 sols << pour la couverture de son messel [le missel du roi], et pour paindre lez dehors des armes de France, pour les fermouers d'argent et pour une pippe d'argent, esmaillée à testes d'apostres » (1). Un autre compte de 1318-1319 constate, à propos de la Sainte Chapelle, le paiement de 8 livres 10 sols

« Nicolaus, ligator librorum, pro tribus magnis antiphonariis novis ligandis, et pro aliis libris religandis » (2). J'ajouterai en passant que ces antiphonaires avaient été exécutés par les enlumineurs Richard de Verdun et Jean de La Mare et par le noteur Guillaume (3).

Arrivons enfin au roi Jean. A partir de son règne, les documents vont se succéder plus nombreux et, si je ne me trompe, plus intéressants.

Quelque temps avant de monter sur le trône, Jean le Bon avait chargé l'enlumineur Jean de Montmartre de « lui faire faire une bible» et « certains livres », malheureusement non désignés (4). En 1351, quand ces livres furent terminés, il confia encore au même artiste le soin de leur reliure. Un compte de l'argenterie nous apprend en effet que Jean de Montmartre reçut alors « une aune de velluau ouvré à or », du prix de 8 écus, « pour couvrir les ays de la bible du roy »; << deux aunes et demie de fin camocas d'oultre mer et deux aunes et demie de cendal azuré, des larges », coûtant 12 écus, « pour faire chemise à lad. bible »; « une aune de drap d'or pour couvrir un messel en françoys pour le roy, et deux aunes et demie d'un fin camocas d'oultre mer et deux aunes et demie d'un cendal azuré, pour faire une chemise audit messel », le tout payé 16 écus; puis, « trois aunes de velluau violet et trois aunes de cendal azuré, des petis », du prix de 13 écus, « pour faire une couverture au livre qui fu pris en examplaire à la bible dessusdicte »; et, en dernier lieu, trois quartiers de velluau ouvré à or », payés 6 écus, « pour couvrir autres certains livres pour le roy » (5). En 1351, l'argentier de la cour fit « rappareiller les char(1) Douët-d'Arcq, Comptes de l'argenterie des rois de France au XIV siècle, p. 15.

(2) Bibl. nat., ms. fr. 23256, f. 5.

(3) Ibid., f. 6.

(4) V. la notice que j'ai publiée à ce sujet dans les Archives historiques, artistiques et littéraires, t. II (1890-91), p. 177-179.

(5) Archiv.nation., KK 7, f. 13 r et vo.- V. la notice citée à la note précédente.

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