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sion, et de quelque manière que ce soit, nous le digérons; mais parce que nous ne le considérons pas comme une partie du calice de notre Dieu, là vient que ce calice n'est point pour nous un calice de salut, et c'est en quoi notre condition est déplorable, de ce que buvant tous les jours ce calice amer, nous n'avons pas encore appris à le boire comme il faut; c'est-à-dire, à le boire, non-seulement sans impatience et sans murmure, non-seulement avec un esprit de soumission et de résignation, mais avec joie et avec action de grâces; de ce que nous ne savons pas encore faire volontairement et utilement, ce que nous faisons à toute heure par nécessité et sans fruit. S'il dépendoit de nous, ou d'accepter ou de refuser ce calice, et que la chose fût à notre choix, peutêtre faudroit-il des raisons, et même des raisons fortes, pour nous résoudre à le prendre : mais la loi est portée, elle est générale, elle est indispensable; en sorte que si nous ne buvons ce calice 'd'une façon, nous le boirons de l'autre; si nous ne le buvons en favoris, nous le boirons en esclaves; si, comme parle l'Écriture, nous n'en buvons le vin, qui est pour les justes et les prédestinés, nous en boirons la lie, qui est pour les pécheurs et les réprouvés. Ne sommes-nous donc pas bien à plaindre de perdre tout l'avantage que nous pouvons retirer d'un calice si précieux, et

d'en goûter tout le fiel et toute l'amertume, sans en éprouver la douceur?

Voilà, chrétiens, la grande leçon dont nous avons si souvent besoin dans le monde; voilà, dans les souffrances de la vie, quelle doit être notre plus solide consolation, de penser que ce sont des faveurs de Dieu, qu'elles ont de quoi nous rendre agréables à Dieu, ét les élus de Dieu; que la prédestination et le salut y sont altachés, et qu'on ne peut autrement parvenir à l'héritage des enfants de Dieu. Gravez profondément ces maximes dans vos esprits et dans vos cœurs; elles vous formeront, non pas précisément à souffrir, (car où est l'homme sur la terre qui ne souffre pas?) mais à souffrir chrétiennement et saintement. Le pouvez-vous? c'est la question que vous fait ici le Sauveur du monde, après l'avoir faite à saint Jean; le pouvez-vous et le voulez-vous? Potestis? Ah! Seigneur, nous vous répondrons avec toute la confiance que votre grâce nous inspire, Oui, nous le pouvons, et nous nous y engageons; Possumus. Nous ne pouvons rien de nous-même, mais nous le pouvons avec vous et par vous; nous le pouvons, parce que vous l'avez pu avant nous, et qu'en le faisant, vous nous en avez communiqué le pouvoir. Daignez encore nous en donner le courage, afin que nous en recevions un jour la récompense éternelle, où nous conduise, etc.

SERMON

POUR LA FÊTE

DE SAINTE GENEVIÈVE.

Infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia; et ignobilia mundi et contemptibilia elegit Deus, et ea quæ noë sunt, ut ea quæ sunt destrueret.

Dieu a choisi ce qu'il y avoit de plus foible dans le monde, pour confondre les forts; et il a pris ce qu'il y avoit de moins noble et de plus méprisable, méme les choses qui ne sont point, pour détruire celles qui sont. Première Épître aux Corinthiens, chap. 1.

TEL est, chrétiens, l'ordre de la divine Providence, et c'est ainsi que notre Dieu prend plaisir à faire éclater sa grandeur souveraine et sa toutepuissante vertu. Si, pour opérer de grandes choses, il ne choisissoit que de grands sujets, on pourroit attribuer ses merveilleux ouvrages ou à la sagesse, ou à l'opulence, ou au pouvoir et à la force des ministres qu'il y auroit employés ; mais, dit l'apôtre des gentils, afin que nul homme n'ait de quoi s'enfler d'une fausse gloire devant le Sei

gneur, ce ne sont communément ni les sages selon la chair, ni les riches, ni les puissants, ni les nobles, qu'il fait servir à l'exécution de ses desseins il prend, au contraire, ce qu'il y a de plus petit pour confondre toutes les puissances. humaines; et suivant l'expression de l'Apôtre, il va chercher jusque dans le néant, ceux qu'il veut élever au-dessus de toutes les grandeurs de la terre Infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia; et ignobilia mundi et contemptibilia elegit Deus, et ea quæ non sunt, ut ea quæ sunt destrueret. Pensée bien humiliante pour les uns, et bien consolante pour les autres : bien humiliante pour vous, grands du siècle! tout cet éclat qui vous environne, cette autorité, cette élévation, cette pompe, qui vous distinguent à nos yeux, ce n'est point là ce qui attire sur vous les yeux de Dieu; que dis-je? c'est même, selon les règles ordinaires de sa conduite, ce qu'il rejette, quand il veut opérer, par le ministère des hommes, ses plus étonnantes merveilles; mais au même temps, pensée bien consolante pour vous, pauvres, pour vous, que votre condition a placés aux derniers rangs, pour vous, que que l'obscurité de votre origine, que la foiblesse de vos lumières rend, ce semble, incapables de tout. Prenez confiance plus vous êtes méprisables dans l'opinion du monde, plus Dieu aime à vous

glorifier, et à se glorifier lui-même en vous : Infirma mundi elegit Deus. En voici, mes chers auditeurs, un bel exemple : c'est celui de l'illustre et sainte patronne dont nous solennisons la fête, et dont j'ai fait le panégyrique. Qu'étoit-ce, selon le monde, que Geneviève? Une fille simple et dépourvue de toutes les lumières de la science, une fille foible et sans pouvoir, une bergère réduite, ou par sa naissance, ou par la chute de sa famille, au plus bas état. Mais en trois mots, qui comprennent trois grands miracles et qui vont partager d'abord ce discours, je vous ferai voir la simplicité de Geneviève plus éclairée que toute la sagesse du monde, c'est la première partie; la foiblesse de Geneviève, plus puissante que toute la force du monde, c'est la seconde partie; et, si je puis parler de la sorte, la bassesse de Geneviève, plus honorée que toute la grandeur du monde, c'est la troisième partie. Quel fonds, chrétiens, de réflexions et de morale! Ménageons tout le temps nécessaire pour le creuser, et pour en tirer d'utiles et de salutaires leçons, après que nous aurons demandé le secours du Ciel par l'intercession de Marie. Ave, Maria.

PREMIÈRE PARTIE.

DIEU seul, chrétiens, est le Père des lumières;

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