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par l'opprobre de la croix et c'est par là que nous

le devons convertir.

De là vient que quand je vois les ouvriers évangéliques dans l'élévation et dans l'éclat, favorisés, honorés, approuvés du monde, je tremble et je me défie de ces avantages trompeurs : pourquoi? Parce que je dis : Ce n'est point de la sorte que le monde a été sanctifié. Au contraire, quand je les vois en butte à la censure et à la malignité du monde, dans l'abjection, dans la persécution, dans le mépris et la haine du monde, j'en augure bien car je sais que ce sont là les moyens dont Jésus-Christ et les premiers ministres de son Église se sont servis. Pardonnez-moi, mes frères, si je vous explique ainsi mes sentiments; je le fais plus pour ma propre instruction que pour la vôtre.

Pour vous, mes chers auditeurs, qui n'êtes point appelés de Dieu à ces fonctions apostoliques, tout ce que j'ai à vous demander, c'est que vous soyez les apôtres de vous-même, et que vous ayez pour votre ame, chacun en particulier, le même zèle que François Xavier a eu pour celle des autres. Est-ce trop exiger de vous? Tout ce que j'ai à vous demander, c'est que vous soyez les apôtres de vos familles, et que vous fassiez au moins servir Dieu dans vos maisons, et par vos domestiques, par vos proches, par vos enfants,

comme François Xavier l'a fait servir dans des terres étrangères, et par des sauvages et des barbares. Cela n'est-il pas raisonnable? Ah! chrétiens, si nous venons à nous perdre, et si nous négligeons le salut de quelques ames qui nous sont confiées, qu'aurons-nous à répondre, quand Dieu nous mettra devant les yeux des apôtres qui, non contents de se sauver eux-mêmes, ont encore sauvé avec eux des nations entières? prévenons un si terrible reproche, et par une ferveur toute nouvelle, mettons-nous en état de parvenir un jour à cette souveraine béatitude que la foi nous propose comme le plus précieux de tous les biens, et que je vous souhaite, etc.

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Ne soyez pas incrédule, mais soyez fidèle. Saint Jean, chap. 20.

Ce sont les deux points d'instruction que le Fils de Dieu nous propose dans l'évangile de ce jour, et qui renferment en deux mots ce qu'il y a de plus important dans la vie chrétienne et dans la voie du salut éternel. Ne soyez point incrédule; 'voilà l'écueil que nous avons à éviter : soyez fidèle; voilà l'heureux terme où nous devons parvenir. En effet, si nous étions vraiment fidèles, nous serions justes, nous serions saints, nous serions parfaits; et nous ne sommes communėment vicieux, impies, corrompus, que parce que nous sommes incrédules. La foi, telle que la veut saint Paul, nous inspireroit la ferveur, le zèle, la piété; et l'incrédulité ne produit dans nos esprits et dans nos cœurs que relâchement,

qu'aveuglement, qu'endurcissement. Comme la foi, selon le concile de Trente, est le principe et la racine de notre justification, l'incrédulité est l'origine et la source de notre réprobation : comme la foi nous sauve, l'incrédulité nous perd. C'est donc un abrégé de toute la morale chrétienne, que ce que dit Jésus-Christ à saint Thomas : Noli esse incredulus, sed fidelis. C'est aussi ce que j'entreprends de vous montrer dans ce discours, où sans m'arrêter à faire le panégyrique du glorieux apôtre dont nous célébrons la fête, je veux, en vous appliquant son exemple, vous instruire premièrement du désordre de l'incrédulité, et en second lieu du mérite de la foi du désordre de l'incrédulité, pour vous en donner de l'horreur; du mérite de la foi, pour vous engager à l'acquérir. Ainsi, mes chers auditeurs, n'attendez point de moi d'autre moralité que celle qui regarde la pratique et l'usage de la foi; car c'est à cela que je m'attache uniquement. Dans tous les autres entretiens de cet Avent, je me suis servi des règles essentielles de la foi, pour réformer vos mœurs aujourd'hui je veux me servir des règles mêmes de vos mœurs, pour perfectionner votre foi. Demandons les lumières du Saint-Esprit par l'intercession de Marie. Ave, Maria.

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C'EST une propriété de l'être de Dieu, que le

I

Prophète royal a remarquée, et dont il a prétendu faire un sujet d'éloge, quand il a dit, que les ténèbres où Dieu se dérobe à nos yeux, et qui nous le cachent dans cette vie, ne sont pas moins admirables que sa lumière même, et que tout ce que nous découvrons et d'éclatant et de lumineux dans ces perfections adorables, n'est pas plus glorieux pour lui, ni plus vénérable pour nous, que ce qui nous y paroît enveloppé de nuages, et couvert d'un voile d'une mystérieuse obscurité: car c'est ainsi que saint Ambroise a expliqué ce passage du. psaume, Sicut tenebræ ejus, ita et lumen ejus 1 : Sa lumière est comme ses ténèbres, et ses ténèbres ont quelque chose d'aussi divin que sa lumière. Permettez-moi, chrétiens, en gardant toutes les mesures nécessaires, et sans vouloir en aucune sorte comparer la créature avec Dieu, d'appliquer ces paroles à l'apôtre saint Thomas, dont la conduite et l'exemple nous doit servir ici de leçon. L'Évangilé nous le représente en deux états bien contraires; savoir, dans les ténèbres de l'infidélité, et dans les lumières d'une foi vive et ardente : dans les ténèbres de l'infidélité, lorsqu'il doute de la résurrection de Jésus-Christ, et qu'il refuse de la croire; dans les lumières d'une foi vive et ardente, lorsque, pleinement persuadé de cette

'Psalm. 138.

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