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plus rigoureuses, si l'on veut éviter les tâtonnemens et les méprises qui ont si long-temps retardé sa marche et mis obstacle à ses progrès. Dans son nouvel ouvrage, M. Chevreul s'est proposé de faire connoître les vues qui l'ont dirigé et les conditions qu'il lui paroît nécessaire de remplir, pour atteindre en ce genre un degré d'exactitude égal à celui qui est requis dans l'étude des corps inorganiques.

M. Chevreul regarde la détermination des principes immédiats qui constituent les végétaux et les animaux, comme la base de la chimie organique, et la méthode qui peut conduire à fixer les espèces dans cette classe de composés, comme le premier et le plus important objet que le chimiste doive avoir en vue. Il est difficile, en effet, si l'on néglige ce soin en travaillant sur les produits de l'organisation, que des combinaisons aussi compliquées n'échappent pas à une analyse peu fidèle, et que des changemens essentiels dans l'arrangement et les proportions des principes n'aient lieu à l'insu du chimiste, durant des opérations dont il ne peut se rendre un compte scrupuleux.

On sait que les élémens dont les corps organisés sont formés, se réduisent, en dernière analyse, à seize ou dix-sept corps simples, qui s'y trouvent en combinaisons multipliées et dans des proportions extrêmement variées. Ces matériaux primitifs se réunissent deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, cinq à cinq, pour former des composés binaires, ternaires, quaternaires, quintenaires, &c. De ces composés, les uns sont nommés inorganiques, parce qu'ils se trouvent aussi-bien dans le règne minéral que dans les végétaux et les animaux; tels sont l'eau, plusieurs acides, les bases salifiables, l'ammoniaque : les autres sont appelés organiques, parce qu'ils ne se trouvent pas dans le règne inorganique, et qu'ils semblent ne pouvoir être produits que sous l'influence de la vie d'un être organisé, animal ou végétal; tels sont - les huiles, les sucres, l'albumine. Cette seconde dénomination a encore été étendue à toutes les substances qui, provenant des composés organiques altérés ou décomposés, n'ont pas d'analogues dans le règne inorganique, mais qui sont, à proprement parler, le produit de l'art. Enfin les composés binaires ou ternaires sont très souvent unis les uns avec les autres, et forment ensemble des mélanges qui ne sont point assujettis, comme les élémens qui les constituent, à des proportions définies.

On peut conclure de ces faits que deux sortes d'opérations sont nécessaires pour s'assurer de la véritable nature des composés organiques. La première est celle qui consiste à séparer les uns des autres ceux qui se trouvent à l'état de combinaison; la seconde a pour

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objet de déterminer la proportion des élémens qui constituent ces mêmes composés: on nomme l'une analyse immédiate, et l'autre analyse élémentaire. Par exemple, on fait une analyse immédiate quand on isole un sucre de la gomme à laquelle il étoit uni, et cette analyse devient élémentaire, quand il s'agit de connoître les quantités de carbone, d'hydrogène et d'oxigène qui entrent dans la composition du sucre ou de la gomme. L'analyse immédiate portée à sa perfection feroit connoître avec exactitude le nombre des combinaisons d'élémens, formées naturellement sous l'influence de l'organisation. L'autre ajoute à cette connoissance celle des matériaux mêmes qui concourent à les former. Ainsi, d'une part, il s'agit de distinguer les unes des autres les différentes espèces de composés organiques; de l'autre, il faut caractériser chaque espèce en en pénétrant la structure intime. Le but de l'analyse organique est donc, dans les deux cas, comme l'observe M. Chevreul, la détermination de l'espèce, en prenant ce mot dans le sens particulier que comportent les recherches chimiques appliquées aux produits de l'organisation.

:

M. Chevreul avoit déjà fait remarquer (1) que les différentes branches des sciences naturelles, en employant toutes le mot espèce, lui donnoient diverses applications, selon la nature des faits qu'on rassemble et des procédés qui servent à les étudier. L'auteur revient encore ici sur ces considérations, qui lui paroissent d'une haute importance pour la philosophie chimique. En botanique, en zoologie, on étudie des individus doués d'un ensemble de propriétés inséparables de leur existence. Il faut que ces individus soient distingués et décrits de manière qu'on puisse toujours remonter de la description aux individus de la nature de là l'emploi raisonné qu'on fait, dans ces sciences, des mots espèce, genre, variété. En géologie, les mêmes mots sont mis en usage; mais, quoique se rapportant à des individus, ils indiquent simplement les manières d'être ou la position relative et le rôle présumé de ces individus. La notion de l'espèce a un degré de précision de plus en minéralogie: d'après la définition d'Haüy, elle désigne une collection de corps dont les molécules intégrantes sont semblables par leurs formes, et qui sont composés des mêmes principes unis entre eux dans le même rapport. Pour le chimiste, l'espèce est une collection d'êtres identiques par les propriétés, et par ce qu'on connoît de leur nature intime, c'est-à-dire que, pour appartenir à une même espèce, ils doivent être également simples, ou être composés d'élémens semblables unis

(1) Recherches sur les corps gras, p. 4.

plus rigoureuses, si l'on veut éviter les tâtonnemens et les méprises qui ont si long-temps retardé sa marche et mis obstacle à ses progrès. Dans son nouvel ouvrage, M. Chevreul s'est proposé de faire connoître les vues qui l'ont dirigé et les conditions qu'il lui paroît nécessaire de remplir, pour atteindre en ce genre un degré d'exactitude égal à celui qui est requis dans l'étude des corps inorganiques.

M. Chevreul regarde la détermination des principes immédiats qui constituent les végétaux et les animaux, comme la base de la chimie organique, et la méthode qui peut conduire à fixer les espèces dans cette classe de composés, comme le premier et le plus important objet que le chimiste doive avoir en vue. Il est difficile, en effet, si l'on néglige ce soin en travaillant sur les produits de l'organisation, que des combinaisons aussi compliquées n'échappent pas à une analyse peu fidèle, et que des changemens essentiels dans l'arrangement et les proportions des principes n'aient lieu à l'insu du chimiste, durant des opérations dont il ne peut se rendre un compte scrupuleux.

On sait que les élémens dont les corps organisés sont formés, se réduisent, en dernière analyse, à seize ou dix-sept corps simples, qui s'y trouvent en combinaisons multipliées et dans des proportions extrêmement variées. Ces matériaux primitifs se réunissent deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, cinq à cinq, pour former des composés binaires, ternaires, quaternaires, quintenaires, &c. De ces composés, les uns sont nommés inorganiques, parce qu'ils se trouvent aussi-bien dans le règne minéral que dans les végétaux et les animaux; tels sont l'eau, plusieurs acides, les bases salifiables, l'ammoniaque : les autres sont appelés organiques, parce qu'ils ne se trouvent pas dans le règne inorganique, et qu'ils semblent ne pouvoir être produits que sous l'influence de la vie d'un être organisé, animal ou végétal; tels sont les huiles, les sucres, l'albumine. Cette seconde dénomination a encore 'été étendue à toutes les substances qui, provenant des composés organiques altérés ou décomposés, n'ont pas d'analogues dans le règne inorganique, mais qui sont, à proprement parler, le produit de l'art. Enfin les composés binaires ou ternaires sont très souvent unis les uns avec les autres, et forment ensemble des mélanges qui ne sont point assujettis, comme les élémens qui les constituent, à des proportions définies.

On peut conclure de ces faits que deux sortes d'opérations sont nécessaires pour s'assurer de la véritable nature des composés organiques. La première est celle qui consiste à séparer les uns des autres ceux qui se trouvent à l'état de combinaison; la seconde a pour

objet de déterminer la proportion des élémens qui constituent ces mêmes composés: on nomme l'une analyse immédiate, et l'autre analyse élémentaire. Par exemple, on fait une analyse immédiate quand on isole un sucre de la gomme à laquelle il étoit uni, et cette analyse devient élémentaire, quand il s'agit de connoître les quantités de carbone, d'hydrogène et d'oxigène qui entrent dans la composition du sucre ou de la gomme. L'analyse immédiate portée à sa perfection feroit connoître avec exactitude le nombre des combinaisons d'élémens, formées naturellement sous l'influence de l'organisation. L'autre ajoute à cette connoissance celle des matériaux mêmes qui concourent à les former. Ainsi, d'une part, il s'agit de distinguer les unes des autres les différentes espèces de composés organiques; de l'autre, il faut caractériser chaque espèce en en pénétrant la structure intime. Le but de l'analyse organique est donc, dans les deux cas, comme l'observe M. Chevreul, la détermination de l'espèce, en prenant ce mot dans le sens particulier que comportent les recherches chimiques appliquées aux produits de l'organisation.

M. Chevreul avoit déjà fait remarquer (1) que les différentes branches des sciences naturelles, en employant toutes le mot espèce, lui donnoient diverses applications, selon la nature des faits qu'on rassemble et des procédés qui servent à les étudier. L'auteur revient encore ici sur ces considérations, qui lui paroissent d'une haute importance pour la philosophie chimique. En botanique, en zoologie, on étudie des individus doués d'un ensemble de propriétés inséparables de leur existence. Il faut que ces individus soient distingués et décrits de manière qu'on puisse toujours remonter de fa description aux individus de la nature de là l'emploi raisonné qu'on fait, dans ces sciences, des mots espèce, genre, variété. En géologie, les mêmes mots sont mist en usage; mais, quoique se rapportant à des individus, ils indiquent simplement les inanières d'être ou la position relative et le rôle présumé de ces individus. La notion de l'espèce a un degré de précision de plus en minéralogie: d'après la définition d'Haüy, elle désigne une collection de corps dont les molécules intégrantes sont semblables par leurs formes, et qui sont composés des mêmes principes unis entre eux dans le même rapport. Pour le chimiste, l'espèce est une collection d'êtres identiques par les propriétés, et par ce qu'on connoît de leur nature intime, c'est-à-dire que, pour appartenir à une même espèce, ils doivent être également simples, ou être composés d'élémens semblables unis

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dans les mêmes proportions et avec le même arrangement. En partant de l'idée de l'espèce ainsi définie d'une manière générale, et en l'appliquant aux corps organisés, il faut considérer, 1.° des composés dont on ne peut séparer plusieurs sortes de matières sans en altérer évidemment la nature: ce sont ceux qu'on nomme principes immédiats; 2.° des composés de deux ou de plusieurs principes immédiats unis en proportion définie. Quant aux composés formés par la réunion en proportion indéfinie, soit de principes immédiats, soit de combinaisons définies de ces mêmes principes, il est évident que le nom d'espèce ne leur convient pas : ce sont des mélanges, des aggrégations, et l'analyse immédiate est imparfaite tant qu'elle n'est pas parvenue à les réduire à, leurs véritables élémens, soit simples, soit composés.

On voit que, relativement à l'emploi du mot espèce, M. Chevreul s'écarte des physiologistes, en ce que ces derniers considèrent moins la nature des substances auxquelles ils l'appliquent, que la position de ces substances eu égard à des genres déterminés, ou encore le rôle qu'ils leur attribuent dans les fonctions de la vie. Par exemple, ils donnent le nom de sang à un liquide qui circule dans un système de vaisseaux, et qui porte quelque matière à toutes les parties de l'animal qui doivent être nourries; et en instituant cette espèce, ils n'ont aucun égard à la nature chimique du liquide: car ils y comprennent le sang blanc de plusieurs animaux invertébrés, aussi-bien que celui des mammifères, et ils n'ont en vue que la propriété de nourrir, qui est. pour eux caractéristique du sang. Au contraire, le chimiste établira les espèces d'après la composition des corps, sans s'arrêter à leur usage. Le but qu'on se propose dans chaque science est ce qui fonde les distinctions qu'on y introduit.

M. Chevreul établit six groupes de caractères dont l'examen doit constituer l'histoire chimique de chaque espèce; savoir, la composition, les propriétés physiques, les propriétés chimiques qu'on observe tant que l'espèce n'éprouve pas de changement sensible dans sa composition; les propriétés chimiques qu'on observe lorsque l'espèce éprouve, dans sa composition, un changement qui ne va pas jusqu'à l'empêcher de reprendre sa composition première ; les propriétés chimiques qu'on observe, lorsque l'espèce éprouve un changement qui va jusqu'à l'empêcher de reprendre sa composition, et enfin les propriétés organoleptiques. Par ce dernier mot, qui a besoin d'explication, l'auteur entend les propriétés que l'espèce manifeste lorsqu'elle est mise en contact avec nos organes.

Ne pouvant suivre M. Chevreul dans toutes les considérations aux

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