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jettent sur toute cette histoire un jour tout à fait nouveau. Nous apprenons que l'Egypte était régie par un roi, dont la puissance était presque annulée par celle du roi de Méroé, par le même Tahraka ou Tirhaka qui paraît dans la Bible dès cette époque et qui va reparaître avec un plus grand éclat sous le petit-fils de Sennachérib, Sardanapale. M. Oppert adopte pour désigner ce roi la forme de Strabon, Tearco. Sennachérib, après avoir soumis la Phénicie, trouve les forces égyptiennes et éthiopiennes près de la ville d'Altaqu (Eltheko de la Bible), il les bat, et marche sur l'Egypte; mais il ne nous dit rien de sa propre défaite, qui a été racontée par Hérodote. Après son retour d'Egypte, le roi ninivite rend compte de la soumission du roi Ezéchias, mais il ne parle pas de la prise de Jérusalem. Cette expédition, dont M. Oppert fixe la date en 700 av. J.-C., fut la seule que Sennachérib entreprit en Syrie et en Egypte, quoiqu'il ait régné jusqu'à 680, pour laisser alors le trône à son fils Assarhaddon.

Assarhaddon s'intitule « roi d'Egypte et de Méroé, » ou « roi d'Egypte et de Cous»; il entreprit une expédition contre ces pays, mais les annales qui mentionnent une série de noms phéniciens et cypriotes, ainsi que le roi Ménahem, ne descendent pas jusqu'à la conquête de l'Egypte qui eut lieu vers la fin de son règne. Ce fait n'est pas seulement avéré par les textes grecs qui nous restent des auteurs anciens, mais résulte également des inscriptions du fils d'Assarhaddon, de Sardanapale VI, qui monta sur le trône d'Assyrie en 667 av. J.-C.

Il nous est laissé de ce roi un grand document historique que M. Oppert a pour la première fois restitué, autant que l'état mutilé du monument le permettait. Il en résulte que le roi Sardanapale entreprit immédiatement une campagne contre l'Egypte et l'Ethiopie. Assarhaddon avait rendu tributaires les rois d'Egypte; mais, aussitôt après sa mort, ces roitelets se tournèrent vers Tearco, que les textes cunéiformes nomment Tarqù. Sardanapale marche contre eux, défait les rebelles, et s'avance jusqu'à la ville de Ni' dans laquelle M. Oppert, d'accord avec les autres assyriologues, a reconnu la ville de Thèbes,

Après cette victoire, le roi d'Assyrie reçoit l'hommage de 19 rois égyptiens, en tête desquels figure Nikù (Necho I), roi de Memphis et de Saïs. Le roi Necho, figurant dans la liste des rois de la 26o dynastie de Manéthon, est supprimé dans le comput des monuments égyptiens qui ne comptent que d'après les années de Tearco. Sardanapale retourne à Ninive, mais à peine a-t-il tourné le dos, que les rois d'Egypte, dans lesquels on reconnaît aisément les dodécarques d'Hérodote et de Diodore, penchent vers Tearco, et lui envoient des ambassadeurs pour lui offrir leur hommage et leur soumission. Les garnisons assyriennes interceptent les lettres et les messagers, la trahison des rois d'Egypte éclate au grand jour, et les fonctionnaires ninivites sévissent contre les traîtres qu'ils jettent dans les fers. Mendès, Saïs et Tanis furent saccagées, et restèrent probablement au pouvoir des Assyriens. L'inscription est mutilée à cet endroit, et nous ne connaissons pas la fin de cette campagne; mais il est probable que les Assyriens purent encore une fois occuper une partie de l'Egypte.

Sur ces entrefaites Tearco meurt, laissant le trône de l'Ethiopie à son fils Ourdamané, dans lequel M. Hincks et M. de ROUGE ont reconnu le roi que les textes nomment Rotmen. Ourdamané marche vers le nord, et prend Memphis. Alors Sardanapale commence une seconde expédition contre l'Egypte, chasse les ennemis devant lui, et les poursuit jusqu'à ce qu'il arrive après quarante jours d'une marche pénible à Thèbes. Cette ville est prise, saccagée et presque détruite, un immense butin tombe entre les mains des vainqueurs, mais Sardanapale ne nous dit pas qu'il ait rétabli dans ce pays sa domination. M. Oppert a constaté que ce fait complétement inconnu jusqu'ici explique un passage célèbre du prophète Nahum, où il est question d'une horrible destruction dont Thèbes (No-Ammon) a été frappée. Ce désastre a été rapproché d'un passage d'Ammien Marcellin (1. 17) où il est dit que les Carthaginois ont détruit Thèbes; mais le fait constaté par les textes cunéiformes rend irréfutable que le passage du prophète a trait à la destruction de Thèbes par les Ninivites, qui eut lieu vers 666 avant Jésus-Christ.

Après Sardanapale VI, l'éclat de Ninive baisse, jusqu'à ce qu'elle succombe à son tour, sous l'attaque combinée des Mèdes et des Babyloniens. Le mémoire s'occupe encore des rapports de l'Egypte avec les héritiers de la domination assyrienne, les Perses, et à la fin de son mémoire, M. Oppert donne le texte restitué d'une stèle que Darius I, fils d'Hystaspe, fit élever à l'Isthme de Suez, pour perpétuer sa tentative, de joindre le Nil à la mer Rouge par un canal. Ce monument important a été communiqué à M. Oppert par M. Mariette, et, par les fragments d'un texte hieroglyphique que contient la stèle de l'Isthme, il constate l'accord parfait qui s'établit entre les déchiffrements des hiéroglyphes et des cunéiformes.

MOIS DE SEPTEMBRE.

Séance du vendredi 6.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

L'Académie reçoit les ouvrages dont les titres suivent :

1° Les Archives de la France, leurs vicissitudes pendant la révolution, leur régénération sous l'Empire, par le marquis DE LABORDE, directeur des Archives de l'Empire, membre de l'Institut (Paris, 1867, in-12).

2o La Suède, son développement moral, industriel et commercial, d'après des documents officiels, par C. E. Ljungberg, avec 31 tableaux, trad. par L. de Lilliehōōk (Paris, 1867, gr. in-8°), avec une lettre d'envoi de M. le commissaire de la Suède pour l'Exposition universelle.

3° Les quatrains de Khéyam, trad. du persan par J.-B. Nicolas, expremier drogman de l'ambassade française en Perse, consul de France à Rescht (Paris, Impr. impér., 1867, in-8°).

4° Journal Asiatique: numéro d'avril-mai 1867.

5o Bulletin de l'œuvre des pèlerinages en Terre-Sainte; no43 (août 1867). 6o Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie; année 1867, no 1

t2.

7° Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest : 2o trimestre de 1867. Sont adressés en outre,

Pour le concours Volney:

Origines du patois de la Tarentaise (ancienne Kentronie), par l'abbé G. Pont (ms. in-4o).

Pour le concours des Antiquités de la France:

Etude historique sur Chouilly, par M. Ern. Barré, curé de Chouilly, etc. (1 vol. in-8°, avec un Atlas-Album de 38 planches.)

M. LE PRÉSIDENT fait hommage, au nom de M. MAURY, de son Exposé des progrès de l'archéologie (Paris, Impr. impériale, 1867, gr. in-8°), publication faite sous les auspices du Ministre de l'Instruction publique et faisant partie du Recueil des rapports sur les progrés des lettres et des sciencés en France.

M. Lenormant lit la note suivante :

ANNÉE 1867.

16

Sur deux inscriptions himyaritiques, l'une d'Abián et l'autre de Hisn

Ghoráb.

I

«En me communiquant l'inscription himyaritique que j'ai eu l'honneur de placer il y a quelque temps en original sous les yeux de l'Académie, M. Bonnetty m'avait dit que M. Gauldraud, le chirurgien de la marine impériale auquel il était redevable de la possession de ce précieux monument, lui avait montré dans le temps les copies recueilies par lui-même de plusieurs inscriptions analogues. Grâce à l'obligeance du savant directeur des Annales de philosophie chrétienne, j'ai pu entrer en relations directes avec M. Gauldraud. Il m'a remis un petit cahier contenant les copies de six textes épigraphiques qui subsistaient en 1844, date de son voyage, dans les ruines d'Abiân, village situé tout auprès d'Aden, où sont des vestiges de monuments importants et d'où proviennent quelques-unes des inscriptions maintenant conservées au Musée Britannique.

J'étudie avec une sérieuse attention ces copies et j'ai déjà bon espoir d'arriver au déchiffrement de toutes les incriptions qu'elles contiennent. Mais aujourd'hui mon attention se borne à soumettre à l'illustre Compagnie qui veut bien m'admettre à cet honneur le texte et un essai de traduction de la seule de ces inscriptions que je sois encore parvenu à comprendre en entier, la seule, du reste, dont la copie me paraisse dépourvue de toute faule. Bien que très-courte, elle me paraît d'un véritable intérêt philologique par son contexte.

Suivant une note de M. Gauldraud, elle était gravée sur un piédestal en marbre, renversé, qu'accompagnaient les débris d'une statue. En voici le texte :

חל וחלצנו

147881940

L'inscription appartient, on le voit, à ce type paléographique allongé qui est celui de la plupart des tables de bronze du Musée Britannique et dont j'espère arriver à déterminer l'époque au moyen d'un des monuments relevés par M. Gauldraud. Les mots sont séparés, suivant l'habitude, par un trait vertical, et le texte se transcrit :

שרעם בן שמר טני מתלן

Passons à l'analyse.

Dy. Ce premier mot est un nom propre qui se lit aussi dans la 4re ligne de la table de bronze du Musée Britannique figurée sous le n°46 de la planche X de la publication anglaise et dans la planche XXIV du mémoire de M. Osiander. Ainsi que l'a reconnu celui-ci, c'est, avec la ter

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