Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

et d'une inscription araméenne du Haouran, rapportée par mon savant ami M. le comte de Vogüé. Après ces mots vient le nom du défunt pour qui la sépulture avait été faite, suivi de sa filiation remontant à plusieurs générations.

Que l'on veuille bien maintenant jeter les yeux sur la première des inscriptions que j'extrais aujourd'hui des copies de M. Gauldraud, et on y reconnaîtra, malgré plusieurs erreurs, plusieurs confusions de lettres faciles à rectifier, précisément les mêmes formes.

Cette inscription était tracée « sur un bloc quadrangulaire de calcaire » madréporique. » Je la transcris, en y apportant les corrections nécessaires :

[blocks in formation]

<< Monument et tombeau de Abd-Yat'ôm, fils de Mart'ad, fils d'AbdYat'òm, fils de Mart'ad, fils de Samahâli. »

Les deux premiers mots me paraissent certains. Dans la copie a omis le trait vertical supérieur du ; la même faute a été commise encore au commencement du nom now, où cette lettre, par suite d'une telle omission, est devenue semblable à un 2. M. Gauldraud, évidem ment préoccupé de l'analogie extérieure que quelques lettres himyaritiques présentent avec des lettres grecques a donné au la figure d'un majuscule; c'est la même préoccupation qui lui a fait tracer tous les comme des ẞ retournés et le comme un u. Enfin dup initial de p il a fait un, confusion très-facile et que nous observons presque constamment dans ses copies.

[ocr errors]

que nous עבדיתעם est ce meme

Le nom du défunt et de son grand-père car l'usage d'appeler le petitfils comme l'aïeul existait chez les gens de l'Yémen, de même que chez presque tous les peuples antiques avons vu attribué comme épithète à l'auteur de la dédicace dans l'in scription que possède M. Bonnetty. Nous voici donc de nouveau en présence d'une mention du dieu Yat'ôm dont il n'était pas parlé dans les textes antérieurement connus. Il en est encore question dans les deux dernières inscriptions relevées par M. Gauldraud, lesquelles nous apprennent que c'était le dieu spécial d'Aden, car il y est appelé seigneur de cette ville, T. Il est assez probable que son nom doit être transcrit Yat'a et non Yat'ôm, en considérant le final comme l'expression du son nasal qui termine la plupart des noms propres himyarites et s'orthographie d'ordinaire ainsi dans les textes de cette langue. Les appellations divines y reçoivent quelquefois cette terminaison comme les noms d'hommes ; ainsi

עבדשמש dans le nom propre שמשם celle du dieu du Soleil est écrite

sur une des tables de bronze du Musée Britannique (pl. IX, no 13 de la publication anglaise; pl. IX du Mémoire de M. Osiander). Notre nom

7.

de dieu se trouvant ainsi réduit à sa portion vraiment essentielle, yn, comme on sait par plusieurs exemples que le de l'hébreu et des idiomes voisins se transformait facilement en dans la langue de l'Yémen, on est conduit à y reconnaître le radical yw, liberatio, auxilium, salus, qui a pu d'une façon assez naturelle produire une appellation divine. A plusieurs reprises dans la Bible, Dieu est invoqué sous le titre de yw, Deus auxiliator meus (Psalm. XVIII, 47 ; XXV, 5; XXVII, 9. Mich. VII, Is. XVII, 10). Sans le final notre nom de dieu yn entre comme composante dans le nom propre viril, jusqu'à présent inexpliqué, “axyn?, que fournissent trois inscriptions de Fresnel (no 12, 13 et 14). Nous traduisons celui-ci quem Yat'à (deus salutaris) sustulit, reconnaissant dans la seconde composante le radical 2, qui ne s'emploie d'ordinaire en hébreu qu'avec le sens de dixit, mais dont Gesenius dit primaria significatio est efferendi, et qui produit en hébreu 7, caput, cacumen, en arabe Ce dernier radical s'observe aussi dans les noms propres himyaritiques, encore rebelles à une analyse définitive, ND (Fresnel, n° 56, ligne 5) et 7 (Fresnel, no 54).

, c'est-à-dire Mart'ad, nom du père et du bisaïeul du défunt, est un de ceux qui se rencontrent le plus fréquemment dans les inscriptions himyaritiques; les exemples en sont tellement multipliés que nous ne saurions les énumérer tous. Un personnage ainsi dénommé se remarque aussi dans la liste des rois de la dynastie proprement himyarite (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. I, p. 111). Le Kamous traduit celte ~ Jl, « homme magnanime, noble » ; M. Osiander

appellation par (Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. XIX, p. 162) a cherché à en établir l'étymologie.

Quant à Samahâli, c'est encore un des noms les plus répandus dans les anciens monuments de l'Yémen ; on peut le noter dans les inscriptions nos 4, 8, 9, 10, 12, 13, 14, 18, 41, 43, 46, 48, et 55 de Fresnel.

La seconde inscription dont nous voulons parler aujourd'hui n'est qu'un fragment:

(DM
147197
1471048

La première ligne et la fin du texte manquent. La copie présente exactement les mêmes fautes et les mêmes confusions de lettres que la précé

dente. Les quelques corrections qu'elle réclame sont donc faciles à faire. Je la transcris:

|נפש ו־]

הקבר וה־

רבם בן ינף בן

<< Monument et tombeau de Wahab, fils de Yanouph, fils de..... »

Le nom propre Wahab, si commun chez les Arabes musulmans, se trouve une autre fois sous la forme himyaritique 21 dans une des tables de bronze du Musée Britannique (pl. XIII, no 23 de la publication anglaise; pl. XVIII du Mémoire de M. Osiander). Quant à celui de Yanouph, on le rencontre plusieurs fois dans les inscriptions de Fresnel (nos 12, 14, 43, 46 et 49); c'est l'arabe, « le prééminent, » d'où dérive aussi le nom de l'idole, célèbre dans l'ancien paganisme arabe (Voy. Zeitschr. der deutsch. morgenl. Gesellsch., t. VII, p. 500).

Passons à notre troisième épitaphe, qui était « sculptée très-profondément sur un parallélogramme de calcaire madréporique. » La copie de M. Gauldraud la donne de la manière suivante:

[merged small][ocr errors]

Il faut relever dans cette copie quelques fautes manifestes. La première lettre de la ligne 1 et la troisième de la ligne 4 doivent être lues P au lieu de 1; lep est pourtant reproduit d'une manière exacte comme second caractère de la ligne 2. Les deux traits verticaux parallèles qu'on remarque

à la seconde place dans la ligne 1 et à la première dans la ligne 4 se restituent avec certitude en 2. Le premier signe de la ligne 2 est un dont le petit trait vertical supérieur a été omis. Enfin, dans la bizarre figure qui commence le second mot de la ligne 3, il me semble qu'il faut distinguer un mal copié. En conséquence de ces observations, je propose de transcrire :

קבר רנפ־ קרינס אשעד

בן קריני רם בן או

-שם

<< Tombeau et monument de Kouraïn, fils d'Assâd, fils de Kouraïn, fils d'Aûs. »

L'ordre habituel des deux termes de la formule initiale est ici interverti, mais il est clair que l'on pouvait dire indifféremment 12 ou

קבר רנפש •

Le nom propre tannique (pl. VIII, no 12 de la publication anglaise; pl. XII du Mémoire de M. Osiander); Ibn-Douraïd le rapporte sous la forme. C'est un diminutif tiré de la racine 1, « corne, puissance », laquelle se rencontre dans la ligne 4 de l'inscription publiée par M. de Wrède.

se lisait déjà sur nne des tables du Musée Bri

Assad est un des noms arabes les plus répandus. C'était le nom réel du célèbre tobbâ himyarite surnommé Aboukarib (CAUSSIN DE PERCEVAL, Histoire des Arabes, t. I, p. 90). On le trouve aussi dans une des tables du Musée Britannique (pl. XI, no 18 de la publication anglaise ; pl. XVI du Mémoire de M. Osiander).

Le dernier nom de l'épitaphe, celui du bisaïeul du défunt, est aussi l'un de ceux qui ont été le plus habituellement portés par les Arabes anciens, Ismaeliens comme Yamanites, et même par les Nabatéens, dans les inscriptions desquels il est écrit N et rendu en grec par AYCOC. Avec la terminaison nasale propre à l'himyaritique, c'est-à-dire écrit comme ici N, on le remarque une seconde fois dans une des tables du Musée Britannique (pl. XII, n° 22 de la publication anglaise ; pl. XXIII du Mémoire de M. Osiander). »

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL commence la lecture d'un nouveau travail de M. Abel Desjardins intitulé : « L'Ambassadeur du grand-duc de Toscane, François Ier, et les proscrits florentins. »

Séance du vendredi 27.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée. Il n'y a pas de correspondance.

L'ordre du jour appelle la lecture de la notice de M. DELISLE.

Sur un manuscrit des Miracles de Notre-Dame, conservé au séminaire de Soissons.

« Parmi les manuscrits du moyen-âge qui sont maintenant exposés au Champ-de-Mars, dans les galeries de l'Histoire du travail, est un volume in-folio, très-bien conservé, qui attire les regards du visiteur par la pureté de l'écriture et encore plus par l'élégance et l'éclat des peintures et des ornements. Ce volume, qui depuis deux siècles a fixé l'attention d'un certain nombre de savants et qui a fourni la matière d'un assez long mémoire lu par LOUIS RACINE à l'Académie des Inscriptions le 28 janvier 1744, m'a semblé mériter d'être soumis à un nouvel examen. On s'est en effet mépris jusqu'à présent sur la véritable origine de ce manuscrit, et les singulières vicissitudes par lesquelles il a passé n'ont point encore été racontées. Je ne pourrai pas les faire toutes connaître, mais du moins j'indiquerai celles qui présentent le plus d'intérêt.

Le manuscrit dout je vais parler se conservait avant la Révolution, à Soissons, dans l'abbaye de Notre-Dame. Il appartient aujourd'hui au séminaire de Soissons. Il renferme les Miracles de Notre-Dame, mis en vers français au commencement du treizième siècle, par un religieux de Saint-Médard de Soissons nommé Gautier de Coincy. C'est un ouvrage fort considérable, et qui a joui longtemps d'une grande vogue, comme l'altestent les nombreux exemplaires qui en sont conservés dans les bibliothèques de la France et de l'étranger. Je n'ai pas à analyser cette vaste compilation, dont le texte a été publié par M. l'abbé Poquet en un gros volume in-quarto, et sur laquelle la critique n'a pas encore dit son dernier mot, bien qu'à ce sujet les opinions les plus diverses, inspirées parfois par un fâcheux esprit de dénigrement, parfois aussi par un aveugle enthousiasme, aient été déjà mises au jour et soutenues avec un véritable talent. Le seul but que je me propose d'atteindre aujourd'hui, c'est de faire l'histoire d'un des plus précieux manuscrits du poëme de Gautier de Coincy.

Le premier auteur qui, à ma connaissance, en ait parlé est dom Michel Germain, l'ami et le compagnon de Mabillon. Dans son Histoire de l'abbaye royale de Notre-Dame de Soissons, publiée en 1675, il dit avoir vu entre les mains de l'abbesse Armande-Henriette de Lorraine d'Harcourt, « un livre >> manuscrit dont l'écriture est ancienne de près de cinq cents ans, et » contenant les vers de Gautier de Coincy touchaut les miracles de la » sainte Vierge, dont ceux qui sont arrivés à Soissons font la meilleure par>>tie et sont représentés avec des tailles-douces fort agréables (1). »

Je ne relève pas ce qu'il y a d'étrange dans l'expression tailles-douces employée par le bon bénédictin, comme aussi par LOUIS RACINE, pour désigner d'anciennes miniatures. Ce que je tiens à constater, c'est que dom Michel Germain considérait le manuscrit de Notre-Dame de Soissons comme contemporain de l'auteur, et qu'il en rapportait l'exécution au commencement du treizième siècle.

LOUIS RACINE a accepté le jugement du bénédictin sur l'âge du manuscrit. Le mémoire qu'il communiqua en 1744 à l'Académie des Inscriptions (2) roulait d'ailleurs presque entièrement sur des considérations littéraires et philosophiques qui sont étrangères à mon sujet.

(1) Page 356, conf. p. 62.

(2) Mémoires de l'Académie des Inscriptions, XVIII, Hist., p. 357,

« ZurückWeiter »