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ORIGINAL LETTERS.

PART II.

No. I.

Alexandrie, le 19 Messidor, an 6.

SHECHY, Capitaine Adjudant à l'Etat-Major du Général BONAPARTE, au Citoyen LE MAIRE, à Paris.

Je voulois vous écrire, mon cher Le Maire, une longue lettre: lisez l'incluse; elle vous apprendra où nous en sommes pour le moment. Dites bien des choses de ma part à Madame Dumuy, et que j'aurai soin de lui faire passer une lettre bien détaillée du Caire, où j'espère pouvoir bientôt arriver avec le Général Bonaparte. Dumuy est ici; il reste à Alexandrie pour y organiser divers corps, traiter avec les Arabes Bédouins, dont vous avez ci-bas quelques notices, et entretenir la correspondance avec la métropole.

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Nous faisons, mon cher Le Maire, un métier bien fatiguant. Il n'y a rien de comparable dans cette guerre avec celle de l'Europe. Nous nous estimons très-heureux si nous pouvons avoir de l'eau et du biscuit. Nous allons faire une marche de cinq jours à travers le Désert. Cachetez la lettre au Citoyen Doulcet. Remettez, je vous prie, la Note ci-jointe à mon oncle. J'ai écrit une lettre bien longue à Madame Dumuy de Malthe. Je vous ai aussi prévenu de l'envoi qui a été fait de mon affaire d'avancement au Ministre de la Guerre par Berthier. Voyez Tallien et Bruix; dites-leur bien des choses de ma part. Engagez-les à faire terminer un objet si facile à arranger. Voyez vous-même ce qu'il est possible de faire. Donnez-moi beaucoup de nouvelles, et recevez l'assurance de mon amitié.

MAR. SHECHY.

Note. Les Arabes Bédouins se levent chaque jour de très-bonne heure, se mettent à genoux et baisent la terre deux fois en regardant le ciel. Au lever du soleil et à l'apparition de la lune, ils font la même cérémonie trois fois de suite, en tournant les regards vers cette planète. Ils sont commandés par des chefs qu'ils respectent, ils les saluent toutes les fois qu'ils passent devant eux, font la plus grande attention à tout ce qu'ils leur disent, et remplissent exactement leurs ordres.

Ils sont habillés d'une toile blanche de laine qui s'attache à leurs cols, et dont ils jettent les pans sur leurs épaules. Leurs bras sont nuds., Ils ont une espèce de pantalon large qui s'attache aux genoux. La jambe est nue, et n'ont qu'une sandale de cuire jaune au pied.

Les femmes sont habillées à peu près comme les hommes. Elles portent leurs enfans sur le dos. Elles

sont considérées de leurs maris; elles ne mangent pas avec eux. Comme les Scythes, ils s'établissent dans des camps qu'ils transportent à volonté et selon les circonstances. Ils emportent avec eux toutes leurs familles, qu'ils mettent sur des chameaux, dont ils ont un bien plus grand nombre que de chevaux. Les femmes et les enfans montent sur le dos d'un chameau, où se trouve une espèce de cabane circulaire, dans laquelle elles sont très-commodément couchées ensemble avec leurs en

fans.

Ils se voyent souvent et sont très-familiers et complaisants entre eux. Les personnes d'une famille ne mangent jamais chez une autre. Ils font des échanges de marchandises ou autres objets d'utilité générale, sans avoir besoin d'argent. Tout ce qui est pris appartient au preneur; l'homme même, fait prisonnier, peut être vendu par celui qui s'en est rendu maître, sans que d'autres puissent avoir rien à y prétendre. Ils ont cependant pour habitude générale, de ne faire que dévaliser sans tuer, à moins qu'on ne leur résiste.

Leur manière de vivre est très-dure... Ils vivent d'un pain très-noir, cuit sur le crotin de leurs chameaux. Leur eau, contenue pendant longtems dans des sacs de peau de bouc, exposée toujours au soleil, est très-puante. Ils trempent leur pain dans une espèce d'huile qui a une très-mauvaise odeur; ils la recueillent au milieu des sables du Désert, dans des sources qui ne sont connues que d'eux seuls, et qu'on ne trouve qu'à une distance de vingt lieues l'une de l'autre.

Chaque famille habite seule une même tente; elle est commandée par un chef, c'est lui qui fait la guerre. Les chevaux dont ils se servent uniquement dans toutes leurs expéditions, sont tous de la plus grande agilité, tous sont

sauvages et franchissent les montagnes les plus escarpécs avec la même rapidité qu'ils courent dans la plaine ; ils ne sont jamais ferrés.

Ce sont des officiers faits prisonniers chez les Bédouins, qui m'ont donné les détails ci-dessus. Je les ai recueillis au moment où les chefs Arabes étoient chez Bonaparte pour traiter avec lui.

Je n'ai pas assez de papier pour faire des enveloppes. Faites celle du Citoyen Doucet.

TRANSLATION.

Alexandria, (19 Messidor) July 7th, 1798.

SHECHY, Captain-Adjutant to the Staff of General BoNAPARTE, to Citizen LE MAIRE, at Paris.

I

WISHED to write you, my dear Le Maire, a long letter-Read the inclosed; it will inform you where we are at present. Say every thing for me to Madame Dumuy; and above all, assure her that I will take care to send her an ample account of all our transactions, from Cairo, where I hope to arrive soon, with General Bonaparte. Dumuy† is here; he stays behind to organize the troops that remain, to treat with the Bedouin

* See the next letter.

This seems to be the person mentioned by General Menou (Part I. p. 98.); his name, indeed, is spelt differently; but we observe a great inaccuracy with respect to names, throughout the whole of this Correspondence.

Arabs, of whom you will find some account below, and to open a communication with the capital.

We are engaged here, my dear Le Maire, in a most fatiguing business. The wars of Europe have nothing in common with this of Egypt. We reckon ourselves fortunate in the extreme, if we can procure biscuit and water. We are now preparing for a march of five days across the Desert.

Put a wafer in Citizen Doulcet's letter; and pray be kind enough to give the subjoined note respecting the Arabs, to my uncle. I wrote a very long letter to Madame Dumuy, from Malta: I wrote also to you, informing you, that the memorial relative to my promotion had been transmitted to the Minister of War, by Berthier. Call on Tallien and Bruix; give my remembrances to them, and intreat them to accelerate an affair which may be easily arranged: try yourself too, what can be done in it. Write me a long letter, and accept the assurances of my friendship.

MAR. SHECHY.

Note.

THE Bedouin Arabs constantly rise at a very early hour, drop on their knees, and kiss the ground twice, with their eyes turned towards the heavens. At sunrise, and at the first appearance of the moon, they repeat the same ceremony three times, directing their face towards that planet. They are commanded by chiefs, whom they respect; they salute them whenever they approach or pass them, pay the greatest attention to every thing they say, and punctually execute all their commands.

Their usual dress is a piece of white woollen, which

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