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No. XV.

*Traduction d'une lettre de BONAPARTE, en date du

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A Son Excellence le Suprême Vizir, Vicaire Absolu du Grand des Grands, du Judicieux & Intelligent, & du plus Grand de tous les Monarques, l'Empereur des Ottomans.

L'OBJET de la présente lettre, adressée à V. E. et expédiée par le canal de l'Effendi fait prisonnier à Aboukir, est de lui faire un fidèle exposé de l'état des choses en Arabie, et en terminant la guerre qui a eu lieu entre la Sublime Porte et la République Françoise, donner la paix à ces deux puissances. Hélas! pourquoi, amies depuis tant d'années, se trouvent-elles à présent en guerre? Est-ce pour l'éloignement et la distance de leurs limites, qu'elles se battent? Est-ce parce que les Cours d'Allemagne et de Russie confinent avec la Sublime Porte, qu'elles se sont unies à elle? V. E. ne peut ignorer que la nation Françoise est sans exception trèsattachée à la Sublime Porte. Etant douée des qualités. les plus éminentes et instruite des véritables intérêts des Cours, est-il possible que V. E. ne sache pas que les

Cette traduction est celle qui a été faite par ordre de la Sublime Porte.

Russes et les Autrichiens ont conspiré une fois pour toutes contre la Sublime Porte, et que les François au contraire font leur possible pour s'opposer à leurs méchans projets? V. E. sait que les Russes sont les ennemis de la religion Musulmane, & que Paul Troisième, Empereur de Russie, comme Grand-Maître de Malte, c'est-à-dire premier Chevalier, a solennellement juré l'inimitié aux Musulmans. Les François ont aboli l'ordre de Malte, donné la liberté aux prisonniers Mahometans qui s'y trouvoient détenus, et ILS CROIENT COMME EUX, en disant il n'y a de Dieu que le vrai Dieu. Il est donc bien étrange que la Sublime Porte déclare la guerre aux François, ses véritables et sincères amis, et contracte des alliances avec les Russes et les Allemands, ses ennemis décidés. Quand les François étoient nécessairement de la secte du Messie, ils étoient les amis de la Sublime Porte, à peine se sont-ils RAPPROCHÉS PAR LA RELIGION, elle leur déclare la guerre. Les Cours d'Angleterre et de Russie out induit en erreur la Sublime Porte, que nous avions informée par nos lettres de l'expédition de nos troupes en Arabie. Ces Cours ont trouvé le moyen d'intercepter et cacher nos papiers; & comme si je n'avois pas manifesté à la Sublime Porte, que la République Françoise, foin de lui faire perdre des domaines, n'avoit pas la moindre intention de lui faire la guerre, Sa Majesté, le très-glorieux Sultan Sélim, a cru aux Anglois, & a eu de l'aversion pour les François ses anciens amis. Est-ce que les bons traitemens que j'ai pratiqué envers les vaisseaux de guerre et marchands appartenans à la Sublime Porte, qui se trouvoient alors dans les ports de l'Arabie, ne sont pas une preuve suffisante de l'extrême désir et de l'amour de la République

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Françoise pour la paix et l'amitié? La Sublime Porte, sans attendre l'arrivée du Ministre François Descorches, parti de France pour se rendre à Constantinople, et sans demander sur quoi étoient fondés mes mouvemens et ma : conduite, a déclaré la guerre aux François avec l'empressement le plus grand. Nonobstant que j'étois informé de cette guerre, j'ai fait partir sur la caravelle le Consul de la République Beauchamp, dans la sûreté de la terminer, et tandis que j'attendois des réponses de la Sublime Porte par son canal, il a été mis en prison, et des troupes Musulmanes ont été expédiées à Gaza avec ordre de s'emparer de l'Arabie. Alors j'ai jugé convenable de faire la guerre plutôt de ce côté-ci, que dans le territoire de l'Egypte, et j'ai été obligé, malgré moi, de traverser le Désert. Quoique mon armée soit aussi nombreuse que le sable de la mer, pleine de valeur, aguerrie au dernier point, et victorieuse; quoiqu'elle soit complètement pourvue de tout ce qu'elle pourroit avoir besoin, que j'aie des châteaux & des forteresses les plus sûres, et que le centre et les limites du Désert soient fortifiés par des bouches à feu; quoique je n'aie aucune crainte ni appréhension, que je n'aie à me garder de rien, et qu'il soit impossible que je sois vaincu: néanmoins par commisération du genre humain, et en égard à ces procédés louables, honorés par les nations, surtout pour nous rapprocher du premier et du plus véritable de nos alliés, Sa Majesté le très-glorieux Sultan Sélim notre allié, je manifeste ici mes dispositions à la paix. Il est sûr que la Sublime Porte ne réalisera pas ses espérances par la force des armes, et que c'est par une conduite pacifique qu'elle peut faire son bonheur. Autant de troupes qui viendront contre le Caire, je peux les rePART III.

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pousser toutes, et malgré cela je faciliterai toutes les propositions qui me seront faites tendant à la paix. Aussitôt que la Sublime Porte se détachera des Russes et des Anglois nos ennemis, il n'y a pas de doute que la République Françoise renouvellera et rétablira autant que possible les bases de la paix et de l'amitié avec la Sublime Porte. Il vaut mieux cesser de s'efforcer à former des armées, et à amasser des munitions de guerre, inutilement. Votre ennemi n'est pas dans l'Arabie. Il est dans la Bulgarie, à Corfou, et par votre mauvaise politique, au milieu de la Mer Blanche. Augmentez le nombre de vos vaisseaux, mettez-les en bon ordre, et formez, des canonniers. Que la sacrée bannière du Prophète ne soit pas portée sur les François ; mais préparezvous à vous en servir contre les Russes et les Allemands, qui après avoir souri à la rupture qui a eu lieu inconsidérément & imprudemment entre nous, lèvent bien haut leurs têtes, & d'un cri fort & perçant vous font les propositions les plus onéreuses. Si vous voulez l'Egypte, dites-le; la France n'a jamais prétendu la prendre des mains de la Sublime Porte, & la dévorer, Donnez des pouvoirs à votre Ministre qui est à Paris, ou envoyez quelqu'un en Egypte avec des pleins pouvoirs illimités, et tout sera arrangé sans amertume et à désir. Mettez-vous sur le chemin qui vous fera tirer vengeance de nos ennemis. Travaillez à consolider et à raffermir les fondemens de l'Empire Ottoman. Employez tout votre pouvoir à éloigner les propositions qui vous viennent faites par vos ennemis, ainsi qu'à détourner les terribles projets qu'ils pourroient par malheur faire exécuter dans ces momens. Ayant eu par le passé tant de motifs d'abhorrer les Russes, convient-il de leur faire aban

donnet la Mer Noire, et de ne pas se venger d'eux ? Dites un seul mot pour cela, & je travaillerai pour votre avantage. L'armée Françoise, loin de prétendre à montrer aux Ottomans qu'elle est disciplinée et valeureuse, désire s'unir à eux pour punir leurs ennemis. Que V. E., que j'ai importunée par cette lettre, fasse venir le François Beauchamp qui se trouve à la Mer Noire, et j'espère qu'après l'avoir interrogé, la mauvaise opinion qu'elle a de moi sera changée à mon avantage. S'il dépendoit de moi, le jour que je pourrois éteindre le feu d'une guerre aussi absurde que messéante, ce jour seroit réputé et compté par moi ❤omme le plus heureux de ma vie.

TRANSLATION

Of a Letter from BONAPARTE to the GRAND VIZIER, dated 4 1214 (Mahometan Era).

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To HIS EXCELLENCY THE SUPREME VIZIER, ABSOLUTE VICAR OF THE GREATEST OF THE GREAT, OF THE JUDICIOUS AND INTELLIGENT, AND OF THE GREATEST OF ALL THE MONARCHS OF THE EARTH, THE EMPEROR OF THE OTTOMANS *.

THE

HE object of the present letter, addressed to Your Excellency, and transmitted by the hands of the Ef

* There are two copies of this curious State Paper. The one, faithfully translated from the Arabic by the Turkish Go

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