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chie d'autant plus indomptable qu'elle ne voit dans la loi même des sociétés qu'une iniquité criante. De là ces conflits où le sens moral s'altère toujours plus. et qui, trompant sans cesse l'attente des peuples, les amènent enfin de négation en négation à nier formellement et le pouvoir et Dieu, et jusqu'à la nature humaine. La voix communiste qui crie aujourd'hui: A bas la propriété ! c'est-à-dire : A bas la civilisation! à bas l'homme! n'est qu'un écho de la voix hérétique qui criait, il y a trois siècles: A bas le Pape! c'est-à-dire : A bas l'Église de Jésus-Christ! M. Guizot l'ignore-t-il? Non ; il ne l'a pas voulu dire. Mais la vérité ne perd jamais entièrement ses droits sur les esprits capables de la porter. Cette page, que M. Guizot n'a pas écrite au commencement de son livre, il l'a écrite à la fin. C'est une espèce de parenthèse qu'il a glissée, comme pour soulager sa conscience, dans le dernier chapitre, intitulé Conditions morales de la paix sociale en France. Nous la reproduirons. M. Guizot lui-même n'en peut écrire désormais qu'une seule qui lui fasse plus d'honneur, et que le monde catholique puisse lire avec plus de joie :

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« On parle beaucoup du christianisme et de l'Évangile, on pro<<nonce souvent le nom de Jésus-Christ. A Dieu ne plaise que j'arrête longtemps ma pensée sur ces profanations, mélange hideux de cynisme et d'hypocrisie! J'élèverai une seule question. «Si la société française était sérieusement, effectivement chrétienne, quel spectacle offrirait-elle aujourd'hui, au milieu des << cruels problèmes qui la tourmentent?

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«Les riches, les grands de la terre s'appliqueraient avec dé« vouement et avec persévérance à soulager les misères des autres « hommes. Leurs relations avec les classes pauvres seraient inces<< samment actives, affectueuses, moralement et matériellement « bienfaisantes; les associations, les fondations, les œuvres de « charité iraient luttant partout contre les souffrances et les pé«rils de la condition humaine.

«Les pauvres, de leur côté, les petits de la terre, seraient soumis aux volontés de Dieu et aux lois de la société; ils cherche«raient dans le travail régulier et assidu la satisfaction de leurs «besoins; dans une conduite morale et prévoyante l'amélioration «de leur sort; dans l'avenir promis ailleurs à l'homme leur consolation et leur espoir.

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Ce sont là les vertus chrétiennes, elles s'appellent la foi, la charité et l'espérance.

«Est-ce à cela qu'on s'adresse? Est-ce là ce qu'on s'efforce de <ranimer dans le cœur des peuples?...

En présence d'une pareille page, et l'âme pleine de la joie que nous inspire un si noble aveu, loin de nous la pensée d'élever de vaines et inopportunes récriminations! Et cependant il faut qu'on nous permette de le dire, non à M. Guizot, mais à quelques-uns de ces anciens amis: Est-ce à cela qu'on s'adressait hier? Était-ce cela qu'on s'efforçait de ranimer dans le cœur des peuples? Est-ce cela que s'efforcent d'y ranimer encore aujourd'hui ceux qui publient, sans doute afin d'indiquer qu'ils sont toujours les mêmes, des éditions populaires de la Profession de Foi du Vicaire savoyard? Ce bel ordre de la société chrétienne, qui l'a voulu obstinément détruire? Cette foi qui créait l'égalité véritable et qui donnait une règle à la liberté, cette charité qui faisait du puissant et du riche non pas seulement le frère, mais le serviteur du faible et du pauvre, cette espérance enfin qui étendait sur toutes les misères de la vie présente le doux reflet des joies de la vie future, cette espérance qui n'est plus, qu'on n'a pas même su remplacer par un mot: si elles ne sont plus, si elles ne défendent plus la famille, la propriété, la société, à qui la faute ? On les a flétries dans le cœur des peuples, noyées des venins de la calomnie, traquées partout et rendues stériles où l'on n'a pu tout entièrement les supprimer qui a fait cette œuvre d'enfer? Ce n'est pas Proudhon, et l'entreprise ne date point du 23 février 1848.

Si nous voulons combattre l'esprit révolutionnaire et le combattre efficacement, c'est-à-dire sans injustice, sans tyrannie, sans aucune des armes qu'il emploie et en donnant une satisfaction légitime aux instincts honnêtes dont il s'empare et dont il abuse, sachons d'abord ce qu'il est, et appelons-le hardiment par son nom. Son nom, c'est l'anticatholicisme. Voilà la première vérité qu'il faut crier au monde.

III

L'alliance, ou pour mieux dire la fusion des partis conservateurs, à quelque drapeau qu'ils se rattachent, est nécessaire. Est-il possible? Oui, sur le terrain de la liberté. On dit qu'il y a

entre eux des questions de prépondérance qui les empêcheront de s'accorder jamais. C'est une erreur. Ces prétendues questions de prépondérance sont des mots qui ont survécu aux idées, aux intérêts qu'ils représentaient jadis. Aucun parti n'est par lui-même assez puissant pour gouverner les autres. A part la faction révolutionnaire, aucun n'en a le désir. Aucun parti démocratique n'est la France, mais la France, en un certain sens, est une démocratie. Elle changerait encore une fois la forme de son gouvernement, elle l'établirait sur des principes tout contraires à ceux qui règnent présentement, qu'elle ne cesserait pas pour cela d'être une démocratie, c'est-à-dire de reconnaître et de mettre en pratique l'égalité des droits. Que l'on fasse ce que l'on voudra : après la grande épreuve qui a commencé en 1815 et fini en 1848, on n'instituera pas une classe régnante; les privilégiés manqueraient aux priviléges.

Nous nous trompons. Il y a un privilége que la liberté fera nattre et devra respecter: celui du dévouement religieux. La grande faute des partis conservateurs, tous plus ou moins révolutionnaires en ceci, a été leur hostilité profonde, invétérée contre la liberté religieuse. S'ils n'abjurent pas complétement, unanimement cette erreur, leur alliance se concluera en vain. Elle sera inféconde et n'imposera qu'une digue impuissante à l'océan démagogique. Du milieu d'eux-mêmes, ils verront avec épouvante surgir, pour les dissoudre, les instincts terribles contre lesquels ils se seront coalisés, et les masses populaires les accableront aisément du poids de leur misère et de leur jalousie.

La société a besoin d'esclaves. Elle n'existe qu'à ce prix. Il faut des hommes qui travaillent beaucoup et qui vivent de peu. Ils sont dans le corps social ce que sont dans le corps de l'homme les membres, qui obéissent au cerveau, oisif en apparence. Les systèmes socialistes, dernière expression de l'instinct pafen et révolutionnaire, ne font que multiplier les esclaves.

L'esclave aujourd'hui est citoyen; il a le droit de suffrage, et il remplit les manufactures et les mines, ou il meurt de faim dans la rue. Son sort ne diffère point de celui de l'esclavage antique. Il est même plus malheureux. Il est en même temps plus difficile à conduire; et il invoque avec une formidable énergie son droit d'égalité, aussi impossible à nier qu'à mettre en pratique.

Le christianisme a créé des esclaves volontaires, des hommes qui se vouent à une servitude plus dure que l'antiquité n'en connut jamais, car peu satisfaits de se donner des mattres, ils s'imposent des vertus. Ces esclaves de Dieu manquent à la société moderne, non parce que l'Église, après les lui avoir donnés jadis avec tant d'abondance, les lui refuse aujourd'hui; mais parce que dans son aveuglement stupide elle les repousse, parce qu'elle a porté des lois néfastes contre l'auguste mère qui les enfante et contre la liberté qui les nourrit. Ils manquent, et la foi s'éteint, et la charité s'épuise, et l'espérance s'en va. Ils manquent à la richesse, et elle est dure; au pouvoir, et il est orgueilleux; à la pauvreté, et elle s'irrite. Ils manquent à la société tout entière, et la société n'est plus qu'un pêle-mêle d'individualités hostiles qui se livrent une guerre acharnée. Nous l'avons dit souvent, que ceux qui n'ont pas voulu nous en croire écoutent M. Guizot. Et puisse M. Guizot lui-même, après l'avoir dit une fois, trouver dans ses convictions le rare et saint courage de le répéter souvent ! C'est quand cette grande vérité sera bien comprise, c'est quand la liberté religieuse rendra aux peuples les bienfaits du dévouement catholique, c'est alors seulement que luira l'aurore de la paix sociale, car alors seulement on verra reparaître dans le monde la Foi, l'Espérance et la Charité.

(L'Univers.)

DÉCHÉANCE DU PAPE.

La Constituante des États romains a proclamé la déchéance temporelle de la papauté, et décrété le rétablissement de la République. Les 101 coups de canon qui du haut du fort Saint-Ange ont annoncé cet événement à la ville et au monde n'auront surpris personne en Europe. C'était le terme fatal, inévitable de la révolution romaine. La lutte était, entre deux principes inconciliables, qui l'un et l'autre devaient nécessairement aller aux deux extrémités. Celui des deux qui est resté le maître de la place s'y établit et s'y fortifie.

Il reste à voir la nouvelle République à l'œuvre. Chez les Romains, ceux d'autrefois, on ne décernait le triomphe qu'après la victoire. Les Romains de nos jours font mieux; ils se couronnent d'avance, et proclament « la glorieuse République. » Par malheur, s'il est facile de décréter une Constitution, on ne décrète ni la gloire ni la vertu ; et jusqu'à présent nous ne voyons qu'un seul trophée que la révolution romaine puisse montrer à l'ovation populaire, c'est ce couteau sanglant que les Brutus du dix-neuvième siècle ont couronné de lauriers, et devant lequel les passants sont obligés de se découvrir.

Le résultat le plus immédiat de cette prise d'armes républicaine en Italie sera l'avortement ou l'ajournement indéfini de la guerre de l'indépendance. La question intérieure va naturellement absorber la question extérieure. Ceux des gouvernements italiens qui auraient pu embrasser la cause de l'affranchissement territorial seront obligés de se retourner pour faire face aux attaques de l'ennemi domestique; la République tue la Ligue, et la guerre civile arrête la guerre sainte. Pendant qu'à Rome les hommes présomptueux qui avaient déchaîné la révolution se retirent éperdus devant ses saturnales, pendant que le peuple monte au Capitole pour y souiller la croix par le couronnement sacrilége du bonnet rouge, le gouvernement qu'on appelait l'épée de l'Italie, et sur lequel reposait le poids de la guerre étrangère, est forcé d'aban

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