Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

REVUE POLITIQUE.

14 avril.

Voici de graves nouvelles du Piémont. La démagogie, un instant victorieuse, a été écrasée aux acclamations du peuple et de l'armée. Gênes, qui était tombée le 1er avril au pouvoir des radicaux, a été reprise par les troupes royales. Les héros de clubs et de carrefours, si lâches devant l'ennemi, avaient voulu prendre leur revanche contre la faible garnison qui était restée dans l'arsenal et dans les forts. Ils ont dressé des barricades et se sont emparé de ces positions malgré l'énergique résistance des troupes. La cononnade a duré plusieurs heures et on assure que parmi les victimes se trouvent le colonel Morozzo, frère du ministre de la guerre. Repoussés une première fois, les insurgés revinrent à la charge, et occupèrent avec de l'artillerie les hauteurs qui dominent l'arsenal. Le général de Azarta crut alors devoir capituler, évacua les forts et se retira à Savone. Les radicaux, maîtres de la ville, instalèrent un comité de salut public qui inaugura sa domination en ordonnant de nombreuses arrestations. Pendant quarante-huit heures, la terreur a régné dans la malheureuse cité. Aussitôt que la nouvelle de l'insurrection est arrivée à Turin, le gouvernement a décrété la mise en état de siége de la ville, et a envoyé un corps d'armée sous le commandement du général de la Mormora pour réduire et châtier les rebelles. Une dépêche, arrivée à Paris le 9, annonce que ce brave officier est entré dans Gênes au milieu des cris de joie de la population. Les insurgés ont opposé une vive résistance. Après un combat désespéré, les chefs de l'insurrection ont pris la fuite, en s'embarquant sur des bâtiments français et anglais. C'est encore la brigade de Savoie qui a rendu ce nouveau et éclatant service à la couronne de Sardaigne.

Cette défaite des révolutionnaires piémontais va achever de jeter la consternation parmi leurs frères et amis de Florence et de Rome. Déjà la Toscane se relève de toute part contre le joug odieux des démagogues; et ceux-ci, sentant leur fin prochaine, s'agitent dans les dernières convulsions d'une rage impuis

sante.

Il en est de même à peu près des tyrans de Rome. A la nouvelle de la bataille de Novarre, la commission exécutive a été renversée et remplacée par un triumvirat composé de Mazzini, Armellini et Saffi. Des pouvoirs illimités sont conférés à ce triumvirat « pour la guerre de l'indépendance et le salut de la république. Les triumvirs ne feront pas plus la guerre qu'ils ne sauveront la république. Ils sont aussi incapables de l'une que de l'autre de ces missions.

D

La réponse du roi de Prusse à la députation du parlement allemand avait été considérée par cette députation comme un refus. Le ministère a eu de la peine à

retenir les envoyés, il a exposé dans une note, aux puissances allemandes, que le roi n'avait jamais voulu autre chose en Allemagne qu'un empire fédératif, et qu'il était prêt à se mettre à la tête de cet empire, si les puissances y consentaient. En attendant, la couronne impériale n'est ni acceptée, ni refusée. On conçoit que le roi de Prusse hésite; car le fardeau serait lourd, et l'avenir est menaçant.

a

L'état de l'Allemagne d'ailleurs est toujours de nature à inspirer les craintes les plus sérieuses. Toutefois, dit une correspondance, on y remarque un certain réveil d'énergie dans la classe de ceux qui ont encore quelque chose à perdre, et qui se montrent assez déterminés à ne pas se laisser égorger sans crier. Quant aux fermentations révolutionnaires, elles s'éteindront ou se ranimeront selon que tournera définitivement la lutte en Hongrie et la guerre en Italie, et selon que réussiront les efforts du gouvernement en France. Le centre de l'Allemagne se relèvera ou croulera sous la pression de ce qui se passera dans les autres parties de la vieille Europe. Nous sommes trop fractionnés, trop vacillants pour nous sauver à nous seuls, ou nous perdre si ce n'est par l'exemple. La reprise des hostilités en Danemarck est funeste à notre commerce. Aussi, les grandes puissances ont-elles sagement fait de tâcher de s'interposer. Pourquoi faut-il qu'elles n'aient pas réussi? »

La haute cour siégeant à Bourges a rendu son jugement :

Barbès et Albert sont condamnés à la déportation;

Blanqui à dix ans de détention;

Sobrier à sept ans de détention;

Raspail à six ans de détention;

Quentin el Flotte à cinq ans de la même peine.

Tous les autres accusés ont été acquittés.

Ce bulletin était destiné à paraître avec notre dernière livraison. Une erreur de mise en pages en a retardé la publication.

30 avril.

La guerre de Hongrie prend une tournure de plus en plus fâcheuse pour l'Autriche. Les Magyares sont partout victorieux. Bude et Pesth auraient été évacuées par les troupes impériales. Le siége de Comorn est levé.

La presse ministérielle de Vienne avoue que l'armée impériale est en pleine retraite.

Les généraux autrichiens cherchent maintenant à concentrer leurs forces, de manière à pouvoir livrer une bataille décisive. S'ils la perdent, les Hongrois entreront sans peine dans la capitale.

La situation de celle-ci est fort peu rassurante. Aussi les fonds y sont-ils en baisse.

L'Italie, trop longtemps courbée sous le joug de la terreur et de l'intimidation, relève enfin la tête.

La révolution achève d'expirer en Toscane. Pise a reconnu l'autorité du

grand-duc; elle a secoué elle-même le joug de la poignée de démagogues qui l'opprimait. On assure qu'il en a été de même à Livourne.

Quant aux révolutionnaires de Rome, voici leur situation depuis que l'intervention française pour le rétablissement du Saint-Siége est décidée : le ministre des finances de la république s'est rendu à Londres sous prétexte de contracter un emprunt. Il paraît que le but réel de ce voyage est de vendre ou de donner en nantissement les objets les plus précieux de la magnifique collection du Vatican, notamment les manuscrits rares et les riches médailles qui font la gloire de cette célèbre bibliothèque! De quel nom caractériser ce brigandage?

Le triumvirat ne se dissimule pas que son heure et celle de la République a sonné. Tandis qu'il essaie à grand'peine un vain simulacre de défense en appelant les bandes de Masi et de Garibaldi à son secours, il décide prudemment qu'il se retirera ainsi que le gouvernement entier dans la place forte d'Ancône pendant que les troupes tiendront la campagne. C'est toujours le même héroïsme !

Au surplus, la chute de la démagogie ne fait plus doute pour personne. Qu'on lise le passage suivant du Positivo:

Rome a laissé le Piémont combattre seul l'ennemi commun; Rome en sera punie. Le Pape est tombé pour n'avoir pas voulu faire la guerre à l'Autriche; la République tombera de même pour n'avoir pas combattu. Demain, le canon français, organe des puissances catholiques, va gronder sous les murs de Civita-Vecchia, et cette voix tonnante dira à la République romaine : . Descends du Capitole où tu n'es pas digne de siéger! »

C'est au milieu de ces pressentiments que le député Agostini a présenté un projet de Constitution avec deux consuls, douze tribuns et un sénat. Quelle fantasmagorie!

Le gournement français a reçu le 28 au soir une nouvelle dépêche de CivitaVecchia. La division du général Oudinot y a été accueillie avec acclamation · par les habitants et par la garde nationale.

La soumission de la Sicile est presque complète. Il paraît certain que Palerme, reconnaissant l'impossibilité de résister plus longtemps, a demandé à capituler aux conditions que stipulera l'amiral Baudin.

On avait annoncé une révolution dans le royaume de Wurtemberg, à l'occasion de la Constitution allemande. Ce bruit n'était qu'une exagération des radicaux. Le fait est qu'il y a eu seulement un conflit entre les chambres, qui acceptent la Constitution, et le roi, qui, pour ne pas y accéder, avait quitté Stuttgard. Le roi, cependant, commence à faire des concessions. Il ne met plus qu'une condition à son acceptation; c'est que la Constitution sera mise auparavant en vigneur. Cela ne suffit pas encore aux chambres.

Le Roi de Hanovre vient de prononcer la dissolution de la seconde Chambre. On sait qu'elle avait adhéré sans réserve à la Constitution de l'empire. C'est ce vote qui a déterminé le Roi Ernest à la dissoudre.

A Berlin aussi, le gouvernement réclame des modifications à l'acte constitu

[ocr errors]

tionnel et constituant de la nouvelle Allemagne, mais en vain. A Francfort, les choses ne font point un pas.

Le ministère prussien a essuyé le 26 un très-grave échec. Il s'agissait de l'état de siége, qui, on le sait, existe encore à Berlin. La seconde chambre, à la majorité de 184 voix contre 159, en a déclaré illégal le maintien, sans l'assentiment des Chambres, tout en ajoutant qu'elle refuse l'autorisation de le prolonger.

Les suites du vote émis par la seconde Chambre prussienne touchant l'état de siége ne se sont pas fait attendre. Une ordonnance royale du 27 la dissout et proroge en même temps la première Chambre. Cette mesure a produit à Berlin une sensation extraordinaire.

Les troupes allemandes continuent l'envahissement du Jutland. Les Danois se concentrent à Fredericia.

Cependant nous lisons au sujet de la guerre du Schleswig ces lignes dans le Handelsblad:

« On nous rapporte de divers côtés que des démarches ont déjà été faites pour déterminer le roi Léopold de Belgique, à accepter le rôle de médiateur dans le différend entre l'Allemagne et le Danemarck. On ne sait pas encore si S. M. a acquiescé à cette demande. »

En France, on est tout aux élections qui doivent avoir lieu le 13 mai. Cette fois on espère que les hommes d'ordre battront partout la faction anarchiste. Les rassemblements sont de nouveau à l'ordre du jour dans Paris. Il s'en forme tous les soirs dans plusieurs quartiers. Jusqu'ici ces manifestations n'ont rien qui doive alarmer à un haut degré la population. Cependant elles inquiètent le commerce et portent un grave préjudice à tous les intérêts.

DISCOURS

PRONONCÉ

A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ DE ST-VINCENT-DE-PAUL,

A BRUXELLES, LE 27 MARS 1849,

PAR M. LE BARON DE GERLACHE,

PRÉSIDENT GÉNÉRAL DE CETTE SOCIÉTÉ.

Messieurs et chers Confrères,

La Société de Saint-Vincent-de-Paul, ainsi que toutes celles qui ont pour but de multiplier les œuvres de la charité chrétienne, est, je ne crains pas de le proclamer bien haut, une des nécessités de l'époque. Lorsqu'elle s'établit parmi nous, il y aura bientôt sept ans, tout semblait calme et prospère, du moins à la superficie. Toutefois certains esprits habitués à étudier les causes des révolutions sociales prévoyaient déjà de grandes perturbations dans l'avenir, à la vue du mal moral qui travaille les peuples; mais voilà que la crise a éclaté subitement, plus générale et plus terrible que personne ne pouvait le prévoir. Pour accomplir le plus impérieux, le plus saint des préceptes de notre religion, nous formâmes cette association dans l'intérêt des pauvres, et dans l'intérêt de notre propre salut; aujourd'hui la carrière s'est bien agrandie; les nations sont en proie à des misères immenses, misères matérielles et morales, qui menacent de les abimer tout entières. Si notre heureux pays jouit d'un calme qui n'a guère été troublé jusqu'ici, nous n'en sommes pas moins menacés, et notre devoir, comme citoyens et comme chrétiens, est de redoubler d'efforts pour empêcher que ces calamités n'accablent aussi notre patrie. Ces misères, Messieurs, vous les connaissez mieux que moi;

VII.

46

« ZurückWeiter »