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trative, ils marchaient droit aux plus audacieuses tentatives contre le pouvoir temporel du Saint-Siége. A ces deux opinions extrêmes le Saint-Père répondait par les magnifiques paroles qu'il prononça avec tant de chaleur à l'ouverture de la Consulte : « C'est en vue «< du bien public que j'ai fait, sous l'inspiration des conseils de Dieu, << tout ce que j'ai pu, et je suis encore prêt, avec son assistance, « à tout faire pour l'avenir sans retrancher un iota de la souve«raineté du Pontificat (senza menomar mai neppure di un apice la sovranità del Pontificato). Celui-là se tromperait grandement qui verrait autre chose dans les fonctions que vous << allez remplir, celui-là se tromperait grandement qui verrait dans « la Consulte d'État la réalisation de ses propres utopies et le germe d'une institution incompatible avec la Souveraineté pon"tificale. »

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Ainsi, n'amoindrir en rien l'autorité souveraine, accueillir les vœux des populations et améliorer leur état par la connaissance plus exacte de leurs besoins; voilà toute la pensée du Saint-Père. Nous verrons comment elle a été comprise; mais ce qui nous suffit, quant à présent, c'est d'avoir montré combien elle était sage et généreuse à la fois.

Nous en dirons autant des deux autres grandes institutions de cette année 1847, le rétablissement de la municipalité romaine et le conseil des ministres.

3o En restituant au pouvoir municipal sa grandeur et son prestige, le Saint-Père ressuscitait une des gloires et une des forces vives de l'ancienne Italie. C'est cette organisation du municipe, derniers legs de la puissance romaine, qui avait sauvé les cités de la Péninsule lors de l'invasion: c'est elle qui avait fait leur illustration dans le moyen âge, et aujourd'hui encore, c'est elle qui leur réserve les seules ressources de régénération et d'avenir. Pie IX l'avait compris, et son génie avait voulu ranimer ces étincelles de vie encore cachées sous la cendre. Indépendamment des améliorations considérables qui devaient en résulter pour la bonne administration des villes, cette réforme attachait les citoyens au bien de leur localité, leur confiait la gestion des intérêts particuliers, et leur offrait l'occasion de rendre d'utiles et d'honorables services autour d'eux. De plus, elle les initiait à la pratique des plus utiles et des plus précieuses libertés, les libertés communales,

sans lesquelles nul État ne prospère, qui font la force des grandes nations et le salut des petites.

4° Par l'institution du Conseil des ministres, Pie IX régularisait l'administration générale, y apportait des simplifications utiles, rapprochait les services publics, leur imprimait une activité et un en semble qu'on ne connaissait pas en Italie, et après avoir évité les dangers de la centralisation, assurait l'unité et la promptitude dans l'exécution. En même temps, il pourvoyait à une répartition meilleure des emplois et des charges, et y appelait un plus grand nombre de laïques. Non pas que nous fassions, comme ç'a été le cheval de bataille du faux libéralisme, au gouvernement pontifical le reproche d'avoir surtout remis les emplois à des prêtres. Car d'abord nous savons combien étaient exagérées toutes les récriminations à ce sujet; et ensuite, ce n'est pas au moment où le suffrage universel vient, dans les divers États de l'Europe, d'ouvrir aux ecclésiastiques l'entrée des assemblées délibérantes, qu'on aurait droit de s'étonner de voir des prêtres appelés par le Pape à des charges dans les États de l'Église. Mais, dans la limite où une réforme, une sécularisation, ainsi qu'on disait, était utile, le Saint-Père l'exécutait avec une prudence, une mesure, un tempéramment et une générosité admirables.

En tout cela, disons le donc, sans crainte d'être démentis par les esprits les plus ombrageux, Pie IX obéissait vraiment, scrupuleusement aux conseils les plus réfléchis de la sagesse, et l'inspiration qu'il puisait dans sa conscience était justifiée par le plus sain et le plus sévère jugement.

Et l'on voudra bien remarquer que nous sommes arrivés ainsi à la fin de l'année 1847, c'est-à-dire à l'expiration de la première période, période de calme extérieur, où l'état de l'Europe semblait ne point opposer d'obstacles sérieux à une marche progressive, et où, au contraire, les encouragements des hommes d'État et les bénédictions des peuples soutenaient et fortifiaient à l'envi le gé néreux Pontife.

Est-ce à dire toutefois, que même, dès ces premiers temps, les desseins de Pie IX ne rencontrassent pas les plus redoutables entraves? Non, certes: c'est ce qu'il nous faut voir maintenant avec la suite de ses actes. Quant à présent, nous nous contenterons d'avoir établi que la politique adoptée par l'illustre Pontife

a été conciliante, ferme, modérée, en conformité avec la justice, les droits inaliénables de la souveraineté, le développement de la civilisation, les légitimes besoins des populations du domaine de saint Pierre, et les vœux des puissances catholiques elles-mêmes. HENRY DE Riancey.

(L'Ami de la Religion.)

(La suite à un prochain numéro.)

IMPRESSIONS DE VOYAGE.

A MON AMI D.....

Aujourd'hui que la mode inspire à tout le monde
D'écrire et de rimer, la rage furibonde,

Que de jeunes grimauds, imberbes Robinsons,
Donnent leurs souvenirs en de longs feuilletons,
Aujourd'hui que l'enfant, fuyant les jeux frivoles,
Médite des romans sur les bancs de l'école,
En un mot, à présent qu'il faut être écrivain,
Ou passer ici-bas pour un homme de rien,

Il n'est plus de motif, plus de raison, je pense,
Pour m'engager encore à garder le silence.
D'ailleurs, mon cher, avant de jeter les hauts cris,
Deux fois, sachez-le bien, deux fois, j'ai vu Paris.
Je n'ai pas, il est vrai, dans ce lointain voyage,
Découvert de cité, de bourg ni de village,
Ignorés jusqu'alors; Messieurs Dumas, Janin,
Ces modernes Colombs, favoris du destin,
Font seuls de ces coups-là. Au premier, la Belgique
Doit d'être enfin connue autant que l'Amérique.
L'autre n'a pas moins fait pour ce pauvre pays :
Un jour, près du cocher d'une patache, assis,

Il vit, en l'explorant en touriste fidèle,

La mer au pied d'Anvers et la Meuse à Bruxelle.
Quant à moi, mes exploits sont moins aventureux,
Mes tableaux moins piquants, mes récits moins fameux ;
Malgré mon bon vouloir, mes courses assez tristes,
Ne m'ont fait découvrir que des loups d'aubergistes,
Et bref, c'est de l'un d'eux que j'aurai le plaisir,
Si vous le permettez, de vous entretenir.
Avant d'aller plus loin, vous savez, je présume,
Qu'amant heureux des arts, j'ai la douce coutume,
De consacrer par an quelques jours de l'été
A contenter mes goûts, friands de nouveauté.

C'est ainsi que je fis, dans la saison dernière,
Un voyage artistique au sein de la Bavière ;
Charmé par des récits, des tableaux pleins d'attraits,
Je voulus voir Augsbourg, Munich et ses palais.
Le bissac sur le dos, en main la canne altière,
Un beau matin je pars et franchis la frontière,
Mais à peine ai-je, hélas! foulé le sol germain
Que, victime déjà de mon mauvais destin,
Me voilà détroussé, volé, pris au passage
Par un nouveau Mignot, hôtelier de village,
Qui, pour jeuner deux jours et veiller une nuit,
Me compta cent thalers; cent thalers ! le bandit.
Je n'étais pas loin d'Ulm, lorsqu'un temps de déluge
M'obligea, chez cet homme, à chercher un refuge,
J'en pris donc mon parti; mais quand le lendemain
Je voulus m'acquitter, me remettre en chemin,
Mon escroc patenté, dans un mémoire immense,
A plus de cent écus élevait ma dépense.
Tout en rendant hommage à l'esprit allemand,
C'était, vous l'avouerez, me plumer diablement.
Exaspéré, vexé d'une si grande audace,
Je crie à l'injustice, au vol! vaine menace;
Mon fricoteur d'enfer, mon mitron impudent,
Se laissant gendarmer très-flegmatiquement,
Semblait ne tenir compte, en aucune manière
De mon bruyant courroux, de ma juste colère.
Comme j'en étais là, de rage encore ému,
Par le barbier Rascoff, je fus interrompu;
(J'avais, dès le matin, réclamé ses services.)
Sorte de Figaro, bavard, plein de malices,
Bien qu'il eût mal choisi le temps et l'heure... envain
De m'en débarrasser, je cherchai le moyen.

Il m'accabla bientôt de mille prévenances,

M'assomma de respects, de soins, de confidences.

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<< Ah! Monsieur, me dit-il, me serrant dans ses bras, Un français un ami! je ne m'y trompais pas.

« Tel que vous me voyez, victime de l'envie,

«La France aussi, Monsieur, la France est ma patrie.

« O séjour fortuné! paradis des coiffeurs!

"Ton souvenir encore adoucit mes malheurs !

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