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REVUE POLITIQUE.

30 juin 1849.

Rendons grâces à Dieu. La société a échappé encore une fois à une des plus redoutables crises qu'elle ait traversées depuis plus de deux mois, et la Providence lui a, de nouveau, dans cette terrible occurrence, prêté une assistance merveilleuse. Depuis longtemps les ennemis de tout ordre en France préparaient leurs criminels projets; la conspiration était flagrante; des feuilles incendiaires lui servaient d'écho et d'aliment; l'embauchage le plus perfide était pratiqué dans les ateliers et tenté sur l'armée. Les chefs du complot siégeaient sur les bancs de la représentation nationale, et ils ne dissimulaient pas leurs desseins pervers et leurs odieuses espérances. Dans deux mois, disait le plus important d'entre eux, avant les élections, je serai dictateur ou proscrit! Et ce même homme jetait du haut de la tribune l'appel aux armes et à l'insurrection. Un instant toutefois épouvantés de leur œuvre, les meneurs avaient voulu reculer, et, si l'on s'était laissé endormir dans une fausse sécurité le 13 juin eût pris le gouvernement français à l'improviste. Mais l'audace l'a emporté; selon l'expérience proverbiale des anarchistes, la queue a entraîné la tête.

Les clubistes, les journalistes, les ambitieux deçus et perdus de dettes, les Catilina d'estaminet et de faubourgs ont sommé les montagnards de marcher en avant. Le signal est parti, et une ridicule parodie de la Convention siégeant un instant aux Arts et Métiers, s'est honteusement dispersée au bruit des premiers coups de fusil, emportant le crime d'avoir vainement provoqué à la guerre civile.

Le 13 juin est la cinquième journée depuis la proclamation de la république au 24 février.

Aux dates du 17 mars, du 16 avril, du 15 mai, du 23 juin 1848, il faut ajouter celle du 13 juin 1849.

Et nous ne comptons pas l'avortement du 29 janvier. Jusqu'à présent, après comme avant ces tentatives criminelles, nous sommes restés à la veille de luttes nouvelles et du triomphe de l'anarchie.

La victoire cette fois n'aura-t-elle pas un lendemain, qui assure définitivement le progrès et le retour vers l'ordre?

Le vœu que nous exprimons ici semble heureusement à la veille de s'accomplir, car si nous jetons un coup d'œil sur l'état de l'Europe partout nous voyons l'anarchie et la révolte sur le point d'être comprimées.

L'entrée des Français dans Rome, qui doit être maintenant un fait accompli, va amener une solution à la question de l'intervention. Il y a trop longtemps qu'un mystère enveloppe l'expédition de la république française. Nous allons voir enfin ce que fera le général Oudinot dans la cité conquise par ses armes, quel est son but, quelles auront été ses instructions, quel résultat aura sa mission. Les puissances européennes ne laisseront point à la France seule le droit de régler les intérêts et l'avenir des États romains. En Hongrie, la victoire déserte le drapeau des Magyares.

Une lutte acharnée s'est poursuivie sur les bords de la Waag, entre les troupes Austro-Russes et les Hongrois. Des combats journaliers ont eu lieu à diverses reprises; mais une division russe ayant rallié l'armée autrichienne, concentrée dans l'île de Schutt et sur la Waag, les Magyares ont été répoussés au delà de cette rivière avec des pertes considérables: ils se sont repliés sur Comorn. Dans le Sud, c'est-à-dire sur le Bas-Danube, le ban Jellachich aurait aussi battu un corps hongrois près de Saint-Thomas. Quelques jours auparavant il avait repris Neusatz que les insurgés avaient incendié avant de le quitter. Huit cents maisons furent alors la proie des flammes.

L'empereur de Russie est arrivé à Varsovie le 22 juin. Les journaux allemands parlent avec quelques détails d'un plan attribué à l'empereur Nicolas. Il s'agirait de reconstituer un royaume de Pologne avec le concours partiel de l'Autriche et de la Prusse.

L'armée badoise, concentrée sur les bords du Necker, a été attaquée sur toute la ligne et mise en pleine déroute par les armées sous les ordres du prince de Prusse et du général Peucker. Manheim et Heidelberg ont été pris. Mierolawski et les débris de ses forces se sont retirés dans les montagnes qui environnent le grand duché de Bade. Les corps francs se sont dispersés dans la campagne.

La régence élue par la prétendue Assemblée nationale renvoyée de Stuttgardt, est venue s'installer dans le grand-duché de Bade.

L'œuvre de la Confédération prussienne fait toujours des progrès. La Bavière n'y a pas encore adhéré; mais on espère la détacher de l'Autriche, en faisant à sa légitime influence de plus larges concessions.

Le roi de Naples a résolu d'envoyer en Sicile son fils aîné comme vice-roi des provinces au delà du Phare. Cette nouvelle paraît avoir été accueillie avec satisfaction par la population sicilienne.

La situation de Venise s'aggrave de jour en jour. Les Autrichiens, déjà maitres de Malghera, se sont emparés d'une tête de pont et de l'île San-Juliano. De là ils dirigent leur feu sur le fort San-Secondo, qui ne peut manquer d'ètre pris avant quelques jours. La nouvelle s'est répandue dans cette ville que l'armée du général Oudinot avait été repoussée, écrasée, mise en déroute. Les Vénitiens en masse, il faut le dire avec regret, ont accueilli cette nouvelle avec des cris de joie, insultant publiquement par des houras furibonds le drapean français. Le commandant de la station française et le consul ont protesté énergiquement contre ces outrages. Le lendemain, le président Manin s'est empressé de donner, au nom de ses concitoyens, une réparation officielle, en condamnant ces insolentes démonstrations. Au reste, un des symptômes les plus graves de la chute prochaine de Venise, c'est la division qui règne parmi les chefs du gouvernement.

La chambre des lords, en Angleterre, a rejeté pour la seconde fois le bill qui, modifiant la formule du serment à prêter par les membres du parlement, avait pour objet d'ouvrir aux Israélites l'entrée des chambres législatives. Le bill avait été adopté par la chambre des communes.

FIN DU TOME septième de la nouvelle série.

Pages.

Causeries politiques : Lettres à M. l'abbé DUPANLOUP, par Fr. DE CHAMPA-

GNY.

524, 604

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU SEPTIEME VOLUME.

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