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s'éleva sur l'emplacement de Byzance, au nom de Jésus-Christ, comme Rome s'étoit élevée sur les chaumières d'Évandre, au nom de Jupiter'. Le fondateur de l'empire chrétien déclara qu'il bâtissoit la nouvelle cité par l'ordre de Dieu: il racontoit qu'endormi sous les murs de Byzance, il avoit vu dans un songe une femme, accablée d'ans et d'infirmités, se changer en une jeune fille brillante de santé et de grâce, laquelle il lui sembloit revêtir des ornements impériaux 3. Constantin, interprétant ce songe, obéit à l'avertissement du ciel armé d'une lance, il conduit lui-même les ouvriers qui traçoient l'enceinte de la ville. On lui fait observer que l'espace déjà parcouru étoit immense : « Je suis, répondit-il, le guide invisible qui marche devant moi; je ne m'arrêterai que quand il s'arrêtera ‘.

La cité naissante fut embellie de la dépouille de la Grèce et de l'Asie: on y transporta les idoles des dieux morts et les statues des grands hommes, qui ne meurent pas comme les dieux. La vieille métropole paya surtout son tribut à sa jeune rivale, ce qui fait dire à saint Jérôme que Constantinople s'étoit parée de la nudité des autres villes". Les familles sénatoriales et équestres furent appelées des rivages du Tibre à ceux du Bosphore, pour y trouver des palais semblables à ceux qu'elles abandonnoient. Constantin éleva l'église des Apôtres, qui vingt ans après sa dédicace étoit tombante; et Constance båtit SainteSophie, plus célèbre par son nom que par sa beauté. L'Égypte demeura chargée de nourrir la nouvelle Rome aux dépens de l'ancienne.

Il y a des jugements que les historiens répètent sans examen ; vous aurez souvent lu que Constantin avoit hâté la chute de la puissance des césars en détruisant l'unité de leur siége: c'est, au contraire, la fondation de Constantinople qui a prolongé jusque dans les siècles

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4. PHILOSTORG., Hist, eccles.. lib. II, cap. IX.

5. Constantinopolis dedicatur pene omnium urbium nuditate. Chron., p. 181. Nuditus, qui n'est pas de la bonne latinité, ne peut être employé ici que dans le sens de la Bible. Les principaux objets d'art transportés à Constantinople furent les trois serpents qui soutenoient, à Delphes, le trépied d'or consacré en mémoire de la défaite de Xerxès, le Pan également consacré par toutes les villes de la Grèce et les Muses d'Hélicon. La statue de Rhée fut enlevée au mont de Dyndème; mais, par une barbarie digne de ce siècle, on changea la position des mains de la déesse, pour lui donner une attitude suppliante, et on la sépara des lions dont elle étoit accompagnée.

modernes l'existence romaine. Rome demeurée seule métropole n'en eût pas été mieux défendue; l'empire se seroit écroulé avec elle, lorsqu'elle succomba sous Alaric, si la nouvelle capitale n'eût formé une seconde tête à cet empire; tête qui n'a été abattue que plus de mille ans après la première, par le glaive de Mahomet II.

Mais ce qui fut favorable à la durée du pouvoir temporel tel que le créa Constantin devint contraire au pouvoir spirituel dont il se déclara le protecteur. Fixés dans l'Occident, sous l'influence de la gravité latine et du bon sens des races germaniques, les empereurs ne seroient point entrés dans les subtilités de l'esprit grec moins d'hérésies auroient ensanglanté le monde et l'Église. Constantinople naquit chrétienne; elle n'eut point, comme Rome, à renier un ancien culte, mais elle défigura l'autel que Constantin lui avoit donné.

1. Mille quarante-sept ans.

ÉTUDE DEUXIÈME

οι

DEUXIÈME DISCOURS

SUR

La chute de L'EMPIRE ROMAIN, LA NAISSANCE ET LES PROGRES DU CHRISTIANISME
ET L'INVASION DES BARBARES.

PREMIÈRE PARTIE.

DE CONSTANTIN A VALENTINIEN ET VALENS.

emp. MARCELLIN

EUSEBE, MELCHIADE, SILVESTRE,

En entrant dans cette seconde étude, vous rentrez avec moi dans CONSTANTIN l'unité du sujet. Je ne me trouve plus obligé de séparer les trois faits des nations païennes, chrétiennes et barbares: ces dernières, ou fixées dans le monde romain, ou préparant au dehors la décisive invasion, se sont déjà inclinées aux mœurs et à la nouvelle religion de l'empire. D'un autre côté, le christianisme s'assied sur la pourpre; ses affaires ne sont plus celles d'une secte en dehors des masses populaires; son An de J.-C. histoire est maintenant l'histoire de l'État. Bien que la majorité des populations soumises à la domination de Rome est et demeure encore longtemps païenne, le pouvoir et la loi deviennent chrétiens.

Des intérêts nouveaux, des personnages d'une nature jusque alors inconnue se révèlent. Depuis le règne de Néron jusqu'à celui de Constantin les dissentiments religieux n'avoient guère été parmi les fidèles que des démêlés domestiques, méprisés ou contenus par l'autorité; mais aussitôt que le fils de sainte Hélène eut levé l'étendard de la croix, les schismes se changèrent en querelles publiques: quand les persécutions du paganisme finirent, celles des hérésies commencèrent. A peine Constantin avoit-il pris les rênes du gouvernement qu'Arius divisa l'Église.

Avec Arius parurent ces grands évêques nourris aux écoles d'An

MARC, JULES Ier papes.

307-337.

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