Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

tous prononcent le mot, mais pas un seul n'accorde une ligne à son étude. Sédillot même, dans sa longue série d'observations, n'en rapporte pas un seul cas; il les connaissait cependant, puisqu'il cite Camseru et Lieutaud à ce sujet. Est-ce parce que l'on a regardé ces lésions comme trop peu sérieuses? cela n'eût pas empêché de leur accorder au moins quelques lignes. Ce n'est certes pas qu'elles sont rares. Les tours de reins se voient tous les jours dans les consultations des hôpitaux; on prescrit généralement des ventouses scarifiées. Quelques malades sont rapidement soulagés, d'autres reviennent pendant dix et quinze jours, puis on les perd de vue.

Cette lacune m'a gêné dans ces recherches, en me privant d'un terme de comparaison nettement établi,

Dans tous les cas, deux des observations se rapportent : l'une, à une rupture dans le mollet; l'autre, dans le deltoïde; nous pourrons les comparer aux faits connus.

Obs, I. Le nommé M***, âgé de quarante-deux ans, entre à Necker dans le service de M, Guyon, le 18 février. Le 16 février ayant glissé de dessus un banc, il a voulu se rattraper, et a senti au mollet une vive douleur, comme une crampe; ne pouvant plus travailler, il entre à l'hôpital. Le voyant couché et ayant une large brûlure au troisième degré sur le dos, on ne fait pas attention à sa jambe et on soigne sa brûlure seule. Il continue à se plaindre de sa jambe, et le 22 février, quatre jours après, il finit par dire que ce n'était pas pour sa brûlure qu'il était venu, mais bien pour sa jambe et qu'il ne peut pas mettre le pied à terre. C'est alors que M. Guyon eut l'idée de lui faire une injection sous-cutanée de morphine, loco dolenti, l'injection a occasionné quelques vomissements, mais la douleur a été notablement calmée.

Le 23, nouvelle injection, 1/2 centigramme seulement; il a été très-soulagé et peut marcher assez bien.

Le 24, 1 centigramme, et le lendemain 25, c'est-à-dire le quatrième jour, il ne sent plus de douleur du tout et marche comme avant l'accident.

Obs. 11. H***, jeune homme, vient le 22 août à la consultation. Quatre jours auparavant, en soulevant une charge il a senti une douleur vive et subite dans l'épaule gauche; il a continué à souffrir beaucoup, et le 21 on lui applique des ventouses scarifiées sur le moignon de l'épaule. Ce matin, il nous dit qu'il n'a pas été soulagé du tout par les ventouses, et il paraît souffrir beaucoup; à peine peut-il remuer le bras, et toutes les fois qu'on veut faire agir

le deltoide, le malade ressent des douleurs très-vives, il ne peut pas écarter le bras du trone. Il s'agit bien d'une rupture de quelques fibres du deltoïde. On lui fait une injection de 1 centigramme de morphine, et quelques instants après il peut, sans grande douleur, faire exécuter à son bras des mouvements très-étendus.

Le 23, lendemain, il revient et nous dit qu'il est resté soulagé toute la journée d'hier; ce matin il exécute des mouvements assez étendus avec son bras et la douleur est très-supportable; nouvelle injection de 1 centigramme; nous ne le revoyons plus.

Obs. 111. M*** vient le 11 août à la consultation; la veille, levant une charge, a eu un tour de rein, douleur subite, vive, région lombaire.

Le 11, 15 gouttes de morphine (solution 1/100), il est soulagé; toute la journée est resté couché.

Le 12, 20 gouttes, absence complète de douleurs pendant deux heures, puis douleur insignifiante le reste de la journée.

Le 13, les douleurs recommencent ce matin; 25 gouttes, retourne chez lui sans douleur, et n'a plus eu le reste de la journée qu'un simple engourdissement.

Le 14, 25 gouttes; ne ressent plus de douleur que dans ies grands mouvements pour se baisser.

Le 15, ressent encore un peu d'engourdissement le matin, 25 gouttes.

Le 16, il vient nous remercier, se déclarant complétement guéri. Obs. IV. G***, soixante-cinq ans ; le 21 août, en soulevant une pierre éprouve subitement une douleur vive, piqûre dans les lombes.

Le 1er septembre, on lui applique 4 ventouses scarifiées.

Le 4, il revient à la consultation, déclarant n'avoir pas été soulagé par les ventouses et qu'il souffre autant que le premier jour, c'est-à-dire qu'il y a quatorze jours. Injection sous-cutanée de morphine. Injection de 25 gouttes (au 1/100).

Le 5, il nous raconte qu'hier il avait été immédiatement soulagé, qu'il a pu s'en retourner chez lui assez facilement, qu'il a été bien le reste de la journée; il est resté couché une partie de la journée et ne ressentait de douleur que pour se retourner. Ce matin, la douleur est bien revenue un peu, mais n'est pas à comparer à celle d'hier. Injection 30 gouttes. Nous ne le revoyons plus.

Obs. V. V***, quarante-quatre ans ; le 7 septembre, en levant une pierre éprouve une douleur subite et vive aux lombes.

Le 10, vient à la consultation, souffrant beaucoup, il lui est impossible de se baisser. Injection de 1 centigramme.

Le 11, dit avoir été très-soulagé hier, a pu se baisser et se remuer sans grande douleur, et a été très-bien le reste de la journée. Ce matin la douleur est très-supportable. Injection de 1 centigramme.

Le 12, dit que l'injection avait eu moins d'effet qu'avant-hier (probablement à cause de l'intensité déjà moindre de la douleur), mais qu'il avait été cependant calme ce matin; la douleur ne le gêne que pour se baisser ou se remuer trop vivement. Injection de 1 centigramme. Nous ne le revoyons plus.

Obs. VI. W***, cinquante-cinq ans ; le 18 août, soulevant une charge, douleur subite et vive, région lombaire.

Le 20, vient à la consultation souffrant beaucoup, à peine peut-il baisser sa culotte. On lui fait une injection de 1 centigramme; puis le faisant causer quelques instants avant de se relever, il a pu ensuite se reculotter et recommencer ainsi plusieurs fois, presque sans douleurs; il est parti, ne se servant plus de sa canne pour marcher, comme il avait été obligé de le faire en venant à la consultation.

Le 21, est resté calme toute la journée d'hier; ce matin, la douleur reparaît, mais bien moindre qu'hier. Injection de 1 centigramme, et le calme revient immédiatement.

Le 22. Ce matin ne ressent de douleur que dans certaines positions. Injection de 1 centigramme. Nous ne le revoyons plus. Obs. VII. B***, cinquante ans ; le 6 août, en levant une charge, douleur subite dans les lombes.

Le 11, vient à la consultation, souffrant beaucoup. Injection de 15 gouttes (au 1/100).

Le 12. Hier la douleur a disparu immédiatement et il est resté levé toute la journée, sans souffrir; ce matin la douleur reparaît un peu. Injection de 20 gouttes.

Le 13, a été calme, mais ce matin paraît beaucoup souffrir. Injection de 25 gouttes.

Le 14, a été bien calme hier, et s'est promené toute la journée; ce matin peu de douleur. Injection de 25 gouttes. Nous ne le revoyons pas.

Obs. VIII. P***, le 11 août, en levant une charge, ressent une douleur subite dans les lombes; il vient le matin même à la consultation. On lui fait une injection de 15 gouttes (au 1/100).

Le 12, dit avoir été immédiatement soulagé hier, a été une heure

avec absence complète de douleur, puis le reste de la journée la douleur a été insignifiante. Ce matin, injection de 20 gouttes. Nous ne le revoyons plus.

Je ne puis que donner ces observations de tours de reins sans les discuter, car je l'ai dit plus haut, les termes de comparaison me manquent absolument ; je dois cependant faire ressortir le succès obtenu dans l'observation IV. Le malade, quatorze jours après l'accident souffrait comme le premier jour, et une première injection de morphine a été suivie d'un soulagement qui valait presque une guérison immédiate. Il est probable que chez ces malades, si on pouvait faire ces injections deux fois par jour, les guérisons s'obtiendrait encore plus facilement; dans tous les cas, ce traitement est plus simple que par les ventouses.

Les observations I et II (rupture dans le mollet et dans le deltoïde), surtout la première, ont plus de valeur. Nous savons que le coup de fouet dure en général au moins un mois; eh bien, en trois jours de traitement le malade de M. Guyon a été guéri; le traitement a été commencé le cinquième jour de l'accident, et nous avons pu constater que la guérison a été radicale, car le malade est resté encore quelque temps dans le service à cause de sa brûlure du dos.

Comment la morphine a-t-elle agi? Sédillot, dans son mémoire, dit d'une façon générale, sans y insister: « Le traitement à suivre serait donc celui qui priverait les fibres musculaires de leur contractilité. » Est-ce ainsi qu'agit la morphine? Est-ce seulement en écartant l'élément douloureux? Je suis tenté de croire qu'il y a quelque chose de plus que dans cette dernière hypothèse, car les malades atteints de ruptures musculaires partielles, lorsqu'ils sont au repos, ne souffrent pas, et cependant il leur faut un repos d'au moins un mois pour guérir, et encore souvent s'en ressententils pendant plusieurs mois; tandis qu'avec les injections de morphine, à en juger d'après nos observations, il ne faudrait que quelques jours et la guérison serait radicale. D'accord avec M. Guyon, je pense donc que c'est là un traitement qui mérite d'être essayé.

CHIMIE ET PHARMACIE

Sur l'huile phosphorée ;

Par le docteur C. MEHU, pharmacien de l'hôpital Necker.

Lorsqu'il y a six ans, M. le docteur Delpech, médecin de l'hôpital Necker, commençait ses études sur l'action du phosphore dans diverses maladies, et particulièrement dans les paralysies, j'éprouvais de grandes difficultés pour obtenir de l'huile phosphorée inaltérable et par conséquent d'un dosage constant. Depuis cette époque, la médication phosphorée, dont je ne veux point ici examiner les effets, a pris des développements qui deviennent chaque jour de plus en plus considérables. J'ai fréquemment préparé des quantités importantes d'huile phosphorée, et c'est le résultat de mes expériences que je vais exposer.

Le procédé du Codex de 1866 consiste à faire dissoudre au bainmarie 2 grammes de phophore dans 100 grammes d'huile d'amandes douces et à laisser refroidir après dissolution. Quand l'huile s'est éclaircie par le repos, on la sépare par décantation du phosphore cristallisé au fond du flacon, et on la conserve dans des flacons de petite capacité. Dans cette opération le phosphore est dissous en quantité variable, la dose employée est plus forte que celle que l'huile peut retenir en dissolution à la température ordinaire; il faut donc, avant de faire usage du produit, attendre que le phosphore ne se dépose plus, ce qui exige un temps variable avec la température, la nature, les qualités de l'huile, son ancienneté. Et quand le médicament est préparé, nul ne saurait dire quelle est la dose exacte de phosphore qu'il renferme : c'est donc un médicament mal formulé, et d'autant plus mal, qu'ordinairement peu employé et ne se trouvant pas préparé dans toutes les officines, on s'expose à en faire usage avant que l'excédant de phosphore soit déposé.

il

Ce n'est pas le seul inconvénient du procédé du Codex: quand on dissout du phosphore dans l'huile d'amandes douces ordinaire, y a une action manifeste du phosphore sur les éléments organiques (albumine, résines...) tenus en dissolution dans l'huile naturelle. Il se fait des dépôts jaunes qui deviennent rougeâtres à la lumière; ces dépôts augmentent avec le temps, entraînant une

« ZurückWeiter »