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partie du phosphore; la décantation exacte du produit limpide n'est pas toujours facile, la filtration impossible à cause de l'altération inévitable, aussi le médicament est-il vicié dans son dosage.

Pour obtenir une huile phosphorée absolument limpide et inaltérable, voici ce que je conseille de faire, et ce que je fais depuis plusieurs années à l'hôpital Necker,

L'huile d'amandes douces bien limpide est chauffée dans une capsule de porcelaine pendant un quart d'heure environ à une température de 150 degrés, puis pendant dix minutes environ à une température de 200 à 250 degrés. Il se dégage d'abord de la vapeur d'eau, et certaines matières organiques facilement altérables se détruisent ou se volatilisent, en même temps que l'huile se décolore presque complétement,

L'huile surchauffée donne à la longue un très-léger dépôt. Quand on a besoin de cette huile immédiatement, il n'est pas nécessaire d'attendre que le repos lui rende une limpidité parfaite; on se contente de la filtrer.

Pour la transformer en huile phosphorée, remplissez-en aux 9/10 un flacon à l'émeri bien sec, ajoutez un fragment de phosphore d'un poids cent fois moindre, c'est-à-dire autant de centigrammes de phosphore qu'il y a de grammes d'huile. Ayez soin de prendre du phosphore bien transparent, exempt de phosphore rouge et de phosphore blanc. Cela fait, placez le flacon dans un bain-marie, débouchez-le deux ou trois fois pour donner issue à l'air, sans l'agiter aucunement; enfin, quand sa température se sera élevée à 80 ou 90 degrés, fermez le flacon pour ne plus jamais l'ouvrir, agitez-le vivement et à plusieurs reprises, jusqu'à dissolution complète. La dissolution est assez rapide, l'huile ne change pas d'aspect, elle est aussi limpide qu'avant de dissoudre le phosphore, elle ne donne aucun dépôt après le refroidissement.

Ce procédé diffère de celui du Codex, en ce que l'huile d'amandes a subi une température élevée qui prévient la détérioration consécutive du médicament, en ce que le rapport de la substance active à son dissolvant est déterminé et reste constant. Le Codex de 1866 fait préparer la pommade phosphorée à la dose de 1/100, réformant ainsi l'ancien Codex et avec raison, puisque une partie du phosphore restait indissoute et qu'il pouvait en résulter des accidents. Comment se fait-il qu'il ait maintenu le rapport de 2 pour 100 pour la meilleure et la plus constante des préparations du phosphore que l'on puisse adininistrer à l'intérieur?

Quelle est la quantité de phosphore que l'huile garde en dissolution?

L'huile d'amandes douces, l'huile d'olive, l'huile blanche peuvent dissoudre aisément 1/80 de leur poids de phosphore, sans qu'il s'en dépose jamais le moindre cristal après le refroidissement. Quand on dissout dans l'huile d'amandes, même surchauffée, 1/70 de son poids de phosphore, on voit dès le lendemain apparaître quelques cristaux de phosphore.

Suivant Soubeiran (1), l'huile dissoudrait un décigramme de phosphore par 16 grammes, c'est-à-dire seulement 1/160 de son poids: il y a erreur de moitié. Beaucoup de formulaires indiquent une potion phosphorée où l'huile est prescrite à la dose de 8 grammes; l'huile renfermant au moins 1 décigramme de phosphore dans 8 grammes, je regarde comme très-imprudent d'administrer d'emblée un pareil médicament.

L'huile phosphorée du Codex renferme un peu plus de 1o,20 de phosphore par 100 grammes, ou 1 centigramme et quart par gramme.

Les pharmacopées allemandes prescrivent de faire de l'huile phosphorée en dissolvant de 6 à 12 grains de phosphore dans une once d'huile d'amandes douces et de décanter après refroidissement complet. A chaque once d'huile, la pharmacopée du SchleswigHolstein ajoute 2 gouttes d'essence de girofle, et la plupart des autres 1 à 2 scrupules de camphre. J'ai reconnu expérimentalement que le camphre n'augmentait pas sensiblement le pouvoir dissolvant de l'huile camphrée à 1/10 du Codex français.

L'huile phosphorée au centième est phosphorescente dans l'obscurité dès qu'on ouvre le flacon qui la renferme, l'espace occupé par l'air se remplit d'une magnifique vapeur phosphorescente, et à la lumière vive on ne voit plus que les vapeurs d'acide phosphoreux sous la forme d'un nuage blanchâtre.

L'huile qui ne renferme que 2 grammes de phosphore pour 1,000 grammes d'amandes, et par conséquent 2 milligrammes par gramme, ne brille plus dans l'obscurité, l'espace vide du flacon ne se remplit plus du nuage blanchâtre d'acide phosphoreux; je la préférerais de beaucoup pour l'usage journalier à l'huile au centième,

(1) Dans la cinquième édition de son Traité de Pharmacie, il est dit que 16 grammes dissolvent 1 centigramme, tandis que dans la deuxième édition 1 once dissout 4 grains.

qui subit une cause d'altération à chaque ouverture du flacon. Ce n'est guère qu'alors que l'huile renferme 4 grammes de phosphore par kilogramme, qu'elle commence à briller dans l'obscurité sans qu'il soit besoin de la chauffer.

L'huile phosphorée à 1/100,000 donne encore lieu à une phosphorescence manifeste quand on en étale quelques gouttes avec un tube de verre sur une plaque de fonte ou dans une capsule de platine portée à une température suffisamment élevée. Au delà de cette limite, l'huile ne brille plus dans l'obscurité, et l'acide sulfurique aidé de la chaleur ne met pas davantage en évidence la présence du phosphore.

La phosphorescence de l'huile concentrée est un signe évident de son altérabilité par l'air. Voici comment on peut l'éviter : si l'on ajoute quelques gouttes d'éther à un flacon de 100 grammes d'huile phosphorée à 1/100, on détruit instantanément sa faculté de briller dans l'obscurité ; on peut alors verser le liquide et l'agiter dans un vase à précipité sans faire apparaître la moindre lueur.

Le sulfure de carbone et l'essence de térébenthine partagent avec l'éther le pouvoir d'empêcher la phosphorescence; les essences de thym, de romarin, de cajeput, de menthe, l'alcool, ne possèdent ce pouvoir qu'à un moindre degré; le brome, le bromure d'éthylène, l'éther acétique, le chloroforme, les essences de camomille, de girofle, et le camphre n'agissent pas d'une façon appréciable.

L'action de l'éther se manifeste au plus haut degré dans l'expérience suivante : je verse de l'huile phosphorée à 1/100 ou même à 1/80 dans un vase à précipité, et je l'étale sur ses parois. Tout le vase est phosphorescent: en inclinant un flacon d'éther audessus de l'huile phosphorée de manière à laisser tomber la vapeur d'éther et non pas le liquide, la phosphorescence cesse tout à coup.

J'en conclus donc, et l'expérience le confirme, qu'en remplaçant dans l'huile phosphorée 1/25 de l'huile par le même poids d'éther, on aura un médicament également bien titré, non phosphorescent, ce qui est d'un grand avantage pour la conservation du médicament et pour les malades qu'il faut frictionner la nuit.

L'huile phosphorée à 1/500 se conserve admirablement bien à la lumière solaire directe, sans donner le moindre dépôt rougeâtre, sans perdre aucune de ses qualités : j'en ai insolé pendant des mois entiers sans qu'elle perdit de son pouvoir phosphorescent à chaud, même après l'avoir étendue de près de deux cents fois son volume d'huile non phosphorée.

Quand l'huile n'a pas été obtenue avec de l'huile préalablement surchauffée, il se fait des dépôts rouges, abondants, plus ou moins, suivant la nature et les qualités de l'huile.

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L'huile à 1/100 est d'une conservation plus difficile à la lumière solaire directe c'est pour en annihiler les effets que j'ai recommandé de chauffer l'huile à 250 degrés; en général, une température de 175 degrés est suffisante pour assurer la conservation de l'huile à 1/500; mais pour rendre l'huile phosphorée à 1/100 insensible à l'action des rayons solaires, je regarde comme nécessaire l'emploi de l'huile d'amandes douces, maintenue à une température voisine de 250 degrés assez longtemps pour amener la décoloration.

En résumé, je propose, de substituer à l'huile phosphorée du Codex l'huile préparée avec de l'huile d'amandes douces surchauffée à une température de 200 à 250 degrés, d'y dissoudre un centième de son poids de phosphore pur, et, pour prévenir sa phosphorescence, de remplacer 1/20 de l'huile par le même poids d'éther pur, en ayant soin d'ajouter l'éther après le refroidissement complet de la dissolution phosphorée. Quant à l'huile phosphorée destinée à l'usage externe, on pourrait remplacer 1/20 d'huile d'amandes douces par le même poids d'essence de térébenthine.

Beurre de cacao phosphoré,—On peut facilement dissoudre dans le beurre de cacao 1/100 de son poids de phosphore; mais si le beurre de cacao n'a pas été préalablement chauffé à 150 degrés, puis filtré, le produit qu'on obtient est jaune brun, au lieu d'être d'une blancheur parfaite. Il faut donc opérer pour le beurre de cacao phosphoré comme pour l'huile phosphorée, afin de le débarrasser des produits altérables qui nuisent à son aspect et à son titrage exact, Le meilleur mode d'administration de l'huile et du beurre de cacao phosphorés, c'est de les mettre sous la forme de capsules.

Toutes les huiles grasses ne peuvent pas subir cette températuré de 250 degrés : l'huile de foie de morue brune et l'huile de chènevis paraissent s'altérer.

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Toutes les huiles que l'on surchauffe ne se décolorent pas aussi facilement mais dans ce cas, l'huile d'amandes que si on les expose à la lumière solaire directe, la décoloration, déjà commencée, marche incomparablement plus rapidement sur l'huile déjà surchauffée que sur l'huile qui n'a pas été soumise à une haute température. L'huile de lin en est un exemple manifeste.

L'huile d'amandes douces bien pure se décolore en grande partie quand on la chauffe à 250 degrés, et si on l'insole pendant

quelques jours on peut obtenir un liquide aussi incolore que l'eau. Tous les échantillons d'huile d'amandes dont j'ai disposés n'ont pas donné d'aussi bons résultats. On trouve dans le commerce de l'huile d'amandes d'un aspect rougeâtre, que la chaleur décolore incomplétement et sur laquelle la lumière n'agit plus qu'avec une extrême lenteur. Je me disposais à en rechercher la cause, en fabriquant moi-même de l'huile, quand mon collègue M. Z. Roussin m'apprit que des études spéciales lui avait déjà fait connaître que ces huiles rouges étaient le résultat du mélange des amandes d'amygdalus avec celles des prunus, des persica et des amandes de divers autres arbres de la famille des rosacées.

Mais il n'est pas nécessaire d'avoir de l'huile qui se décolore bien pour que l'huile phosphorée se conserve bien, il suffit qu'elle ait été surchauffée à 250 degrés. Ce n'est pas la décoloration qui préserve l'huile, c'est la destruction de quelques éléments organiques très-altérables,

Bien que l'on ait dit que toutes les dissolutions de phosphore sont altérables par la lumière, je crois, par suite d'expériences nombreuses faites sur les huiles fixes, sur les huiles essentielles et sur divers liquides, que toutes les fois que le dissolvant n'est pas altérable par la lumière, la dissolution du phosphore reste intacte au soleil, à l'abri de l'air. Les huiles d'arachides et de sésame peuvent parfaitement remplacer l'huile d'amandes douces comme dissolvant du phosphore, Elles donnent un produit qui ne laisse rien à désirer, car elles résistent bien à la température de 230 degrés, et leur décoloration est d'autant plus facile que le commerce peut les livrer presque incolores, à des prix très-avantageux. Les résultats que j'en ai obtenus en appliquant ces huiles à la préparation de diverses autres huiles médicinales sont des plus satisfaisantes.

L'huile d'olive ne se décolore pas quand on la chauffe à une température voisine de 250 degrés, bien qu'elle donne un dépôt de matières brunâtres, indices d'un commencement de carbonisation de quelques éléments très-facilement décomposables : elle possède encore après le refroidissement la plus grande partie de sa teinte verte due à de la chlorophylle. Elle dissout 1/80 de son poids de phosphore, et le produit, quoique coloré, est d'une parfaite conservation.

Les huiles de lin, de noix, de faînes, de tournesol, ne subissent qu'une décoloration très-incomplète par une température de 250 degrés; elles donnent néanmoins un très-bon produit phosphoré.

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