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L'huile de ricin dégage beaucoup de vapeur d'eau quand on la chauffe, elle entre même en ébullition très-vive jusqu'à 150 degrés environ. Quand on la sursature de phosphore, elle se dépouille plus lentement de son excédant de phosphore que les autres huiles : ce ne sont plus des aiguilles longues, sur lesquelles viennent se grouper angulairement d'autres aiguilles, de manière à figurer des feuilles de fougères ou des sapins, mais des petits groupements arrondis où la loupe fait aisément distinguer des cristaux fins partant d'un centre commun comme autant de rayons.

L'huile d'œillette présente, quand on la surchauffe, un phénomène qui mériterait une étude particulière. Vers 100 à 130 degrés, elle petille vivement et laisse dégager de la vapeur d'eau en abondance; puis, la température s'élevant, elle donne quelques fumées, et une matière reste en suspension dans sa masse avec l'aspect d'un mucilage. L'huile filtrait facilement avant d'être surchauffée, elle ne filtre plus qu'avec une extrême lenteur quand elle a subi l'action de la chaleur. Il reste sur le filtre une matière abondante qui a l'aspect d'une gelée; lavée à l'éther, elle devient presque incolore elle ressemble alors à de la colle de poisson ramollie dans l'eau; cette substance n'est pas azotée.

:

Essences qui empêchent la phosphorescence de l'huile phosphorée :

Essence de bergamotte,

de citron,
de copahu,
de lavande,

de macis,

Essence de moutarde,

de romarin,

de térébenthine,
de thym (partie liquide).

Ce sont précisément les essences qui ne renferment point d'oxygène dans leur composition. L'essence de térébenthine jouit au plus haut degré du pouvoir d'empêcher l'huile phosphorée à 1/100 de briller dans l'obscurité, même quand on élève la température du mélange. Le baume de Fioraventi, à cause de la térébenthine qui entre dans sa composition, possède la même propriété, et à poids égal il est presque aussi actif que les essences qui précèdent.

Essences qui n'empêchent pas la phosphorescence, ou qui ne possèdent
ce pouvoir qu'à un faible degré :

Essence d'anis,

d'amandes amères,

de cajeput,

de camomille,

de cannelle de Ceylan.

de cannelle giroflée,

de citronnelle,

de fenouil,

Essence de géranium,

de girofle,

de laurier-cerise,

de menthe,

de Rhodes (bois de),

de santal,

de sassafras,

de verveine.

Enfin le camphre ordinaire, c'est-à-dire les essences qui renferment de l'oxygène dans leur composition. Ces essences agissent à peu près comme les huiles fixes; il faut en ajouter un volume à peu près égal à celui de l'huile phosphorée à 1/100 pour détruire la phosphorescence, encore celle-ci apparaît-elle dès qu'on élève la température du mélange. Elles ont d'ailleurs un pouvoir très-inégal ; celles qui (essences de fenouil, de camomille, ......) renferment à l'état brut un ou plusieurs carbures d'hydrogène mêlés à des proportions variables d'une essence oxygénée, détruisent la phosphorescence à faible dose ou la laissent persister suivant les proportions du mélange.

L'alcool vinique, l'alcool méthylique, l'alcool amylique, l'éther acétique, l'acide phénique en dissolution dans l'alcool, la créosote, le bromure d'éthylène (CH' Br2), le chloroforme n'empêchent pas la phosphorescence.

Le cyanogène, l'acide carbonique laissent la phosphorescence subsister; les carbures d'hydrogènes gazeux, comme le gaz d'éclai– rage, ou liquides, comme l'essence de térébenthine, le naphte, la benzine, l'arrêtent instantanément. L'éther et le sulfure de carbone possèdent ce pouvoir au plus haut degré : il suffit que leurs vapeurs viennent au contact de l'huile pour en arrêter la phospho

rescence.

De la quantité de phosphore que les différentes huiles peuvent contenir à saturation. - Les diverses huiles grasses ne dissolvent pas la même quantité de phosphore, quand on les prend sous le même poids.

Les huiles d'amandes douces, d'olive, d'œillette, de sésame et d'arachides peuvent conserver à la température ordinaire 1/80 de leur poids de phosphore. On peut même descendre à 1/78 pour les huiles d'amandes et d'arachides; mais je ne crois pas qu'il soit prudent dans la pratique de se tenir très-près des limites de saturation.

Les huiles de colza, de navette, de rabette, de lin, de faînes, de tournesol, de foie de morue brune, de pieds de bœufs, conservent 1/70 de leur poids de phosphore, même après huit jours d'exposition à la cave.

L'huile de ricin s'éloigne beaucoup de ces chiffres; il faut 105 grammes d'huile de ricin pour dissoudre 1 gramme de phosphore, soit 1/105.

Je n'ai pas observé de différences sensibles entre le pouvoir dissolvant de l'huile surchauffée et celui de l'huile non surchauffée.

Toutes ces expériences ont été faites en vases clos hermétiquement, le plus souvent dans des matras scellés à la lampe; elles ont été répétées un très-grand nombre de fois aux limites de saturation, et les vases laissés à la cave pendant huit jours pour avoir un milieu d'une température à peu près constante.

CORRESPONDANCE MÉDICALE.

Sur l'antagonisme de l'opium et de la belladone.

MONSIEUR LE RÉDACTEUR,

Lecteur du Bulletin de Thérapeutique, depuis un certain nombre d'années, j'y ai lu plusieurs observations publiées par les docteurs Paul et Georges tendant à prouver l'antagonisme qui existe entre l'opium et la belladone, mais, dernièrement, dans le numéro du 15 juillet 1868, a paru un fragment publié par le docteur Harley dans le British medical out ce médecin essaye de prouver non plus l'antagonisme, mais l'appui mutuel que peuvent se prêter les deux médicaments en question. J'ai l'honneur de vous adresser une observation qui m'est personnelle et qui vient à l'appui des idées des docteurs Paul et Georges sur l'antagonisme de l'opium et de la belladone; ces deux messieurs ont rapporté des cas d'empoisonnement par l'opium traités avec succès au moyen de la belladoné, et l'observation que je soumets à vos lecteurs est au contraire un cas d'empoisonnement par la belladone traité avec succès au moyen de l'opium. Cette expérience inverse me semble tout à fait décisive.

OBS. Empoisonnement par la belladone combattu avec succès par l'opium. Le 28 décembre dernier je fus mandé à onze heures du matin pour donner des soins à une jeune fille qui depuis une heure était sérieusement malade.

Je me trouvař vis-à-vis d'une personne d'un tempérament sanguin, âgée d'une vingtaine d'années, présentant une agitation excessive, prononçant des paroles incohérentes et paraissant en proie à des hallucinations de la vue et de l'ouïe; la peau était chaude, le pouls à 120 degrés, dur et peu développé, les pupilles excessivement dilatées, immobiles sous l'influence d'une lumière approchée vivement; pas d'anxiété, de nausées ou de vomissements; les parents ne purent me fournir d'autres renseignements que cette jeune fille, après

avoir déjeuné comme d'habitude, au lieu de prendre du café à table, avait été le prendre à la cuisine et qu'au bout de très-peu de temps elle s'était couchée en accusant de la céphalalgie et, peu à peu, était tombée dans la situation où je la trouvais.

Je ne savais trop que penser, lorsque je me rappelai que les jours précédents j'avais conseillé à la mère de la malade l'usage de cigarettes composées de feuilles de belladone destinées à combattre des attaques d'asthme essentiel; ce souvenir, l'état de la malade et par-dessus tout l'énorme dilatation des pupilles me firent venir à l'esprit un soupçon que je tentai d'éclaircir de suite; nous reconnûmes avec la mère que la malheureuse enfant avait pris une infusion d'une once de feuilles de belladone dans cinq ou six d'eau. Le pharmacien du pays consulté avait envoyé au premier moment une potion à l'ipécacuanha dont la jeune fille avait pris une cuillerée; résolu de vérifier, dans ce cas, l'antagonisme de la belladone et de l'opium, je formulai la potion suivante, à prendre par cuillerées à bouche de demi-heure en demi-heure:

Solution gommeuse.....
Laudanum de Sydenham..
Sirop simple..........

4 onces.

1 drachme.

1 once.

Je prescrivis en outre des sinapismes sur les extrémités; le même jour, à trois heures de l'après-midi, la maladė avait pris les deux tiers de sa potion; le pouls était encore dur, fréquent, la peau chaude, mais le subdelirium avait disparu, ainsi que l'agitation et les hallucinations. La jeune fille répondait aux questions, reconnaissait ses parents, en avouant sa tentative de suicide. Il existait pourtant une vive douleur lombaire, et la dilatation pupillaire persistait.

Je recommandai d'espacer les cuillerées de la potion toutes les heures. A peine étais-je sorti de la maison, que survinrent des vomissements de matières brunes; à sept heures du soir il y avait des douleurs sourdes dans les membres, le pouls était à 110, je prescrivis la préparation suivante :

Infusion de feuilles de séné....
Sulfate de magnésie...

1 livre et demie.

Nitrate de potasse.

2 onces.

3 scrupules.

Pour deux lavements à prendre à une heure d'intervalle. Le lendemain il y a eu trois évacuations alvines; amélioration notable, le

pouls est à 100, la chaleur moderée, les pupilles moins dilatées, diminution de la courbature et des douleurs lombaires.

Je prescrivis :

Eau miellée....

Ether sulfurique..

Laudanum de Sydenham.
Sirop d'éther...

6 onces.

2 drachmes.
1/2
1 once.

A prendre par cuillerées à bouche, d'heure en heure; le même jour, à trois heures, pouls à 96, chaleur modérée, légère céphalalgie, plus de douleur lombaire. Le jour suivant, bien-être, pouls à 80, peau normale, pupilles à peine dilatées et sensibles à l'action de la lumière. Je prescrivis une purgation au séné et au sulfate de magnésie.

L'amélioration continuant, je cessai de voir la malade qui se rétablit promptement.

Réflexions. Cette observation paraît prouver bien clairement l'action neutralisante de l'opium sur la belladone. Au bout de deux heures cette action était manifeste; on ne peut ici invoquer l'influence de la potion envoyée par le pharmacien, car la malade n'avait pris qu'une cuillerée à bouche de cette solution vomitive. C'est bien à l'opium qu'il faut attribuer l'action neutralisante et antagoniste puisque la jeune personne, après avoir ingéré en vingt-six heures l'énorme dose d'une drachme et demie de laudanum, n'a pas présenté la plus légère somnolence.

Au moment de finir cette lettre, je lis dans la Revue de médecine et de chirurgie de la Nouvelle-Orléans le récit d'un empoisonnement par l'opium dans lequel le médecin, ayant eu recours à une injection hypodermique d'un douzième de grain d'atropine, a vu se manifester presque immédiatement les effets habituels à cet alcaloïde.

Il ne m'appartient pas de décider cette question de l'antagonisme de l'opium et de la belladone; que d'autres se prononcent en faveur du docteur Harley sur le mutuel appui que se prêtent l'opium et la belladone, ou bien des docteurs Paul et Georges pour l'antagonisme de ces deux substances. Le point le plus important de la question est de montrer que nous possédons le pouvoir de neutraliser ces deux poisons l'un par l'autre, ce qui est une conquête thérapeutique énorme.

Dr BALDOMERO SINIO.

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