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A ce groupe appartiennent la fièvre éphémère et deux phlegmasies l'amygdalite et la pneumonie, enfin la plupart des fièvres éruptives.

La pneumonie en est le type; elle débute souvent par un frisson, mais non constamment; la température monte d'abord à 39,5, puis, le lendemain, à 40 degrés au plus, et ce n'est que le deuxième ou le troisième jour que le maximum 40,5 ou 41 est atteint. On peut donc dire que dans la pneumonie la température est rapidement croissante; tandis que la fièvre intermittente, qui appartient au premier groupe, a une accélération de température à marche suraiguë.

La fièvre se maintient trois, six jours même; le plateau de la courbe thermométrique se montre invariable, et il n'y a que peu de différence entre la température du soir et celle du matin, moins même qu'à l'état normal. C'est une maladie qui affecte le type continu et continent. Vers le septième ou huitième jour survient la défervescence, marquée par une chute assez brusque du thermomètre.

A ce groupe appartiennent presque toutes les fièvres éruptives : érysipèle, variole, scarlatine, qui présentent, au point de vue de la marche de la température, des différences variées entre elles, mais ces différences n'existent ni le premier ni le deuxième jour. On peut donc reconnaître une fièvre éruptive, mais il est difficile d'affirmer telle ou telle de ces fièvres rien qu'avec le thermomètre. La rougeole surtout a un type qui se rapproche du troisième type. Troisième groupe. Ici nous trouvons une distinction radicale : Dans le premier groupe, l'échauffement était suraigu;

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Dans le deuxième

Dans le troisième

il était rapide;

il est graduel.

Il faut à la chaleur au moins deux ou trois jours pour atteindre son maximum de température, et pendant ces jours il y a des rémissions très-marquées du soir au matin.

Dans ce groupe, dont le type est représenté par la fièvre typhoïde, prennent place des maladies diverses.

La fièvre catarrhale, la grippe, présente la même courbe que la fièvre typhoïde; le maximum se produit à la fin du deuxième ou du troisième jour; si le thermomètre monte à 41, le diagnostic est assez difficile, car les phénomènes dits typhoïdes peuvent exister dans la grippe, et si l'on oublie que les phénomènes catarrhaux ne se produisent guère dans la fièvre typhoïde avant le

septième jour, on peut faire erreur; car dans les deux cas il y a prostration, céphalalgie, malaise continu; aussi si la fièvre catarrhale se prolonge, le diagnostic doit reposer sur la marche décroissante de la chaleur.

Le rhumatisme articulaire a une marche thermométrique caractéristique. Jamais la température ne dépasse 38,5, 39, ce qui tient aux sueurs profuses qui inondent le malade et s'opposent, comme nous l'avons vu, à la production de la chaleur. Cependant le début est quelquefois difficile à reconnaître, et tant qu'il n'y a pas de douleur localisée on peut croire à une grippe.

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La pleurésie a une marche contraire à celle de la pneumonie. Pas de frisson au début, pas d'échauffement rapide, l'ascension est lente et graduelle, il y a de la rémission tous les matins. Le maximum reste peu élevé, il ne va jamais à 40; il reste entre 39 et 40, et au bout de cinq à six jours il se fait une diminution rapide, bien que l'épanchement persiste. Ainsi, dans la pleurésie, les phénomènes fébriles cèdent très-promptement, mais la maladie continue son évolution.

L'endocardite et la péricardite se distinguent par l'absence de l'augmentation de température; souvent il n'y a pas même de phénomènes fébriles; aussi ces maladies échappent souvent au médecin, qui doit les rechercher par l'examen physique.

La tuberculose, avons-nous dit, peut simuler une fièvre intermittente, mais elle peut aussi simuler la fièvre typhoïde, surtout quand elle affecte la forme de phthisie miliaire aiguë. Quand la forme catarrhale prédomine, le diagnostic du tubercule ne peut plus se faire par l'auscultation et le thermomètre est insuffisant. Quand c'est la forme typhoïde, il est encore bien difficile, car la tuberculose et la fièvre typhoïde ont la même marche, les mêmes symptômes bronchiques, et les mêmes symptômes généraux existent; cependant le thermomètre peut donner, même dans ces cas, des indications précieuses.

Dans la phthisie aiguë, jamais le thermomètre n'atteint le maximum de 41; puis, dans la tuberculose, les rémissions sont plus faibles, peuvent manquer; la fièvre est continue, tandis que dans la fièvre typhoïde les rémissions sont constantes le matin.

(La suite au prochain numéro.)

Du traitement de l'angine couenneuse par la cautérisation (1); Par M. CAMERELIN, membre honoraire de l'Académie royale de Belgique.

(Lu à l'Académie royale de Belgique le 26 septembre 1868.)

Il est temps d'aborder la partie essentielle de mon travail, la seule qui m'a engagé à affronter votre tribune, messieurs, et à y traiter un sujet si délicat. Je veux parler des inconvénients et des dangers inhérents à la méthode. Ils sont divers et redoutables. Examinons-les, et, pour éviter tout quiproquo pouvant amener des objections oiseuses, répétons que nous n'avons en vue que les agents caustiques, escharrotiques, surtout sous forme liquide; que ceux qui jouissent de la propriété de désorganiser promptement, instantanément, les tissus vivants sur lesquels on les applique, que Trousseau indiquait comme étant les plus efficaces et devant être placés en première ligne : la solution de nitrate d'argent, le nitrate acide de mercure, l'acide hydrochlorique, et tous autres possédant avec ceux-ci une certaine analogie d'action, et non cette foule d'autres agents inertes ou peu actifs dont M. Ozanam a donné récemment la longue liste sous l'appellation erronée, trompeuse, de dissolvants, de désagrégeants des produits pseudomembraneux, car cet auteur lui-même a constaté, expérimentalement, qu'ils ne désagrégeaient et ne dissolvaient absolument rien.

Le premier des inconvénients de la cautérisation est l'impossibilité on l'on est de ne faire porter l'agent destructeur que sur le produit pathologique qu'il s'agit de détruire. Donc toutes les portions de la muqueuse encore intactes autour de la concrétion morbide, ou formant des îlots à son centre, et qu'il est si convenable d'épargner, pensé-je, sont également atteintes, et leur épithélium, altéré par le contact du caustique, prend l'aspect de la néoplasie. Dans ce cas, la maladie paraît s'être étendue uniformément dans tout le pharynx, et cette extension conduit à de nouvelles et inutiles cautérisations; mais si, d'aventure, l'eschare vient à se détacher en laissant à nu la trame de la muqueuse, celle-ci se présente irritée, enflammée, ulcérée peut-être et la sensibilité de la gorge est devenue tellement exaltée, la douleur que le petit malade y éprouve est si vive, que l'on ne peut plus vaincre la résistance qu'il oppose à l'incorporation de quoi que ce soit, et le défaut d'alimentation qui en résulte aggrave

(1) Suite et fin; voir la précédente livraison, p. 97.

bientôt les symptômes généraux de la maladie. Enfin, il se peut encore, disent MM. Bricheteau et Adrian, que ces portions de muqueuse, ainsi altérées dans leur texture, ou même simplement dénudées par ces manoeuvres irrationnelles, reçoivent à leur tour une couche de fibrine qui s'organise, et alors la diphthérite est complète et le danger fort accru. On ne peut contester que cette extension de la pseudo-membrane ne soit dans l'ordre des choses possibles, même probables, si la cause de la maladie est générale, constitutionnelle.

Un second accident est la mort subite du malade par le spasme du larynx occasionné par la douleur violente que produit l'action du caustique.

Un troisième est celui qui est survenu à Trousseau et Blache, que l'on n'accusera pas, le premier surtout, de maladresse. Ils cautérisaient avec l'acide chlorhydrique, lorsque le petit malade, fermant convulsivement la bouche, retint fermement le pinceau serré entre les dents, sans qu'ils pussent le dégager, de sorte qu'il en résulta une brûlure profonde et étendue de toute la cavité buccale!

Enfin, un quatrième accident, le plus formidable, dont personne n'a parlé jusqu'ici, qui est le plus fréquent, je dirai presque inévitable dans la majeure partie des cas, est la cautérisation de l'œsophage et de l'estomac, l'empoisonnement, en un mot!... C'est cette effroyable conséquence du dépôt des substances caustiques dans l'entonnoir pharyngien qui m'a déterminé, enfin, à rompre un silence que je me reproche aujourd'hui d'avoir gardé si longtemps.

En effet, comment s'y prend-on pour porter le caustique dans le fond de la gorge des petits malades? Pour donner une idée de la manière générale de procéder, je vais exposer ce que j'ai vu.

A une époque que je ne saurais plus préciser, vers 1830, je crois, un artiste peintre était venu résider momentanément à Namur. Un jour il me fit demander en consultation pour son fils, jeune enfant de deux ans environ, qui souffrait de la gorge depuis deux ou trois jours.

De notre examen, fait concurremment avec le confrère traitant, je reconnus l'existence d'un croup encore peu prononcé, avec une petite plaque grisâtre sur l'une des amygdales et quelques stries ou rayons sur les piliers du voile du palais du même côté. Le cas était grave ou plutôt menaçait de le devenir, et les moyens que je proposai pour le combattre étant repoussés comme trop incertains, par le susdit confrère, celui-ci me proposa la cautérisation directe, m'as

surant qu'il en avait déjà retiré de grands avantages dans d'autres circonstances identiques. Après quelque hésitation, j'y consentis ; c'était faiblesse, peut-être, mais mon inexpérience de ce moyen, son efficacité, vantée dans quelques écrits de l'époque, confirmée avec chaleur par mon consultant, et surtout l'incertitude des résultats du traitement que j'avais indiqué, suffiront pour expliquer l'assentiment que je finis par donner, et mon confrère y procéda sur-le-champ. Il était midi.

Après avoir fait dissoudre dans un peu d'eau un crayon de nitrate d'argent fondu qu'il tira de sa trousse, et dont il connaissait le poids, sans doute, préparé son porte-caustique, l'enfant fut placé et maintenu immobile sur les genoux de son père, tandis que je fixais la tête et abaissais la mâchoire inférieure. L'opérateur introduisit un ou deux doigts dans l'intérieur de la bouche, en vue d'abaisser la base de la langue et de la tenir éloignée du palais; mais ce fut en vain, car le petit patient se défendait vigoureusement. Alors, de guerre lasse, l'opérateur plongea au fond de la gorge la baleine armée de son éponge trempée dans la solution du sel lunaire et il la fit rouler dans tous les sens!... Cette opération fut immédiatement répétée, et lorsque l'on déclara qu'elle était terminée, je constatai que tous les points de la cavité buccale et du pharynx que je pus découvrir avaient subi l'action du sel désorganisateur. La voix était éteinte.

Le restant de la journée se passa dans l'agitation; l'enfant se plaignit incessamment; il repoussait les boissons qu'on lui présentait, et j'appris le lendemain que ce petit malheureux avait succombé pendant la nuit.

Cette mort si prompte, si inattendue pour moi, ne me permit pas de douter qu'elle ne fût le résultat d'un empoisonnement, et c'est dans ce sens que j'exprimai mes regrets à mon confrère... Je ne pus obtenir la permission de faire l'examen du petit cadavre, et cette nécropsie était pourtant indispensable, comme elle l'est encore actuellement dans des cas semblables, pour s'assurer de l'état réel des choses, du côté de l'estomac, et lever un reste d'incertitude qui pourrait nous rester dans l'esprit.

Depuis cet événement fâcheux, j'eus quelques occasions de me renseigner à diverses sources, même près de quelques partisans de cette méthode de traitement, et j'appris avec une profonde stupéfaction qu'en général on ne procédait pas autrement à cette opération, qu'on faisait ce que l'on pouvait.

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