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Le 23, les urines ont toujours conservé la même coloration, l'albumine a cependant diminué.

Le 24, poussée érythémateuse couvrant tout le bras avec douleurs. Malaise et fièvre. Point de bourrelet périphérique comme dans l'érysipèle. Teinte livide de la peau envahie. Même teinte des bourgeons charnus. Suppuration diminuée et de mauvaise nature. Purgatif.

A deux reprises différentes, ces poussées érythémateuses se reproduisent, et chaque fois l'urine devient simultanément plus sombre et plus chargée d'albumine.

Les forces, que l'alimentation avait paru rétablir, baissent sensiblement, la langue se sèche, l'appétit disparaît. Soif vive. Nausées soir et matin. Frissons erratiques. OEdème des pieds et des jambes. Un peu de bouffissure de la face. Ballonnement du ventre; peut-être un peu d'ascite. Mauvais aspect du bras gauche, nulle tendance à la cicatrisation malgré les pansements les plus minutieux. Le cœur, le foie sont examinés avec soin, et nous ne trouvons rien. La palpation dans la région rénale est à peine douloureuse. Pour combattre la congestion rénale et l'albuminurie, on prescrit, le 20 décembre, le tannin à la dose de 1 gramme et 125 grammes de vin de quinquina.

Cette médication modifia de la manière la plus prompte et la plus favorable l'état local et aussi les urines, car depuis longtemps, tout en renfermant encore beaucoup d'albumine, elles ont repris une limpidité parfaite.

Au bras, disparition complète du gonflement, de la rougeur et des douleurs. Les poussées érythémateuses ont cessé. La suppuration s'est presque tarie, et la peau s'est recollée en quelques jours. Les perforations de petite dimension se sont rapidement comblées, puis cicatrisées. Il ne reste que trois plaies d'ailleurs fort réduites et recouvertes de bourgeons charnus d'assez bon aspect qui fournissent à peine quelques grammes de pus.

Ce changement dans l'état local a été des plus surprenants, et aujourd'hui les vestiges du phlegmon diffus sont presque insignifiants.

Malheureusement, la maladie générale n'a pas suivi une marche aussi favorable: l'œdème s'est généralisé. Il existe actuellement une ascite volumineuse; les fonctions digestives sont languissantes, et il a paru nécessaire de supprimer le tannin après huit jours. 25 janvier.

On administre en ce moment un peu de quinquina; les frictions sèches sur toute la surface du corps, matin et soir; les bains de vapeur tous les deux jours.

Le malade est triste et abattu. Souvent somnolent, toujours indifférent. Il n'accuse aucune douleur et soupire seulement après le retour de ses forces et de son appétit. Tout porte à croire que l'état cachectique dans lequel il se trouve se terminera prochainement par la mort.

Je pourrais commenter longuement cette observation, si je voulais discuter complétement les rapports qui existent entre les lésions traumatiques et l'albuminurie, à savoir l'influence que celle-ci, existant antérieurement, exerce sur la marche de la réparation organique et sur les accidents qui traversent le cours de la cicatrisation, et réciproquement la part que prennent les blessures et les opérations à la production de l'albuminurie. Mais ce débat serait. prématuré en raison du trop petit nombre de faits bien observés que nous possédons. J'ai vu, pour ma part, quelques cas où la coïncidence a été évidente, mais j'ai, à mon grand regret, négligé d'en prendre la relation complète.

J'ai pratiqué la résection de l'épaule, presque in extremis, à un vieillard épuisé par la suppuration et qui était en même temps albuminurique. Il a succombé promptement.

J'ai fait la résection sous-périostée de l'articulation métatarsophalangienne du gros orteil sur un jeune homme qui, pendant le cours de la cicatrisation, a été pris d'albuminurie aiguë, que quelques grammes de tannin ont facilement dissipée.

Deux fois dans le cours de maladies graves des voies urinaires, j'ai vu se développer des albuminuries également passagères; l'une, cependant, a duré trois mois.

Dans un cas, il s'agissait d'une rétention d'urine chez un vieillard à grosse prostate. On avait fait dans le canal plusieurs fausses

routes.

Dans l'autre, un calcul avait amené des désordres locaux et des symptômes généraux des plus graves. La taille médiane avec lithotritie périnéale amena la guérison; mais pendant la convalescence l'urine se chargea d'albumine pendant trois ou quatre semaines.

La relation entre les opérations et la néphrite albumineuse a été déjà, du reste, signalée par Rosenstein (Jaccoud, Clinique médicale, p. 647), et Billroth avance que l'albuminurie se développe dans

les suppurations osseuses de longue durée (Traduction française, 528, 545).

La question est donc posée, et il est à espérer qu'elle sera prochainement résolue, car elle intéresse à un haut degré le pronostic et les indications thérapeutiques et opératoires.

Dès à présent on peut, sans se compromettre, affirmer que la présence de l'albuminurie dans l'urine assombrit singulièrement le pronostic des lésions traumatiques et des opérations chirurgicales; que, par conséquent, elle doit imposer au praticien une grande réserve dans l'emploi de l'instrument tranchant. De la réserve à l'abstention complète, il y a loin, et je ne vais pas jusqu'à dire qu'il faut rejeter toute opération en pareil cas. L'urgence en certains cas fait taire tous les scrupules. C'est ainsi que, l'été dernier, j'ai pratiqué une trachéotomie sur un enfant de dix ans, en état d'anasarque albuminurique, consécutif à une scarlatine grave. Contre mes prévisions, l'opération a réussi, et je dois dire même que la plaie a suivi ses phases d'une manière tout à fait normale; ce qui prouve, une fois de plus, qu'en pratique il n'existe guère de règle absolue.

RÉPERTOIRE MEDICAL.

REVUE DES JOURNAUX.

Du bromure de potassium employé dans le traitement de l'épilepsie. La thèse de M. A. Goubeau, soutenue à Strasbourg, fait connaître les essais thérapeutiques tentés à la clinique de M. le professeur Hirtz pour le traitement de l'épilepsie par le bromure de potassium. Les débuts ont donné les plus belles espérances; plus tard les déceptions n'ont pas manqué; trop souvent les malades, que l'on croyait guéris complétement, revenaient, au bout de quelques mois, constater l'impuissance du médicament. Cependant des résultats avantageux ont aussi été observés; si le bromure ne fait pas disparaître cette triste maladie, il peut en atténuer les accès et en diminuer la fréquence, et ici, comme pour tous les médicaments, il était utile d'établir la spécialité des indications.

C'est M. Pourchet, de Montpellier, qui a d'abord expérimenté contre l'é

pilepsie le bromure de potassium. La partie historique de la thèse présente une analyse des recherches nombreu. ses entreprises en France et à l'étranger, et qui ont successivement étendu l'emploi de ce médicament à la plupart des névroses.

M Goubeau s'occupe ensuite de l'action physiologique du bromure; c'est un modérateur du système nerveux, un calmant des organes génitaux; chez tous les malades, M. Hirtz a remarqué une aberration plus ou moins complète de la sensibilité ré flexe du voile du palais et de la base de la langue.

La dernière partie de la thèse comprend le traitement de l'épilepsie; c'est la plus importante, elle est basée sur quatorze observations. L'auteur en conclut que le bromure de potassium est loin d'être un moyen infaillible il échoue dans les épilepsies liées à des lésions cérébrales, congénitales

ou accidentelles et quand le début de la maladie remonte à de longues années. C'est contre l'épilepsie essentielle et récente, c'est-à-dire qui date au plus de cinq à six années, qu'il convient d'administrer le bromure. Si les accès sont violents, avec écume à la bouche, le remède est souvent impuissant; mais ses effets sont avantageux contre l'épilepsie à accès nocturnes, dans celle qui est liée à l'évolution menstruelle, chez les malades adonnés à de funestes habitudes ou à tendances érotiques, et enfin dans le simple vertige. Une des principales indications de l'emploi de ce moyen, c'est l'existence de soubresauts, de mouvements brusques, diurnes et nocturnes, et en général des symptômes qui annoncent l'exaltation de la force excitomotrice de la moelle. Cette thèse renferme des observations bien détaillées, qui contribueront à faire accorder une certaine valeur à ce mode de traitement de l'épilepsie. (Journal médical de Strasbourg.)

Du traitement de la pneumonie. M. Morin, dans sa thèse soutenue à Strasbourg, examine les quatre médications qui ont été patronnées récemment dans le traitement de la pneumonie, savoir l'expectation, les préparations stibiées, les antipyrétiques, la médication alcoolique. Nous ne résumerons ici que ce qu'il dit de l'expectation et des antipyrétiques.

Quelques esprits judicieux ont, depuis longtemps, réclamé qu'on fit la part de la nature dans le traitement de la pneumonie; « mais pendant que les uns pratiquent l'expectation par pur esprit de critique, d'autres, le thermomètre à la main, étudient le phénomène chaleur et la fièvre. L'expérience ne tarde pas à leur apprendre que la pneumonie, comme certaines fièvres, possède un cycle naturel, et que la maladie une fois développée, marche selon des lois à peu près fixes. Le thermomètre ressuscite le phénomène critique; le jour où lá température du corps, augmentée par la fièvre, tombe à la normale ou audessous, ce jour-là marque la fin du processus morbide. » L'expectation est ensuite raisonnée sous diverses faces, au point de vue du développement naturel de la maladie et à celui de la statistique. La thèse cite quatre statistiques à l'aide desquelles on a voulu faire prévaloir le traitement

purement hygiénique; elles montrent la variabilité énorme des résultats et les erreurs qui résultent de l'application inconsidérée des chiffres. On n'additionne pas des unités de même nature; la statistique comprend toutes les espèces et variétés de la pneumonie et tous les âges. Beaucoup de malades guérissent très bien d'eux-mêmes ou malgré les remèdes, mais on ne conseillera point l'expectation comme méthode absolue de traitement. Parmi les statistiques, il en est évidemment qui ont de la valeur et que le nom de leurs auteurs recommande; eh bien la variabilité de la moyenne mortuaire dans les pneumonies abandonnées à elles-mêmes indique que leur gravité naturelle est fort différente, et par conséquent, au point de yue de la logique et du bon sens, que les mêmes moyens ne sauraient leur être opposés.

La question des antipyrétiques si approfondie par M. Hirtz, est traitée d'une manière remarquable. Si le dernier mot n'a pas encore été dit sur la fièvre, du moins en a-t-on singulièrement éclairci l'histoire. « Deux fails principaux ressortent avec éclat et font aujourd'hui la base de l'opinion qu'on doit avoir de la fièvre : l'élévation constante de la température, la destruction plus rapide des éléments et le départ des matières décomposées par l'urine. C'est une conquête moderne d'avoir montré les dangers de ces combustions intimes liées à la persistance d'une chaleur anormale. » M. Morin examine l'action des substances hyposthénisantes selon le moment de leur emploi et en raison des doses, et dans leurs rapports avec les phénomènes critiques spontanés et le collapsus qu'elles amènent. Un refroidissement trop considérable, artificiellement produit à l'époque de la défervescence spontanée, peut jeter le malade dans un collapsus mortel. Des tableaux graphiques très-remarquables, recueillis à la clinique de M. le professeur Hirtz, montrent que l'époque de défervescence se remarque du cinquième au septième jour, et, comme limite extrême, du troisième au neuvième; ces tableaux font voir en même temps l'influence des remèdes. Une étude spéciale, basée sur l'analyse d'observations nombreuses, met en évidence les propriétés de la digitale, de la vérairine et du veratrum viride. La digitale employée trop tôt, comme la sai

gnée, ne donne pas de résultats ; la défervescence se fait à son heure, et, suivant l'expression du professeur, « dans les tentatives antifébriles, il faut tomber d'accord avec la nature. » (Gaz. méd. de Strasbourg.)

De l'influence fâcheuse des pansements chez les amputés. Le docteur Burow a déjà cherché à prouver, en 1859 (Deutsche Klinik), que les pansements sont la principale cause de la grande mortalité qui suit les amputations. Il ne perdrait, lui, qu'un ou deux amputés sur cent, tandis que la statistique générale de Pauli donne une mortalité de 33 pour 100. Il attribue ces brillants résultats à ce qu'il laisse, dès le début, le moignon exposé au contact de l'air atmosphérique; l'habileté de l'opérateur n'y est pour rien, les opérations étant, dans ce service de clinique, pratiquées en grande partie par les élèves. Voici d'ailleurs comment il procède toutes les fois qu'il le peut, il emploie le tourniquet pour comprimer à la fois et artère et veine; autant que possible, il fait des amputations à lambeaux, doubles pour l'avant bras, le bras et la cuisse, simples pour la jambe; il n'excise pas le périoste avant de scier l'os, lie les vaisseaux avec une grande minutie, et attend, pour faire deux ou trois points de suture, qu'il n'y ait plus qu'une exsudation séreuse à la surface de la plaie. Les sutures sont simplement bouclées sous forme de ganses. Le malade porté dans son lit, on place un coussinet sous le moignon, qu'on recouvre simplement d'un morceau de toile. Applications de glace, s'il survient des douleurs vives. Vers le deuxième ou troisième jour, tuméfaction du moignon si les sutures incisent les tissus, on les coupe. et on laisse le bout intérieur en place. Dès qu'on voit du pus sortir des piqûres, on ôte les sutures ou les houts laissés en place après l'excision. Il faut nettoyer journellement la sécrétion, et, quand la suppuration n'est pas normale, appliquer des compresses imbibées d'alcoolé d'albumine.

(Deutsche Klinik.)

Ablation d'une tumeur volumineuse de la région lombo-dorsale. Pour opérer certaines tumeurs volumineuses. dont la vascularité ou d'autres motifs pourraient rendre dangereuse l'ablation en masse par l'instrument tranchant,

M. Péan a imaginé une méthode qui consiste dans le morcellement de la tumeur combiné soit avec la cautéri sation, soit avec l'écrasement. Cette méthode a déjà rendu à l'habile chirurgien de grands et nombreux services; elle vient de lui en rendre un nouveau dans le cas suivant :

Il s'agit d'un jeune garçon, âgé de seize ans, qui portait une tumeur fibrograisseuse d'aspect éléphantiasique, dont le volume était si monstrueux qu'il semblait contre-indiquer l'opération. Elle commençait à gauche du côté de l'abdomen, remontait obliquement en arrière et jusque vers le milieu des côtes droites; mais c'était au niveau de la colonne vertébrale qu'elle avait acquis son plus grand développement vertical du milieu de l'omoplate, elle descendait jusqu'au voisinage du pli fessier, à la hauteur duquel elle formait un énorme bourrelet. Après avoir débuté, il y a dix ans, sous la forme d'une petite masse du volume d'un œuf, elle s'était accrue peu à peu jusqu'à acquérir les dimensions ci-dessus indiquées, et avait fini par entraîner des troubles qui menaçaient gravement la santé.

Il ne fallut rien moins qu'une incision longue de 50 centimètres pour permettre à l'opérateur d'attaquer successivement toutes les portions de la tumeur; et bien que celle-ci siégeât sous la peau, à laquelle elle était adhérente ainsi qu'à l'aponévrose, on reconnut bientôt que les vaisseaux artériels et veineux qui alimentaient la tumeur étaient tellement nombreux et hypertrophiés, que des centaines de ligatures seraient insuffisantes à tarir les sources d'une hémorrhagie, à laquelle le malade succomberait avant la fin de l'opération, si l'on cherchait à détacher à l'aide du bistouri et des ciseaux cette vaste production morbide. Aussi M. Péan s'empressa-t-il de recourir à la méthode de morcellement de la tumeur et à l'écrasement; la tumeur put être ainsi enlevée par portions, sans que la perte de sang s'élevât à plus de 60 grammes D'ailleurs, pour plus de sûreté, cette méthode avait été appliquée avec lenteur, et il ne faut pas moins de deux heures pour extraire la totalité de la tumeur. A l'aide de ces précautions, les vastes lambeaux tégumentaires qui avaient été conservés, purent être appliqués sur la plaie et la recouvrir sans qu'il fût nécessaire de lier plus de cinq ou six artères. Ces ligatures

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