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Arrivé enfin au point culminant de sa carrière dans la plénitude de ses riches facultés, l'auteur dédie à ses contemporains, et on peut dire à la postérité, son nouveau livre, digne couronnement d'un noble apostolat. En jetant lui-même un coup d'œil sur ses propres travaux, il peut mesurer avec un légitime orgueil le chemin qu'il a parcouru, les jalons qu'il a plantés sur la route du progrès, les étapes qu'il y a marquées et les directions qu'il a indiquées aux générations futures. De ce sommet où il est parvenu, il lui est donné de voir le sillon profond et lumineux qu'il a tracé derrière lui.

Consacré aujourd'hui par la triple illustration de la science, de la pratique et du professorat; reconnu au dehors comme parmi ses compatriotes comme un des glorieux chefs de l'école de la chirurgie française, l'auteur, privilége rare, peut de son vivant (et encore longtemps, nous l'espérons) assister à sa propre immortalité, car, comme le poëte de l'antiquité, il peut dire : Eregi moHIRTZ.

numentum.

BULLETIN DES HOPITAUX.

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ANGINE COUENNEUSE GUÉRIE PAR LE CUBÈBE (1), par le docteur C. Paul, agrégé de la Faculté, médecin des hôpitaux. Il y a deux ans, un médecin de la Sarthe, M. Trideau (d'Andouillé), vint faire connaître à Paris qu'il avait guéri vingt-six cas d'angine couenneuse par l'emploi des balsamiques, copahu et cubèbe. Ce succès était très-encourageant, et tout dernièrement MM. Bergeron et Labric avaient annoncé à la Société des hôpitaux qu'ils en avaient retiré certains avantages. Ils se plaignaient seulement d'avoir été gênés par la répugnance qu'éprouvaient les enfants à prendre les sirops contenant soit la poudre, soit l'extrait oléo-résineux de cubèbe.

Occupé depuis dix ans des préparations de cubèbe et ayant à ma disposition un extrait de cubèbe très-beau, obtenu par M. Delpech, d'après la méthode de Dausse, c'est-à-dire par l'eau, l'alcool et l'éther, j'attendais l'occasion de contrôler les résultats de M. Trideau.

Au mois d'avril dernier, je fus chargé de remplacer M. Bergeron

(1) Observation lue à la Société de thérapeutique dans la séance du 1er mai 1868.

à l'hôpital Sainte-Eugénie, et l'occasion se présenta bientôt de traiter des affections diphthéritiques. Le succès étant venu couronner ma tentative, je tiens à la faire connaître, parce que je puis offrir à mes confrères un mode d'administration du cubèbe bien préférable aux précédents.

Le 21 avril, l'enfant Louis-Léon, placé dans la section des scrofuleux pour un mal de Pott déjà ancien, descend à la salle des maladies aiguës, atteint d'une angine couenneuse qui a débuté l'avant-veille.

Le matin, à la visite, la fièvre est modérée, la peau halitueuse. Il y a de la dyspnée, accusée surtout dans l'inspiration et s'accompagnant d'un sifflement qui a le timbre du verre qui se brise. L'expiration est plus facile, interrompue seulement de temps en temps par une toux qui a le même caractère que l'inspiration. A l'examen de la gorge, on constate que les amygdales, ordinairement grosses, ont augmenté de volume au point de combler entièrement l'arrièregorge et sont recouvertes d'une fausse membrane épaisse résistante et couleur de frangipane. La fausse membrane recouvre la face interne des deux amygdales et la luette. L'isthme du gosier, complétement obstrué, ne permet pas de voir le fond du pharynx. On constate en outre un ganglion lymphatique gonflé et douloureux aux deux angles du maxillaire inférieur. Il n'y a rien dans les fosses nasales antérieures.

Le caractère de l'inspiration et de l'expiration et la voix complétement aphone font penser que le larynx est envahi; pourtant il n'y a pas encore d'asphyxie, les lèvres sont roses, les yeux seulement injectés. L'enfant n'a pas encore eu d'accès de suffocation.

A l'auscultation, on trouve une respiration faible, sans murmure vésiculaire, le retentissement du sifflement laryngien est le seul bruit qu'on perçoive. A la percussion, la sonorité est bonne. Pouls 144. Température prise dans le rectum, 40o,2.

Après avoir cautérisé la gorge avec un peu de perchlorure de fer, je prescris l'extrait de cubèbe préparé par M. Delpech dans les proportions ci-après :

Prenez: Extrait de cubèbe par l'eau, l'alcool et l'éther..

Poudre de sucre.....

Poudre de gomme.

1 p.

7

2

Chaque cuillerée à café de cette poudre pesant 2oo,50 contient

par conséquent 0,25 d'extrait.

L'enfant prend, le premier jour, & cuillerées à café; soit 1 gramme d'extrait par jour.

Pour administrer cette poudre, il suffit d'en délayer une cuillerée à café dans deux ou trois cuillerées à bouche d'eau simple. On obtient ainsi une eau légèrement sucrée ressemblant à la dilution d'alcoolat d'absinthe et ayant une odeur analogue à celle de la menthe. L'enfant ne fait aucune difficulté pour l'avaler.

Dans la journée, l'enfant est un peu plus calme, la respiration un peu moins stridente, la voix est toujours éteinte. Pouls, 128, Température, 39o,6.

Le 22, à la visite du matin, on constate que la dyspnée a augmenté, le sifflement laryngien se fait entendre aux deux temps de la respiration. La toux est plus éteinte et plus sifflante; la dyspnée s'accompagne de tirage au-dessus du sternum et au-dessous des fausses côtes. L'asphyxie est plus prononcée, il y a des plaques violacées sur les joues; les yeux sont injectés et les veines temporales accusées. L'examen de la gorge fait voir des fausses membranes plus molles et plus grises que la veille. Le pharynx, qu'on peut apercevoir par instants, est tapissé de fausses membranes. Il y a eu un accès de suffocation dans la nuit. Pouls, 144. Température, 40 degrés.

Op prescrit de nouveau 10 grammes de saccharure de cubèbe.

Le soir, la respiration est beaucoup plus libre, la toux est moins sifflante et commence à prendre le timbre catarrhal; l'enfant est beaucoup plus calme. Pouls, 124. Température, 40 degrés.

Le 23, l'amélioration qui s'est annoncée la veille se prononce davantage. Pouls, 104. Température, 38°,2. Même traitement. Le soir, la peau est fraîche, le calme complet, la voix est pourtant encore éteinte. Pouls, 104. Température, 37°,6.

Le 24, les fausses membranes ont disparu presque complétement sur les amygdales. Pouls, 100. Température, 37°,8. Même traitement.

Une heure après la visite, l'enfant est pris de deux ou trois accès de suffocation très-violente qui cesse à partir de midi.

A cinq heures du soir, la respiration est assez calme, mais la toux est tout à fait cassée et sèche. Pouls, 108. Température, 37°,8. Le 25, les fausses membranes continuent à se modifier. Pouls, 108. Température, 37o 4.

On augmente la dose du cubèbe dans la crainte de voir les accès de suffocation reparaître. Saccharure de cubèbe, 15 grammes.

Le soir, même état. Pouls, 120. Température, 37°,8.

Le 26, on ne voit plus trace de fausse membrane sur les amygdales ni sur le pharynx. Ces organes sont cependant encore rouges et tuméfiés.

La respiration est calme et silencieuse, la toux rauque, mais plus sonore que la veille; la voix reste éteinte. Pouls, 108. Température, 37°,6. Le soir, même état. Pouls, 112. Température, 37°,6.

Le 26, on commence à alimenter l'enfant, et l'on ajoute à la prescription du sirop de quinquina. Pouls, 92. Température, 37°,6. Le soir, pouls, 104. Température, 37°,8.

Le 27. L'enfant a eu de la diarrhée hier, dans la journée; elle continue encore un peu ce matin. La toux est devenue franchement catarrhale, elle n'est pas aphone, mais la voix ne peut se faire entendre; la respiration est libre et la gorge revenue presque à l'état normal. Je suppose que l'aphonie ne tient plus qu'à une paralysie des cordes vocales; cette supposition est d'autant plus vraisemblable que le pharynx et le voile du palais sont atteints d'une certaine parésie. Nous réduisons la dose de saccharure à 10 grammes. Pouls, 108. Température, 37°,8. Le soir, pouls, 104. Température, 37°,8.

Le 29. L'état général est excellent. Les amygdales, complétement débarrassées de fausses membranes, sont rosées. Le fond du pharynx est seulement un peu pâle. La déglutition est facile. La toux est grasse et franchement catarrhale. Il ne reste plus que la voix aphone. La diarrhée a cessé, l'enfant a de l'appétit. Pouls, 100. Température, 38°,6. Le soir, pouls, 120. Température, 30o,6. Le soir, pouls, 120. Température, 38 degrés.

Le 30. L'enfant est en pleine convalescence. Pouls, 116. Température, 37°,8.

Cette observation est intéressante à plus d'un titre, mais nous nous bornerons à l'examiner au point de vue thérapeutique.

Au début, l'affection était grave, les fausses membranes épaisses et répandues dans toutes les parties de l'isthme du gosier. Les ganglions sous-maxillaires étaient pris, la fièvre intense, l'abattement profond, De plus, l'affection s'est étendue au larynx, à n'en pas douter. Il y a eu, le lendemain de l'entrée dans la salle, des accès de suffocation assez intenses pour que l'on se crût autorisé à pratiquer la trachéotomie si une certaine espérance de voir la maladie guérir par le cubèbe n'avait pas fait temporiser.

Nous devons noter en outre qu'au plus fort de la maladie l'en

fant a paru à deux reprises éprouver un mieux très-significatif quelque temps après l'administration du médicament. Le mode. d'administration a été des plus simples: jeter un peu de poudre de sucre dans un peu d'eau est chose bien facile, et le médicament présenté de cette manière a été facilement accueilli par l'enfant.

En dernier lieu, il n'y a pas eu d'accidents produits par le médicament, si ce n'est un peu de diarrhée. Notons enfin que nous n'avons pas observé au huitième jour l'exanthème propre au cubèbe que M. Trideau avait observé, bien que ses doses aient été plutôt moindres que les nôtres.

En somme, nous regardons comme très-précieux en ce moment de pouvoir opposer à une maladie si terrible un médicament qui nous donne quelque espérance, et, si l'action si favorable du cubèbe se justifie, M. Trideau aura rendu un grand service à la thérapeutique.

RÉPERTOIRE MÉDICAL.

REVUE DES JOURNAUX.

Les sévices du vésicatoire. Sous ce titre, M. Fonssagrives vient de publier dans sa Revue thérapeutique l'article suivant, auquel nous donnons toute notre approbation.

« Encore une victime des sévices du vésicatoire! Le numéro du 19 novembre de l'Imparziale de Florence nous apporte le fait d'un enfant de dix-huit mois auquel on appliqua sur la poitrine, dans le cours d'une bronchite intense, deux vésicatoires de petites dimensions; placés trop près l'un de l'autre, ils se réunirent, s'ulcérèrent; leur surface se recouvrit de fausses membranes adhérentes comme celles de la diphthérie; l'ulcération gagna en surface et en profondeur, en dépit des moyens qui furent employés pour l'arrêter, et l'enfant succomba dans un état d'épuisement complet. Il est bien regrettable que les faits analogues enfouis dans les recueils, et ceux plus nombreux conservés dans les souvenirs des praticiens, ne puissent être rapprochés les uns des autres ; ce nécrologe, plus fourni qu'on ne le croirait à première vue, inspirerait une certaine discrétion dans l'application de ce moyen aux maladies des en

fants. Il est des pays où la médecine, s'inspirant encore des traditions d'un humorisme grossier, use et abuse des vésicatoires chez les enfants; il n'est pas une gourme, pas un rhume, pas une maladie, si ce n'est une indisposition, dans lesquels la cantharide n'intervienne, et de là des inconvénients sérieux, si ce n'est des catastrophes. Je poserais volontiers en règle l'interdiction absolue des vésicatoires permanents chez les enfants. Le vésicatoire au bras, tribut payé à la routine traditionnelle, est au bout de quelques jours d'une utilité équivoque; il amaigrit le membre autant par la spoliation locale que par l'action com pressive des bandages, et crée sans bénéfices certains une servitude trèscertaine. J'ai vu un vésicatoire amener, chez un enfant lymphatique, un eczéma qui prit des allures chroniques, envahit tout le bras, et exigea deux ans de soins assidus pour être conduit à la guérison, et ce fait est loin d'être isolé. Les vésicatoires appliqués sur la poitrine ont une tendance particulière à dégénérer, quand on les entretient en suppuration; les cas d'ulcérations tenaces, d'érysipeles

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