Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

LES DEUX JUMEAUX.

AIR: Femmes, voulez-vous éprouver ?

Dans l'intérieur d'un utérus, Pour deux bien étroite demeure,

Se trouvaient un jour deux fœtus

} bis.

Qui d' leur naissane' touchaient à l'heure.
Le premier d'eux, la tête en bas,
Fait signe à l'autre de le suivre,
Et, le serrant dans ses deux bras
Lui dit : « Qu'on est heureux de vivre!
« Pour nous ici, point de souci.
Tout nous arrive en abondance,
On n'a pas l' temps de dir' merci.
Ah! quelle charmante existence !
On se trouv' si bien dans ces eaux.
Regarde comme je me livre

Au bonheur d'aller sur le dos.

Frère, qu'on est heureux de vivre!} bis.

Le second, dont la tête au ciel
Toujours dressée est moins légère,
Lui répond: « Quel heureux mortel !
Vrai, j'admire ton caractère ;

Tu ris de tout comme un enfant,
Et de plaisir un rien t'enivre.
Moi je regrett' d'être vivant.

Ah! qu'on est malheureux de vivre }} bis.

<< Ici nous sommes en prison. Vois un peu quel étroit espace! Je me cogn' là tête au plafond.

Dans tes pieds mon nez s'embarrasse;

Si je veux faire un mouvement,

Mon cordon se met à me suivre.
Etre attaché! quel amus'ment !
Ah ! qu'on est malheureux de vivre } bis.

Ils étaient là d' leur entretien,
Quand tout à coup l'utérus tremble.
L'onde s'agite, avance et r'vient,
Puis s'écoulant les laisse ensemble.
Ils sont à sec plein de frayeur,
Le premier vain'ment veut poursuivre,
Il plonge en criant: « Quel malheur !
Ah! nous allons cesser de vivre. »

Son frère essaye de tirer
Sur ses pieds, effort inutile!
De colère il veut s'étrangler
Et casse son cordon fragile.

bis.

Mais vient son tour, on le saisit.
Il pivote comme un homme ivre
En criant: « J' vais mourir aussi !

Dieu ! quel bonheur d' cesser de vivre!»} bis.

Dans le premier de ces enfants

Je vois déjà poindre la race
De ces ventrus toujours contents

En quelque endroit que l'sort les place.
L'autre, à l'étroit dans l'utérus,
Veut à tout prix qu'on l'en délivre.
Mais que d' gens sont toujours fœtus,
Et ça n' les empêch' pas de vivre.

bis.

} bi

SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE GAND. Programme du concours de l'année 1869. 1re Question: Indiquer les meilleurs moyens pratiques d'assainissement applicables aux villes de nos Flandres ou à l'une d'elles en particulier.

2e Question: Rechercher les moyens capables de prévenir ou du moins d'atténuer les maladies occasionnées par la fabrication des allumettes phosphoriques.

Se Question: Quelles sont les causes de l'augmentation toujours croissante de la population des asiles d'aliénés ? Y a-t-il lieu d'y remédier et par quels moyens peut-on y parvenir ?

4e Question: Etudier l'influence du physique sur le moral, au point de vue de la responsabilité morale. S'appuyer sur des faits bien constatés.

5e Question: Faire l'histoire des déplacements de l'utérus dans l'état de vacuité. Apprécier la valeur des divers traitements de ces affections, en s'appuyant sur des faits pratiques.

6e Question Résoudre une question de médecine, de chirurgie ou d'accouchements, au choix de l'auteur.

Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doivent être écrits lisiblement en flamand, en français ou en latin.

Ils seront adressés, francs de port, avant le 1er janvier 1870, dans les formes académiques usitées, à M. le docteur Charles Willems, secrétaire de la Société, rue des Epingles, 10, à Gand.

Il sera accordé à l'auteur d'un mémoire couronné: 10 Une médaille d'or d'une valeur à déterminer suivant l'importance du travail; 2° le titre de membre correspondant; 3° cinquante exemplaires du mémoire.

Prix Guislain. Question à résoudre: Faire l'exposé des doctrines médicales dont l'ensemble constitue aujourd'hui la psychiatrie. L'auteur discutera leur valeur relative en les comparant, s'il y a lieu, entre elles et avec celles qui ont eu cours antérieurement. Il fera ressortir les progrès qui ont été réalisés, dans ces derniers temps, dans cette partie de la science, en insistant surtout sur l'influence que les travaux de Guislain ont pu avoir sous ce rapport.

Les mémoires devront être adressés, francs de port, avant le 1er octobre 1869, à M. le docteur Charles Willems, secrétaire de la Société, rue des Epingles, 10, à Gand.

Une médaille d'or de 500 francs, ou bien cette valeur en espèces, le titre de membre correspondant de la Société et cinquante exemplaires tirés à part seront accordés à l'auteur du mémoire couronné.

M. le professeur Gubler commencera son cours de thérapeutique mercredi prochain, 17 mars, et le continuera les lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine à deux heures.

Pour les articles non signés :

F. BRICHETEAU.

THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE.

Leçon d'ouverture du cours de thérapeutique,
17 mars 1869;

MESSIEURS,

Par M. le professeur GUBLER.

Avant de pénétrer au vif des questions qui font l'objet spécial de cet enseignement, permettez-moi de vous rappeler en quelques mots l'origine, les transformations et les progrès de la thérapeutique, de vous indiquer son état actuel, peut-être son avenir, et de vous exposer brièvement mes principes et la manière dont je conçois l'avancement de la science.

La médecine est, dit-on, l'art de guérir. Assurément elle est plus que cela; mais cette définition, si défectueuse qu'elle paraisse, a du moins le mérite d'indiquer clairement le but noble et élevé que le médecin, pour rester vraiment digne de ce nom, doit s'attacher à poursuivre. Guérir, telle est la fin vers laquelle doivent converger toutes les connaissances médicales. Dans une école professionnelle la physique, la chimie, l'histoire naturelle, la physiologie, la pathologie ne sont pas cultivées pour elles-mêmes, mais seulement en vue de leurs applications pratiques. Ce sont les assises superposées de la science dont la thérapeutique est le couronnement.

Et, chose singulière, on a commencé par le sommet la construction de cet édifice; de la pyramide on a d'abord ébauché la pointe. L'empirisme a précédé la science. A une époque reculée où l'on n'avait pas la moindre notion de la nature des maladies et des lois de leur évolution, non plus que du mode d'action des moyens curatifs, certains remèdes étaient déjà mis en usage contre les blessures et les affections les plus apparentes. Tant est puissant le sentiment de la conservation, tant est impérieux le besoin qui nous porte à chercher, dans ce qui nous entoure, les moyens de nous soulager ou de nous guérir!

Aucune science ne fut pourtant aussi contestée que la médecine, aucune n'est encore l'objet d'appréciations plus diverses et de jugements plus passionnés. Art divin pour les uns, illusion ou mensonge pour les autres. Molière n'a-t-il pas été jusqu'à dire dans le Malade imaginaire : « Je ne vois pas de plus plaisante momerie, je ne vois rien de plus ridicule qu'un homme qui veut se mêler d'en guérir un autre. » A la vérité, Voltaire proclame qu'« un bon médecin peut nous sauver la vie en mainte occasion, » et cet hommage peut TOME LXXVI. 6o LIVR.

16

nous consoler de la blessure qui nous a été faite par notre grand comique. Mais Hippocrate avait répondu d'avance aux critiques des mécréants futurs, dans cette sentence: « Il y a des choses utiles, il y a des choses nuisibles, donc il y a une médecine. »>

>>

Platon n'y contredisait pas, seulement dans le troisième livre de sa République il fait dire à Socrate : « Est-il dans un Etat une marque plus sûre d'une mauvaise éducation que le besoin de médecins et de juges? » Ce qui prouve qu'il comptait sur l'hygiène pour se délivrer de la médecine, principalement, sans doute, de celle qu'il définit l'art de conduire et en quelque sorte d'élever les maladies. Repoussant cette morbiculture, Socrate voulait qu'on n'entreprît de guérir que les blessés ou les sujets atteints de maladies accidentelles; il fallait, d'après lui, laisser glisser sur la pente fatale, sans les retenir, les infirmes et les valétudinaires, tous citoyens inutiles. Cette morale, un peu trop malthusienne, n'est pas la nôtre, et nous pouvons nous flatter de valoir mieux que nos devanciers sous ce rapport.

Il s'est aussi rencontré des hommes qui, dédaigneux des conseils de la science, ne craignent pas de s'improviser guérisseurs, essayant ainsi sur leurs semblables une médecine de fantaisie et d'aventures. Tel fut Caton l'Ancien, qui poursuivait de ses sarcasmes les savants médecins de la Grèce, tandis que son ignorance osait commettre un livre de médecine et qu'il traitait bêtes et gens dans sa maison avec des médicaments préparés de sa main. La civilisation actuelle renferme peut-être encore des Catons, moins l'austérité; mais aucun ne s'aviserait de contester à la médecine officielle le droit au respect des gens éclairés et raisonnables, droit qu'elle a conquis depuis longtemps.

La thérapeutique, née de l'instinct et d'un hasard heureux, développée ensuite par l'esprit d'analogie et d'imitation et rationalisée plus tard, a subi dans son évolution toutes les vicissitudes de l'esprit humain. Elle refléta tour à tour les préjugés et les idées régnantes ou bien les doctrines philosophiques du temps: ce qui revient presque au même, attendu que les erreurs populaires ne sont que les échos attardés des doctrines passées de mode.

A l'époque où les dieux intervenaient sans cesse dans les affaires humaines, où des fléaux déchaînés par eux les vengeaient du mépris des hommes, où la colère d'Achille et les convulsions d'Hercule accusaient le maléfice d'Apollon, il fallait bien conjurer le mal par des prières et des sacrifices. Dès lors les prêtres, ceux d'Egypte comme ceux du paganisme grec et romain, devinrent les

[ocr errors]

dépositaires du pouvoir, justement envié, de préserver et de guérir. Pour conserver ce privilége, ils imaginèrent toutes sortes de pratiques superstitieuses: la magie, les attouchements, les charmes, les incantations, les amulettes, la poudre de sympathie, etc., etc., pratiques qui se sont propagées jusqu'à notre époque et qui règnent encore à l'ombre de l'ignorance. Nos rois n'ont-ils pas conservé, jusqu'à Louis XIV, le don de guérir les écrouelles par l'imposition des mains? et l'eau de la Salette, en plein dix-neuvième siècle, ne fait-elle pas régulièrement des miracles?

Quand on considère de haut les faiblesses humaines, quand on s'élève dans ces régions sereines où l'indulgence prend la place d'une juste sévérité, on parvient à découvrir un bon côté jusque dans les abus de ces étranges aberrations. Les pratiques dont il s'agit frappaient l'imagination des malades, elles lui inspiraient une confiance assez sotte, je l'avoue; mais enfin elles affermissaient son moral et contribuaient de la sorte à lui faire traverser sans encombre la crise périlleuse. A ce titre nous consentons à les absoudre.

A côté de cette médecine de supercheries et de fascinations, de sorcellerie et de magie, il s'en développa toujours parallèlement une autre qui devint à la vraie science ce que la mythologie fut à l'histoire. La mythologie personnifiait les astres et les météores, les phénomènes naturels et les sentiments ou les passions; de son côté, la médecine des centaures et des matrones attachant une vertu spécifique à chaque substance comme elle accordait une existence concrète à chaque affection, tenait à la disposition de ses clients une collection de recettes et de panacées infaillibles. De nos jours, vous le savez, ce commerce est encore passablement lucratif.

Entre ces deux erreurs, propagées par l'ignorance ou la mauvaise foi, la vraie science ne parvint que lentement et difficilement à se constituer.

L'émancipation date du jour où des hommes nés pour l'observation commencèrent à chercher dans les lois naturelles la raison des accidents morbides; elle date du jour où le premier d'entre eux entrevit dans le vague d'une physiologie rudimentaire l'explication des phénomènes observés. On vit ensuite la thérapeutique, subissant d'incessantes métamorphoses, se faire, sinon absolument passive et contemplative, du moins garder vis-à-vis des maladies une sorte de neutralité armée, avec les naturistes; s'attaquer aux tissus avec les solidistes; les resserrer ou les relâcher avec les méthodistes, partisans du strictum et du laxum; régénérer le sang et les autres fluides

« ZurückWeiter »