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tenté d'admettre une grande similitude d'action entre les agents les plus opposés, entre le nitrate d'argent et l'aconitine ou l'atropine, entre l'opium et la strychnine, entre la ligature des veines et la saignée des artères. L'observation clinique conduit à de tout autres conséquences. Ici les troubles sont à la fois plus nombreux et plus faciles à observer, le malade intelligent les accuse dès leur début et sait en donner la formule exacte. Il n'y a pas d'expérience qui puisse tenir lieu de ces renseignements, surtout quand le médecin est le sujet de sa propre observation. Les lésions spontanées ont aussi sur les traumatismes intentionnels un avantage incontestable, c'est de se présenter quelquefois plus simples et plus dégagées de toute complication capable d'en masquer les symptômes. Par exemple, une petite hémorrhagie sur le trajet encéphalique du nerf vague démontrera mieux l'influence de ses racines sur sa triple fonction respiratoire, circulatoire et digestive, que ne ferait une incision de la substance de l'isthme, laquelle incision, supposant une solution de continuité des méninges, de la colonne vertébrale, des muscles et de la peau, entraîne des désordres capables de masquer les symptômes propres à la lésion des origines du pneumo-gastrique.

Mon illustre et vénéré maître, Fr. Lallemand, a montré dans sa thèse tout le parti qu'on peut tirer des faits pathologiques pour éclairer les questions de physiologie. Après l'avoir lue, il serait permis de répéter avec Hippocrate que « les connaissances les plus positives en physiologie ne peuvent venir que de la médecine. » Sans aller jusque-là, je ne crains pas d'affirmer que la science fonde avec raison autant d'espérances sur l'observation clinique que sur les vivisections, sur l'administration thérapeutique des médicaments, chez l'homme, que sur les expériences d'empoisonnement pratiquées sur les animaux. La pathologie reste encore, suivant la belle expression de M. Coste, «cette grande lumière de la science physiologique..., la sœur aînée de l'expérimentation, et souvent son guide. >>

Quant au caractère explicatif et conquérant qu'il faudrait attribuer exclusivement à l'expérimentation, l'éminent professeur du Collège de France, s'appuyant sur des exemples tirés de l'histoire naturelle et de l'embryogénie, démontre que les sciences d'observation sont explicatives et conquérantes de la nature vivante à peu près au même titre que les sciences expérimentales. Ce n'est pas tout. Il est moins facile qu'on ne le pense de faire, dans l'avancement de la science, la part qui revient à l'expérience proprement

dite et à l'observation pure. Il n'est pas un clinicien, par exemple, qui n'ait à peu près tous les jours l'occasion de joindre des expériences à la constatation des symptômes du mal. Ainsi, lorsqu'il a découvert du liquide dans le ventre par la palpation et la percussion, il s'enquiert aussitôt de la question de savoir si le liquide est libre ou incarcéré. Pour éclaircir ce doute, il fait changer la position du malade et s'assure ainsi que le liquide obéit sans obstacle aux lois de la pesanteur. Voilà une expérience. Et, pour prendre un exemple dans les faits thérapeutiques, je dirai que le praticien qui, se laissant guider par des raisons analogiques étend l'administration du sulfate de quinine des fièvres palustres à toutes les fièvres d'accès, de celles-ci aux névralgies intermittentes et finalement aux fluxions sanguines inflammatoires, celui-là fait à chaque pas une expérience nouvelle.

Toute cette discussion, messieurs, peut se résumer ainsi :

Il n'existe qu'un seul moyen de connaître les faits, c'est l'observation.

Seulement, tantôt le savant se borne à regarder les phénomènes tels qu'ils se présentent; tantôt, au contraire, il les provoque afin de les mieux étudier.

Là gît toute la différence entre l'expérimentation et l'observation pure et simple. M. Coste a donc eu raison de dire que « l'expérimentation doit être subordonnée à l'esprit d'observation qui l'institue et la gouverne. »

D'ailleurs, les deux procédés sont incessamment mêlés et confondus dans l'expérience journalière.

En pratique comme en théorie, il n'y a donc pas lieu de les séparer. Il est même indispensable de les faire concourir à l'avancement de la science en demandant à chacun d'eux les services particuliers qu'il peut rendre. Pourquoi nous dessaisir d'un de ces précieux instruments de progrès ? Ce serait peut-être lâcher la proie pour l'ombre.

Elançons-nous donc, messieurs, à la conquête des vérités nouvelles dans les voies de l'expérimentation; mais donnons à celle-ci pour contrôle et pour sanction la froide et impartiale observation clinique. Accroissons par tous les moyens nos richesses scientifiques; mais gardons-nous de dissiper follement le trésor des connaissances positives léguées par la tradition médicale.

Du diagnostic des fièvres par la température (1);

Par le professeur SEE.

(3o article.)

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES MALADIES DU TROISIÈME GROUpe.

Ce groupe comprend la fièvre typhoïde, la fièvre synoque, la fièvre catarrhale (la grippe) et le rhumatisme articulaire aigu.

Diagnostic de la fièvre typhoïde. - Rien n'est plus difficile que le diagnostic de la fièvre typhoïde au début, et cela surtout dans les pays palustres, et cependant il y a peu de questions plus importantes pour la pratique médicale; le médecin en présence d'un fébricitant est sollicité par les parents de donner son avis, et s'il se trompe ou s'il veut garder la réserve, il en résulte un effet défavorable pour le malade et souvent pour le médecin.

Si vous ouvrez vos livres classiques, le chapitre de la fièvre typhoide est tout simple, il repose sur les données suivantes :

Dans la première semaine paraît la fièvre, de la prostration avec épistaxis; puis la deuxième semaine est marquée par des taches et des râles caractéristiques, de la diarrhée, des gargouillements et la tuméfaction de la rate.

Or c'est là un pur tableau de fantaisie, car il suppose le malade au grand complet avec tous les phénomènes caractéristiques, tandis qu'on n'observe que des malades incomplets. Que de fois pendant la première semaine n'y a-t-il qu'un seul symptôme, la fièvre; l'épistaxis et la prostration manquent souvent. De même dans la seconde semaine les taches font défaut et les râles typhoïdes sont absents. Alors l'embarras est grand, et dans la pratique civile l'on ne se contente pas du mot fièvre continue, on insiste pour savoir si ce n'est pas une fièvre typhoïde, car les gens du monde craignent la contagion, et ils demandent que le médecin se prononce et décide.

Je n'admets que deux formes de fièvre typhoïde : la forme régulière et la forme irrégulière.

La forme régulière comprend le type bénin et le type grave.

Ces deux types débutent de la même façon et la distinction n'est

(1) Leçon clinique professée à l'hôpital de la Charité (suite). Voir les livraisons précédentes, p. 145, 193.

possible que vers le neuvième ou le dixième jour. Les symptômes sont semblables et la courbe thermométrique est la même pendant huit à dix jours.

:

Les anatomistes avaient tenté d'expliquer ces deux types par la différence des lésions anatomiques, et ils disaient le type bénin est dû aux plaques molles et le type grave à la formation de plaques dures. Ils partaient de cette opinion que la fièvre typhoïde était localisée dans les glandes de l'intestin et les plaques de Payer en particulier; mais la gravité de la maladie ne dépend pas de l'ulcération de l'intestin, l'altération des plaques de Payer ne constitue qu'un accident localisé dans l'intestin; la gravité de la maladie dépend des phénomènes généraux, ou bien des accidents localisés vers le cerveau ou les poumons, mais l'intensité de la fièvre et de la température n'a aucun rapport avec la lésion intestinale. Les deux types sont nettement dessinés par la thermométrie et non par la lésion.

La fièvre typhoïde irrégulière est caractérisée par la présence de phénomènes graves qui peuvent survenir du côté du cerveau, de la moelle et de leurs méninges, des muscles, des poumons.

Ainsi, pour le cerveau, dès le début peut apparaître un délire intense qui peut faire croire à une méningite ou à une attaque d'alcoolisme aigu.

Dans le poumon, le catarrhe bronchique qui est constant s'exagère, les mucosités sécrétées en grande abondance s'accumulent, obstruent les bronches et il en résulte ce qu'on a appelé à tort la pneumonie lobulaire, qui n'est en réalité qu'un collapsus du tissu pulmonaire, un affaissement de ce tissu qui ne reçoit plus d'air par suite de l'obstruction des bronches; alors il peut arriver qu'on soit tenté d'attribuer à la pneumonie ces lésions qui sont sous la dépendance de la fièvre typhoïde.

D'un autre côté, certaines pneumonies débutent par un délire intense et s'accompagnent d'un état analogue à l'état typhoïde et il n'est pas toujours facile de distinguer la pneumonie à forme typhoïde de la fièvre typhoïde avec localisation pulmonaire.

Dans une période avancée de la fièvre typhoïde, il peut survenir, en effet, une véritable pneumonie qui sera prise à tort pour un simple collapsus pulmonaire.

Enfin, au point de vue des localisations pulmonaires, n'oublions pas que le diagnostic de la phthisie aiguë et de la fièvre typhoïde est souvent très-difficile.

TOME LXXVI. 6e livr.

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Type régulier et bénin. - Jusqu'au neuvième et dixième jour, il affecte tout à fait la même marche que le type grave. Il faut donc lui reconnaître deux périodes: la première, qui dure neuf à dix jours, et une deuxième qui le caractérise ultérieurement. Il faut diviser cette première période en deux : l'une de quatre jours, où se dessine nettement le type des autres fièvres que l'on pourrait confondre avec la fièvre typhoïde, et une autre qui dure de cinq à six jours. Cette division est basée essentiellement sur la marche de la température fournie par le thermomètre, et vous voyez qu'il ne faut plus se fier à la division en septénaires qui règne en médecine depuis Hippocrate et Pythagore.

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Fig. 10. Première période de quatre jours de la fièvre typholde,

Voyez en effet la courbe thermométrique dans cette figure, première période de quatre jours; la température monte en zigzag pendant ces quatre jours, c'est-à-dire qu'elle gagne de chaque matin à chaque soir, en douze heures, 1 degré à 1°,5; mais en même temps, de chaque soir au lendemain matin, il y a une diminution de 0°,5. Ainsi, étudiez le tableau suivant :

Le premier jour au matin vous avez 37 degrés, le soir 38 dégrés.

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La figure 10 indique la marche de la température dans la forme

grave de la fièvre typhoïde.

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