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tres; l'un de ces malades avait, depuis trente-six heures, des accès de suffocation incessants et des convulsions; il fallut extraire le corps étranger du bronche chez le second; la dyspnée était extrême; chez le troisième, l'extraction fut opérée, mais de la manière la plus simple. L'opérateur, M. Ed. Labbé, saisit au passage dans la trachée le corps étranger mobile. La trachéotomie avait été pratiquée deux ou trois heures après l'accident, et l'enfant, âgé de six ans, mourut de pneumonie.

Il semble bien évident que dans ce cas la pneumonie mortelle dont fut atteint le malade fut le fait de l'opération, et d'une opération exécutée dans les meilleures conditions. Mais remarquons que, même en ajoutant au fait de M. Labbé celui où l'extraction dut être pratiquée par M. Guersant, 12 cas nous restent où les conditions dans lesquelles fut faite l'opération, et la non-expulsion du corps étranger, rendent aisément compte de son impuissance.

Sur nos 31 cas de guérison, nous n'avons dans aucun noté des accidents particuliers antérieurs à l'opération. Vingt et une fois, l'expulsion eu lieu séance tenante; quatre fois elle fut consécutive à l'opération et se fit par la plaie; six fois on attendit en vain que le corps étranger s'y engageât; il s'échappa par les voies naturelles, alors que cependant la plaie de la trachée avait été maintenue ouverte (4 cas). L'expulsion, quoique retardée, se fit dans ces cas sous la seule influence de l'expiration; dans les deux autres, avec un flot de pus. L'influence de l'opération sur la terminaison peut être, dans ces derniers faits, considérée comme nulle. L'opération détermina dans 4 cas des phénomènes inflammatoires, trois fois de la bronchite, une fois de la pneumonie, mais ces accidents furent de courte durée et peu intenses.

Nous ne pousserons pas plus loin cette analyse, car nous pouvons dès à présent apprécier à leur juste valeur les résultats de l'opération.

Ces résultats peuvent être funestes même lorsqu'on opère dans les meilleures conditions; des accidents non mortels peuvent aussi survenir. La trachéotomie n'est donc pas inoffensive par elle-même, comme on a cru pouvoir l'affirmer; mais il faut bien reconnaître que les conditions dans lesquelles on la pratique ont sur ses résultats la plus directe influence.

Si nous faisons un moment abstraction des cas où elle a été pratiquée dans de fâcheuses conditions, nous voyons en effet que, sur 35 cas, il y a eu 29 guérisons. Dans les 6 morts, 1 seul peut

d'une façon certaine être mis sur le compte des suites de l'opération; la non-expulsion du corps étranger dans 3 cas, des accidents graves antérieurs à l'opération dans les 2 autres, peuvent être accusés à aussi bon droit que l'opération. Ce qui s'est passé dans la majeure partie des cas où l'opération a été faite avant que des accidents trop prolongés ou trop graves se soient manifestés, et lorsque le corps étranger a pu facilement et promptement être expulsé, vient, en effet, déposer bien clairement en faveur de l'opération.

Les conditions qui influent sur ses résultats sont donc : premièrement et surtout les accidents antérieurs, asphyxie ou lésions pulmonaires; secondement, la non-expulsion ou la difficile expulsion du corps étranger. Son état fixe ou mobile doit encore une fois, nous le voyons, être pris en sérieuse considération.

Le moment où l'opération est pratiquée n'a qu'une influence indirecte sur le résultat; la durée du séjour du corps étranger favorise seulement les accidents primitifs et consécutifs, et peut, d'autre part, rendre moins favorable les conditions de l'expulsion, en permettant au corps étranger de devenir fixe. Aussi pouvons-nous citer des cas de guérisons obtenues chez des sujets opérés le dixième, le onzième, le dix-huitième, le quarantième jour, chez lesquels le séjour prolongé du corps étranger n'avait pas encore amené de fâcheux désordres; tandis que des opérations faites de très-bonne heure dans de mauvaises conditions n'ont pu conjurer la mort.

On peut donc établir en principe que l'opération peut être faite à toutes les époques sans infirmer, tant s'en faut, la règle qui veut que l'on opère le plus tôt possible.

Nous ajouterons que l'opération peut être faite dans toutes les conditions. La gravité des accidents, bien que devant compromettre le résultat, ne dispense pas le chirurgien du devoir d'opérer. Il peut d'autant moins refuser au malade ce dernier secours, que, dans les cas de corps étrangers, c'est ordinairement à des phénomènes asphyxiques qu'il a affaire. Seules des lésions très-graves du poumon pourraient fournir une contre-indication absolue.

CHIMIE ET PHARMACIE

Incompatibilité du sulfate de fer officinal avec certaines infusions végétales.

En 1860 et 1867, notre collègue Roussin, professeur agrégé à l'école du Val-de-Grâce, a rappelé, dans un travail qu'il a présenté à la Société de pharmacie de Paris, que le sesquioxyde de fer forme un précipité dans les dissolutions de gomme arabique; son but était de donner le moyen de reconnaître si le sirop qui porte ce nom en contient, et d'en déterminer la quantité.

Nous avons reconnu que le mucilage contenu dans les végétaux offre un phénomène analogue, lorsqu'il est en contact avec le protosulfate de fer.

Si nous signalons ces faits, c'est pour prévenir les médecins. qu'en prescrivant, comme cela a eu lieu, une décoction de racine de guimauve dans laquelle on avait ajouté une dissolution de sulfate de fer officinal, il s'y était formé une décomposition qui ne permettait plus de compter sur une action thérapeutique, et puis, l'aspect du médicament n'étant plus ce qu'on pourrait supposer, on serait en droit de croire à une erreur ou à un défaut dans la manipulation.

Les substances sur lesquelles nous avons opéré ont dû bien certainement être analysées; cependant, pour avoir la preuve qu'elles ne contiennent pas de tannin, nous les avons traitées de la manière suivante :

Nous avons mis dans divers flacons des fleurs de tilleul, de bourrache, de guimauve, de tussilage, de pied-de-chat; dans d'autres, des feuilles de molène, de mauve, de guimauve; dans d'autres, de la racine de guimauve, de nénuphar; nous avons rempli les flacons d'alcool rectifié.

Après huit jours de macération, le liquide fut décanté, les fleurs séchées à l'étuve; toutes ces substances furent infusées dans de l'eau distillée bouillante.

Dans chacune des infusions nous avons versé une solution de protosulfate de fer ou de perchlorure de fer au trentième; dans toutes il s'est formé un précipité noir plus ou moins abondant.

Nous avons répété cette expérience sur quelques bois officinaux, il n'y avait qu'une légère coloration.

L'observation que nous signalons démontre que, dans les analyses des feuilles ou des fleurs, on doit s'assurer si la coloration qu'on obtient avec le sulfate de fer est due à du tannin ou à du mucilage, On arrivera à ce résultat en traitant d'abord la substance par de l'alcool rectifié.

La mucilage végétal a un caractère tout spécial: il précipite en noir avec le sulfate de fer, tandis que la gomme arabique donne, avec le sesquioxyde de fer, un magma rougeâtre gélatineux.

Lorsqu'on désire savoir si le sirop de guimauve est réellement fait comme le prescrit le Codex, on lui ajoute de l'oxyde de calcium; il se colore en jaune citron, ce qui n'a pas lieu si le sirop n'est fait qu'avec du sucre.

Nous avons reconnu que la guimauve n'a pas seule cette propriété les infusions aqueuses de tilleul, de bourrache, de feuilles d'oranger, et bien d'autres, offrent le même caractère. Les chimistes savent que toutes les infusions végétales subissent une réaction chimique lorsqu'on leur ajoute de l'ammoniaque; elles se colorent en modifiant leur composition chimique, mais elles n'ont pas cet aspect que donne la chaux. Stanislas MARTIN.

CORRESPONDANCE MÉDICALE.

Spina bifida énorme ; opération par l'injection ;

guérison prompte.

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La guérison du spina bifida, quand elle peut être obtenue, en raison de sa rareté, est en médecine un fait important. Ajouté à ceux en petit nombre qui ont été publiés par MM. Velpeau, Brai nard et autres, ce fait devient à la fois un enseignement pratique, et pour les chirurgiens un encouragement à ne pas désespérer de la science devant un vice de conformation redoutable, et du salut d'une multitude d'enfants voués à une mort certaine, lorsqu'ils ne sont secourus ni par l'art ni par la nature.

Ces considérations me décident à livrer à la publicité l'observation remarquable d'un spina bifida, que j'ai opéré il y a trois ans avec un succès complet dans notre hôpital. Voici cette observation: si elle n'a pas le mérite de la nouveauté, elle aura celui de se présenter aux lecteurs avec le certificat authentique d'une guérison confirmée par le temps.

Louise Girard, âgée de six semaines, née à Bohas, canton de Ceyseriat, me fut présentée le 22 juin 1865. Elle appartient à des parents jeunes et d'une belle santé, elle est bien portante, a la tête parfaitement conformée, et jouit de l'intégrité de toutes ses fonctions organiques. Mais elle porte dans la région fessière une tumeur congénitale énorme, qui s'étend de la fin du sacrum au tiers inférieur des deux cuisses, mesure en ce sens, en arrière, 22 centimètres, 18 centimètres en avant de la vulve à son sommet, et 15 centimètres transversalement. C'est une sorte de cône aplati antérieurement, ayant sa base perdue dans le détroit inférieur, et son sommet tronqué en bas; recouvert partout par la peau avec sa couleur et son épaisseur normales, excepté sur un seul point qui correspond au coccyx. Là, en effet, on remarque une surface de la dimension d'une pièce de deux francs, qui offre l'aspect d'une cicatrice en tout semblable à celles que laissent les plaies produites par la potasse caustique.

La tumeur, toujours dure et tendue, le devient davantage quand l'enfant est tenue debout et surtout quand elle pousse des cris. Les deux mains appliquées sur cette vaste poche, réduisent un peu son volume par une forte pression, et perçoivent une fluctuation obscure dans la supination; la tumeur faisant l'office d'un coussin, soulève le bassin qui roule sur elle, comme sur une vessie pleine d'air ou d'eau, quand la petite fille est assise.

La saillie et la forme des fesses sont complétement effacées ; les grandes lèvres et la vulve occupent leur position ordinaire, mais l'anus est déplacé, il se trouve en avant sur le prolongement de la vulve, parce que le périnée est devenu vertical et il s'ouvre au centre de la face antérieure de la tumeur, dans laquelle, au premier coup d'œil, il paraît communiquer. En parcourant de haut en bas la gouttière sacrée avec le doigt, on sent une lame osseuse qui va rétrécissant et se termine par une véritable pointe.

La lésion que j'ai sous les yeux est donc évidemment une hydrorachis. Afin de donner à ce diagnostic plus de certitude, je pratique une ponction exploratrice à l'aide d'un trocart capillaire qui fournit issue à un liquide limpide, ténu dont je retire environ 40 grammes; traité par l'acide nitrique, ce liquide ne produit qu'un très-faible précipité d'albumine. La poche morbide, moins pleine, son exploration devient plus facile; je peux suivre sans peine, dans toute son étendue, la lame osseuse dont j'ai parlé plus haut, et, passant le doigt indicateur sous sa face profonde,

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