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ment le thermomètre atteint 40 degrés, il reste au-dessous et le maximum ne se prolonge pas au delà de la troisième semaine; il se produit des oscillations fréquentes, surtout dans la convalescence où les rechutes se voient souvent et s'annoncent par une réascension subite de la courbe thermométrique; enfin il faut redouter un collapsus profond dans lequel tombent facilement les gens âgés.

Les anémiques ont, au point de vue de la fièvre typhoïde certains priviléges. Ils n'ont point ce cortège d'accidents terribles qu'on rencontre chez les pléthoriques et les gens robustes; chez eux la maladie affecte le type bénin, mais ils sont exposés à des hémorrhagies fréquentes (épistaxis, hémorrhagies intestinales) et à des infarctus hémorrhagiques, puis la maladie se prolonge, il se produit facilement des eschares, et c'est alors que l'on observe le délire d'inanition qui a souvent trompé les anciens observateurs. (La fin au prochain numéro.)

THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

De l'acide chromique et de son emploi thérapeutique dans quelques affections chirurgicales de la bouche; Par le docteur E. MAGITOT, lauréat de la Faculté et de l'Académie impériale de médecine, etc.

(1er article.)

L'histoire des applications thérapeutiques de l'acide chromique est fort courte et très-récente.

Découvert par Vauquelin vers 1800, il fut employé pour la première fois par Hannover, en 1840, dans ses études anatomiques, dans le but de durcir les tissus sans les déformer ni les réduire sensiblement de volume, de manière à faciliter les préparations par coupes minces pour l'examen microscopique (1). Depuis Hannover, cette application se généralisa ainsi aux études anatomiques, et ce moyen est aujourd'hui entre les mains de tous les micrographes. L'acide chromique est donc, à ce point de vue, un antiseptique et un agent de conservation presque indéfini des tissus cadavériques.

(1) Hannover, die Chromsaure, ein vorrügliches Mittel bei mikroskopischen Unterfuschungers (Arch. für anat. und physiologie, von J. Müller, 1840, p. 547).

A cet effet, on plonge les préparations dans une solution aqueuse à concentration variée suivant le degré de dureté qu'on veut leur donner.

L'idée première de l'application de l'acide chromique comme caustique sur les tissus vivants paraît appartenir à M. Ch. Robin, qui, dans une communication à la Société de chirurgie, en 1855, mentionne deux cas de chancres de la verge cautérisés avec une goutte d'une solution d'acide chromique (1).

Des deux faits observés par lui à cette époque, M. Robin concluait que cet agent devait être regardé comme l'un des meilleurs caustiques propres à détruire les chancres naissants et arrêter la marche de ceux qui deviennent phagédéniques. Il avait remarqué, en outre, que son action ne s'étend pas au delà du contour de la goutte de liquide employé et qu'elle gagne en profondeur à peu près autant que la couche liquide a d'épaisseur. Il résulterait de cette application la formation d'une eschare sèche qui se détache peu à peu et laisse, lors de sa chute, une plaie de bonne nature.

Quoi qu'il en soit, l'exemple donné par M. Robin ne paraît pas s'être répandu, et, en dehors de l'application généralisée aujourd'hui de la solution d'acide chromique à la destruction des végétations vénériennes, nous ne connaissons que fort peu d'indications de son emploi externe.

Toutefois M. Serres d'Alais, imitant en cela la pratique de certains chirurgiens belges, a proposé l'emploi de l'acide chromique monohydraté à la destruction des granulations si rebelles du cartilage tarse (2) et M. E. Ménière l'emploie en solution assez faible contre les végétations de la caisse et de la membrane du tympan. Plus récemment, Pardou, dans le dispensaire de dermatologie de Belfast, a proposé une solution d'acide chromique (1 drachme pour 1 once d'eau) en lotion contre les dermatophytes: teigne circinée et tonsurante, sycosis et les maladies parasitaires en général (3). Nous avons personnellement vérifié l'efficacité de cette solution dans le traitement d'un certain dermatophyte, le pytiriasis versicolor, qu'elle fait complétement disparaître même après une seule application. Dans les condylomes et productions diverses de nature épider

(1) Gazette des hôpitaux, 1855, p. 590.

(2) Comptes rendus de la Société impériale de chirurgie, 1866, et Gazette des hôpitaux, 1866, p. 44.

(3) Journal of cutaneous medicine, no 5, 1867.

mique ou épithéliale, l'acide chromique a donné, entre les mains du même chirurgien, des résultats bien préférables à l'emploi des caustiques ordinaires, acide azotique, chlorures de zinc et d'antimoine. Le médecin anglais remarque, en outre, qu'il a l'avantage de ne causer aucune douleur. Il l'a employé même dans le lupus et dans l'eczéma, contre lequel une solution au millième est, dit-il, trèsutile. M. Pardou rapporte, en outre, que Sigmund l'a employé contre le cancer, mais il ne mentionne pas les résultats obtenus.

Nos premières expériences personnelles sur l'emploi comme caustique de l'acide chromique dans quelques affections de la muqueuse buccale remontent à environ huit années. Frappé de l'état que communique cette substance aux tissus organiques destinés aux études anatomiques, nous avons songé à l'utiliser comme modificateur de certains états morbides des gencives si souvent rebelles, comme on sait, aux remèdes les plus énergiques. Nous avons fait connaître, il y a deux ans, les premiers faits de notre pratique spéciale dans une étude sur l'ostéo-périostite alvéolo-dentaire (1). Nous avions en même temps étendu l'emploi de cet agent à un certain nombre d'affections buccales, et nous fûmes si frappé des bons effets obtenus, que nous l'avons adopté comme le caustique par excellence de cette muqueuse. Ce sont ces résultats que nous allons consigner dans ce travail.

L'acide chromique se présente à l'état sólide sous forme de cristaux octaèdres oblongs qui sont hydratés. Sa formule chimique est CrO3HO.

Ces cristaux sont d'un rouge foncé qui peut passer au noir par l'action de la chaleur. Il est sans odeur, mais sa saveur est styptique et désagréable, avec un arrière-goût comme savonneux. Il est excessivement soluble dans l'eau. Il est déliquescent à l'air et même dans les flacons bouchés à l'émeri. La dissolution est d'un jaune rougeâtre et assez rapidement décomposable par l'action de la lumière, avec dégagement d'oxygène et dépôt de chromate de sesquioxyde de chrome (3CrO3 = CrO3,Cr203 +03).

L'acide chromique est également soluble dans l'alcool, mais cette dissolution nous paraît difficile et dangereuse à manier, surtout dans la bouche, attendu que sous l'influence de la lumière ou de la chaleur elle est susceptible de se décomposer avec dégagement de

(1) Archives générales de Médecine, 1867, série VI, t. IX, p. 679, et t. X,

p. 35.

chaleur. A la faveur de la division qu'elle éprouve dans les mailles du coton ou de la charpie, une application de cette dissolution risque même de s'enflammer subitement. Nous repoussons done complétement l'emploi de ce liquide.

Appliqué sur l'épiderme cutané, l'acide chromique le jaunit fortement, et si l'application est prolongée, il le détruit, mais par désorganisation progressive, sans provoquer de soulèvement ni formation de sérosité. Sur le derme dénudé, il agit comme caustique assez profond, mais limitant son action en largeur à l'étendue même de la goutte de liquide appliquée. Quant à son action en profondeur, elle est proportionnée à la quantité de substance employée. Nous l'avons vue détruire rapidement certaines productions épidermiques, comme les verrues, en ayant soin de pratiquer au centre un petit puits dans lequel on dépose une gouttelette d'une solution concentrée.

Sur les muqueuses son action est la même que sur la peau, mais beaucoup plus rapide et plus profonde, bien que toujours proportionnelle à la quantité de caustique.

Un des faits principaux de l'emploi topique de l'acide chromique, c'est qu'il ne produit aucune douleur ou qu'une douleur très-faible. Sur la peau où nous nous sommes maintes fois appliqué de l'acide chromique par mégarde, nous n'en n'avions d'abord nullement conscience; sur les muqueuses l'impression qui se produit est une sorte de tension quelquefois accompagnée d'une légère chaleur; mais jamais la sensation n'arrive aux douleurs plus ou moins vives que produisent la plupart des caustiques. Ces effets sont surtout remarquables dans les applications chromiques sur les gencives. Sur d'autres points de la muqueuse buccale la sensation de tension et de cuisson est un peu plus marquée, sur la face interne des lèvres et la surface de la langue, par exemple.

L'effet immédiat de l'application de l'acide chromique sur la muqueuse gingivale est la coloration rougeâtre qu'il communique au tissu. Cette coloration se modifie rapidement par le passage d'une portion d'acide chromique à l'état de chromates alcalins; mais l'action de la portion libre est ordinairement suffisante si l'on a soin, comme nous le recommandons, d'éviter pendant quelques instants l'arrivée de la salive en inclinant la tête du côté opposé ou en re→ couvrant la partie touchée d'une bande d'ouate ou de charpie.

L'eschare limitée ainsi exactement à la partie recouverte de liquide se produit dans l'espace de quelques heures, quelquefois

après vingt-quatre heures. Ordinairement en deux ou trois jours elle s'est détachée par lambeaux blanchâtres, dans lesquels l'épithélium épaissi et désorganisé forme la plus grande partie. La cicatrisation de la plaie sous-jacente est ordinairement très-rapide, de sorte qu'à la suite d'une application d'intensité moyenne tous les effets ont complétement cessé après quatre ou cinq jours.

Le mode d'application de l'acide chromique à titre de caustique dans la cavité buccale est le suivant :

Au moyen d'une baguette de bois taillée à plat et chargée d'une faible quantité d'eau de déliquescence ou même d'un ou deux petits cristaux, on applique doucement la substance sur le point malade. S'il s'agit d'une surface ulcérée d'une certaine largeur, on promène la baguette sur toute l'étendue de la plaie; si l'on veut cautériser la face postérieure du bord gingival décollé dans certaines affections, ou bien la cavité alvéolaire elle-même, on soulève le lambeau de muqueuse avec le bout de la baguette et on porte directement la substance sur les parties malades.

La première application d'acide chromique doit toujours être faite très-légèrement, afin d'apprécier la susceptibilité des sujets; on pourra même, dans certains cas, chez les femmes et les enfants surtout, commencer par l'emploi d'une solution aqueuse assez faible (parties égales) pour parvenir, après plusieurs séances, à l'acide chromique pur.

L'application dans la cavité buccale d'une substance de la nature de l'acide chromique peut soulever à priori des objections auxquelles nous devons répondre. Au point de vue local, on peut craindre en effet un effet caustique trop intense sur la muqueuse; dans le cas surtout d'application un peu irréfléchie. Cet accident peut en effet se produire, et nous l'avons observé nous-même plusieurs fois au début de notre pratique; mais outre le passage de l'acide à l'état de chromates, nous rappellerons encore que l'effet caustique est parfaitement borné aux limites de la surface d'application, et que ce n'est qu'en employant une trop grande quantité de caustique qu'on peut produire des désordres de voisinage. Quant à un effet sur les dents elles-mêmes, nous n'en avons jamais observé ; il ne produit sur elles ni la douleur ni l'agacement qu'occasionnent certains acides minéraux ou organiques, et la coloration jaunâtre qu'il leur imprime disparaît très-rapidement.

Au point de vue de la santé générale, au cas de pénétration de la substance dans l'estomac, et supposant qu'il s'en introduise par

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