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projet échouer, profita immédiatement de l'absence de son mari pour accomplir son dessein. Elle coupa les bouts chargés de matière combustible d'une douzaine d'allumettes chimiques sans explosion (allumettes Toussaint, fabriquées à Marseille), les mit dans une casserole en fer-blanc avec une quantité d'eau froide que j'évalue à environ un tiers de verre, les agita de manière à faire dissoudre la substance phosphorée et avala le tout en une seule fois. Le breuvage, à son dire, présentait une teinte un peu laiteuse.

L'intervalle entre la sortie du mari et son retour à la maison n'a été que d'une heure, et pendant ce temps-là la femme C*** avait ingéré le poison. Le mari la trouva sur le lit en proie à de grandes souffrances, agitée de mouvements convulsifs dans les bras et dans les jambes et ayant une grande agitation.

Arrivé auprès de la malade en toute hâte, sur la demande pressante du mari, averti déjà pendant le trajet de ce qu'elle avait fait, je l'examinai le plus rapidement que possible et je constatai: une haleine répandant une forte odeur d'ail, l'estomac gonflé, l'épigastre et l'abdomen douloureux à la pression ainsi qu'une grande perturbation dans le système nerveux. La malade se plaignait de douleurs dentaires, de mal de gorge, de soif ardente. Sa voix était rauque. Pas d'éructations, pas de nausées, pas de vomissements, pas de diarrhée. Mme C*** me dit que ses jambes et ses bras devenaient roides comme des barres de fer (textuel). Pas de fièvre, traits médiocrement troublés, conservation de l'intelligence.

Je prescrivis sur-le-champ à prendre, en quatre fois, de quart d'heure en quart d'heure, avec soin de bien agiter le flacon, la potion suivante:

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Dans les intervalles, pour calmer la soif, je conseillai de l'eau albumineuse très-chargée.

Je revins deux heures après la malade allait déjà mieux et, le lendemain matin de bonne heure, j'administrai 10 grammes de magnésie calcinée dans un verre d'eau sucrée qui produisirent plusieurs selles. Comme la malade m'avait dit que la nuit avait été agitée, qu'elle avait été très-altérée, qu'elle souffrait encore de la gorge et qu'elle avait de la peine à avaler, je prescrivis un garga

risme émollient et une potion semblable à celle donnée la veille. Dans le courant de la soirée, la malade prit un bouillon léger; elle dormit à peu près toute la nuit et, dès le surlendemain, se leva, mangea un peu plus, quoique ressentant beaucoup de faiblesse, de la courbature, de l'assoupissement et des douleurs à l'épigastre et à l'abdomen.

Mme C*** est aujourd'hui en assez bonne santé; seulement je lui donne des soins pour une gastralgie, ou, pour mieux dire, une gastrite résultant de l'action du phosphore sur la muqueuse gastrique. La menstruation a été avancée le mois qui a suivi l'empoisonnement, mais le mois après elle est redevenue régulière, ainsi qu'elle l'était avant la tentative.

Mme C*** est d'excellente constitution, et je ne doute pas que sa santé, après un traitement assidu, une alimentation et une hygiène appropriées à son état, ne soit bientôt complétement rétablie.

Recevez, etc.

Dax (Landes)

Dr P.-E. ANDANT, Ex-pharmacien interne des hôpitaux civils de Paris.

BIBLIOGRAPHIE.

Traité pratique et raisonné des plantes indigènes, avec un atlas de 200 planches lithographiées, par F.-J. CAZIN, chevalier de la Légion d'honneur, lauréat de l'Académie impériale de médecine et ouvrage couronné par l'Académie impériale de médecine (prix Itard) et par la Société impériale de médecine de Marseille; 5e édition, revue et augmentée par le docteur Henri Cazin, ancien interne des hôpitaux de Paris.

En publiant cette troisième édition de l'œuvre laborieuse qui résume scientifiquement la vie d'un père respecté, M. H. Cazin s'est bien gardé de supprimer les préfaces dont chacune des éditions antérieures avaient été précédées. Ce livre, hélas ! passera, comme tous les livres qui n'ont, et ne peuvent avoir d'autre ambition que de marquer, à un moment donné, l'état d'une science qui, comme la nôtre, ne progresse qu'avec une trop majestueuse lenteur. Mais ce qui restera dans le souvenir des hommes, espérons-le du moins, alors même que la science aura été renouvelée, c'est l'intention honnête, le sentiment charitable qui, en face des misères qu'il s'agissait de soulager, a inspiré au savant médecin du nord de la France la pensée d'un ouvrage qui est aujourd'hui

dans les mains d'un grand nombre d'entre nous. Appelé par un enchaînement de circonstances, que n'a point chicanées sa modestie, à exercer la médecine au milieu des populations rurales, M. Cazin n'a point tardé à remarquer que là, au contact de la misère, qui complique si souvent les maladies, la médecine est bientôt désarmée, si elle ne sait substituer au luxe d'une thérapeutique exotique, toujours dispendieuse, les moyens simples que nous met sous la main la matière médicale indigène. De cette remarque à la réalisation de cette œuvre, il n'y avait qu'un pas à faire pour un homme d'intelligence et de cœur, et notre savant confrère le fit dès son entrée dans la carrière laborieuse où il s'était engagé. A la fin du dix-huitième siècle, les médecins, les philosophes même, célébraient à l'envi les bienfaits de la nature, qui, dans une foule de plantes, avait préparé un remède tout fait pour une foule de maladies; c'était de l'idylle, c'était l'églogue de la thérapeutique. Moins poëte, moins guidé par les enseignements d'une tradition où tout n'était point rêve, M. Cazin s'applique sérieusement à vérifier les données d'une vague expérience, et de préciser les indications qui peuvent légitimer l'emploi d'un grand nombre d'agents médicamenteux que fournit avec abondance notre sol plantureux. Le Traité pratique et raisonné des plantes indigènes est le résumé clair, judicieux de ce travail dans lequel s'est consumée toute une vie.

Tout le monde connaît ce livre ; tout le monde sait que l'auteur y suit l'ordre alphabétique, et y passe successivement en revue toutes les plantes indigènes capables de modifier l'organisme malade. Capables de modifier l'organisme malade! est-il bien sûr que M. Cazin, dans sa légitime ambition de restaurer la thérapeutique indigène au profit des malheureux, ait appliqué à cette multitude de plantes qu'il passe en revue une critique assez sévère pour que l'ivraie, dans son livre, ne se mêle jamais au bon grain? Nous craignons que l'auteur, séduit quelquefois par l'autorité des noms, n'ait souscrit trop facilement à des assertions tout au moins un peu aventureuses. Lisez par exemple l'article Digitale: cet article qui, au point de vue historique, est très-complet, ne tend-il pas à faire de cette substance, à propriétés aujourd'hui bien définies, une sorte de panacée applicable à presque toutes maladies du cadre nécrologique ? Mais un praticien aussi judicieux que celui dont il s'agit en ce moment, ne peut aller jusqu'au bout de cette voie de l'optimisme thérapeutique sans réagir bientôt contre son propre entraînement d'érudit, et opposer à des enthousiasmes irréfléchis

les résultats d'une froide observation. Comme nous ne voudrions pas, tant s'en faut, nuire à la fortune d'un livre excellent par la remarque qui précède, qu'on nous permette de citer un court passage de l'auteur, qui renferme cette remarque dans les limites mêmes qu'elle a dans notre pensée. Il s'agit de la substance dont nous venons de parler, de la digitale dans son application aux maladies scrofuleuses : « Pour mon compte, dit M. le docteur Cazin, j'ai employé plusieurs fois la digitale, soit en poudre, soit en teinture, dans les affections scrofuleuses, sans en retirer des avantages appréciables et qu'on puisse attribuer à l'effet du médicament. C'est ainsi, par exemple, que, donnée pendant près de trois mois à une jeune fille atteinte d'engorgements lymphatiques ulcérés, la digitale aurait pu être considérée comme ayant amené une notable amélioration, si le changement d'air, les efforts salutaires de la nature à l'âge de puberté, n'étaient venus revendiquer la puissante influence. Dans le cas dont il s'agit, on a cessé la digitale et la guérison s'est opérée spontanément. Il est plus difficile qu'on ne le pense communément de savoir jusqu'à quel point, dans certaines maladies, et au milieu de circonstances concomitantes, les médicaments contribuent à la guérison. » Sous une forme ou sous une autre, M. Cazin marque ces limites à l'action médicamenteuse d'une foule de plantes dont il ne recommande pas moins l'usage; il a raison. D'un esprit aussi honnête et aussi judicieux tout ensemble nous n'attendions pas moins. Il est évident d'ailleurs que cette remarque nes'applique, dans la pensée de l'auteur, qu'à ces agents d'une efficacité douteuse, qu'il faut concéder aux exigences de pauvres patients qui ne comprendraient pas, qui n'admettraient pas une pure temporisation alors qu'elle est le plus clairement commandée.

Je demande la permission de risquer ici une courte observation : puisque la vogue est aujourd'hui aux eaux minérales, que beaucoup complètent, alors que celles-ci ne sont plus accessibles, par la cure du raisin et du petit lait, ne pourrait-on pas, par un usage méthodique d'une sorte de métasyncrise végétale, réaliser au profit des pauvres malades de la campagne quelques-uns des bienfaits de cette médication aristocratique? Il y faudrait de la persévérance; il y faudrait un certain tact pour varier suivant la nature des maladies les plantes médicamenteuses que l'état général de l'organisme appellerait plus spécialement; mais enfin il ne serait pas impossible qu'à modifier, dans une certaine mesure, la composition du sang sous le rapport des sels en minime quantité que contient son

sérum, on parvint à obtenir quelques-uns des effets qui recommandent la médication thermale, Fodéré, lorsqu'il faisait ses visites à la campagne, et qu'il ne pouvait visiter assez souvent ses malades, eut la singulière idée de recourir à la méthode métasyncritique de Cœlius-Aurelianus, méthode dans laquelle un régime fort diversifié était partagé en cycles réguliers plus ou moins étendus. « Outre les raisons rapportées plus haut, dit-il, on ne saurait croire combien cette ordonnance du régime inspire de confiance aux malades. Dans un temps où la diététique est si fort négligée on ne saurait trop la recommander. » Combinez la métasyncrise diététique avec la métasyncrise botanique, et peut-être obtiendrez-vous, dans les maladies chroniques surtout, des résultats qui se rapprocheront de ceux de la médication thermale, du molkenkur ou du traubenkur. Le livre de notre savant auteur aiderait admirablement à cette tentative thérapeutique, en mettant sous la main du médecin les mille ressources que présente la matière médicale indigène.

En résumé, l'ouvrage de M. le docteur Cazin est un excellent livre, qui seulement manque peut-être un peu de critique. En continuant l'œuvre de son père et la maintenant à la hauteur des progrès incessants de la science, M. Henri Cazin, qui appartient à la bonne école, fera, nous en sommes sûr, disparaître peu à peu ces légères taches, et le Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes continuera à être le guide toujours utilement consulté des médecins, de ceux-là surtout qui ont l'honneur austère de porter les secours de notre art aux malheureux qui occupent les dernières places au triste banquet de la vie.

BULLETIN DES HOPITAUX.

CAS D'EMPOISONNEMENT par la strychnine tRAITÉ AVEC SUCCÈS AU MOYEN DE LA FÈVE DE CALABAR. Nous avons fait connaître dans notre tome LXXIII les résultats des expériences faites par M. EbenWatson sur les animaux, relativement à l'antagonisme de la fève de Calabar et de la strychnine. Ces expériences montrent- il n'est pas inutile de le rappeler ici qu'il ne s'agit pas d'un fait d'antagonisme chimique, résultant de l'action de deux substances l'une sur l'autre, mais d'un fait d'antagonisme physiologique. L'antagonisme de la strychnine et de la fève de Calabar est réciproque : l'un

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