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de ces poisons empêche l'action de l'autre, et le plus puissant des deux est, à un moment donné, celui qui domine le mieux le système nerveux. La strychnine est beaucoup plus active que la fève de Calabar, d'où la nécessité pratique de ne jamais laisser éteindre l'action de la fève de Calabar quand on l'administre dans un empoisonnement par la strychnine; il faut la soutenir même quand les accidents convulsifs paraissent refrénés. Tout l'art consiste à graduer les doses du contre-poison de manière à développer les effets utiles et à éviter les effets toxiques qui lui sont propres.

L'observation suivante nous montre un cas où cet antagonisme a été mis à profit pour combattre l'empoisonnement par la strychnine. Il s'agit d'une femme qui, le 23 juillet 1867, avait pris, voulant se suicider, un paquet de poudre pour la destruction des animaux nuisibles (Battle's vermin Killer), contenant 3 grains de strychnine, comme on s'en assura plus tard. M. le docteur Keyworth la trouva dans un état de rigidité complète des membres et de tout le corps, état qui, quand il venait à se relâcher, reparaissait avec intensité sous l'influence de la moindre cause, l'action de souffler sur la face, le léger ébranlement imprimé au plancher par la marche des assistants. La malade était dans l'impossibilité de parler, mais elle avait toute son intelligence, son pouls était rapide et faible. Le visage était livide, les mâchoires serrées l'une contre l'autre. Notre confrère, regardant le cas comme à peu près désespéré, se décida à essayer du traitement indiqué par les résultats des expériences de M. Watson, dont il avait eu connaissance quelque temps auparávant. S'étant procuré de la teinture de fève de Calabar, il en administra 30 gouttes de demi-heure en demi-heure, jusqu'à ce qu'il en eût fait prendre 2 drachmes, c'est-à-dire 8 grammes; il introduisait le médicament dans la bouche à travers l'intervalle laissé par une dent absente; chaque effort de déglutition déterminait un spasme violent. Après chaque dose, les symptômes convulsifs devenaient et moins fréquents et moins intenses; en conséquence, il commença par éloigner les doses, ne donnant plus qu'une demi-drachme, deux fois, à une heure d'intervalle; puis il en diminua la quantité qu'il réduisit à 15 gouttes toutes les deux heures. Il fit prendre ainsi, en tout, une demi-once de teinture. Le pouls était devenu extrêmement faible; les convulsions avaient à peu près cessé; mais la malade pouvait à peine parler ou avaler. Au bout de quelques heures, elle était très-faible, tranquille, mais sans sommeil; ses jambes et ses bras lui semblaient être « de plomb, » et il lui était impossible de les

mouvoir. La situation s'améliora ensuite graduellement; mais il se passa quatre ou cinq jours avant qu'elle pût se tenir debout ou faire quelques pas; le rétablissement ne fut complet qu'au bout de trois semaines.

Le poison avait été pris dans de l'eau-de-vie, et, d'après l'examen du verre, la quantité qui y avait été jetée paraît avoir été prise en entier. Les premiers symptômes de l'empoisonnement se manifestèrent au bout d'une heure et demie. Au moment où M. Keyworth vit la malade, il n'y avait plus lieu de chercher à évacuer le poison, soit par des vomitifs, soit à l'aide de la pompe stomacale. Il fallait donc en combattre les effets au moyen d'un antidote. Celui qu'il employa commença à faire sentir son action sur l'état convulsif vingt minutes environ après l'administration de la première dose. Ce fait, joint aux expériences de M. Watson sur les animaux, est de nature à encourager de nouvelles tentatives dans des cas semblables (1).

RÉPERTOIRE MÉDICAL.

REVUE DES JOURNAUX.

Bons effets du chanvre indien dans le catarrhe sénile. En général les narcotiques demandent à être maniés avec beaucoup de prudence dans le catarrhe des vieillards. C'est surtout à l'opium que s'applique cette remarque: on sait que ce médicament, en effet, a l'inconvénient de tendre à diminuer l'expectoration, condition fâcheuse, puisque l'accumulation des mucosités dans les bronches a pour effet nécessaire l'imperfection de l'hématose, avec tous les dangers qui peuvent en être la conséquence.

Or ce phénomène de l'accumulation des mucosités dans les canaux bronchiques ne se produit que trop souvent, et sans l'intervention de l'opium, chez les vieillards atteints de catarrhe on voit alors ces pauvres malades s'affaiblir soit par la quantité des matières sécrétées, soit par le défaut d'oxygénation du sang; la toux est fréquente, mais impuissante à les débarrasser; la gêne de la respiration

devient considérable, et souvent il s'y joint des phénomènes nerveux dyspnéiques. Dans ces cas les expectorants et les révulsifs rendent de grands services; mais il convient d'y ajouter des antispasmodiques; à ce dernier titre ont été employés l'assa foetida, la jusquiame, la belladone, et non sans avantages. Mais aucun de ces médicaments ne vaudrait le chanvre indien, d'après ce qu'en dit M. Waring-Curran. Notre confrère rapporte à l'appui de son affirmation quatre observations peu détaillées, mais suffisantes pour lui donner du crédit. Dans chacune on voit les malades atteints de catarrhe, fatigués par une toux sèche, dans un état d'orthopnée très-pénible, rapidement soulagés par une expectoration abondante, au moyen d'une potion ainsi composée Extrait de chanvre indien, 10 centigrammes; poudre de gomme adragante, 4 grammes; ether chlorique, 2 grammes; eau distillée d'a

:

(1) Extrait du Glasgow med. Journ., novembre 1868.

nis, 175 grammes; à prendre en six fois, de deux en deux heures. (Med. Press and Circular, sept. 1868.)

'Traitement purement médical du catarrhe de l'oreille moyenne. Parmi les affections qui compromettent les fonctions de l'organe de l'ouïe et arrivent fatalement, pour peu qu'elles se prolongent, à produire la surdité, le catarrhe chronique de l'oreille moyenne est, chez le vieillard, une des plus communes. C'est aussi, il faut le dire, une des moins soignées. La plupart des médecins des campagnes, et même des villes. se bornent à un examen superficiel du conduit auditif externe, souvent même n'en font aucun, prescrivent quelques injections anodines, quelques instillations, etc., puis ne tardent pas à se rebuter. C'est dans ces cas qu'il y a lieu de recourir au cathétérisme de la trompe d'Eustache, car c'est le moyen le plus sûr. Mais cette opération, assez délicate, et qui réclame une certaine habitude, ne peut être faite par tous les praticiens, qui manquent d'occasions de s'y faire la main; elle n'est pas, du reste, toujours indispensable, et l'on peut arriver, sans elle, à la guérison du catarrhe de l'oreille moyenne, comme le fait voir M. le docteur de Lucé, de Vire, dans l'exemple suivant, qui n'est pas le seul qu'il pourrait citer.

Vieillard de soixante et dix ans, sourd de l'oreille droite depuis de longues années. Au mois de janvier 1868, il s'est aperçu de l'affaiblissement progressif de l'ouïe du côté jusque-là resté sain, puis d'une surdité complète à la suite d'une application de cataplasmes et d'injections d'huile d'amandes douces, conseillées par le médecin de sa localité. Le 10 avril il vint consulter M. de Lucé. Le tic tac de la montre n'est perçu que lorsqu'elle est serrée entre les dents: le malade ne comprend ce qu'on lui dit qu'au mouvement des lèvres, Conduit auditif sain des deux côtés, en partie privé de cérumen, surtout à droite; membrane du tympan nuageuse à gauche, gris perle et épaissie à droite; l'auscultation des apophyses mastoïdes pendant une expiration forcée fait percevoir à gauche une crépitation humide; à droite, rien; la trompe d'Eustache est obstruée de ce côté. Quelques bourdonnements; pas de douleurs; santé générale excellente. Prescription: Pousser matin et soir,

à cinq reprises différentes, dans l'oreille moyenne, au moyen d'expirations forcées, la bouche et le nez étant clos, les vapeurs produites par l'ébullition d'un mélange composé de : Décoction de 2 grammes de baies de genièvre, 60 grammes; esprit de mindererus, 5 grammes; diriger ensuite pendant cinq minutes les mêmes vapeurs vers les conduits externes qu'on sèchera ensuite avec un bourdonnet de coton; une mouche de Milan derrière chaque oreille: une pilule purgative chaque soir. Dès le surlendemain l'ouïe commençait à reparaître à gauche; au bout de douze jours le tic tac de la montre était perçu à 10 centimètres, et la crépitation produite par la pénétration de l'air dans la caisse par la trompe était beaucoup plus faible. Continuation des pilules; onction chaque soir dans le conduit auditif avec gros comme une tête d'épingle d'une pommade au précipité rouge; remplacer les fumigations par les suivantes Pr. acide arsénieux, 5 centigrammes; nitrate de potasse, 1 gramme; gomme ammoniaque, styrax, aa 28,50; benjoin, 10 grammes; 2 grammes de cette poudre jetés sur de la cendre chaude pour chaque fumigation, intus et extra. Huit jours après, l'ouïe était complétement rélablie du côté gauche; l'oreille droite n'a rien gagné.

Ce traitement a procuré à M. de Lucé une quinzaine de succès sans cathétérisme de la trompe d'Eustache. Le diagnostic, dit-il en terminant, est facile, le traitement simple, le succès fréquent; que veut-on de plus ? (Gaz. des Hóp., 1859, no 28.)

Grossesse extra-utérine ; opération du au moyen caustique. On a publié dans ces derniers temps un assez grand nombre d'exemples d'opérations diverses, auparavant faites avec l'instrument tranchant, dans lesquelles, au lieu de celui-ci, les chirurgiens ont employé les caustiques, et l'ont fait avec avantage; ainsi, des ouvertures d'abcès, de kystes, et même des amputations. C'est surtout en vue, comme on sait, de prévenir la perte du sang, et dans la crainte, par suite, d'affaiblir les sujets, que ce mode opératoire a été préféré dans ces sortes de cas. C'est pour le même motif que le chirurgien y a eu recours dans le cas suivant où il s'agit d'une grossesse extra-utérine. Nous ne pensons pas que ce soit le

premier fait de ce genre, mais nous n'en avons aucun présent à la mémoire Quoi qu'il en soit, nous croyons bien faire de le signaler, car il nous paraît mériter qu'on l'imite.

Cette opération a été faite en Amérique par un chirurgien français, dit le Philadelphia med. and surg. Reporter, sur une femme au sixième mois de sa grossesse, dont le foetus mort fut rencontré dans la trompe droite. Sa santé étant très-compromise, toute perte de sang pouvait être fatale. Un vaste emplâtre de diachylum, ayant au centre une ouverture de quatre pouces de long sur un de large, fut fixé sur la partie saillante de la tumeur, et une épaisse couche de pâte de Vienne appliquée sur celte ouverture pendant trois minutes Une violente douleur en résulta mais deux jours après les muscles obliques jusqu'au fascia étaient divisés par le caustique; et il suffit d'une nouvelle application pour pénétrer dans le kyste. L'ouverture fut agrandie avec l'index, et un fœtus normalement développé fut extrait. Des adhérences si intimes existaient entre les lèvres de la plaie, que l'on put injecter la cavité kystique sans avoir à redouter de péritonite. Les suites furent excellentes, et la malade pouvait être considérée comme guérie, lorsque le choléra ayant envahi l'hôpital, elle en fut atteinte et succomba rapidement, quinze jours après l'opération. (Union méd., 1869, no 19.)

Atrophie musculaire progressive avec paralysie com. plète des extrémités. Guérison par le courant continu; par le docteur Nesemann. Un ouvrier de dix-neuf ans, qui avait eu la rougeole quelques mois auparavant, ressentit tout à coup un affaiblissement considérable des membres supérieurs; au bout de trois semaines, les bras étaient complétement paralysés, et bientôt il fut également atteint d'une paralysie des membres inférieurs.

A son entrée à l'hôpital, le malade présentait un amaigrissement trèsmarqué dû à l'atrophie musculaire. Gette atrophie était surtout très-nette au niveau des mains, dont les éminences thénar étaient complétement affaissées. Les muscles deltoïdes avaient également perdu leur consistance et leur épaisseur; les mouvements volontaires des bras étaient presque impossibles; aux jambes on observait une simple parésie; les ex

tenseurs de la jambe étaient complétement paralysés; la contractilité électrique des muscles était très-diminuée et se trouvait en rapport direct avec les dimensions et les mouvements volontaires des muscles; aucun trouble de sensibilité; fonctions digestives et urinaires intactes.

En examinant une parcelle du muscle deltoïde obtenue à l'aide du harpon, on put se convaincre que le malade était réellement atteint d'atrophie musculaire. La maladie fit des progrès rapides, et, au bout de deux mois, le malade pouvait à peine imprimer de légers mouvements à la tête et offrait une paralysie complète des membres supérieurs. En même temps que la paralysie augmentait, l'atrophie devenait plus marquée, et la contractilité musculaire diminuait dans la même proportion. Aucun trouble de la respiration, ni de la digestion, ni du sommeil.

Trois mois après l'entrée du malade, on commença le traitement électrique en galvanisant tous les jours, pendant dix minutes, deux points de la portion cervicale du grand sympathique. Au bout d'un mois de ce traitement, le malade avait repris des forces; mais il ne put marcher, même difficilement, qu'au bout de six mois. Les mouvements des bras ne se rétablirent d'une manière complète qu'au bout d'un an ; en même temps les muscles reprirent peu à peu leur volume normal. Seize mois après le début du traitement, on cessa la galvanisation, et, au bout de dix-huit mois, le malade sortit presqué guéri. On examina de nouveau une parcelle du muscle deltoïde extraite à l'aide du harpon; les fibrilles musculaires présentaient une striation trèsnetle et renfermaient encore en certains points quelques gouttelettes graisseuses. Les fibres nerveuses que l'on pouvait apercevoir dans certaines préparations offraient une structure tout à fait normale (1). (Berlin, Klin. Wochenschrift, t. XXXVII, 1868)

Action physiologique de la papaverine. par K.-B. Hofmann. On a beaucoup parlé dans ces derniers temps de l'action somnifère de la papaverine. L'auteur s'est servi, dans ses expériences, du chlorhydrate de

(1) Cette observation ne devrait-elle pas plutôt être citée comme un exemple de paralysie générale consécutive à une pyrexie, (Note de la Red.)

papaverine, qui se présenté sous la forme d'un sel incolore, soluble en petite quantité dans l'eau froide, trèssoluble dans l'eau chaude. Ce sel a un goût particulier, très- désagréable. L'auteur a pris, trois jours de suite, 12, 24 et enfin 36 centigrammes de chlorhydrate de papaverine. A la suite des deux premières doses, il n'avait éprouvé aucun symptôme particulier. Après la troisième dose, il ressentit, au bout d'uneheure et demie, un hoquet intense qui disparut après dix minutes; puis une gêne considérable au creux épigastrique. Après le repas, céphalalgie frontale vive, aucune sensation de fatigue ou d'abattement.

Après une seconde ingestion de papavérine, l'auteur ne ressentit aucune gêne, si ce n'est un sentiment de pesanteur à l'épigastre: jamais il n'a éprouvé de bourdonnements d'oreille, de vertiges, d'éblouissemements, de sensations de froid ou de chaleur.

Voici le résumé des observations de l'auteur :

1o La papaverine occupe une place tout à fait minime dans les alcaloïdes narcotiques; en effet, aucun de ces alcaloides, donné à la dose de 36 centigrammes. ne reste sans produire d'effets spéciaux ;

2o La papaverine, administrée à l'homme sain, ne produit pas la moindre action hypnotique à la dose de 36 centigrammes;

30 La papaverine n'amène pas de résolution musculaire, car elle ne provoque ni fatigue ni abattement;

40 Elle ne s'accumule point dans l'organisme. car. admnistrée plusieurs fois de suite à dose progressivement croissante, elle ne produit ni sommeil ni résolution musculaire;

5o La papavérine n'a aucune action sur le pouls, pas plus que sur la respiration et la température du corps;

6o Elle ne provoque pas de constipation et n'influe en rien sur la sécrétion urinaire ni sur la quantité d'urée contenue dans ce liquide. (Wien. med. Wochenschr., XVIII, 58-59; 1858.)

Expériences sur la solubilité des fausses membranes du croup. Les expériences ont porté sur des exsudats pseudo-mem-braneux expulsés par les malades; on a choisi des fausses membranes de la même consistance et du poids d'un gramme environ.

10 Solution d'iodure de potassium (1 gramme par 10 d'eau distillée). Au

bout de quatorze heures la fausse membrane se réduit à des filaments.

20 Sulfate de zinc (1 gramme pour 10 d'eau distillée). En quatorze heures la membrane s'est raccourcie.

30 Bromure de potassium (solution au dixième). En quatorze heures transformation en une substance nuageuse.

40 Chlorure de sodium. Même résultat.

5o Chlorure de baryum. Même résultat.

60 Même résultat avec l'hyposulfite de soude.

70 Cyanure de potassium. En quatorze heures dissolution complète.

80 Borax. La membrane devient jaune et tendue.

90 Chlorure de chaux. Elle se dissout.

10° Chlorhydrate d'ammoniaque. Elle reste intacte.

11° Sulfate de fer. Elle reste intacte. 12o Carbonate de potasse. Se dissout parfaitement.

150 Sulfate de soude. Peu de changement.

140 Chlorate de potasse. En trois heures la fausse membrane devient comme de la charpie.

15° Eau de chaux. Dans le même temps même effet.

160 Bicarbonate de soude. Solution parfaite en trois heures.

170 Nitrate d'argent cristallisé (solution au dixième). La membrane durcit et se resserre.

18° L'acide lactique a donné à l'auteur les mêmes résultats qu'au docteur Bricheteau. (Gaz. méd. ital. lomb., nov. 1868.)

Accidents cérébraux simulant la méningite, causés par la présence d'oxyures dans le rectum. Le fait suivant, rapporté par M. Vignard, de Nantes, doit être connu; car il n'est plus de médecin qui révoque en doute l'influence des entozoaires intestinaux sur le développement de diverses maladies de l'enfance. Toutefois, comme les cas de ce genre affectent toujours une marche insidieuse, comme les manifestations morbides auxquelles l'helminthiase peut donner lieu ne sont point caractérisées par une symptomatologie bien établie et semblable à ellemême, il est bon de publier tous les faits qui se rapportent à ce sujet, afin de mettre autant que possible le médecin sur ses gardes.

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