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reconnaître la présence d'une seconde lame osseuse plus large, à courbure antérieure formant un second coccyx. Explorant ensuite en haut avec précaution, je rencontre un hiatus qui n'est autre chose qu'une ouverture anormale du canal sacré, et dès lors il devient certain que les deux lames osseuses représentent l'extrémité inférieure du sacrum et le coccyx divisés en deux parties dans le sens de leur longueur.

Le diagnostic ainsi établi, je fis le lendemain, 23 juin, à neuf heures du matin, l'opération suivante :

L'enfant étant fixée en pronation sur les genoux d'un aide, le doigt d'un autre aide refoula la peau et fut appliqué aussi exactement que possible entre les deux lames osseuses, contre l'ouverture anormale du rachis. J'enfonçai alors un très-petit trocart dans le sommet de la tumeur, que je vidai complétement; puis un troisième aide, formant avec l'indicateur et le médius de chaque main une espèce de double pince, en étreignit toute la base, et, après m'être assuré par ces dispositions contre la pénétration dans le canal rachidien de la liqueur que j'avais l'intention d'employer, j'injectai 30 grammes d'un mélange ainsi composé:

PR. Eau distillée....
Teinture d'iode...

Iodure de potassium.

40 grammes.
10

10 centigr.

Le liquide de l'injection fut laissé pendant cinq minutes dans le sac que je malaxai à plusieurs reprises avec la main, puis, retiré jusqu'à la dernière goutte, en l'aspirant à l'aide de la seringue qui l'avait introduit.

L'enfant resta pâle, poussa des cris plaintifs, refusa le sein jusqu'à sept heures du soir; on crut à chaque instant qu'elle allait mourir. Mais à ce moment, les souffrances se calmèrent, son visage se colora, elle teta avec appétit et dormit d'un sommeil assez tranquille pendant une partie de la nuit. En quarante-huit heures, la tumeur reprit environ le quart de son volume, devint dure et douloureuse; à dater du 26, trois jours après l'opération, elle commença à décroître et chaque jour son mouvement rétrograde fut si actif, que le 7 juillet il ne restait plus qu'un noyau solide, égalant à peine la grosseur d'une noix. Au reste, l'état général de l'enfant ne laissait rien à désirer, sa santé était excellente, elle est sortie de l'hôpital le 8 juillet.

Rapportée dans mon cabinet le 15 août suivant, j'ai constaté

avec la plus vive satisfaction que sa guérison était parfaite, qu'il ne restait plus sur la région fessière que la peau encore relâchée et sillonnée de grosses et nombreuses rides. Depuis cette époque, j'ai eu chaque année plusieurs fois des nouvelles de ma petite opérée, qui ne conserve aucune trace de sa redoutable maladie.

Maintenant si on me demande à quelles causes j'attribue le succès d'une opération qui échoue si souvent entre les mains des meilleurs chirurgiens, je crois pouvoir répondre que ces causes sont : 1° les proportions modérées de la liqueur d'injection; 2o l'évacua tion complète du liquide que contenait le sac hydrorachidien, évacuation qui a conservé au médicament toute son activité; 3o aux précautions excessives que j'ai prises pour empêcher la solution iodée non-seulement de pénétrer dans le canal rachidien, mais même de l'aborder de trop près; 4o au retrait jusqu'à la dernière goutte, de la liqueur injectée, dans le double but d'empêcher l'inflammation de s'élever à un trop haut degré et d'éviter le transport, par la rétraction des tissus, d'un resté de la solution irritante vers l'ouverture du canal.

Dr Roux, médecin à Meximieux.

BIBLIOGRAPHIE.

Congrès médical international de Paris. Août 1867.

Assurément ce serait se faire une complète illusion que d'espérer que les congrès, qui sont désormais et irrévocablement entrés dans les mœurs de la science, soient appelés à résoudre les problèmes dont la solution a été vainement poursuivie dans mille et une autres voies. Avant que la presse eût ouvert une carrière illimitée au travail solitaire, les congrès, si on en eût eu la pensée, eussent servi bien plus efficacement qu'aujourd'hui à la diffusion des vérités, des vérités pratiques même ; mais maintenant que ce moyen de divulgation facile est à la main de tous; que la presse exerce sur elle-même et par elle-même un contrôle incessant ; que les sciences même les plus lentes dans leur évolution ont mille échos quotidiens qui suffiraient à porter aux quatre coins de l'horizon la fameuse ration intellectuelle d'une vérité par jour, les congrès, il ne servirait à rien de le méconnaître, sont appelés à exercer une bien moindre influence sur l'évolution de la science, sur l'évolution des

sciences. Est-ce à dire pourtant que du concours, à une heure donnée, d'une foule d'intelligences à l'élucidation de questions bien délimitées, il ne puisse sortir quelques lumières qui ne se produisent quelquefois dans les livres qu'à demi voilées, parce qu'elles manquent de l'accent du verbe, du qu'il soit fait, comme le dit quelque part Kant? Non, certainement; et, dans l'intérêt du progrès de la science, nous aimerions mieux qu'on s'exagérât l'influence de ces Olympiades modernes, pour répéter une expression de M. Bouillaud, dont la dernière idée sera à coup sûr une image, qu'en voir trop restreindre la portée. Voyez, par exemple, quel retentissement eût eu la discussion qui s'engage actuellement entre MM. Virchow et Robin sur une des questions fondamentales de la physiologie et de la pathologie, sur la question de savoir si les faits de nutrition, de formation, etc., sont irréductibles, ou si, allant plus loin qu'eux, par voie de déduction, par voie intuitive même, on n'arrive pas à une expression plus reculée encore de la vie; voyez, disons-nous, quel retentissement eût eu cette discussion si, au lieu de se produire dans un simple journal, elle eût éclaté en plein congrès et que la parole, comme une lave brûlante, eût fait briller aux yeux de tous les lumières d'intelligences également supérieures. A ces extrêmes limites de la connaissance empirique plusieurs s'arrêtent systématiquement, beaucoup plus, faute d'ailes. Nous sommes convaincu que l'illustre professeur de la Faculté de médecine de Paris relèvera le gant qui lui est jeté par l'éminent professeur de Berlin, et que nous assisterons quelque jour à une des discussions les plus profondes dont il nous ait été donné d'être témoins. Mais arrachons-nous aux séductions de ce congrès idéal et revenons au congrès en chair et en os dont le magnifique volume édité par MM. Asselin et Masson nous apporte les utiles informations.

On se le rappelle, une commission dont l'âme était M. Jaccoud, prépara à l'avance et publia le programme des questions qui devraient être agitées au sein du congrès. Ces questions, judicieusement choisies pour y intéresser plus que le public médical luimême, et assurer aux discussions qu'elles devaient provoquer un écho plus étendu, sont aussi nombreuses que variées dans leur objet toujours intéressant. Nous en indiquerons quelques-unes qui, par les vues originales qui y ont été émises, nous paraissent devoir surtout fixer l'attention. Nous ne ferons que marquer ici la place de la première de ces questions dont se soit occupé le congrès, celle

de la genèse des tubercules, et tous les corollaires qui s'y rattachent. C'est à cette occasion que M. Villemin a émis sur cette question de pathologie les idées originales que tout le monde connaît aujourd'hui. Si depuis cette époque, et par un progrès naturel à l'esprit de recherche, où l'on n'a que la vérité pour but, le savant médecin du Val-de-Grâce a modifié en une certaine mesure les conclusions qu'il avait tout d'abord formulées, cette discussion à laquelle ont pris part MM. Herard, Empis, Cornil, Crocq, Friedreich, Lombard, Lebert, Marmisse, etc., etc., y a certainement contribué. Quoi qu'il en soit à cet égard, cette large discussion n'en reste pas moins comme un des témoignages les moins équivoques de l'utilité réelle de ces brillantes joutes scientifiques.

Une autre question non moins importante que celle que nous venons de rappeler est la question relative à la prophylaxie des accidents généraux qui entraînent la mort après les opérations chirurgicales, et que le judicieux et savant chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand, M. le docteur Bourgade, nous paraît bien près d'avoir résolue. On sait que ce travail, présenté sans emphase et sans fracas, a été couronné par le congrès, et que la prophylaxie simple, dont il démontre l'efficacité, consiste dans le badigeonnage des plaies par le perchlorure de fer. Mais il faut lire ce court et substantiel mémoire dans le livre même dont nous nous occupons en ce moment pour en bien mesurer la portée pratique. Les recherches précises de MM. Leudet, Joulin, du professeur Fay (de Christiania), de Vogt, de Mayer, etc., sur la menstruation ne manquent assurément pas d'intérêt; mais c'est là une de ces questions qui, dans l'état de la science tout au moins, piquent plus la curiosité qu'elles n'intéressent notre art secourable; passons. Il n'en est pas de même d'une autre question, celle de la prophylaxie des maladies vénériennes, qui a été, dans le congrès international de Paris, l'objet d'une grave et solennelle discussion. Quand on lit attentivement les documents fournis sur ce point capital d'hygiène publique par MM. Crocq, Jeannel, de Méric, Rollet, on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il y a là, suivant un mot consacré, quelque chose à faire. Qu'on arrive jamais à tarir la source de ces maladies, nous en doutons; mais ce dont nous ne doutons pas, c'est que le jour où on le voudra, mais d'une volonté plus qu'administrative, on arrivera, au grand profit de la pureté des générations, à en restreindre singulièrement les ravages. Malheureusement ici, comme en beaucoup de questions, ceux qui voient ne peuvent pas, et ceux qui

pourraient ne voient pas. Malgré ces obstacles qui nous barrent la route, n'en continuons pas moins à y marcher et à marquer le but d'une main ferme. Il était inévitable que, dans cette grave discussion, le promoteur de la syphilisation parmi nous cherchât à préconiser cette méthode. C'est ce qui est arrivé en effet ; mais un maître dans l'art de la dialectique de la science, M. Jaccoud, a foudroyé, je ne retire pas le mot, cette pratique barbare qui se place à côté de celle des Caracas du Brésil, et dans laquelle on prétend guérir la lèpre en faisant piquer les malheureux atteints de cette hideuse maladie par des serpents à sonnettes. Il y a du Turenne dans M. le docteur Auzias, qui a en même temps et de la volonté et une belle intelligence; mais Turenne n'est pas resté éternellement cloué sur l'affût de son canon à Metz; que notre savant confrère imite son demi-homonyme; qu'il se réveille de son idée fixe; qu'il ne s'endorme pas sur l'affût de sa syphilisation, et qu'il applique ses brillantes facultés à l'élucidation de questions moins usées. Il y aura à la fois profit pour la science et pour lui-même, que nous verrions. avec peine continuer à se gaspiller dans une œuvre stérile.

Bien d'autres problèmes dont la solution est encore à trouver ont été agités dans ces solennelles assises de la science désintéressée. Nous espérons que ce que nous en avons dit suffira pour exciter la curiosité des lecteurs de ce journal, que les exigences tous les jours plus grandes de la vie en ont tenus éloignés, et qu'ils voudront méditer les féconds enseignements que contient l'ouvrage dont nous venons de parler. C'est en 1869, paraît-il, et en Italie, qu'aura lieu le prochain congrès. Une voyage en Italie, avec une telle perspective, quelle tentation! Que ceux qui pourront céder à cette brillante séduction se préparent à la lutte en lisant le Congrès médical international de Paris. N'y apprissent-ils que la tactique des choses, si l'on veut bien nous permettre ce mot, que cela suffirait pour qu'ils s'applaudissent un jour d'avoir suivi notre humble conseil.

BULLETIN DES HOPITAUX.

Leçon d'OUVERTURE DE M. CONSTANTIN PAUL, AGRÉGÉ, SUPPLÉANT

DE M. LE PROFESSEUR BOUILLAUD.

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Messieurs, la Faculté de médecine possède pour l'enseignement des maladies internes deux ordres. de chaires, des chaires de pathologie et des chaires de clinique

TOME LXXVI. 1re LIVR.

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