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dents malades, relevée dans leurs interstices, ce qui augmente l'apparence festonnée de son bord libre. Ce bord est, dans toute l'étendue de la partie malade, décollé de la surface sous-jacente, de sorte qu'un stylet fin peut pénétrer derrière elle, à quelques millimètres de profondeur dans l'alvéole. Cette petite manoeuvre est douloureuse, et la pression du doigt sur la muqueuse détermine la sortie d'une quantité assez considérable d'un pus blanc, épais, crémeux.

A la mâchoire supérieure, la maladie paraît un peu moins avancée ; les dents sont moins dénudées; la gencive, d'un rouge violacé, est festonnée et comme échancrée au niveau des dents affectées; celles-ci, toutefois, sont moins déviées, à l'exception des incisives centrales, qui ont subi un avancement proportionnel à celui des incisives centrales inférieures. La pression sur les gencives fait sourdre comme en bas une quantité de pus à peu près analogue.

Traitement. Tous les cinq jours, application d'acide chromique faite d'abord modérément, puis plus largement, afin de couvrir toute l'étendue des parties malades.

Ces applications amènent d'abord une certaine recrudescence inflammatoire apparaissant le lendemain de la cautérisation à l'acide chromique, et durant environ deux jours. Cette légère réaction fait suite à un apaisement qui entraîne une amélioration notable.

Nous joignons à ces applications l'emploi du chlorate de potasse à la dose de 18,50 par jour, soit six pastilles à 25 centigrammes chacune, et un verre d'eau de Pullna tous les huit jours.

Au bout d'un mois de traitement, des changements très-notables se sont produits le bord des gencives est moins rouge, moins décollé; la pression sur les dents n'est plus douloureuse; les hémorrhagies spontanées, qui incommodaient beaucoup le malade pendant la nuit et le matin, ne se produisent presque plus, et l'écoulement purulent est beaucoup moindre.

Le traitement est continué sans modification pendant trois mois

encore.

Au bout de ce temps tout phénomène local a disparu complétement, et les dents, tout en conservant la légère déviation qu'elles ont subie, sont redevenues solides, indolentes, et toute suppuration a disparu; les gencives sont rosées et normales.

Nous conseillons toutefois à M. X***, qui quitte la France, de ne pas cesser tout traitement, et de continuer des applications topiques, alternées de semaine en semaine avec la teinture de cochlearia et un collutoire au chlorate de potasse et quinquina, parties égales.

Cette observation, qui aboutit à une guérison complète en un temps relativement court, a pour objet un cas où la maladie, bien que datant de quatre années, n'était pas arrivée encore à une période très-avancée. On a vu que la lésion était en quelque sorte à

sa période d'état, qu'il n'y avait que peu gingivaux ni de perforations.

d'ébranlement, pas d'abcès

OBS. IV. M. B***, quarante-cinq ans, d'un tempérament éminemment sanguin, n'a jamais souffert des dents. Il y a environ une année, il ressentit au niveau de la première grosse molaire supérieure gauche une douleur sourde permanente, qui semblait répondre à la gencive et à la racine de cette dent. Il remarqua en outre que celle-ci subissait tous les mois, à des époques presque régulières, un certain allongement avec sensation douloureuse à la rencontre de la mâchoire opposée. Une suppuration notable s'écoulant de l'alvéole était particulièrement appréciable le matin à la pression du doigt, et les manœuvres de succion donnaient la sensation désagréable d'écoulement fétide.

Des applications d'acide chromique faites au pourtour du collet et dans les interstices dentaires voisins sont renouvelées régulièrement tous les huit jours.

18,50 de chlorate de potasse par jour: six pastilles à 25 centigrammes chacune, avec la recommandation de les laisser fondre au contact de la région malade.

Un purgatif salin.

Régime doux, herbacé, frictions sur les gencives avec des quartiers d'oranges.

Sous l'influence de ce traitement, une amélioration progressive se produit, la dent recouvre sa fixité dans son alvéole ; la suppuration se tarit complétement, et la gencive reprend son aspect normal. Au bout de trois mois M. B*** était absolument guéri.

Nous lui recommandons toutefois de reprendre quelques pastilles et de continuer quelques frictions avec les quartiers d'oranges.

§ 3. De l'acide chromique dans les affections organiques
des gencives.

Nous avons dit plus haut que l'acide chromique, par son action caustique, était susceptible de réprimer et de détruire les productions de nature organique. Ce fait sera établi par les deux observations suivantes, relatives l'une à un épulis de la mâchoire inférieure, l'autre à un cas fort intéressant, et peut-être unique, de fibromes multiples du bord alvéolaire inférieur.

OBS. V. Epulis ou tumeur à myeloplaxes de la mâchoire inférieure. M. C***, âgé de cinquante ans, est d'une bonne santé habituelle. Il ne souffre pas ordinairement des dents. Toutefois il fut affecté, il y a environ quinze ans, d'une stomatite aiguë survenue pendant un traitement mercuriel et qui guérit rapidement par l'emploi du chlorate de potasse.

II y a quatre ans, M. C*** vit se développer au côté droit de l'arcade dentaire inférieure une petite tumeur molle qui prit rapidement un grand développement et qui, au bout de six mois environ, dépassa en hauteur le niveau des dents voisines. Cette tumeur était indolente, ne donnant lieu qu'à des hémorrhagies assez fréquentes el occasionnant une gêne assez grande des mouvements de la bouche et de la joue correspondante.

Le malade ayant consulté son médecin habituel, diverses applications furent faites dans le but d'amener la destruction de la tumeur: l'alun calciné, la teinture d'iode, le nitrate d'argent essayés à cet effet ne produisirent aucun résultat, la tumeur continua à s'étendre, mais moins rapidement cependant.

On proposa à M. C*** d'enlever la tumeur avec le bistouri et d'en cautériser le point d'insertion avec le fer rouge. Le malade accepta l'excision, mais refusa absolument l'emploi du feu. Cette excision fut faite assez profondément, et les choses abandonnées à ellesmêmes amenèrent rapidement le retour de la tumeur avec le même développement.

Au mois de mars 1867, M. C***, envoyé par son médecin, vient nous consulter.

L'état est le suivant :

A la mâchoire inférieure du côté droit, sur le point correspondant à l'interstice de la première petite molaire et de la canine, s'ob serve une masse molle d'un rouge foncé, sphérique et du volume d'une petite noix; elle soulève la lèvre inférieure de manière à figurer extérieurement une petite fluxion. Dans son développement en hauteur, elle est arrivée à dépasser de 1 centimètre environ le niveau des dents contigues, et les supérieures correspondantes ont produit leur empreinte à la face postérieure de la masse; les petites molaires inférieures et la canine sont notablement déviées de leur direction normale et rejetées en dedans. La surface de la tumeur, un peu mamelonnée, est lisse et couverte de la muqueuse avec son épithélium. Les parties voisines des gencives sont à peu près saines, un peu congestionnées cependant par suite de l'accumulation considérable de tartre provoquée par l'inaction du côté correspondant.

10 mars. Nous pratiquons immédiatement l'ablation de la masse au moyen d'une incision en V au sommet inférieur circonscrivant toute l'étendue de la base adhérente et pénétrant jusqu'au bord osseux alvéolaire.

L'hémorrhagie assez abondante qui suit cette excision est arrêtée par des applications de perchlorure de fer.

La masse enlevée fut examinée au point de vue de sa constitution anatomique; une coupe pratiquée au travers de la tumeur montre un tissu mou, vasculaire, d'un rouge brun uniforme. L'examen mi croscopique démontre que les éléments qui le composent sont des plaques à noyaux multiples ou myeloplaxes, texture ordinaire des tumeurs de la gencive nommées épulis.

12 mai. Nous pratiquons sur le point d'insertion de la masse

une première application d'acide chromique monohydraté, et afin de maintenir le caustique pendant un temps suffisant à la surface. de la plaie, nous appliquons entre la lèvre et la gencive une bande d'ouate, recommandant au malade une immobilité de plusieurs minutes. Cette application n'est suivie d'aucune douleur.

Pendant quatre semaines nous renouvelons cette application tous les six jours environ, les trois dernières faites avec l'acide chromique solide, c'est-à-dire en promenant à la surface de la plaie plusieurs fragments de cristaux de l'acide.

Au bout de ce temps nous abandonnons les choses à elles-mêmes. La gencive présente alors l'aspect suivant: A la place qu'occupait la tumeur, la gencive offre une grande dépression couverte de bourgeons charnus, donnant l'apparence d'une plaie de bonne nature.

Au bout de quinze jours la cicatrisation était complète, et la seule trace de l'affection est la légère déviation des deux dents voisines.

Au mois de décembre 1868, c'est-à-dire dix-huit mois après l'opération, M. C*** me fait savoir qu'il est resté complétement guéri, sans aucune apparence de récidive.

Cette observation nous semble très-significative. On sait, en effet, avec quelle rapidité reparaissent les productions myéloïdes des bords alvéolaires qui ont leur point d'origine sur le périoste osseux ou le périoste dentaire, parfois même dans le tissu osseux lui-même. Leur excision doit toujours être suivie de l'emploi de certains moyens destinés à éviter cette reproduction. Parmi ces moyens, le cautère actuel est le plus ordinairement employé, et, à vrai dire, avec des résultats favorables à peu près constants. Dans le fait que nous rapportons, l'acide chromique substitué à cette pratique a procuré une guérison aussi complète, avec les avantages de ne provoquer aucune douleur et de ne causer aucun effroi au malade, qui avait déclaré ne point se soumettre à l'emploi du feu.

OBS. VI. Fibromes multiples du bord alvéolaire inférieur guéris par l'excision suivie de cautérisations répétées avec l'acide chromique. Mme B***, âgée de quarante-six ans, est encore menstruée régulièrement ; elle est d'une bonne santé habituelle. Elle ne souffre pas ordinairement des dents, bien qu'elle en ait perdu un certain nombre, mais à une époque déjà éloignée.

Il y a sept ou huit ans, Mme B*** commença à remarquer qu'autour d'une grosse molaire inférieure gauche, d'ailleurs saine en apparence, il s'était produit une tuméfaction de la gencive, qui ne s'accompagna d'aucune sensation quelconque.

Environ une année après ce début, une masse analogue se produisit autour de la deuxième petite molaire du même côté. Cette petite molaire était séparée de la grosse molaire par un intervalle

vide depuis longtemps par suite d'extractions, et d'ailleurs entièrement dépourvue d'aucune altération.

Peu après, et environ dans l'espace d'une autre année, trois tuméfactions semblables se produisirent au côté droit de la même mâchoire, toujours avec la même indolence. Ces trois masses occupaient, l'une le pourtour d'une grosse molaire, l'autre le voisinage de la première petite molaire droite; la troisième siégeait auprès de débris de la première grosse molaire interposés aux deux masses précédentes.

Ces productions, d'abord stationnaires comme volume pendant trois ou quatre années, prirent depuis cette époque un développement assez considérable pour gêner les mouvements et les fonctions de la bouche et produire sous les joues des saillies visibles extérieurement.

Au mois de juillet 1868, Mme B***, qui habite Montmorency, fut consulter M. le professeur Verneuil, qui nous adressa la malade. Nous constatons l'état suivant :

Les deux masses de gauche ont le siége que nous avons indiqué; leur volume est environ celui d'une grosse noix; elles sont dures, rénitentes, d'une coloration blanchâtre et recouvertes de la muqueuse lisse et polie. La surface est mamelonnée. La masse placée au fond de la bouche dépasse, par son développement en hauteur, le niveau de la couronne de la grosse molaire, qui semble enfoncée au centre de la tumeur. Cette dent est toutefois assez ébranlée.

La seconde masse de gauche est également mamelonnée et semble avoir pris son développement au dehors; elle se dirige vers la face interne de la joue.

Des trois tumeurs de droite celle du fond est la plus volumineuse; elle représente encore le volume d'une forte noix. Les deux autres sont à peu près du volume d'une noisette. Nous constatons, en outre, la présence de deux autres petites tumeurs qui ont absolument les mêmes apparences et qui siégent en avant des canines inférieures; elles ont le volume d'un pois.

A la mâchoire supérieure il n'y a aucune altération analogue. Le siége particulier de ces productions, au voisinage des dents, nous fait supposer que celles-ci ne sont point étrangères à la maladie; nous sommes même porté à croire que le périoste pourrait être le siége primitif du mal; c'était d'ailleurs l'opinion de M. Verneuil. On verra par les détails du traitement que les productions devaient plutôt être attribuées au bord gingival lui-même.

Dans notre première hypothèse, nous conseillons et pratiquons immédiatement l'extraction de la grosse molaire gauche, centre de la tumeur,

Cette opération entraîne au dehors de l'alvéole la dent sans difficulté ; mais celle-ci reste adhérente à la masse de la tumeur, qui se déchire, et dont un lambeau reste attaché à la racine. Nous achevons l'avulsion en sectionnant les adhérences et en enlevant en même temps avec le bistouri une portion assez étendue de la tumeur.

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