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bas, absence même de souffle. Le pouls est petit, fréquent, la chaleur sèche; et quoique le malade soit vif et énergique, il est abattu, triste, pâle, très-amaigri. Que faire ? Revenir aux saignées, aux antimoniaux? Il n'était guère possible que cet organisme épuisé en supportât le choc; la digitale n'avait encore été préconisée par personne. Découragé, comme le confrère qui le soignait auparavant, je restai deux jours aussi sans rien faire, lorsque, ému de voir mourir ainsi un jeune homme intéressant, pénétré déjà alors des phénomènes physiologico-pathologiques dont il est question, puisque je les ai montrés sous toutes leurs faces dans mon Hydrothérapie générale et que j'y écrivais, à propos de ce fait, que «tonte hyperémie est le résultat d'une condition asthénique des tissus, ce qui ne veut pas dire avec Brown que toute la maladie soit asthénique, mais seulement les tissus de la partie malade » (ouvr. cit., p. 169), je lui ordonnai, pour solliciter la contractilité locale, s'opposer ainsi à la stagnation sanguine et provoquer l'absorption de cet exsudat prodigieux et ancien, d'appliquer pendant une heure, deux ou trois fois par jour, des serviettes trempées dans de l'eau froide, et souvent renouvelées, sur le côté de la poitrine phlegmasiée, et en même temps de tenir les pieds et les jambes dans de l'eau entretenue chaude, pour porter les liquides loin de la poitrine, y diminuer partant l'afflux, la chaleur, et aider à la contractilité des tissus en y éloignant les liquides.

Deux ou trois jours après, les crachats de sang rouge et vermeil furent remplacés par des crachats noirâtres, puis jus de pruneaux, résultat de l'ancien exsudat preuve du retour de la contractilité organique, puisqu'il n'y avait plus de sang rouge nouvellement épanché, mais au contraire du sang dilué d'une stagnation ancienne. Peu à peu la sensibilité de la poitrine disparut, ainsi que la matité; puis divers râles témoignèrent de la perméabilité du poumon, et dix jours après, le malade se trouvait bien. J'omets de dire que pendant tout ce temps il ne prit que de l'eau gommée froide et du lait.

Alors, dans la pensée d'obtenir une révulsion cutanée gérérale, et partant plus puissante, pour détourner cette ancienne habitude de stagnation sanguine dans le poumon, je lui fis pratiquer des frictions générales à l'eau froide puis l'emmaillottement dans la couverture de laine. Mais en ramenant ainsi la chaleur, je ramenai également la fièvre et le crachement de sang, et fus obligé de m'en tenir encore longtemps à ma première pratique, qui finit par amener une guérison complète (1).

Voilà qui montre le cercle complet des phénomènes physiologico-pathologiques et thérapeutiques de jla pneumonie: contractilité locale relevée, résolution; mouvement circulatoire, chaleur

(1) Voir, pour plus de détails, mon Hydrothérapie générale, p. 174.

animale augmentés, contractilité diminuée; conséquences: fluxion et stagnation.

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Des effets physiologiques produits par la saignée dans la pneumonie. - Rappelons en deux mots les conclusions que nous avons tirées de nos faits par les paroles mêmes d'autres auteurs, afin de leur donner une double valeur :

«Par suite de l'emploi des émissions sanguines, la durée de la maladie s'allonge et surtout la période de la convalescence qui s'y ajoute, et qui peut durer encore de quinze à trente jours (1). »

M. Jaccoud, dans une de ses leçons, a dit : « Pour que la résolution d'une pneumonie se fasse, il faut que l'organisme ait une force déterminée (2). »

Ce qui revient presque à dire, comme M. Bennett (d'Edimbourg), que « les débilitants ne prolongent pas seulement les périodes aiguës des maladies, ils prolongent encore la convalescence (3). »

Point n'est besoin de reproduire ici les statistiques de Razori, Laennec, Louis. Grisolle, Skoda, Dielt (de Vienne), Bennett (d'Edimbourg), Barthez, etc.; tout cela est connu, ainsi que les trois mille cas de Magnus Huss et les résultats de presque toute l'Allemagne, qui arrivent également à nos conclusions. Il s'agit donc pour nous de voir maintenant si les phénomènes physiologiques produits par les saignées s'accordent avec la statistique, c'est-à-dire si nous pouvons nous rendre raison de leurs fâcheux effets.

Or, pour l'examen complet de la question physiologique, je ne puis que renvoyer aux pages de notre rédacteur en chef du Bulletin (t. LXXV, p. 241-257). Je dois me borner ici à étudier les effets que j'ai vu déterminer dans la pneumonie par les spoliations sanguines.

Ces effets sont le contraire de ce que l'on en attendait : l'élévation et la rapidité du pouls, effets d'autant plus sensibles et plus marqués, que la perte de sang a été plus abondante et plus subite. Tout cela est confirmé non-seulement par nos observations, mais même par celles des auteurs qui ne s'apercevaient

(1) Barthez, des Résultats obtenus par l'expectation dans la pneumonie ; compte rendu du rapport de M. Blache à l'Académie (Journal de médecine et de chirurgie pratiques, t. XXXV, p. 518).

(2) Jaccoud, Leçons de clinique médicale.

(3) Traitement de la pneumonie par la méthode restaurative.

pas de la signification du phénomène et qui l'inscrivaient par la force de l'évidence, la bonne foi de l'exactitude (exemple: observations de la clinique d'Andral); tandis que de nos jours les expériences de Hales, Marey et autres l'ont démontré sans réplique la saignée diminue la tension vasculaire, d'où cette loi de Marey La fréquence du pouls est en raison inverse de la tension artérielle.

Le fait est donc certain; mais il faut maintenant entrer dans le phénomène lui-même et en montrer les effets sur l'organisme et ses conséquences sur la maladie.

Or il résulte de toutes les observations que nous avons déjà produites et de leurs analyses: que la résolution d'une pneumonie ne peut se faire sans ralentissement du pouls, sans abaissement de la température, conditions indispensables pour que la contractilité organique se relève et devienne curatrice.

Nous voyons donc ici, au contraire, l'élévation du pouls et sa rapidité augmenter. N'en serait-il pas de même de la température ? Disons d'abord que tous les praticiens ont remarqué, et que M. Grisolle l'a particulièrement constaté, que la saignée ne supprimait pas la sueur. J'ai vu, au contraire, très-souvent après la phlébotomie, une sueur profuse; et comment en serait-il autrement avec la rapidité de la circulation augmentée, la diminution de la tension vasculaire (Marey), que l'on expliquait très-bien en clinique depuis longtemps par une détente générale ?

Ainsi, il y a quelques années que je fus appelé par un confrère auprès d'une femme en couches qui avait une perte irréductible. Nous fûmes cependant assez heureux pour l'arrêter au moyen d'une compression de l'aorte abdominale, selon la méthode de Baudelocque neveu. Après cette hémorrhagie, le pouls fut misérable, la peau froide pendant quelques heures, mais après il se releva d'une manière telle que je trouvai la femme avec les pommettes rouges, baignée de sueur, avec une chaleur que l'on peut dire extrême. Le pouls était large, extraordinairement développé. Je fus effrayé d'une pareille réaction que je compris au delà de toute proportion. En effet, ce n'était ni plus ni moins que la lutte de l'agonie, les derniers efforts de l'organisme dans lesquels cette femme succomba.

A la suite d'une saignée, la chaleur diminue de quelques dixièmes seulement, comme l'ont prouvé Thomas, Bærensprung et Hirtz, mais cet abaissement de température n'est que transitoire, il

ne duré que six à huit heures, dix au plus, et la chaleur revient un péu plus élevée par suite de l'activité des combustions qui se sont produites sous l'influence de la déplétion sanguine. La saignée, qui est anticalorique, n'est pas pour cela antifébrile, car la fièvre indique dans la pneumonie la formation d'un exsudat qui, une fois résorbé, doit être éliminé par une évolution régulièrë, fatale, et qui exige une certaine force de résistance de la part de l'individu malade. Le principal danger de la saignée est de produire la dénutrition des tissus; elle agit alors dans le même sens que la fièvre. qui produit une dénutrition prompte, rapide; et c'est pourquoi les saignées doivent être ménagées avec la plus grande prudence, et doivent être réservées à des cas tout particuliers et bien spécifiés.

Après qu'on a eu toujours dit: Sanguis moderator nervorum, Traube (de Berlin) a découvert que le nerf vague était un nerf modérateur du cœur, et MM. Betzol et Cyon ont démontré que lorsque le sang avait perdu ses globules, il surexcitait les nerfs accélérateurs du cœur, qu'il reçoit des ganglions cervicaux inférieurs et dorsaux supérieurs du grand sympathique.

Voilà d'abord qui rend raison de l'accélération de la circulation à la suite de la saignée et qui indique que cette accélération est un signe de faiblesse organique, de révolte du système nervetix. Si à cela on ajoute que M. Marey a prouvé la diminution de la tension artérielle à la suite des saignées, il restera démontré que cette action de la saignée sur le système nerveux abaisse la contractilité organique en général et celle des vaisseaux sanguins en particulier.

L'observation directe le prouve, puisque la température augmente toujours pour ainsi diré jusqu'à la mort. En effet, M. Georges Bergeron, dans des expériences faites sous les inspirations cliniques de M. Charcot, trouve que « l'échelle thermographique s'élève de 40, 41 degrés dans l'accroissement de la maladie, tandis qu'elle descend de 38, 37 degrés, lorsque commence la résolution et surtout la convalescence; qu'au contraire elle monte jusqu'à 42o,2 où 3/5, sans s'abaisser jamais au-dessous de 39 degrés, quand la maladie doit avoir un issue funeste, et cela pendant que dans les quelques heures qui précèdent la mort elle se maintient à 40, 41 degrés (1). »

(1) Gazette des hôpitaux, no 70, 1866.

Si maintenant on ajoute que jamais la chaleur s'élève alors que le mouvement circulatoire se ralentit, mais qu'au contraire c'est la rapidité de la circulation qui précède l'élévation de température, on sera bien prêt d'attribuer cette dernière à la rapidité de la circulation. Il est si vrai, d'ailleurs, que ce sont là des phénomènes corrélatifs, que M. le professeur Sée, dans une de ses dernières leçons, disait : « Le thermomètre n'indique que l'augmentation de la chaleur, mais cette augmentation tient sous sa dépendance tous les phénomènes qui constituent la fièvre l'état du pouls, de la circulation, du système nerveux, et l'état général du sujet (1). » Donc aussi, en tenant compte du pouls, on tient compte de la calorification. Tout est cercle dans notre organisme.

Enfin que dirons-nous de cette production toujours croissante de fibrine dont témoigne la couenne du sang à mesure que l'on multiplie les saignées. On ne peut, je crois, contrairement aux diverses conclusions qu'on en tirait jadis, s'expliquer cette action des saignées que d'une manière fâcheuse pour l'organisme et funeste à la maladie. Cette augmentation n'est que la conséquence d'une exaltation d'absorption interstitielle qu'emploie l'organisme pour réparer le dommage qu'on lui fait subir par des spoliations intempestives. Puis, cette fibrine, au lieu de fabriquer de nouveaux globules, contribue au contraire à augmenter l'exsudat pathologique? Ce fait de l'apparition de cette couenne ne saurait donc témoigner que d'un effort réparateur, d'une lutte contre des spoliations hors de propos.

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Des effets physiologiques produits par les antimoniaux associés à la digitale pour faciliter le mouvement organo-fonctionnel médicateur dans la pneumonie. Si l'on analyse les observations que nous avons produites, si l'on cherche les conclusions de ce travail, si l'on veut se rendre compte du but vers lequel a tendu la pratique de tous les temps, si l'on veut s'expliquer la tendance scientifique et pratique du moment, on découvrira que toujours on a cherché à diminuer la fièvre de la pneumonie, à ce point qu'aujourd'hui divers praticiens veulent en faire une méthode particulière, qu'on désigne du nom significatif d'antipyrétique.

Les saignées, tout en s'adressant à la pneumonie même, passaient encore pour le meilleur antipyrétique; et ce qui induisait en erreur, c'était le soulagement momentané qu'elles produisaient.

(1) Bull. de Thérap., t. LXXVI, p. 147.

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