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de ce journal en faveur du dictionnaire dont il s'agit, à défaut d'une analyse impossible, il nous suffira de citer les noms de MM. Gosselin, Richet, Demarquay, Laugier, Alp. Guérin, Giraldès, Panas, Desormeaux, qui se sont partagé, ou auxquels ont été distribué les sujets que par leurs études antérieures ils étaient le plus aptes à traiter. Les questions plus particulièrement relatives à l'obstétrique n'ont pas moins trouvé, dans le Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, les praticiens les plus préparés à les traiter utilement les noms de MM. Stoltz, Tarnier, Devilliers, qui se lisent en face de ces questions, ont cette signification aux yeux de tous. N'oublions pas que les éditeurs ont eu l'heureuse idée de faire appel aux médecins et chirurgiens de la province qui sont, comme le savent bien nos lecteurs, de précieux collaborateurs, et nous avons remarqué les travaux de Denucé, Oré, et Gintrac (de Bordeaux), Heurteaux (de Nantes), Luton (de Reims), Boeckel et Stoltz (de Strasbourg).

Nous avons été tout de suite à la partie qui, dans ce dictionnaire, intéressait le plus les praticiens; mais ce serait se faire une idée fort incomplète de cette grande publication, que de supposer qu'elle ne va point au delà de la technique de la science, si nous pouvons ainsi dire l'anatomie, la physiologie, la physique, la chimie, la pharmacologie, la matière médicale, l'hygiène, la médecine légale, la toxicologie y sont également étudiées, ou dans leurs affinités les plus étroites avec la médecine et la chirurgie proprement dites, ou dans leurs afférences plus éloignées avec ces deux branches essentielles de notre art secourable. Ici encore les noms les plus autorisés, comme ceux de MM. Anger, Ranvier, Lannelongue, Cusco, Bert, Hébert, Léon Marchand, Ollivier et Bergeron, Buignet, Rousseau, Sarazin, Rochard, Amb. Tardieu, répandent sur tous ces points, considérés surtout au point de vue du progrès de l'art, les lumières d'un enseignement aussi fécond que judicieux. Au milieu des innombrables questions qui ressortissent à cet enseignement, si vaste encore en ses proportions pourtant restreintes, il nous serait facile d'en choisir quelques-unes où, à côté des préceptes de la pratique, se montrent les tendances les moins dissimulées aux spéculations les plus hardies; mais comme, à nous engager dans cette voie, nous courrions risque de dépasser les limites dans lesquelles nous sommes forcé de nous renfermer, qu'il nous suffise d'indiquer dans cette direction l'article de M. Z. Roussin sur la catalyse, qui, au lieu d'être une force réelle inexpliquée, ne marque aux yeux de l'auteur

qu'une lacune dans la science. Nous partageons complétement quelques-unes des idées du savant auteur sur cette question, et sur la question plus compréhensive à laquelle il la rattache; mais nous craignons qu'il ne se fasse illusion sur la portée sans limites de la science purement inductive: il y a à l'intuition empirique une limite à laquelle l'esprit humain ne s'arrêtera pas; mais pour la franchir, c'est à une autre source d'informations qu'il faut s'adresser.

Quant à la thérapeutique, elle est traitée de main de maître, car bon nombre d'articles sont dus à la plume de notre éminent collaborateur, Hirtz (de Strasbourg), dont nous citerons surtout avec éloges les articles: Belladone, Chaleur, Crise.

Nous remarquons, en finissant, que nous n'avons rien dit d'une double spécialité qui ne peut manquer d'avoir sa place dans une publication aussi importante que le Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, nous voulons parler de la syphiligraphie et des maladies mentales. Jusqu'ici, si nous ne nous trompons, ces deux branches de la médecine ont eu surtout pour organes, dans le dictionnaire, MM. A. Fournier et Pain. Tout en reconnaissant que ces deux auteurs estimés peuvent suffire assurément à cette lourde tâche, nous désirerions que, dans l'intérêt même de cette publication, M. Ph. Ricord, par exemple, sortît un peu de son limbe pour appuyer de sa grande autorité le jeune médecin dont nous venons de parler. Qu'on nous permette, pour justifier cette légitime aspiration, de citer en quelques mots un fait que le hasard des choses de la pratique vient de nous faire rencontrer. M. Fournier, en parlant du traitement du bubon suppuré, tranche nettement la question de l'opportunité, de la nécessité non de l'incision prématurée, comme le voudrait M. Broca, mais de la nécessité de cette incision dès que la suppuration se manifeste. Est-ce là une saine pratique ? Quelques bons esprits la rejettent et ne pratiquent cette opération qu'à la dernière extrémité, quand il est évident que la tumeur est près de se vider spontanément. Et la raison de cette temporisation, c'est que, grâce à elle, on a vu la résorption se faire et mettre ainsi les malades à l'abri d'une vaste ulcération, dans le cas de bubon d'infection. Le fait auquel je viens de faire allusion vient confirmer cette prudence: cette pratique a donc, dans quelques cas tout au moins, une raison d'être, et nous aurions voulu que notre savant et habile syphiligraphe marquât la place de cette heureuse éventualité dans son histoire, fort bien faite d'ailleurs, du bubon.

Mais je rougis presque de terminer un article, qui n'avait d'autre but que d'appeler sérieusement l'attention sur une vaste et utile publication, par une si mesquine critique; je m'arrête et prie le savant directeur du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, qui sait combien je l'apprécie, de me pardonner d'avoir mêlé ce microscopique grain de critique à l'éloge presque sans restriction des pages précédentes. Que notre éminent confrère n'oublie pas qu'un dictionnaire comme celui-ci est, aux mains de beaucoup de médecins, le livre unique, l'unus liber, et qu'il en surveille avec une scrupuleuse attention les conclusions thérapeutiques surtout la plupart des médecins auxquels ira ce dictionnaire vivent dans le désert; que la manne qui leur tombe du ciel scientifique de Paris soit, tout au moins, pure de tout mélange équivoque.

CLINIQUE DE LA VILLE.

Perforation traumatique du tympan, datant de deux mois, guérie par une seule irrigation d'eau tiède.

Obs. Mme X***, âgée de trente-sept ans, jardinière à Neuilly, entendait parfaitement des deux côtés, lorsqu'au mois de mars dernier, dans la chaleur d'une discussion un peu vive, son mari appuya ses arguments d'un violent soufflet sur la joue gauche. Mme X*** faillit être renversée: elle eut de grandes douleurs à la tête, quatre jours après l'incident il se manifesta par le conduit auditif un écoulement considérable, verdâtre et fétide, et elle devint sourde de ce côté, au point qu'elle n'entendit plus le son de la voix des personnes qui lui adressaient la parole.

Mon savant confrère, le docteur Legrand, de Neuilly, conseilla à cette dame de venir à mon dispensaire. Ce fut un mois après l'accident, le 17 avril, qu'elle vint me consulter. L'écoulement existait toujours avec la même abondance et la même fétidité, il y avait engorgement des ganglions, céphalalgie intense, bourdonnement retentissant en bruit de choc, mais la mastication, l'éternument et le bâillement étaient sans douleur. On entendait avec l'otoscope de Toynbee, en faisant moucher la malade, un petit bruit sifflant et gargouillant en même temps. La trompe était libre, Le diapason n'était pas entendu à un centimètre du conduit, mais

le son était perçu si l'on appuyait le diapason sur la base frontale. L'examen au speculum de Muston montre un tympan gris-jaunâtre dont les tissus sont gonflés, boursouflés comme une membrane ayant longtemps séjourné dans l'eau. Il y a au-dessus l'un de l'autre deux trous dont les bords sont nettement arrondis et du milieu desquels sort une gouttelette de liquide qui reflète fortement la lumière; l'une d'elles a des battements isochrones. On ne voit pas le manche du marteau ni le triangle lumineux.

J'ordonnai à Mme X*** de cesser de travailler la tête penchée, de se tenir un mouchoir sur les oreilles et de faire un traitement antiphlogistique, moins les évacuations sanguines. Ce traitement consista en injections émollientes, badigeonnage de teinture vésicante, dérivatifs sur le canal intestinal, pédilures sinapisés.

Le 10 mai, il y avait peu d'amélioration, même couleur, même fétidité, même abondance dans l'écoulement; lorsqu'elle se mouchait, la dame X*** sentait qu'elle expulsait des bulles d'air par son conduit auditif, et on voyait toujours les perforations avec le speculum.

Je fis alors, à l'aide de l'oto-injecteur, une irrigation considérable que je dirigeai moi-même sur le tympan sans craindre d'augmenter la déchirure. La colonne d'eau avait eu une hauteur de 1,20, et je fis passer par l'oreille toute l'eau contenue dans une fontaine en porcelaine.

Dès ce premier jour l'écoulement fut tari. Néanmoins cette dame fit les jours suivants un irrigation de 8 à 10 litres d'eau tiède. Le 15 mai, c'est-à-dire cinq jours après, je revis la malade, l'écoulement n'avait pas reparu, l'ouïe était revenue, je trouvai le tympan réparé, triangle lumineux cherchant à apparaître, surface un peu rugueuse et furfuracée.

Ma malade a bien voulu m'accorder la faveur de la présenter à l'Académie de médecine. Dr PRAT.

BULLETIN DES HOPITAUX.

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DEUX CAS D'ASPHYXIE PAR LE GAZ DE L'ÉCLAIRAGE TRAITÉS PAR L'INHALATION DE L'OXYGENE. Le docteur Siercking rapporte dans the Lancet deux observations d'asphyxie qu'il a traités à l'hôpital de Sainte-Marie au moyen de l'oxygène en inhalations. Samuel S***,

âgé de cinquante-cinq ans, palefrenier, et Frédéric E***, âgé de trente-trois ans, cocher, furent apportés, le 7 janvier, tous les deux dans un état d'insensibilité. On les avait trouvés dans l'écurie dans un état de mort apparente. En ouvrant l'écurie, on sentit une forte odeur de gaz qui paraissait s'échapper par une fissure d'un tuyau à gaz placé dans l'écurie, probablement causée par un des chevaux. Les deux hommes furent réveillés à différentes reprises par le bruit des pieds des chevaux, et la dernière fois qu'ils s'éveillèrent ils ne purent quitter leur lit. Leurs bras étaient roides, leurs mains tremblaient; S*** dit : « Je suis tout paralysé, » et ils retombèrent tous deux sur leur lit et perdirent connaissance. Les deux malades doivent être restés environ neuf heures sous l'influence délétère du gaz.

Au moment de leur entrée à l'hôpital on ne put constater de pulsations à l'artère radicale de S***; mais le cœur battait cent fois à la minute. Ses pieds et ses mains étaient froids, la peau était livide. On commença par échauffer les pieds et placer des sinapismes en même temps qu'on faisait prendre au malade de l'eau-devie. La sensibilité revint peu à peu.

Puis on administra l'oxygène en inhalation. Le pouls était à 72, très-calme; après la séance il devint plus plein sans augmenter de fréquence. Le malade dormit bien toute la nuit, mais le lendemain il ne se sentait pas aussi bien et éprouvait une douleur dans la poitrine; sa respiration était oppressée, le pouls à 64, la langue humide et nette. Il y avait de la matité dans la région sous-scapulaire droite, où se faisaient entendre des râles crépitants fins et du souffle tubaire. Le malade fut saigné et sentit aussitôt sa respiration dégagée. Le lendemain il était tout à fait bien et ne présentait plus de signe de pneumonie (1). Le surlendemain il quitta l'hôpital entièrement guéri.

Les symptômes que présenta l'autre malade, cocher de profession, furent tout à fait semblables, mais moins marqués; il fut traité de la même façon. Avant l'inhalation d'oxygène, le pouls était à 126; aussitôt après l'inhalation, le pouls devint à 128, et l'engourdissement dans les bras, qui s'était manifesté dans les premiers temps, disparut complétement. Le malade remarqua tout de suite ce changement, car il commença à remuer et à étendre les bras aussitôt qu'il eut absorbé l'oxygène; il fut aussi débarrassé en

(1) Est-ce bien pneumonie qu'il faut dire ou bien n'est-ce pas plutôt une congestion pulmonaire ? (Note du Traducteur.)

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