Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

lade, il n'est pas douteux que c'est l'arsenic qui fut l'agent efficace, Il est intéressant de remarquer que, nonobstant l'état d'irritabilité des intestins, il agit à la manière d'un sédatif. Ce cas diffère, sous plusieurs rapports, de ceux qui le précèdent. C'était une espèce de pyrosis, mais différant toutefois d'une manière essentielle de celui qu'on observe communément, dans lequel l'arsenic agit comme irritant énergique.

Voici maintenant une observation qui fait voir que le même traitement a eu des effets avantageux, alors que la douleur siégeant dans l'estomac était sous la dépendance d'une irritation transmise d'un autre organe.

La femme d'un marchand vint me consulter pour une atroce douleur dont elle était prise chaque fois qu'elle prenait des aliments solides. Depuis trois mois elle avait vécu presque exclusivement de lait. Il y avait beaucoup de flatulence, et la langue présentait l'aspect le plus remarquable; il semblait qu'elle fût recouverte d'une couche épaisse de peinture blanche avec une bande jaunâtre au centre. Elle était très-maigre et avait un peu de toux. L'examen stéthoscopique faisait reconnaître l'existence d'une vaste excavation, sans matières liquides, à la partie supérieure du poumon gauche. La santé de cette dame s'améliora d'abord beaucoup par l'usage du manganèse, avec addition de petites doses de morphine; mais cette amélioration ne dura que peu de jours. L'arsenic, prescrit alors, eut pour effet de supprimer complétement la douleur, qui ne reparut pas pendant quelques semaines que la malade resta soumise à mon observation.

Les cas qui précèdent représentent trois classes, évidemment de nature très-différente; dans lesquels l'arsenic s'est montré efficace. Mais il est possible de saisir entre eux une étroite liaison. C'est un état particulier d'un nerf, — qu'on l'appelle exaltation ou dépression, suivant la théorie qu'on aura adoptée, — qui est la cause de la douleur. Or, quand des douleurs surviennent spontanément, sans inflammation, et que l'invasion et la disparition en sont soudaines, nous donnons à l'affection le nom de névralgie. Ces attributs de la névralgie étaient bien marqués dans les deux premiers cas. Dans cette classe, je suis, de par l'expérience, autorisé à dire que l'arsenic ne sera presque jamais en défaut.

Dans le cas dépendant d'une intoxication paludéenne, intoxication sur les traces de laquelle on était mis par le commémoratif d'une fièvre intermittente antérieure et par l'état actuel de la rate,

l'idée d'un rapport entre l'affection paludéenne et la névralgie s'imposait d'elle-même à l'esprit, et ce rapport suggérait l'indication d'un médicament d'une puissance reconnue contre l'une et l'autre maladie.

Dans le cas de phthisie, il est digne d'attention que la douleur était occasionnée par l'ingestion des aliments. Mais l'insuccès des remèdes ordinaires contre la douleur survenant à la suite des repas, aussi bien que l'analogie, me conduisit à essayer l'arsenic. La névralgie se développe souvent dans des parties à une certaine distance de l'irritation dont elle dépend. C'est ainsi que la carie dentaire la fera naître à la partie supérieure de la face; qu'un corps étranger, tel qu'une balle, un éclat de bois ou une esquille, logé dans une partie des tissus, la suscitera dans une autre partie. Feu le docteur Brinton, parlant de ce genre de douleur qui nous occupe en ce moment, s'exprime ainsi; « Ces cas de phthisie gastrique peuvent être regardés comme un genre de névralgie des nerfs pneumogastrique et sympathique; certains segments thoraciques de ces nerfs formant le point de départ d'une irritation et d'une action morbide qui se transmet à leurs connexions abdominales, » (Maladies de l'estomac, 2e édit., p. 350.)

Le contact des aliments avec l'estomac dans le cas qui précède, était la cause excitante de la douleur. Mais l'effet du traitement seul la distingue de la gastrodynie ordinaire, dans laquelle l'arsenic est toujours nuisible. Un des principaux signes que la douleur, dans la première classe de cas, était une douleur névralgique, c'est sa grande intensité. Mais la probabilité qu'il existe une douleur gastrique de même nature, mais d'un moindre degré d'intensité, ne tarda pas à se présenter à moj, Agissant en conséquence, j'ai traité avec succès, au moyen du même agent, un nombre considérable de cas d'une espèce plus modérée, A mesure, cependant, que l'intensité diminue, la difficulté du diagnostic augmente, et ici le diagnostic est de la plus grande importance. Il faut y apporter la plus grande attention, de peur que l'arsenic ne soit préjudiciable au lieu de produire de bons effets. Dans le cas ordinaire de douleur par suite d'intolérance de la membrane muqueuse de l'estomac au contact des aliments, l'arsenic agit à la manière d'un irritant direct. La douleur gastrique, la sensation de chaleur, la sensibilité de l'épigastre, la rougeur de la pointe de la langue, sont promptement augmentées. Dans les cas douteux, la meilleure règle est de n'adminiştrer l'arsenic qu'après avoir donné au régime l'attention qui

convient, et que l'emploi de certains médicaments est resté sans résultat. De ces médicaments un des plus favorablement connus est le bismuth. Mais, s'il m'est permis de parler ici d'un autre agent que j'ai introduit dans la pratique, j'ajouterai que l'oxyde noir de manganèse purifié est supérieur au bismuth, excepté dans les cas qui vont être spécifiés. Si le mérite de ces deux substances est le même sous d'autres rapports, le manganèse possède un grand avantage, celui de ne pas amener la constipation, ce que fait presque invariablement le bismuth. Mais, dans un petit nombre de cas, l'irritabilité de la membrane muqueuse stomacale se continue dans l'intestin grêle ; à la douleur alors s'associe la tendance à la diarrhée, et les propriétés astringentes du bismuth deviennent avantageuses. C'est dans ces sortes de cas seulement que j'y ai recours main

tenant.

Il ne sera pas inutile de noter ici, suivant leur ordre de fréquence, les cas de douleur gastrique dans lesquels l'arsenic ne peut convenir.

1o La sensibilité anormale de l'estomac au contact des aliments, excepté celle qui se présente dans certains cas de phthisie;

2o Le pyrosis qui n'est pas d'origine miasmatique ;

3o La gastrite subaiguë;

4o L'ulcère de l'estomac ;

5o La sensibilité anormale par suite de congestion gastrique, résultant d'une maladie du cœur ;

6o Le cancer.

Ces diverses affections peuvent se distinguer aisément à leurs symptômes propres. Mais il est d'autres cas de douleur dans la région stomacale qui sont plus difficiles à discerner de ceux où l'arsenic est efficace. Tels sont :

1o L'anévrysme de l'aorte abdominale ou d'une de ses branches. A cette occasion je dois insister fortement sur la nécessité de l'examen stethoscopique des régions cardiaque et épigastrique, dans chaque cas de douleur abdominale intense;

2o Les calculs biliaires. Il est quelquefois très-difficile de distinguer entre la douleur causée par ces calculs et la névralgie de l'estomac. C'est lorsque le foyer de la douleur se trouve dans la région gastrique et qu'il n'en existe pas dans le trajet des conduits biliaires. Y a-t-il en même temps absence d'ictère et d'autres symptômes hépatiques, la difficulté se trouve considérablement accrue. L'exemple suivant fait bien voir cette difficulté. La femme

d'un ecclésiastique vint à Londres et se confia à mes soins. Elle était âgée de quarante-huit ans et de constitution délicate. Douze ans auparavant, à la suite de la nouvelle soudaine de la mort de deux personnes auxquelles elle était attachée, elle fut prise d'une violente douleur spasmodique de l'estomac, suivie de vomissements. Depuis elle resta toujours sujette, à intervalles irréguliers, à des retours d'accidents semblables, qui, à la fin, devinrent tellement fréquents que sa santé générale en fut très-sérieusement altérée. La douleur commençait sous l'appendice xiphoïde, et semblait, bien qu'elle s'étendît à une grande partie de l'abdomen, n'avoir aucun rapport particulier avec la région hépatique. Chaque attaque durait quatre ou cinq heures. Une fatigue, une émotion, le plus petit écart de régime suffisait pour y donner lieu. Il existait une sensibilité spinale bien marquée à la partie moyenne de la région dorsale. Il y avait un an, un peu d'ictère s'était manifesté et l'on avait noté la possibilité que le point de départ du désordre résidât dans l'existence de calculs biliaires. Mais le tempérament de la patiente, les causes excitantes des attaques, et la longue période de temps. qu'avait duré la maladie sans que jamais il y eût eu de résultat critique, m'inclinèrent à croire que c'était un cas de névralgie. En conséquence, j'administrai l'arsenic, sans qu'il s'ensuivit aucune amélioration, et ma malade s'en retourna chez elle, où ses souffrances continuèrent comme auparavant. Quatorze mois après, elle évacua un calcul biliaire de la grosseur d'une amande de noisette, qui me fut envoyé par son médecin. Depuis cette époque les attaques ont cessé, la force et l'embonpoint sont revenus. Ainsi, voilà un cas dans lequel la simple présence d'un calcul dans la vésicule biliaire semble avoir été une source constante d'irritation réflexe, toujours prête à se dévolopper sous forme de douleur, dès que le système nerveux subissait l'influence d'une cause déprimante quelconque. Le traitement avait failli, parce que le diagnostic avait manqué d'exactitude.

Dans le choix des cas pour le traitement par l'arsenic, il est certains points auxquels il est nécessaire de bien faire attention. On doit s'assurer nettement si la douleur est suscitée ou non par l'ingestion des aliments. Si la douleur est violente, et si elle survient généralement quand l'estomac est dans l'état de vacuité, si elle ne dépend pas d'une des causes spécifiées comme étant en dehors de son action, le médicament sera presque certainement suivi de succès. Si le malade habite une contrée où règne la fièvre intermittente, et

spécialement s'il a eu cette maladie, ou s'il a été affecté de névralgie de la face ou de la tête, on trouvera dans ces circonstances de puissantes indications pour le traitement arsenical. Mais si les papilles de la pointe de la langue sont rouges et saillantes, si l'épigastre est constamment sensible à la pression, si la peau est chaude et sèche et le pouls fréquent, il ne faudra pas compter sur ce

moyen.

La précaution habituelle de faire prendre l'arsenic immédiatement après le repas sera mise en pratique, et il sera toujours convenable de commencer avec prudence et en tâtonnant par rapport à la dose. Si le médicament est bien supporté, la quantité en sera augmentée progressivement. Quand on est arrivé aux doses fortes, il peut être avantageux d'ajouter quelques gouttes d'opium pour prévenir l'action purgative. Il va sans dire qu'il faut être attentif à la manifestation des effets constitutionnels de l'arsenic, afin de reconnaître s'il convient d'en diminuer la dose ou d'en supprimer l'usage.

Nous ne vivons pas dans un temps où la thérapeutique soit en honneur, Tel est, en effet, le scepticisme qui règne quant à l'action des médicaments, que beaucoup de personnes reprochent au mot cure de n'être pas philosophique. Ferme croyant dans l'efficacité de la médecine, je proteste contre un tel jugement. Nous sommes, heureusement, en possession d'un certain nombre de substances dont l'action curative n'est pas douteuse, et par conséquent nous sommes autorisés à espérer que nous pouvons non-seulement en acquérir de nouvelles, mais aussi étendre les applications de celles qui sont anciennement connues. Parmi celles-ci, l'arsenic, quand il est employé d'une manière convenable, est doué du pouvoir de guérir dans des cas variés, tels que la fièvre intermittente, certaines céphalalgies et quelques maladies de la peau. En publiant la présente note, mon but est d'ajouter un nouvel ordre d'affections. à la liste de celles dont triomphe ce médicament. Mais les efforts individuels sont insuffisants quand il s'agit de donner droit de cité à un nouveau traitement; aussi, comptant sur le concours de mes confrères, je les prie, en terminant, de contrôler par leur propre. expérience la valeur des faits que j'avance, et de vouloir bien faire connaître les résultats qu'ils auront obtenus.

« ZurückWeiter »