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thode. En effet, MM. Legay et Riquard opèrent une hernie crurale étranglée, et, n'ouvrant pas le sac, abandonnent l'intestin après avoir débridé; puis il survient une fistule stercorale. Il ne faut pas compter ce cas comme un succès de la nouvelle méthode, car n'est-ce pas sans doute aussi une fistule stercorale qui se serait établie si on eût abandonné la malade à elle-même. Ces messieurs ont, par l'incision des enveloppes herniaires, avancé le travail de la nature, mais voilà tout. Que M. Girard ne prenne pas comme exemples des hernies irréductibles qui guérissent après l'opération, quoique le chirurgien n'ait pu les réduire; qu'il nous montre au contraire, et son procès alors sera gagné haut la main, une bonne statistique (surtout nombreuse, pour éviter les séries) de hernies qui n'aient pas été réduites, parce que le chirurgien ne l'a pas voulu.

Je ne ferai pas à la théorie de M. Girard un grand nombre d'objections, puisqu'elle n'est pas, à mon avis, suffisamment appuyée sur des faits; je me contenterai de quelques remarques. La réduction est mauvaise, selon l'auteur, surtout parce qu'on introduit dans la cavité péritonéale une anse intestinale qui propage ainsi à tout le péritoine une inflammation limitée jusqu'alors à la cavité du sac. Cela n'est pas exact. Toutes les fois qu'on réduit une anse intestinale par le taxis, cette anse était évidemment enflammée et cependant combien n'est-il pas exceptionnel de voir la péritonite après le taxis? Ce n'est pas la rentrée de l'anse qui est dangereuse, c'est l'ouverture du sac, c'est la plaie pénétrante abdominale que vous pratiquez et qui communique avec la cavité péritonéale, que vous fassiez rentrer ou non, et qui communique d'autant plus certainement que vous débridez. Je crains bien qu'en ne réduisant pas immédiatement vous n'ajoutiez à la gravité déjà si grande de l'ouverture du péritoine les inconvénients très-nombreux inhérents à la non-réduction elle-même.

La kélotomie sans ouverture du sac ne serait-elle pas une admirable opération si l'étranglement avait toujours lieu par l'anneau et si l'état de l'intestin pouvait être prévu, ce qui est impossible, et cependant on réduit dans ce cas. Non, certainement ce n'est pas le fait de la rentrée dans le ventre d'un intestin sain qui aggrave l'opération, c'est la plaie péritonéale.

La kélotomie est une opération grave entre toutes, et nous ne devons cesser d'en chercher la cause, ainsi que l'a fait consciencieusement M. Marc Girard,

L'opération de l'ovariotomie me paraît être de nature à nous révéler une des causes, la plus importante peut-être, de la mortalité à la suite de la kélotomie.

Comment meurent les opérés ? (Je ne parle que des opérés dans de bonnes conditions, sans gangrène ni péritonite antérieure, que nous devrions guérir dans la grande majorité des cas.) Ils meurent de péritonite consécutive à l'opération.

Comment meurent le plus souvent les femmes ovariotomisées ? De péritonite consécutive à l'opération.

Or tous les chirurgiens sont unanimes pour reconnaître que si l'ovariotomie donne aujourd'hui de nombreux succès, c'est à cause du soin extrême, minutieux même, qu'on prend de ne pas laisser séjourner dans le péritoine une seule goutte de sang, ni une seule goutte de liquide. Il vaut mieux toucher une surface péritonéale un peu saignante avec du perchlorure de fer ou le fer rouge, que de laisser après la suture le plus léger suintement. La guérison est à ce prix. Ce n'est pas le contact prolongé de l'air qu'on redoute dans l'ovariotomie, c'est le séjour et plus tard la décomposition putride des liquides épanchés.

Que se passe-t-il quand on opère une hernie étranglée? On débride sur le doigt sans voir exactement où porte le bistouri; il y a toujours un petit écoulement de sang, mais assez faible pour que le chirurgien ne s'en occupe pas. On réduit, et le doigt est porté dans l'anneau pour s'assurer qu'il est libre, qu'il communique directe'ment avec la cavité péritonéale, puis, sur cet anneau ouvert on referme une plaie plus ou moins saignante dont tous les produits d'exsudation tombent dans le péritoine.

C'est là sans doute une hypothèse; mais elle doit être prise en sérieuse considération si l'on songe à ce qui se passe pour l'ovariotomie. Aussi j'engage les chirurgiens à faire tous leurs efforts pour empêcher la chute du sang dans la cavité péritonéale.

Une objection à faire encore à la théorie de M. Marc Girard, c'est l'existence des collets multiples. En se contentant de débrider sans réduire, on s'expose à ne pas lever le véritable siége de l'étranglement, et si plus tard on s'en aperçoit, il peut être trop tard.

J'ai observé cette année, dans mon service, deux cas de hernies. inguinales à doubles collets, dont voici la relation succincte :

OBS. III. Durand (Louis), âgé de trente ans, entre à l'hôpital Saint-Antoine avec une hernie inguino-scrotale droite étranglée depuis quatre jours. La tumeur, bilobée, offre l'aspect d'un bissac

dont la portion rétrécie serait à la partie moyenne du scrotum. Constatant de la chaleur, de la rougeur et de l'empâtement avec des symptômes de péritonite, je pratique le 3 février la kélotomie. Le sac étant mis à nu, on reconnaît très-nettement deux collets, l'un supérieur au niveau de l'anneau inguinal externe, l'autre inférieur à 5 ou 6 centimètres au-dessous. J'ouvre le sac en incisant le collet inférieur et trouve toute la portion d'intestin située au-dessous frappée de sphacèle. Le collet supérieur ne gênait en rien la circulation des matières. J'établis un anus contre nature, et une sonde introduite dans le bout supérieur de l'intestin donne issue à une quantité considérable de matières fécales.

Malgré l'opération, la péritonite continue à s'étendre de plus en plus et le malade succombe le 9 février.

Le second cas, plus heureux, me paraît assez instructif pour que j'en donne la relation.

OBS. IV. Leduc (César), quarante-deux ans, ébéniste, entre le 25 mars dernier à la salle Saint-Barnabé, pour une hernie inguinale droite étranglée depuis vingt-quatre heures. Je me conforme comme d'usage au précepte de mon maître, le professeur Gosselin, c'est-à-dire : taxis sans chloroforme d'abord, puis taxis avec chloroforme, et, en cas d'insuccès, opération séance tenante.

Le sac ouvert, je reconnais la présence du collet au niveau de l'anneau externe et je débride à l'ordinaire. L'intestin ne peut pas rentrer. Jugeant mon débridement insuffisant, je débride une seconde fois. La pression sur l'intestin ne peut réduire, ou plutôt il se produit un phénomène singulier. Je parviens, en pressant avec deux doigts de chaque main, à faire franchir à l'anse intestinale le collet; mais à peine ai-je retiré mes doigts, que l'intestin s'échappe de nouveau au dehors comme un ballon de caoutchouc qu'on emprisonnerait dans un espace trop étroit.

J'introduis alors mon doigt dans la cavité abdominale presque aussi loin qu'il peut atteindre et je rencontre un second collet, Pénétrant de force dans ce collet avec mon indicateur, je puis en vaincre la résistance. Une légère pression suffit ensuite pour réduire complétement l'anse herniée.

Les accidents d'étranglement disparaissent aussitôt.

Le malade conserve bien pendant quelque temps un peu de gonflement du ventre, quelques douleurs, quelques coliques, il survient même un phlegmon du scrotum. Mais ces accidents ne font que retarder la guérison, qui était absolue le 19 mai.

CHIMIE ET PHARMACIE

{Préparation des crayons médicamenteux ;

Par M. BOUILHON, pharmacien.

L'usage des crayons médicamenteux a été jusqu'à présent assez restreint, malgré les avantages que cette forme paraissait offrir. Ceci tient à leur procédé de préparation, qui est loin de donner un produit tel que l'opérateur pourrait le désirer.

Pour les obtenir, on se contente soit de les tailler tant bien que mal dans un gros cristal de sel, soit de fondre le sel et de le couler dans une lingotière. Les substances organiques, comme le tannin, sont mélangées de gomme, de mie de pain, et roulées en cylindres.

Il en résulte des crayons tellement fragiles, que l'opérateur les trouve souvent brisés au moment où il veut s'en servir. De plus, leur pointe est extrêmement dure et piquante, inconvénient grave dès qu'il s'agit de les appliquer au traitement des maladies des yeux; si elle s'use ou se casse pendant l'opération, on n'a pas toujours sous la main les moyens de lui rendre sa finesse primitive.

Ces inconvénients qui m'avaient été signalés à diverses reprises, surtout par des médecins oculistes, m'ont engagé à rechercher un procédé de moulage produisant des crayons doués d'une certaine élasticité. Voici le procédé tel que je l'ai modifié :

On pulvérise la substance en poudre impalpable et on la mélange intimement à poids égal de gutta-percha fondue. La masse obtenue est roulée encore chaude en crayons de la dimension voulue et qui contiendront, par conséquent, moitié de leur poids de matière active. Pour les corps réductibles, comme l'hypermanganate de potasse, on remplace la gutta-percha par de la paraffine aussi pure que possible.

Ce procédé permet d'obtenir des crayons de dimension et de forme quelconques. Ils sont élastiques, ne risquent jamais de se casser dans les mains de l'opérateur, et leur pointe, qu'on peut obtenir de la finesse voulue, ne peut blesser les organes avec lesquels on la met en contact. Ils se taillent avec la plus grande facilité à l'aide d'un instrument tranchant; mais il ne faut point oublier qu'ils sont constitués par une éponge de gutta-percha retenant la substance médicamenteuse interposée; il est donc utile d'aviver de

temps en temps les surfaces qui ont déjà servi pour mettre de nouvelle matière active à nu, dès que celle des couches superficielles est enlevée.

CORRESPONDANCE MÉDICALE.

Simple note sur les irrigations vagino-utérines à grande eau dans diverses affections de l'organe gestateur. — Excellents effets de ce mode de traitement dans un cas de métrorrhagie trèsgrave, occasionnée par des corps fibreux sous-péritonéaux de l'utérus.

J'ai lu avec d'autant plus d'intérêt le remarquable article de M. le docteur Desprès, relatif aux injections d'eau chaude dans le traitement de diverses métropathies (1), que depuis au moins cinq ans je mets moi-même en œuvre, dans un certain nombre d'affections de l'utérus, ce mode de traitement, qui m'a constamment fourni les plus brillants résultats.

Comme le système d'irrigation dont fait usage mon savant confrère n'est pas à la disposition de tous les praticiens, j'ai pensé qu'il serait bon de leur faire connaître celui dont je me sers moi-même. Sa construction est d'une telle simplicité, que la nouvelle méthode se trouve, par là, dégagée de tout embarras matériel; ceci revient à dire que ce puissant modificateur, j'en ai la ferme assurance, ne tardera pas à prendre un rang important dans la thérapeutique des affections utérines.

Pour effectuer mes irrigations utéro-vaginales, j'ai d'abord fait usage du simple et vulgaire clysopompe; mais cet instrument présente un grand inconvénient; il entraîne, pour la personne qui le met en œuvre, une grande fatigue, vu que la durée de chaque séance varie de vingt à trente minutes.

Pour supprimer ce véritable travail de manœuvre, j'ai enfin eu l'idée d'utiliser le tuyau de caoutchouc de l'appareil. Au lieu de le visser au corps de pompe de l'instrument, je l'ai adapté à la partie inférieure d'un seau, d'une terrine formant réservoir. Avec de tels éléments, que l'on trouve partout à sa disposition, on peut en quelques instants construire un excellent système d'injections, fonctionnant par le seul fait de la pression atmosphérique.

(1) Voir le numéro du 30 mai dernier.

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