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repose sur la paroi inférieure du vagin; le col, très-abaissé, est directement dirigé en avant. La matrice, du reste, est parfaitement mobile et peut, avec la plus grande facilité, être replacée dans sa position normale et même être refoulée assez haut. Il n'y a donc pas apparence d'adhérences anciennes, comme l'existence antérieure d'une péritonite pourrait le faire craindre. L'intestin est fortement distendu par des matières fécales dures et bosselées. La vessie paraît parfaitement libre. L'examen au spéculum me montre la muqueuse utérine et vaginale pâle et décolorée, mais il n'existe aucune érosion; les flueurs blanches sont peu abondantes. Je constate en outre chez Mme p*** du souffle dans les vaisseaux du cou, de la décoloration des muqueuses oculaire et gingivale, en un mot, des signes manifestes de chlorose. Je prescris en conséquence un régime tonique, l'usage interne des ferrugineux, des injections froides et astringentes au tannin ou à l'écorce de chêne, répétées matin et soir, des lavements ou de légers laxatifs pour combattre la constipation, et l'usage habituel d'une ceinture hypogastrique élastique.

Je revis Mme P*** quinze jours plus tard et pus déjà constater une amélioration notable dans son état. La marche est plus facile, les douleurs lombaires sont presque nulles. L'utérus, toujours rétroversé, mais parfaitement mobile, est moins volumineux, les parois vaginales sont moins flasques, l'intestin est libre.

Quinze jours après cette seconde visite, l'amélioration avait encore fait de nouveaux progrès, et je crus alors devoir rassurer ma malade sur les conséquences d'une nouvelle grossesse. Je lui donnai une note écrite dans laquelle j'établissais que, suivant moi, une grossesse n'aurait pas nécessairement les conséquences désastreuses annoncées par mon confrère italien; qu'il ne s'agissait chez elle que d'une rétroversion utérine; qu'il y aurait lieu, si une grossesse survenait, d'en surveiller attentivement la marche et de veiller à ce que, avant le troisième mois révolu, ou aussitôt que quelque symptôme insolite viendrait à se manifester, la matrice ne restât pas en rétroversion, mais qu'il faudrait la refouler dans le grand bassin jusqu'à ce que son volume ne lui permît plus de franchir le détroit supérieur. J'exposai en détail les procédés mis en usage par nos maîtres pour arriver à ce résultat et dounai, en un mot, tous les conseils qui me parurent de nature à éclairer le confrère appelé à donner ultérieurement des soins à cette intéressante malade.

Ce qui m'encourageait à émettre cet avis et à lever l'interdit qui

depuis huit ans pesait sur ce ménage, c'est, outre l'issue heureuse de la plupart des grossesses dans le cas de rétroversion, alors que celle-ci est reconnue à temps, la parfaite mobilité de l'utérus chez Mme P*** et la facilité avec laquelle on pouvait le refouler en haut. Il n'y a donc, à mon sens, aucune raison pour que, chez elle, on n'arrive pas à obvier utilement aux inconvénients de la rétroversion, et je suis convaincu qu'avec des soins éclairés une grossesse pourra arriver heureusement à terme.

Mme P*** me promit, d'ailleurs, de suivre exactement le traitement que je lui ai prescrit et de me tenir au courant de son état de santé.

Je ne crois pas qu'il puisse y avoir deux manières d'interpréter le fait pathologique que je viens de relater, bien que certains détails intéressants me fassent défaut. J'aurais voulu, en particulier, pouvoir remonter à la cause de cette rétroversion, qui paraît ne pas avoir existé lors de la première grossesse et dont les premiers symptômes coïncident avec les premiers mois de la seconde grossesse. Mais il ne m'a pas été possible d'élucider cette question: Mme P*** ne se souvient pas d'avoir fait une chute, d'avoir subi un choc. Quoi qu'il en soit, il me paraît évident que l'avortement a été causé par l'enclavement de l'utérus, que les douleurs si vives allant toujours en augmentant jusqu'à l'avortement, résistant au traitement énergique mis en usage pour céder presque instantanément après la déplétion de l'utérus, dépendaient de cet enclavement, et non d'une péritonite. Il me paraît évident que le toucher vaginal aurait immédiatement éclairé le diagnostic, et qu'au début des accidents on aurait réussi à les faire cesser en refoulant la matrice au-dessus du détroit supérieur. Il me paraît enfin probable que le praticien qui a averti le mari qu'il existait un vice de conformation chez sa femme avait reconnu la position vicieuse de la matrice, mais qu'il ne savait pas que, prévenu à temps, on pourrait, à une grossesse ultérieure, éviter les accidents qui avaient amené la mort du produit et menacé les jours de la mère.

Ces considérations me paraissent suffisantes pour me persuader que la publication de cette note n'est pas tout à fait inutile.

CHIMIE ET PHARMACIE

Réglementation de la pharmacie en Angleterre.

Par M. BOUILHON, pharmacien.

Les journaux de pharmacie viennent de publier un fait assez important.

L'exercice de la pharmacie, qui de tout temps avait joui en Angleterre de la liberté la plus illimitée, vient d'être réglementé. Les empoisonnements s'étaient accrus dans de telles proportions que, d'après un relevé du docteur Taylor, ils auraient atteint le chiffre annuel de cinq cents. L'opinion publique s'en est émue sérieusement, et le gouvernement anglais, sollicité de tous côtés, s'est enfin décidé à essayer d'apporter un remède à ce funeste état de choses.

Il est bien curieux de penser qu'un grand nombre de pharmaciens français réclament une liberté à peu près analogue à celle que nos voisins d'outre-Manche viennent d'être obligés de supprimer.

La nouvelle loi élaborée par le Parlement anglais n'aura pas d'effet rétroactif, tous les chemist, druggist, chemist and druggist, dispensing chemist, dispensing druggist, pharmacist, pharmaceutist et autres noms dont se décorent nos confrères de la GrandeBretagne continueront d'exercer leur profession, à la seule condition de se faire inscrire sur le registre des pharmaciens, publié chaque

année.

Mais à partir du 31 décembre 1868, nul ne pourra s'établir pharmacien sans avoir le diplôme de pharmaceutical chemist ou de chemist and druggist, conférés par la Société de pharmacie. Les élèves ayant vingt et un ans et trois années de stage au moment de la promulgation de la loi, seront admis à passer un examen modifié, plutôt pratique que théorique (probablement très-facile), pour obtenir le diplôme de chemist and druggist.

La vente des substances vénéneuses en détail et pour l'usage de la médecine est exclusivement réservée aux pharmaciens, qui devront se conformer aux règlements publiés par la Société de pharmacie d'accord avec le conseil privé.

Tout pharmacien qui ne sera pas dûment inscrit sur le registre ou toute personne qui prendra ce titre illégalement tombera sous

le coup d'une condamnation sur procédure sommaire (on summary conviction) entraînant une amende de 5 livres (125 francs).

La nouvelle loi interdit aux médecins de délivrer des poisons, s'ils n'ont pas le titre légal de pharmacien. Cette conséquence découle de ce que nous avons dit précédemment.

Seront passibles d'une amende de 5 livres (125 francs) les pharmaciens qui, à partir du 31 décembre 1868, ne se seront pas conformés, dans l'exécution de leurs préparations, aux formules indiquées dans la nouvelle pharmacopée anglaise.

La loi définit comme poisons : les substances vénéneuses les plus dangereuses et les plus connues, décrites dans le tableau suivant. Examinons ce tableau, et voyons s'il remplit parfaitement le but proposé; nous nous apercevrons qu'il est incomplet, peu explicite et par conséquent assez facile à éluder.

PREMIÈRE PARTIE.

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Arsenic et ses préparations. Tout le monde s'écriera: Voilà qui est net et parfaitement défini, pas d'ambiguïté possible, par conséquent on défie bien le pharmacien anglais de délivrer une substance arsenicale sans être réglementé par le tableau des substances vénéneuses.

On se trompe, et voici du reste l'exemple à l'appui.

Il existe dans la nature deux sulfures d'arsenic, l'orpiment et le réalgar, qui ne sont pas de l'arsenic et qui ne sont pas des préparations, pas plus que la pierre à bâtir ou le marbre de nos cheminées, attendu que jamais la main de l'homme n'en a combiné les éléments. On pourra donc les délivrer en toute liberté. Si, par contre, on considérait comme préparations arsenicales les composés naturels, on serait forcé d'y comprendre la plupart des eaux minérales, telles que celles des Pyrénées, du Mont-Dore, de Vals, de Vichy, etc., etc., et même les pastilles et sels provenant de l'évaporation de ces eaux.

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Acide prussique. Cyanure de potassium et tous les cyanures métalliques. Pourquoi spécifier le cyanure de potassium, quand on dit tous les cyanures métalliques; les auteurs du tableau craignentils qu'on ignore que le potassium est un métal?

Il paraîtrait que le cyanhydrate d'ammoniaque n'est pas considéré comme vénéneux de l'autre côté de la Manche, à moins que les auteurs du tableau n'aient pris l'ammoniaque pour un métal.

En tout cas, nous ne conseillerons à personne, malgré son absence sur le tableau des substances vénéneuses, d'essayer de s'en ingurgiter quelques grammes, car nous supposons qu'on pourrait s'en trouver très-fortement incommodé. Même réflexion pour les cyanhydrates de méthylamine, d'éthylamine, etc., etc. Nous ne ferons aussi que signaler les chlorures, bromures, iodures, etc., de cyanogène.

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Strychnine, ainsi que tous les alcaloides végétaux vénéneux et leurs sels. Pourquoi spécifier la strychnine? c'est un alcaloïde, il est vénéneux, il rentre donc naturellement dans la proscription générale.

A propos d'alcaloïdes, nous ne serions pas fâché de savoir si la quinine est comprise dans cette liste : il aurait été plus utile d'en parler plutôt que de la strychnine, au sujet de laquelle personne n'a jamais eu de doutes. Les uns prétendent que la quinine est vénéneuse, d'autres affirment le contraire; il paraît prouvé qu'on peut en prendre sans inconvénient une dose assez forte. Ce n'est donc, en somme, qu'une question de quantité en rapport avec l'idiosyncrasie du sujet pour arriver à la dose toxique. La même réflexion pourra s'appliquer à la caféine. De plus, il n'est pas dit si les substances qui contiennent ces fameux alcaloïdes vénéneux ou leurs sels sont soumises à l'inscription au registre des poisons, ou bien si ce sont simplement les alcaloïdes.

le

Dans le premier cas, en admettant la quinine et la caféine comme vénéneuses, le quinquina et toutes ses préparations, ainsi que café, deviendraient des poisons. Nous plaindrions alors sincèrement nos voisins d'outre-Manche, car il leur serait impossible de prendre leur demi-tasse autre part que chez l'apothicaire, et sur prescription spéciale d'un médecin,

Dans le second cas, on pourrait délivrer librement non-seulement les alcaloïdes les plus vénéneux dès qu'ils seraient en solution ou mélangés avec d'autres matières, mais même les substances d'où ils sont extraits, tels que noix vomique, fève de Saint-Ignace, vératrum, colchique, etc., etc.

En présence d'instructions aussi élastiques, nous nous demandons si tous les pharmaciens anglais les interpréteront de la même façon.

Aconit et ses préparations. Les auteurs du tableau sont bien larges au sujet des préparations d'aconit; en consultant des ouvrages de pharmacie, il est facile de se convaincre que l'alcoolature

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