Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Paris par les Normands, en 896, parle d'un puits creusé dans l'église de son abbaye, dont l'eau était miraculeuse :

Cujus ad accubitat puteus vestigia, cujus

« Qui potabit aquas, extemplo febre laborans,
« Auxilio sancti fidens, capiet medicinam ».

Mais, ni le pape Innocent III dans son célèbre ouvrage de liturgie, De sacro altaris ministerio, ni Guillaume Durand dans son Rationale divinorum officiorum, ni beaucoup d'autres historiens, qui pourtant mentionnent et décrivent les principaux meubles et les parties accessoires de nos anciennes églises, ne citent les puits sacrés.

Au moins nous allons être plus heureux pour les siècles suivants. M. Gailhabaud, après avoir enseigné qu'aux XIV et xv siècles cette classe particulière d'édicules reçut une grande extension, donne plusieurs exemples à l'appui de son enseignement. I mentionne entr'autres le puits de la cathédrale de Ratisbonne, celui de l'église de Notre-Dame de l'Epine, près Châlons-sur-Marne, celui de la cathédrale de Strasbourg. Il rap porte même sur ce dernier des traditions qui, si elles étaient démontrées exactes, seraient très curieuses pour les questions qui nous occupent. Suivant le récit des chroniqueurs locaux, ce puits aurait appartenu, dans le principe, à un temple païen, consacré à Hercule, sur l'emplacement duquel on aurait, plus tard, construit la cathédrale, et il aurait servi à laver et à purifier les victimes avant le sacrifice. Au ve siècle, encore d'après la chronique, il aurait été bénit par saint Rémi et serait devenu le réservoir particulier du baptistère de la ville. Pendant près de huit siècles, il aurait fourni aux curés de Strasbourg et à ceux des environs, dépendant de l'archiprètré de Saint-Laurent, l'eau dont ils avaient besoin pour l'administration du baptême. On affirme même que cet usage dura jusqu'au milieu du xvr° siècle. Mais, depuis cette époque, il n'aurait été employé que pour les besoins de la cathédrale et encore seulement jusqu'en 1696. Car, cette année-là, une profanation, dont il fut l'objet, le fit abandonner. Il fut définitivement détruit et comblé, à la fin du XVIIIe siècle.

Pour compléter cette liste d'exemples, nous pouvons, par suite de nos études personnelles, citer encore les puits de la cathédrale

de Bayeux et de la cathédrale de Nîmes, des églises de SaintSimilien, à Nantes, de Cunaugth, dans Maine-et-Loire, de Toussaint, à Angers, de Saint-Chéron-les-Chartres, etc.

De son côté, M. Viollet-le-Duc affirme aussi, qu'au MoyenAge, presque toutes les églises possédaient des puits, percés, soit dans une crypte, soit dans un collatéral ». Mais, en même temps, il leur assigne une nouvelle raison d'être, qui ne parait pas moins vraisemblable. « Ces puits, dit-il, avaient été primiti<< vement creusés pour le besoin des constructeurs; l'édifice terminé, on posait une margelle à leur orifice et ils étaient « réservés au service du culte ».

Enfin on peut encore leur supposer une dernière destination. Personne n'ignore que nos cathédrales et nos églises servirent .souvent de suprême refuge à des populations entières, qui se retiraient affolées devant les armes victorieuses de leurs ennemis; que plus d'une fois même, elles devinrent la dernière forteresse pour des troupes vaincues de toutes parts. Quels services rendait, alors, un puits, qui pouvait fournir à des centaines de prisonniers ou d'assiégés le moyen de subvenir à l'une des premières nécessités de la vie !

Or, notre 56 évêque, Jean de Pérouse, constate précisément dans un de ses mandements, portant la date de 1452, qu'au temps de la guerre des Anglais, la cathédrale de Seès servit de refuge aux citoyens et bourgeois de la ville et autres habitants de la patrie», que les ennemis y tenaient assiégés.

[ocr errors]

Mais laissez-moi vous rapporter, à propos de cette dernière destination, une curieuse anecdote, que je trouve dans la Semaine Catholique de Seès, du 20 septembre 1883. « Un capitaine de ligne, logé chez un de nos chanoines, visitait la cathédrale, en compagnie de son hôte. En parcourant les nefs de l'édifice, il <aperçoit la margelle du puits. — Voilà, dit-il, un puits qui me rappelle ma vie de soldat. C'était sous l'empire. Je faisais partie de la guerre du Mexique, et me trouvais bloqué dans « une cathédrale. Là aussi, fort heureusement, il y avait un puits. L'eau de ce puits et un peu de millet composèrent, pen« dant dix jours, toute ma nourriture, et me sauvèrent la vie. Je « bénis la bonne idée que l'on a eue, au Mexique comme en France, de placer des puits dans les cathédrales. »

.

[ocr errors]

(1) Dict. rais. d'arch. t. VII, 562.

Vous avez déjà dù conclure, Messieurs, de tous les faits que je vous ai exposés, qu'il serait aussi téméraire de vouloir déterminer la destination précise du puits de notre cathédrale, qu'il est difficile de fixer l'époque exacte de sa construction. Néanmoins, nous devons savoir gré à M Ruprich-Robert de nous l'avoir conservé. Il est peut-être un débris, le seul que nous ayons, de la cathédrale primitive de Seès.

Jetons maintenant un coup d'œil rapide sur deux monuments épigraphiques provenant de sépultures épiscopales, relevées dans l'aire du chœur. Mais auparavant, rappelons, pour mémoire, que ces sépultures furent au nombre de huit: trois du côté de l'Évangile, celles de Jacques de Silly et de Camus de Pont-Carré, superposées l'une sur l'autre, et celle de Mathurin Savary; trois. du côté de l'Épitre, celle de Louis d'Aquin, celle de Barnabé Turgot, et, sous cette dernière, celle de Robert de Cornegrüe, ou peut-être du célèbre Bertaud; deux derrière le chœur, en face la chapelle absidale, probablement celle de Jean Forcoal et de Serlon.

Malheureusement, tous ces tombeaux ne contenaient que des ossements avec quelques débris d'ornements et d'insignes épiscopaux en si mauvais état de conservation, qu'ils durent être immédiatement déposés dans de nouveaux cercueils. Seules, les deux inscriptions purent être sauvées de l'oubli.

La première de ces inscriptions a été trouvée sur le cercueil en plomb de Jacques de Silly, découvert lui-même, le mardi 11 novembre 1879. Cette inscription, eu belles lettres gothiques découpées et soudées sur deux lames de plomb, était ainsi composée :

Orthodoxi jacobi de Silly sagien:
epi depositum: 1539.

En apparence de valeur ordinaire, elle mérite cependant, de notre part, une grande attention; car elle fixe deux points de notre histoire locale. D'abord, elle donne la date exacte de la mort de Jacques de Silly, sur laquelle nos historiens n'étaient pas d'accord (1, date qui, d'ailleurs, est celle du Pouillé de Seès. Ensuite, le mot orthodoxi constate que, dès 1539, l'hérésie pro(1) Voir Maurey-d'Orville, p. 166.

[graphic]
« ZurückWeiter »