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et in die sollempnitatis calicis, in quâ discipulis Sacramentum Corporis et Sanguinis sui tradidit. His nàmque diebus centum solidos argenti erogabat pauperibus, non quod aliis temporibus, cessans à misericordiae opere, his solum modo diebus, pharisaicà ostentatione, ad cumulum daret, cùm certissimo constet eum omni vitae suae tempore studio misecordiae non segniter inservisse. Porro his sanctioribus liberatiorem se pauperibus praebebat, ut per eos, in quibus Cristus suscipitur, devotionem sui cordis illo ostenderet, quià quando pauper Dominum benedicit, illi proficit quo faciente Dominum benedicit.

Quidam pauper, ut illius regionis, ad eum aliquando venit, valdé attenuatus corpore, atque ità curvatus diutinâ infirmitate, ut nequiret figere gressum pedibus; sed se per terram trahens, viam reptando explebat itineris. Quem cernens senex inter alios pauperes misserrimé decumbentem, quaesivit ab eo undé illùc advenisset. Respondente vero paupere ex alià regione se advenisse, intulit vir Domini: Miror quomodo explicare valuisti tan

Notre-Seigneur Jésus-Christ, et le jour de la solennité du Calice, dans laquelle le divin Maître distribua à ses disciples le Sacrement de son Corps et de son Sang. (Il faut entendre certainement le Jeudi-Saint: la fête du Saint-Sacrement n'existant pas encore au temps de saint Evroult). En ces deux jours il donnait aux pauvres cent sous d'argent, ce qui ne veut pas dire qu'il n'exerçait pas dans les autres temps la miséricorde, et qu'il ne donnait que pendant ces deux jours, en masse, et pour faire parade de sa charité, à la manière des Pharisiens; car il est très certain et parfaitement constaté que pendant tout le temps de sa vie, il se consacrait avec ardeur au soulagement de tous ceux qui souffraient. Mais dans ces jours plus saints que les autres, il se montrait encore plus libéral envers les malheureux, afin de faire voir, en les traitant comme il aurait traité Jésus-Christ lui-même, que l'on reçoit dans ces fêtes solennelles, la dévotion dont son cœur était pénétré pour ce divin Maître; car le pauvre, lorsqu'il bénit le Seigneur, travaille pour celui dont la charité lui fait prononcer cette bénédiction.

Un mendiant qui semblait du pays, vint un jour trouver notre saint : très affaibli de corps, cet infortuné était de plus tellement courbé par une longue infirmité qu'il ne pouvait plus se tenir sur ses pieds; mais il se traînait sur la terre, et ce n'était qu'en rampant qu'il se transportait d'un lieu à un autre. Le vieillard, le voyant couché misérablement parmi d'autres pauvres, lui demanda d'où il venait. Le mendiant répondit qu'il était

tum laborem itineris. » Pauper inquit : « Necessitas me compulit mee egestatis. » Et sanctus clementer ad eum : « Reside, ait, hic amodo ne ultra sis oppositio canum te lacerantium. Collectus ergo in senodo (sic) divino est, atque adhibitâ ei omni curâ, non post longum dierum spatium, omni debilitate summotâ, hortum cœpit excolere fratrum; deinde ab eodem Patre mona chus in ipso cœnobio factus est. Non parva in hoc facto claret sancti viri virtus, qui in sola eleemosinae respectu, tria contulit muneris beneficia. Siquidem pauper ille, et eleemosinam victus, et sanitatis opem, insuper etiàm sancti habitùs decorem à sancto sene meruit accipere.

Alius quoque pauper, cùm ad eum incolumis inter alios venisset, experimento sciens sanctum virum benigniorem esse ergà illos quos duplex malum paupertatis et infirmitatis afficiebat, egrum se simulavit, ut plùs aliquantùm pauperibus ceteris acciperet; qui mox ut à ministris ejus benignius accepit quod fraudulenter quesivit; sicut illi testantur qui viderunt, febre validâ

venu d'un pays étranger: « Je m'étonne lui dit l'homme de Dieu, que vous ayez réussi à faire un voyage aussi fatigant pour vous. >> « C'est la pauvreté, répondit le malade, qui m'a forcé de m'exiler si loin. Alors le saint lui dit avec bonté : « Asseyez-vous; et ne soyez plus, comme vous l'êtes, exposé sans cesse à être la proie des chiens dévorants. >> Alors il le réunit au synode sacré (à l'assemblée des moines), et lui fit donner toutes sortes de soins, pendant un long espace de jours; pendant ce temps, l'infirmité dont cet homme était travaillé disparut, et il commença de cultiver le jardin des frères; ensuite il fut admis par le Père au nombre de ses moines. Ce fait nous donne une grande preuve de la vertu du saint homme, qui trouva le moyen de renfermer dans une simple aumône un triple bienfait; puisque celui qui fut soulagé reçut en même temps du saint vieillard la nourriture, la santé, et l'honneur d'être revêtu du saint habit de religion.

Un autre pauvre était venu vers le saint Abbé dans un état de santé parfaite. Mais, sachant par expérience que l'homme de Dieu se montrait plus miséricordieux encore envers ceux qui avaient à supporter en même temps le double mal de la pauvreté et des infirmités corporelles, il simula une maladie, afin de recevoir un peu plus que les autres pauvres. Mais aussitôt qu'il eut reçu de la charité des ministres ce qu'il avait ainsi cherché à acquérir frauduleusement, il fut, au rapport des témoins oculaires, saisi d'une fièvre violente, et mérita ainsi aux yeux de tous de devenir ce qu'il

correptus, hoc esse promeruit manifesté quod anté fraudulenter se simulavit existere. Vexatus ergo acri febris angore, sponté confessus rei gestae veritatem, in brevi feliciter obiit. Habeant ab hâc pœnâ exemplum qui de rebus servorum Dei, seu vi, sive fraude, subripere quodlibet temptaverunt.

III

INCIPIT NARRATIO DE REBUS GESTORUM, VEL CONVERSATIONE SANCTI HOMINIS EBRULfi.

Prologus incipit.

Omnipotens Deus, inter caetera sanctorum suorum miracula quae per eos dignatus est operari, et insignium virtutibus monachorum, ut laté clarerent mortalibus, voluit quo eis qui mundo sunt dediti tanto venerabilior miraculis appareret religionis

avait faussement fait semblant d'être pour accomplir sa mauvaise action. Tourmenté par les ardeurs d'une fièvre brûlante, il avoua de lui-même toute la vérité, et, peu de temps après, il eut le bonheur de faire une heureuse mort. Que cette punition serve d'exemple à ceux qui seraient tentés d'enlever, soit par violence, soit par fraude, aux serviteurs de Dieu quelque chose de ce qu'ils possèdent.

III

RÉCIT DES CEUVRES OU DE LA VIE DU SAINT HOMME ÉVROULT.

Prologue.

Notre Dieu tout-puissant, parmi les miracles qu'il a daigné opérer au moyen de ses saints, et parmi les vertus qu'il a fait pratiquer aux moines qui se sont distingués plus que les autres aux yeux des mortels, a voulu glorifier avant tout, ce qui devait rendre l'humble habit de la religion plus véné

humilis habitus quanto cernitur inter ipsos indecentior versari tegmine vilitatis opertus, et vilitatis appetitores, dùm quaerunt sub ipsâ ut ignoti delitescere, per ipsam ut cognita deteguntur manifesté. Undé quos dignatio divina vult fieri manifestos miraculis, nostri inercia sermonis non fert ut inscios subprimere silencio narrationis. Et, ut vereor quominus ab eruditis auribus despuatur stili nostri deformitas, tamen credo à simplicibus libenter excipietur, rerum eximium (sic) gestarum veritas. Quam oro benigné audiri quicumque sum relator virtutum beati viri Ebrulfi; quia hoc mei velle est animi, minimé cognita fingere, sed veré cognita narrare.

EXPLICIT.

rable devant les mondains, trop portés à trouver bas et peu digne l'usage de se cacher sous cette vile étoffe, qui ne représente que petitesse et pauvreté. Il arrive ainsi que ceux qui ont le courage de chercher précisément ce qui paraît vil aux yeux des hommes, en faisant tous leurs efforts pour se faire oublier sous le pauvre habit de la religion, sont au contraire remarqués, manifestés et connus en tous lieux par la vertu de cet habit même. C'est pourquoi, malgré notre paresse habituelle, lorsqu'il s'agit de parler, nous ne pouvons par notre silence laisser inconnus ceux que Dieu luimême manifeste par des miracles devant les hommes. Et, bien qu'il y ait lieu de craindre que la grossièreté de notre style ne le fasse dédaigner par les oreilles savantes, nous espérons d'un autre côté que la vérité, même exprimée simplement, sur les choses merveilleuses opérées par la puissance divine, sera reçue volontiers par les âmes simples. Je prie donc qu'on écoute avec bienveillance, quel que soit le narrateur, ce récit des vertus du bienheureux Evroult; car ma volonté n'est pas d'inventer des choses que je ne connais pas, mais de raconter des faits que je connais avec certitude.

L'ABBÉ L. HOMMEY.

FIN

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Il n'est point en Normandie de plus charmant village que Saint-Germain-de-Clairefeuille. Son nom seul présente à l'imagination un gracieux tableau que la réalité laisse loin derrière elle. Petite Suisse en miniature, son territoire renferme, dans un faible rayon, toute une variété de sites pittoresques. Quand, au printemps ou en été, on arrive du bourg de Nonant et que, près de la vieille église, on prend le chemin qui conduit à la Boutonnière, près de l'ancien manoir de la maison de Fréville (1), on se trouve dans une véritable charmille que les rayons du soleil ont peine à percer. Il y a là de délicieux effets de lumière que vainement chercherait à reproduire un décor d'opéra ; les rayons du soleil pénétrant à travers le feuillage semblent autant de diamants couchés sur un écrin de velours vert.

Çà et là, comme enfouis dans la verdure, au milieu de gras pâturages, une ferme. un vieux manoir rappellent plus de souvenirs qu'un volumineux in-folio. Comme fond au tableau, les hauteurs des Orgeries et de Montchauvel, au pied desquelles serpente sur un lit de blancs cailloux un ruisselet qui a nom la Dieuge. Le débris d'un antique dolmen, gisant au travers de son lit, vient rompre le cours de ses eaux. Leur clapotement semble une protestation vaine contre l'usurpation du géant.

(1) La famille de Fréville s'établit à Saint-Germain au XVIIe siècle. Elle donna entre autres personnage: Jacques de Fréville, chevalier, sieur de la Haye, lieutetenant général d'épée, commandant la noblesse des bailliages d'Exmes et de Trun en 1720.

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