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Asni se trouve à l'extrémité supérieure d'une large vallée très peuplée, avec de grands bois d'oliviers et de grands champs cultivés. Vers le sud, à moins de 15 kilomètres, se dresse la plus haute chaîne de l'Atlas dont les sommets atteignent 4 000 et 4500 mètres au-dessus de la mer, avec de la neige qui à certains endroits doit subsister pendant tout l'été (v. fig. 4).

En quittant Asni, nous avons suivi la vallée du côté droit, vers le nord, et après avoir traversé l'oued Sidi Fars, nous parvinmes encore une fois au pied de l'Atlas, cette fois à Tahanaout, une de ces grandes agglomérations qui se sont formées. dans cette riche zone où la plaine est rendue fertile, par l'eau abondante de la région montagneuse (v. fig. 5). De retour à Marrakech nous quittâmes la ville au bout de quelques jours pour nous diriger cette fois vers l'est à travers la plaine. Nous traversâmes une partie de cette singulière région désertique que l'on appelle le Djebilet, et enfin nous arrivâmes à Demnat, au pied de l'Atlas. Malheureusement il ne nous fut possible d'étudier que pendant quelques jours les conditions de la végétation dans cette région. Une grave maladie me força à interrompre prématurément les observations dans l'Atlas qui paraissaient si riches de promesses, et à revenir à Marrakech, où je dus garder le lit pendant deux mois entiers.

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Evidemment pendant notre voyage dans l'Atlas, mon attention ne s'est pas portée uniquement sur l'intéressante végétation de cette région, mais aussi sur la morphologie de la région montagneuse qui présentait un type nouveau pour moi. Comme le dit dans un de ses ouvrages Louis Gentil, ce remarquable connaisseur du Maroc, on a le droit de supposer que, au début de l'époque quaternaire, il y avait des glaciers dans l'Atlas. Et ce savant a raison aussi lorsqu'il affirme qu'il est difficile d'en montrer des traces dans la morphologie de l'érosion de cette région montagneuse. Ce fut pour moi un étonnement de constater que non seulement les vallées principales assez profondes ne manifestaient par leur profil aucune trace de formation glaciaire, mais encore que les formes de terrain des hauts niveaux étaient d'une nature telle que dans l'état actuel ils ne peuvent être les produits d'une activité glaciaire. Il n'est pas jusqu'aux massifs montagneux très élevés qui ne montrent que des formes d'érosion fluviale (v. fig. 2).

1. Louis Gentil, Le Maroc physique, 3" édition, Paris, 1913, p. 267.

Je ne crois pas cependant que ces faits prouvent que l'Atlas n'a pas traversé une période où les glaciers occupaient une

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surface étendue. Car d'une part il faudrait que cette période eût été de longue durée pour laisser des traces suffisamment profondes dans le relief d'un pays. Et en outre c'est un fait connu

5. TAHANAOUT, TYPIQUE VILLAGE BERBÈRE AU PIED DU HAUT-ATLAS.

qu'un terrain de puissante formation glaciaire peut se transformer rapidement, lorsque de nouvelles conditions climatiques se manifestent. Ainsi Högbom a montré que le relief glaciaire qui dominait dans les formes de terrains des montagnes suédoises, à la fin de la dernière période des glaces, a déjà en partie disparu. Les glissements, la désagrégation et l'érosion sont assurément en mesure d'opérer très vite ces transformations. Dans un climat comme celui qui règne dans les hauts niveaux de l'Atlas, la décomposition mécanique notamment doit agir avec beaucoup plus de rapidité que dans les montagnes suédoises et depuis longtemps doit avoir réussi à faire disparaître la surface glaciaire rocheuse qui pouvait s'y trouver et à la recouvrir de hautes formations de talus.

Cela n'empêche naturellement pas que des vestiges importants d'un relief glaciaire puissent encore exister çà et là. En réalité il pourrait être très vraisemblable que la belle niche que l'on peut voir sur la crête la plus élevée au sud-est d'Asni (v. fig. 4) soit un ancien cirque glaciaire.

A mon avis, on peut avoir des points de repère plus sûrs, au sujet d'une région comme celle qui nous occupe, si l'on recherche des traces d'accumulation glaciaire au lieu de rechercher les traces d'érosion. Les moraines sont formées dans leur consistance typique, même par des glaciers de courte durée. Elles se produisent aussi à un niveau plus bas que la topographie de l'érosion glaciaire. Elles ne sont donc pas vouées aussi facilement à la destruction et en outre elles peuvent donner un témoignage plus sûr du niveau inférieur auquel les glaciers ont pu parvenir. Enfin pour les identifier il suffit qu'une faible partie en ait été conservée ou soit accessible aux observations 2.

Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion, au cours de mon voyage si prématurément interrompu, de faire des observations systématiques sur la structure du sol meuble. Mais entre Imin Tala et Anerni, aux environs d'Ouirgane et dans la région qui entoure Asni j'ai trouvé une terre meuble d'une nature tout à fait remarquable. Bien qu'il ne fut pas formé manifestement in situ par la décomposition du soubassement rocheux, ce terrain manquait malgré tout de toute 1. A. G. Högbom, Norrland-Norrländskt Handbibliotek, I, Upsala, 1906, p. 102. 2. Cela s'applique naturellement aussi aux formes d'érosion glaciaires telles que les roches moutonnées et les stries glaciaires ». Celles-ci sont cependant par trop destructibles.

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trace de stratification ou de disposition par couches. Des blocs et de gros matériaux se trouvaient mélangés avec la poudre la plus fine, et les blocs appartenaient à un certain

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nombre de roches de différentes espèces, qui très certainement ne se trouvaient pas dans le fond rocheux sous-jacent. Cette sorte de terrain s'est rencontrée aussi dans les terrains horizontaux, où par suite on ne peut les interpréter comme des formations de talus. Par sa structure, ce terrain me semble

6. L'ASSOCIATION D'Euphorbia resinifera DE DEMNAT.

donc tout à fait semblable à une moraine et se rapprocher de très près d'une moraine de fond.

En dehors de ces faits particuliers, il m'a semblé aussi que la forêt et son extension dans l'Atlas étaient d'un grand intérêt géographique. Dans les parties de la région montagneuse que j'ai eu l'occasion de visiter, les forêts étaient composées de chênes verts (Quercus Ilex), et seulement exceptionnellement avec mélange de Pinus halepensis. Cette zone forestière doit avoir en général une largeur verticale de 1200 à 1 500 mètres. Vers le haut cependant cette forêt s'éclaircit peu à peu, si bien qu'il est difficile de déterminer une limite bien fixe de la forêt. En général cette limite doit se trouver entre 2 000 et 2 500 mètres de hauteur.

Dans la région boisée il n'y a pas partout de forêt; cependant dans certaines parties la forêt manque sur une surface qui va parfois du tiers à la moitié du territoire. En outre la forêt de chênes verts est parfois très faiblement développée : elle est clairsemée et les plantes se présentent sous forme de buissons plutôt que d'arbres, si bien que la végétation pourrait être appelée une sorte de maquis plutôt qu'une véritable forêt.

Là où manque le Quercus Ilex, la végétation est constituée. parfois par des taillis dont les plantes caractéristiques sont : Pistacia Lentiscus, Ceratonia Sitiqua et Juniperus phonicea. Cette végétation occupe parfois, surtout aux bas niveaux, des territoires assez étendus. D'autre part on trouve à la place du Quercus Ilex une association dans laquelle dominent des espèces de Cistus et dans d'autres endroits des espèces de Lavandula.

D'un très grand intérêt est la végétation que nous avons trouvée à Demnat. Il y avait notamment une association qui était absolument caractérisée par Euphorbia resinifera (v. fig. 6). Nous l'avons trouvée couvrant des monts entiers, et elle semble essentiellement localisée aux terrains calcaires (Jura?). Vraisemblablement cette association a une grande extension dans cette région. Comme on le sait, les cactoïdes du genre d'Euphorbia sont depuis longtemps connus au Maroc, même dans la plaine de la côte. Par contre, on ne sait pas encore exactement dans quelle mesure ils forment des associations.

Là où se trouve cette dernière association, au lieu de la forêt de Quercus Ilex, cela tient très certainement à des causes naturelles, comme par exemple à la composition chimique du terrain

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