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Aux heures de faible demande il y a surproduction de courant, ou excès de débit hydraulique. Alors, même en période de basses eaux, même au plus fort de la sécheresse, on jette à la rivière des centaines de mille kilowatt-heures; pendant qu'en automne 1921 Grenoble et Chambéry haletaient sans lumière ni force motrice, les usines de Maurienne laissaient perdre dans l'Arc les trois quarts de leur eau disponible. Au contraire, aux heures de pointe, toute la puissance des installations suffit à peine à la demande en saison de fortes eaux et la laisse insatisfaite en période de sécheresse. Il y a donc gaspillage de forces dès que la demande baisse audessous du taux moyen, pénurie dès qu'elle dépasse les disponibilités du moment. Or ces à-coups de la consommation ne sont pas exceptionnels ils sont quotidiens, et constituent le gros problème économique de l'aménagement de la houille blanche. Aucune industrie, ainsi que l'a marquè un économiste n'est plus étroitement. liée aux besoins de la consommation1; comme ces besoins sont incomparablement capricieux, aucune n'exige davantage un mécanisme régulateur.

:

A la vérité, il existe des consommateurs qui peuvent sans inconvénient absorber le courant à toute heure, et par suite utiliser les disponibilités dans l'intervalle des heures de pointe : ce sont les usines d'électro-chimie et d'électro-métallurgie, qui fonctionnent surtout lorsque la demande des villes se ralentit. Mais ces industries régulatrices subissent depuis trois ans la crise économique générale, qui a bien diminué leur activité. D'autre part, si elles peuvent absorber le trop-plein des heures de faible demande, elles ne peuvent pour ainsi dire rien restituer aux heures de pointe, et forment ainsi un médiocre organe de compensation.

D'autre part, l'offre et la demande de courant sont encore trop souvent séparées par des cloisons étanches. Pour que les compensations se fissent automatiquement, suivant le principe des vases communicants, il faudrait un bon réseau de distribution; or celui des Alpes est médiocre. Trop d'installations isolées, trop de réseaux différents, des transports de force à trop longue distance, grevant le prix de revient; bref un excès de dispersion, voilà le principal défaut. L'établissement d'un réseau mieux coordonné permettrait d'obtenir tout de suite une compensation précieuse : les Alpes du

1. Marcel Porte, loc. cit.

Nord donnant leurs fortes eaux en été, et les Alpes du Sud en hiver, le trop-plein de chaque région pourrait automatiquement balancer la pénurie de l'autre, et racheter ainsi les plus graves inégalités saisonnières. On comprend que les milieux politiques aient agité la question d'un «< réseau national » d'énergie électrique; dans les Alpes françaises, la solidarité des usines génératrices est une des nécessités mises en évidence par la crise récente.

Ce premier remède aux inégalités physiques ne résoudrait pas encore le problème des heures de pointe. Pour fournir entre 17 et 20 heures le brusque coup de collier quotidien, il faut nécessairement créer des usines à fonctionnement intermittent. Deux solutions ont été essayées déjà sur une petite échelle, celle du moteur thermique de secours et celle du barrage-réservoir.

Le moteur thermique de secours est extrêmement onéreux. Actuellement encore, dans la région de Lyon et Saint-Étienne, le kilowatt-heure hydraulique le plus coûteux revient à 12 centimes aux bornes de l'usine, tandis que le kilowatt-heure thermique le plus économique coûte 25 centimes. Encore un tel prix de revient ne peut-il être assuré que par un moteur à fonctionnement constant, ce qui ne saurait être le cas d'une usine de secours. Aussi, lorsque l'eau et le charbon collaborent à une même fourniture, il arrive fatalement que le charbon, pour atteindre son meilleur rendement, assure la consommation régulière, tandis que l'eau prend le rôle de secours, pare aux à-coups et fournit le service des pointes. L'excès de dépense est ainsi réduit au minimum, mais il n'est pas supprimé. Aussi l'usine thermique de secours ne se conçoit-elle économiquement que sur le carreau des mines, pour brûler les déchets, comme cela se fait déjà à Ronchamp dans les Vosges. Les Alpes, avec leurs nombreux petits bassins de médiocre anthracite, peuvent trouver là l'occasion d'une exploitation complémentaire intéres

sante.

Le barrage-réservoir paraît appelé à un avenir beaucoup plus grandiose soit lié à une usine de pointe, soit, simplement, chargé de remplir les torrents au moment voulu. Puisque les réservoirs naturels, et même les glaciers, remplissent médiocrement leur rôle et défaillent en temps de crise, il faut les remplacer par des réservoirs artificiels de fonctionnement sûr. C'est ainsi seulement qu'on pourra, ce qui semblait naguère impossible, constituer de véri

1. M. Marcel Porte (loc. cit.) voit dans cette impossibilité le grand obstacle économique au développement illimité de l'industrie hydro-électrique.

tables stocks de houille blanche. D'un fonctionnement plus souple encore que celui des stocks de charbon, ces réserves permettront de suivre tous les caprices de la consommation. Au double point de vue technique et économique, c'est évidemment la solution la plus élégante du problème.

Déjà, dans les Alpes dauphinoises, un certain nombre de magnifiques projets sont au point : détournement de la basse Romanche entre Séchilienne et Vaulnaveys à travers l'extrémité du massif de Belledonne; détournement du Vénéon dans les lacs de Laffrey à travers la moitié du massif des Écrins et tout le massif de Taillefer; barrage de la haute Romanche au-dessus du Freney d'Oisans, sur une hauteur de 100 mètres; barrages du Verdon et de la Basse-Durance ', tels sont les principaux d'entre eux. En trouant nos montagnes par des aqueducs en tunnel, dont certains. dépasseront 10 kilomètres de longueur; en les coupant de barrages, en les remplissant de grands lacs artificiels, on y réduira progressivement le rôle industriel des glaciers. Cette forme nouvelle d'aménagement fera de plus en plus, industriellement, ressembler nos montagnes alpines aux autres régions de « houille blanche », où déjà, comme dans le Massif Central, le barrage-réservoir remplace le glacier. Elle rendra de moins en moins exact ce terme pittoresque et fortuné, que la vue des glaciers de Belledonne avait suggéré aux papetiers du Grésivaudan, pour désigner les forces hydro-électriques que, les premiers et dans les Alpes françaises, ils avaient su discipliner.

Ainsi disparaîtra la tendance, actuellement assez répandue, à considérer l'électricité hydraulique comme un pis-aller exemple de la dépression injustifiée qui peut suivre les enthousiasmes trop brusques. La houille blanche des Alpes n'est pas une mauvaise machine; c'est tout simplement une machine montée trop vite à laquelle manque cet organe essentiel qu'est le régulateur. La seule nature, sur laquelle on comptait, s'est montrée incapable d'en remplir l'office. Lorsqu'on y aura pourvu, et c'est la tâche de demain, les Alpes françaises, qui possèdent aujourd'hui 55,4 p. 100 du total

1. Les plus remarquables de ces projets (Vénéon, Durance, Verdon) sont dus à l'ingénieur Ivan Wilhelm. Voir son livre sur La Durance, Paris et Marseille, 1913. in-8°, et sa communication sur un Projet d'aménagement du Verdon et de la Basse-Durance, à la Soc. Scient. Isère, séance du 15 mars 1921 (Bull, de la Soc., XLII, 1921 (fin déc. 1922), p. 326-329).

de nos forces hydro-électriques, continueront de trouver à la fois, dans cette industrie, leur originalité et leur fortune.

ANDRÉ ALLIX.

1. Raoul Blanchard, La houille blanche en France en 1922, loc. cit. Voici les chiffres essentiels, en kilowatts de puissance moyenne, au 1er janvier 1922, en comptant les usines en voie d'achèvement :

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Nous rappelons qu'un kilowatt vau! 1,360 cheval-vapeur, et un cheval-vapeur 0,7575 kilowatt. La puissance des usines est désormais calculée en kilowatts, par la formule P = 7 QH, Q étant le débit moyen en mètres cubes par seconde et H la hauteur nette moyenne de la chute en mètres.

Dans le Sous mystérieux

Agadir

Historique.

Les origines d'Agadir sont à peu près ignorées; Tissot est convaincu qu'Agadir serait l'ancien Portus Risadir de Polybe; cette conviction basée sur l'étude phonétique de Risadir, n'a pas encore été confirmée jusqu'à ce jour. Il a dù certainement exister une ville avant l'arrivée des Européens. Ce port naturel, cette baie poissonneuse, cette plage immense ont dû créer un centre d'attraction soit à l'emplacement de Founti, soit dans les environs; l'existence d'un aqueduc construit avant les Almohades pour amemer l'eau de l'oued Sous d'Aoulouz à Agadir en est une preuve palpable.

Le célèbre Okba-Ibn-Nafé vint jusqu'à Agadir. Parti d'Orient, il traversa toute l'Afrique du Nord, entra à Taroudant et s'arrêta sur la plage de la baie d'Agadir.

La légende raconte qu'arrivé là, Okba poussa son cheval au milieu des flots, exprimant dans une ardente invocation le regret de n'avoir plus de peuples à courber sous la foi du Prophète. Maintenant, dit-il à ses compagnons, retournons sur nos pas avec la bénédiction de Dieu.

Quelques vieux auteurs parlent d'une ville importante du nom de Tul ruinée par les chérifs en 1517; cette ville, située dans les environs d'Agadir, possédait une mine de cuivre qui faisait sa richesse et son malheur en même temps, car on convoitait son trésor les armes à la main. Nous avons cru identifier cette ville détruite dans la vallée de l'oued Tildit à quelques kilomètres d'Agadir, près d'une source dont nous parlerons plus loin. Il serait intéressant et facile de déterminer cet emplacement historique.

Vers 1500, les Portugais viennent s'installer sur l'éperon

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