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tozoaires parasites du tube digestif, ainsi que des bactéries, mais ces divers organismes ne semblent pas être responsables de la maladie. Plus récemment, depuis la découverte, en 1901, par Kohlbrugge, d'un champignon parasite du genre Monilia dans des cas de sprue à Java, la théorie mycosique de la diarrhée de Cochinchine a fait son apparition et divers blastomycètes, Monilia albicans, M. enterica, M. psilosis, ont été retrouvés dans les selles des malades par plusieurs auteurs, entre autres par Castellani, Low et Ashford. Ces champignons sont peut-être capables de produire certains des symptômes observés dans la maladie, mais ils ne paraissent pas en être la cause déterminante.

Ce qui est certain c'est que la diarrhée de Cochinchine est une affection sérieuse, qui doit être soignée énergiquement dès le début. Les coloniaux qui en ont été atteints feraient bien de ne plus retourner dans les pays chauds; s'ils y sont forcés par les circonstances, ils devront surveiller constamment leur régime alimentaire et prendre le plus grand soin de leur santé.

M. NEVEU-LEMAIRE.

(A suivre.)

Nivation et sols polygonaux

dans les Alpes françaises

D'excellents articles ont déjà attiré l'attention des lecteurs de La Géographie sur ces formes de terrain, d'origine presque exclusivement climatique, et dont certaines paraissent subir une évolution purement interne, sans actions mécaniques extérieures'. La question étant actuellement à l'ordre du jour en morphologie terrestre, un certain nombre de faits nouveaux ont été apportés au dossier des sols polygonaux depuis l'article du regretté Robert Douvillé. Nous nous proposons plus spécialement de signaler dans

1. Robert Douville, Sols polygonaux ou réticulés, in La Géographie, XXXI, 1916-1917, p. 241-252; Em. de Martonne, Le rôle morphologique de la neige en montagne, Ibid., XXXIV, 1920-21, p. 255-267.

2. L'apport le plus intéressant est constitué par l'étude de sols polygonaux typiques dans des climats non polaires. B. Brandt (Die Unebenheiten der Sümpfe, Geographische Zeitschrift, XXII, 1916, p. 527-530, 2 fig.), a décrit dans les marais de Podlésie, des sols polygonaux un peu aberrants, mais qui se rattachent néanmoins, sans doute possible, aux formes normales polaires, et qu'il attribue comme elles à l'action du gel hivernal. Beaucoup plus curieuse est l'observation déjà plusieurs fois faite de sols polygonaux parfaitement réguliers en pays de elimat désertique; cf. Walter Penck, Der Südrand der Puna de Atacama, etc., Abh. math. phys. Sächs. Ak. der Wiss., XXXVII, 1, Leipzig, 1920, 420 p. in-8°, 9 tab., 1' carte, 17 fig., p. 244-256, et Oskar von Niedermayer, Die Binnen becken des Iranischen Hochlandes (Inaug. Diss.), Munich, 1920, 59 p. in-8°, 1 carte, 14 fig., 7 phot., p. 54-55, phot. 6 et 7. Dans les deux cas, désert chilo-argentin et désert persan, le compartimentage est dû à l'inégale répartition des sels dont le sol est chargé, et que les eaux de pluies déplacent par capillarité; selon l'alternance des saisons, il se produit des alternatives de compression et de décompression du sol qui se traduisent par la division en blocs hexagonaux. Le plus curieux est la liaison de ces phénomènes avec des faits de réticulation et de solifluction, produits eux aussi par l'alternance de la sécheresse avec une humidité relative, et par l'inégalité de la charge en sels; dans la Puna, Stelzner avait déjà signalé l'existence d'un « glacier de sable ». En ce qui concerne les sols polygonaux des pays de climat froid, un pas en avant semble avoir été fait par E. de K. Leffingwell, au cours des observations qu'il poursuit depuis seize ans dans l'Alaska (The Canning River Region, Northern Alaska, U. S. Geological Survey, Professional Paper no 109, Washington, 1919, 251 p. in-8°, 33 fig., 35 pl., p. 179243, et Ground-Ice wedges, the dominant form of ground-ice on the north coust of

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les Alpes françaises quelques exemples de ces phénomènes, connus surtout dans les régions polaires, mais qui doivent à coup sûr se retrouver dans nos montagnes, ainsi que l'avait fait prévoir M. de Martonne en citant l'unique observation de Tarnuzzer.

On sait que le sol polygonal exige, pour être parfait, un sol délité et un relief à peu près horizontal. Au sommet du glacier du Mont

1. SOL POLYGONAL DU GLACIER

DU MONT-DE-LANS.

Mode d'intrication des lamelles de schistes liasiques dans l'ilot rocheux du Col du Puy-Salié (alt. 3 402 m.). Dessin de l'auteur d'après nature en projection verticale. Echelle 1/25 environ.

de-Lans en Oisans, à 3402 mètres d'altitude, près du Col de Puy-Salié, se trouve une surface dénudée, presque complètement horizontale, où affleurent des schistes noirs du lias extrêmement fendillés. L'absence de neige et de glace, en été, à une telle altitude, est un des traits les plus curieux de cette célèbre calotte glaciaire; on ne peut guère l'expliquer que par l'exceptionnel pouvoir d'absorption calorifique des schistes noirs, et peut-être aussi par la violence des vents

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qui débouchent du col tout à côté. La dimension de cet îlot

Alaska, Journal of Geology, XXXIII, 1915, p. 635-654, 23 fig.); il semble démontrer que le découpage en blocs hexagonaux est dû, non pas seulement aux alternances de gel et de dégel, mais surtout aux compressions et décompressions successives que subit le sol dans ses variations de température, et où des colonnes de glace jouent le rôle de coins de poussée progressivement épaissis. Il faut souligner avec insistance le fait que l'action essentielle est donc la compression, scule capable d'expliquer le choix constant de la figure d'encombrement minimum qui est l'hexagone régulier. Il est tout à fait illégitime d'assimiler aux vrais sols polygonaux, comme semble le faire Douvillé (p. 246), les figures de dessiccation, qui sont irrégulières et quelconques, parce que dues essentiellement à la rétraction. Les compartiments des sols rétractés sont tou jours limités par des fissures, et ceux des sols comprimés le sont par des bourrelets.

1. Loc. cit., p. 257. Les observations décrites ci-dessous ont été relatées très brièvement, d'abord dans notre premier rapport, du 25 août 1918, à l'ancienne Commission française des Glaciers (brigade G. Flusin); puis dans notre rapport de 1921 à la Caisse des Recherches scientifiques; enfin, à la Société scientifique de l'Isère, dans sa séance du 25 avril 1922 (Pr. V. mensuels, I, 1922, n° 3, mai 1922, p. 3.)

rocheux est de l'ordre de grandeur de 200 mètres sur 60; elle varie tous les ans, et depuis 1918, nous la mesurons chaque été comme un élément d'appréciation de l'enneigement du glacier. Nous avons été ainsi amené à y constater, depuis quatre ans, l'existence d'un beau réseau polygonal, découpant le sol de schistes noirs en compartiment, hexagonaux d'une parfaite régularité. La dimension des hexagones est plus réduite que dans les exemples classiques de la zone arctique, le diamètre du cercle

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circonscrit ne dépassant pas 50 à 75 centimètres. Au centre la roche est triturée en boue fine, dans laquelle apparaissent de petits paquets de lamelles schisteuses minuscules irrégulièrement disposés. Vers l'extérieur (v. fig. 1), la roche est brisée en lamelles minces et plates dont la longueur augmente vers la périphérie jusqu'à 10 à 15 centi mètres environ, et qui tendent à prendre une direction perpendiculaire au rayon. Il n'y a pas de

2. AMORCE DE SOL POLYGONAL (2) AU SOMMET DE ROCHE-MANTEL (ALT. 3052 M.).

La surface du sommet est parsemée de culots de glace dont la photographie montre un échantillon. Cailloux de schistes cristallins.

Cliché A. Allix.

saillie appréciable des cordons de cailloux périphériques, et seul le calibrage des éléments détermine le compartimentage du sol. Le centre du compartiment est un culot de boue gelée qui s'enfonce jusqu'à une profondeur moyenne de 75 centimètres à 1 mètre; au delà de cette profondeur, le calibrage et le groupement des éléments rocheux semblent cesser, autant du moins qu'on a pu l'observer.

Un autre sol polygonal, de caractère assez différent, semble au moins s'amorcer un peu plus bas, au nord-ouest, sur le sommet arrondi et dénudé appelé Roche-Mantel1, à 3 052 mètres d'altitude. Le sol est là parsemé de petits entonnoirs, larges de 50 à 75 centimètres, et sur le pourtour desquels les cailloux semblent se classer

1. Toutes les régions mentionnées ici sont figurées à peu près au centre du quart nord-ouest de la feuille 189, Briançon, de la carte d'État-Major au 80 000". 29 T. XXXIX, 1923.

LA GEOGRAPHIE.

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par grosseur (fig. 2). La roche est ici faite de schistes cristallins, beaucoup plus durs que ceux du lias; aussi, les cailloux sont rarement plus petits qu'une noix, et le calibrage est moins précis que sur l'îlot rocheux du col de Puy-Salié. Cependant, chaque compartiment est nettement entouré d'un bourrelet de cailloux plus gros. Le fait le plus remarquable est la présence au centre de chaque compartiment d'une colonne de glace, ou de neige regelée, dont le diamètre va de 20 à 30 centimètres et la profondeur, semble-t-il, de

3. SOL POLYGONAL PASSANT AUX Rides de solIFLUCTION,
PLATEAU DU LAC NOIR, 2890 M.

Sol de calcaires dolomitiques du trias. Pente approximative 10 p. 100, dans le sens de l'écoule ment. Dessin de l'auteur d'après nature, en projection verticale; échelle 1/125o environ. Le bord supérieur de la figure est approximativement l'est.

75 à 100 centimètres. On croit saisir là sur le vif l'action des coins de glace, signalés par Leffingwell, dont la poussée détermine et entretient le compartimentage du sol.

Enfin, au sud-ouest du glacier du Mont-de-Lans, de larges surfaces grossièrement horizontales entaillées à la fois dans les schistes. cristallins, les grès et calcaires dolomitiques du trias, les schistes et calcaires du lias, constituent en été un excellent domaine pour l'étude des sols arctiques, avec toutes les variétés possibles de réticulation. Ces surfaces s'étendent autour du Lac Noir et de l'ancien refuge du même nom (désaffecté en 1922), entre 2800 et 3 000 mètres. On y observe les phénomènes classiques depuis l'article de Douvillé, notamment, suivant la pente du sol, le passage pro

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