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Geneviève de Brabant, les Pulchérie, les Rosalie, les Cécile, les Lucile, les Isabelle, les Eulalie. Le merveilleux du christianisme est plein de concordance ou de contrastes gracieux. On sait comment Neptune,

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Nos dogmes fournissent un autre genre de poésie. Un vaisseau est prêt à périr : l'aumônier, par des paroles qui délient les âmes, remet à chacun la peine de ses fautes; il adresse au ciel la prière, qui, dans un tourbillon, envoie l'esprit du naufragé au Dieu des orages. Déjà l'Océan se creuse pour engloutir les matelots; déjà les vagues, élevant leur triste voix entre les rochers, semblent commencer les chants funèbres; tout à coup un trait de lumière perce la tempête : l'Etoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paroît au milieu de la nue. Elle tient son enfant dans ses bras, et calme les flots par un sourire : charmante religion, qui oppose à ce que la nature a de plus terrible, ce que le ciel a de plus doux! aux tempêtes de l'Océan, un petit enfant et une tendre mère !

CHAPITRE VIII.

Des Anges.

TEL est le merveilleux qu'on peut tirer de nos saints, sans parler des diverses histoires de leur vie. On découvre ensuite dans la hiérarchie des anges, doctrine aussi ancienne que le monde, mille tableaux pour le poëte. Non seulement les messagers du Très-Haut portent ses décrets d'un bout de l'univers à l'autre ; non seulement ils sont les invisibles gardiens des hommes, ou prennent, pour se manifester à eux, les formes les plus aimables; mais encore la religion nous permet d'attacher des anges protecteurs à la belle nature, ainsi qu'aux sentimens vertueux. Quelle innombrable troupe de divinités vient donc tout à coup peupler les mondes!

Chez les Grecs, le ciel finissoit au sommet de l'Olympe, et leurs dieux ne s'élevoient pas plus haut que les vapeurs de la terre. Le merveilleux chrétien, d'accord avec la raison, les sciences et l'expansion de notre âme, s'en

fonce de monde en monde, d'univers en univers, dans des espaces où l'imagination effrayée frissonne et recule. En vain les télescopes fouillent tous les coins du ciel, en vain ils poursuivent la comète au-delà de notre système, la comète enfin leur échappe; mais elle n'échappe pas à l'Archange qui la roule à son pôle inconnu, et qui, au siècle marqué, la ramènera, par des voies mystérieuses, jusque dans le foyer de notre soleil.

Le poëte chrétien est le seul initié au secret de ces merveilles. De globes en globes, de soleils en soleils, avec les Séraphins, les Trônes, les Ardeurs qui gouvernent les mondes, l'imagination fatiguée redescend enfin sur la terre, comme un fleuve qui, par une cascade magnifique, épanche ses flots d'or à l'aspect d'un couchant radieux. On passe alors de la grandeur à la douceur des images sous l'ombrage des forêts, on parcourt l'empire de l'Ange de la solitude; on retrouve dans la clarté de la lune, le Genie des rêveries du cœur; on entend ses soupirs dans le frémissement des bois, et dans les plaintes de Philomèle. Les roses de l'aurore ne sont que la chevelure de l'Ange du matin.

L'Ange de la nuit repose au milieu des cieux, où il ressemble à la lune endormie sur un nuage; ses yeux sont couverts d'un bandeau d'étoiles, ses talons et son front sont un peu rougis de la pourpre de l'aurore, et de celle du crépuscule; l'Ange du silence le précède, et celui du mystère le suit. Ne faisons pas l'injure aux poëtes, de penser qu'ils regardent l'Ange des mers, l'Ange des tempêtes, l'Ange du temps, l'Ange de la mort, comme des Génies désagréables aux Muses. C'est l'Ange des saintes amours qui donne aux vierges un regard céleste, et c'est l'Ange des harmonies qui leur fait présent des grâces : l'honnête homme doit son cœur à l'Ange de la vertu, et ses lèvres à celui de la persuasion. Rien n'empêche d'accorder à ces esprits bienfaisans des marques distinctives de leurs pouvoirs et de leurs offices: l'Ange de l'amitié, par exemple, pourroit porter une écharpe merveilleuse, où l'on verroit fondus par un travail divin, les consolations de l'âme, les dévouemens sublimes, les paroles secrètes du cœur, les joies innocentes, les chastes embrassemens, la religion, le charme des tombeaux, et l'immortelle espérance. '

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CHAPITRE IX.

Application des principes établis dans les chapitres précédens. Caractère de Satan.

DES préceptes, passons aux exemples. En reprenant ce que nous avons dit dans les précédens chapitres, nous commencerons par le caractère attribué aux mauvais anges, et nous citerons le Satan de Milton.

Avant le poëte anglais, le Dante et le Tasse avoient peint le monarque de l'enfer. L'imagination du Dante, épuisée par neuf cercles de torture, n'a fait de Satan enclavé au centre de la terre, qu'un monstre odieux; le Tasse, en lui donnant des cornes, l'a presque rendu ridicule. Entraîné par ces autorités, Milton a eu un moment le mauvais goût de mesurer son Satan; mais il se relève bientôt d'une manière sublime.Ecoutez le prince des ténèbres s'écrier, du haut de la montagne de feu, d'où il contemple pour la première fois son empire:

« Adieu, champs fortunés, qu'habitent les joies éternelles. Horreurs, je vous salue! je vous salue, monde

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