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armées; et le reste du chant est consacré à ces détails complémen

taires.

Les Kourous sont consternés d'avoir perdu leur second généralissime; leur déroute est complète. Açvatthâman, fils de Drona, qui est sans doute demeuré loin du champ de bataille, demande quelle est la cause de cette panique, et Douryodhana lui fait apprendre par un tiers la mort de son père. La douleur d'Açvatthâman s'exhale en fanfaronnades aussi prolixes qu'extravagantes, et il jure à la face de tous les combattants de venger son père 1. Jadis Drona a reçu de Brahma luimême une arme magique, l'astra de Nârâyana 2; cette arme, aussi redoutable que la fameuse lance de Karna, est passée comme héritage de Drona à son fils. En entendant les serments d'Açvatthâman, les Kourous se rassurent et reprennent leurs rangs, tout prêts à retourner au combat. Dans le camp des Pandavas, la mort de Drona porte d'autres suites. Ardjouna reproche à son frère, le grand Youddhishthira, le lâche mensonge qui a trompé le vénérable Atcharya et qui l'a fait périr. Bhîma, qui n'a pas autant de scrupule qu'Ardjouna, s'applaudit, au contraire, de la chute de l'ennemi. Mais Dhrishtad youmna, qui a tué Drona en lui coupant la tête, est profondément blessé des regrets d'Ardjouna, qui sont pour lui comme autant de reproches; il répond avec vivacité, en se félicitant d'avoir tué un Gourou, qui était coupable d'avoir mis les armes à la main 3. Cette obstination de Dhrishthadyoumna, qui ne veut pas convenir de sa faute, révolte tous les assistants. Sâtyaki se rend l'interprète de l'indignation générale; il insulte et menace Dhrishthadyoumna, qui répond avec la même violence, et il se jette sur lui pour le tuer. Le vigoureux Bhima n'a que le temps de se précipiter entre les deux adversaires; il saisit Sâtyaki dans ses bras, pour l'empêcher de frapper. Sahadéva, un des frères d'Ardjouna, intervient aussi; et, par des paroles de conciliation, il réussit, non sans peine, à apaiser la querelle, du moins pour le moment *.

Il vaut mieux en effet penser au péril commun. Açvatthâman vient de lancer son arme enchantée, et elle cause dans les rangs des Pandavas d'immenses ravages. Mais Krishna en annule en grande partie l'influence, en ordonnant à tout le monde de mettre pied à terre et de

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Mahabharata, Dronaparva, çlokas 8981-9023. Ibid. Dronaparva, çloka 9010. Il n'est pas facile de voir ce qu'est cette arme merveilleuse; mais, comme la lance de Karna, elle ne manque jamais l'ennemi qu'on vise; et elle revient, après l'œuvre homicide, à son possesseur. - Ibid. Dronaparva, çloka 9125. — * İbid. Dronaparva, çloka 9194. On ne comprend pas très-clairement ce qui calme la quevelle, et elle semble plutôt ajournée que finie.

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ne plus même penser à faire la moindre résistance1. L'astra de Nârâyana sera de cette manière absolument neutralisé. Tout le monde quitte aussitôt ses armes, de fait et même de pensée. Bhîma seul veut continuer à combattre; il est sur-le-champ entouré de flammes. Heureusement qu'Ardjouna et Youddhishthira ont docilement quitté leurs armes; et, comme ils sont dès lors soustraits au charme, ils peuvent protéger Bhîma, qui allait chèrement expier son imprudence; ils l'arrachent de son char, lui ôtent ses armes; et sur-le-champ Bhîma devient invulnérable et incombustible, comme le reste de l'armée 2. Krishna oppose l'astra de Varouna à l'astra de Nârâyana, c'est-à-dire l'eau au feu; et tout à coup, la puissante magie d'Acvatthâman est détruite. Comme son arme dévorante ne pouvait être lancée qu'une seule fois, elle ne peut plus lui servir à rien 3. Açvatthâman, privé de cette arme magique, se résigne aux armes ordinaires, et il combat courageusement Sâtyaki et Bhîma. Il est en train de lutter non moins victorieusement contre le tout-puissant Krishna et contre Ardjouna, quand Vyâsa, le compilateur des Védas et l'auteur même du Mahâbhârata, lui apparaît. Açvatthâman s'empresse de lui demander comment il se fait que son astra de Nârâyana n'ait point réussi. Vyâsa le lui explique, en remontant à l'origine même de cette arme, fabriquée jadis par Brahma. Açvatthâman écoute cette prolixe confidence; et, sur le conseil de Vyâsa, il fait conclure un armistice entre les deux armées. Pour qu'on accepte plus aisément cette suspension d'armes dans l'armée des Pandavas, Vyâsa se rend auprès d'Ardjouna, et lui fait une longue harangue dévotement entendue sur l'origine des choses et sur la nature du Dieu suprême 5.

Après ces nobles discours, Vyâsa disparaît; et le Dronaparva est clos après une course de plus de dix-neuf mille vers.

BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

(La suite à un prochain cahier.)

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'Mahabharata, Dronaparva, çloka 9236. Ce sont là de véritables enfantillages; mais j'ai dû les rappeler, puisqu'ils sont dans le poëme. — Ibid. çloka 9276. 3 Ibid. cloka 9284. — Ibid. çlokas 9446-9489. — Ibid. çlokas 9502 et suivants, jusqu'à la fin du chant, sauf les quatre ou cinq derniers çlokas. Vyasa ne manque pas, en s'en allant, de promet're encore une fois la victoire à l'heureux Ardjouna, qui a pour lui la protection incessante de Krishna.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

er

ACADÉMIE FRANÇAISE.

M. de Lamartine, membre de l'Académie française, est décédé à Paris, le

1 mars 1869.

ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

M. Troplong, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, est mort à Paris, le 1 mars.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Études sur la poésie latine, par M. Patin, de l'Académie française, doyen de la Faculté des lettres de Paris. Paris, imprimerie de Lahure, librairie de Didier et C", 1868-1869, deux volumes in-12 de v11-378 et 484 pages. — M. Patin a rassemblé dans ces deux volumes, sous un titre commun, des morceaux qui se rattachent diversement au cours qu'il a professé, pendant de longues années, avec tant d'autorité et d'éclat, à la Faculté des lettres de Paris. Des deux divisions bien tranchées de ce recueil, l'une, comprenant la plus grande partie du premier volume, renferme un choix des discours prononcés par l'éminent professeur à l'ouverture an

nuelle de ses leçons. On y trouvera des vues d'ensemble sur la poésie latine et ses
principaux genres, des jugements excellemment résumés sur ses représentants les
plus illustres, sur les périodes les plus intéressantes de son histoire. Tels sont, entre
beaucoup d'autres, les discours qui ont pour titre : De l'enseignement historique
de la littérature et en particulier de la poésie latine; Histoire abrégée de la poésie la-
tine depuis son origine jusqu'au siècle d'Auguste; Du renouvellement de la poésie.
latine par
Lucrèce et par Catulle; Coup d'œil général sur Horace et ses œuvres; De
la poésie satirique et la satire latine. La seconde partie, Études sur les anciens poëtes
latins, la plus considérable et la plus importante de l'ouvrage, reprend avec détail
et d'une façon approfondie, l'histoire de la poésie latine depuis ses commencements
les plus obscurs et les plus lointains jusqu'aux « promoteurs de ce qu'on appelle
«<le siècle d'Auguste, Lucrèce et Catulle.» Nous y voyons paraître successivement :
Livius Andronicus et Névius; Ennius; l'ancienne tragédie latine, où nous retrou-
vons Ennius avec Pacuvius et Attius; l'ancienne comédie latine : les Atellanes et les
mimes, Plaute et Térence, Cécilius, Turpilius, Titinius, Atta, Afranius, Pompo-
nius et Novius, Laberius et Publius Syrus; l'ancienne satire latine: Lucilius, Var-
ron et ses Ménippées, et enfin Cicéron, considéré uniquement comme poëte. La
science profonde, la sûreté de goût, la finesse d'aperçus qui caractérisent ces études,
n'ont pas besoin d'être signalées à nos lecteurs, qui en ont pu apprécier la plus
grande partie dans ce journal même. Ils s'associeront, sans nul doute, au vœu que
forment tous les amis des lettres pour que les occupations soit académiques, soit uni-
versitaires de M. Patin lui laissent le loisir de compléter son œuvre par des études
développées sur les grands poëtes du siècle d'Auguste et sur leurs successeurs.

Archives des Missions scientifiques et littéraires. Choix de rapports et instructions,
publié sous les auspices du Ministère de l'instruction publique. Deuxième série,
tome V. Première livraison. Paris, Imprimerie impériale, 1868, in-8° de 304 pages.
-Cinq rapports, de sujets divers, mais tous dignes d'être étudiés et consultés,
sont compris dans cet intéressant volume. 1. Le premier est un Essai sur la pein-
ture de
M. Émile Gebhart, ancien membre de l'Ecole fran-
dans l'antiquité, par
genre
çaise d'Athènes. Après avoir étudié ailleurs, notamment dans son Essai sur Praxi-
tele (1864), l'art antique dans ses œuvres les plus grandes et dans ses maîtres les
plus illustres, il a voulu nous faire connaître des ouvrages moins parfaits, dus à
une aspiration moins haute, mais où se reconnaissent encore, pour nous servir de
ses expressions, « une certaine beauté et comme le reflet lointain de l'idéal. » L'his-
toire de la peinture de genre a été rapidement esquissée par Pline l'ancien, et
beaucoup de détails, que l'écrivain latin avait négligés, se trouvent épars dans
Athénée, Pausanias, Aristote ou Varron; toutefois, les notions les plus précieuses
ont été fournies à l'auteur par les découvertes d'Herculanum et de Pompéi. Il les
expose avec beaucoup d'érudition et de méthode en les rangeant dans cinq catégo-
ries principales: les dieux; les personnages humains, parmi lesquels les pygmées
forment une division à part; les animaux; le paysage; les natures mortes.
II.
M. Charles Livet rend compte ensuite du résultat de ses recherches sur les Docu-
ments relatifs à l'histoire de France, conservés aux archives de la Torre do tombo (Tour
du livre), à Lisbonne. Il a réuni dans ces archives toutes les indications nécessaires
sur les pièces pouvant, de près ou de loin, intéresser notre histoire, et il en donne
un inventaire détaillé fait avec grand soin et suivi d'un index chronologique.
- III.
Nous trouvons ensuite un Troisième rapport sur une mission littéraire en Angleterre et
en Ecosse, par M. Paul Meyer. Ce troisième rapport a pour objet les manuscrits si
précieux pour l'histoire de notre ancienne littérature, que renferment les biblio-

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thèques d'Oxford. MM. Francisque Michel, Sachs, H. de la Villemarqué et Hippeau, également chargés de missions littéraires en avaient déjà tiré des documents d'une grande valeur, mais une exploration générale de tout ce qu'on y trouve d'important pour l'histoire de notre littérature restait à faire. Telle est la tâche que M. Paul Meyer a entreprise à la bibliothèque Bodléienne ou bibliothèque générale de l'Université d'Oxford, et qu'il a poussée aussi loin que le lui a permis la durée de son séjour dans cette ville. Tout en laissant à ses successeurs, comme il le reconnaît, la matière de nombreuses études, M. Meyer n'en a pas moins fait une trèsabondante moisson. Quelques-unes de ses recherches profiteront au recueil des Anciens poetes de la France, de M. Guessard, ou à une édition plus correcte du poëme de Girart de Roussillon; le résultat des autres nous est donné ici dans un savant catalogue descriptif de plusieurs manuscrits importants pour notre histoire littéraire au moyen âge; ce catalogue est suivi de nombreux extraits, qui ne comprennent pas moins de 101 pages du volume. — IV. La quatrième partie comprend l'Extrait d'un rapport adressé au Ministre de l'instruction publique sur les études médicales en Allemagne, par M. le docteur J. L. Prévost, de Genève. L'auteur voit dans l'absence de centralisation scientifique et dans la solidarité qui existe entre les diverses Universi tés allemandes les principales causes du grand développement qu'ont pris, depuis vingt ans, les sciences médicales en Allemagne. V. Le dernier rapport, qui offre beaucoup d'intérêt pour la science astronomique, est celui que M. Janssen a adressé, de Calcutta, au Ministre de l'instruction publique, sur l'éclipse de soleil du 18 août

1868.

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Les Mariages espagnols sous le règne de Henri IV et de Marie de Médicis, par F. T. Perrens, docteur ès-lettres, professeur au lycée Bonaparte, Orléans, imprimerie de Colas; Paris, librairie de Didier et C [1869], in-8° de xvI-574 pages. --Ce nouvel ouvrage de M. Perrens a pour objet d'exposer en détail, pour la première fois, à l'aide de documents authentiques, presque tous inédits,, l'histoire des négociations du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche et d'Élisabeth de France, sœur de ce prince, avec l'infant d'Espagne qui fut depuis Philippe IV. Cette question n'a occupé jusqu'ici que peu de place dans les ouvrages les plus développés. Ni Charles Bernard, ni Claude Malingre, qui écrivirent la vie de Louis XIII durant le règne de ce prince, ni Levassor, ni le P. Griffet, qui traitèrent le même sujet plus tard avec plus de savoir et de critique, ni M. Bazin, qui, en leur succédant à notre époque, les a fait oublier, n'ont donné beaucoup d'attention à ces alliances; s'ils parlent avec quelque étendue des voyages et des fêtes auxquels elles donnèrent lieu, ils sont muets sur les négociations diplomatiques qui les préparèrent, quoiqu'elles aient duré treize années, de 1602 à 1610 sous Henri IV, et de 1610 à 1615 sous la régence de Marie de Médicis. Le livre de M. Perrens est donc neuf par son sujet même, et, en nous faisant connaître les combinaisons politiques auxquelles se rattachaient les mariages espagnols sous Henri IV et Marie de Médicis, il éclaire d'un jour nouveau, sur plus d'un point, l'histoire de cette époque. L'auteur a particulièrement mis à profit deux recueils manuscrits conservés à la Bibliothèque impériale: les dépêches diplomatiques de Robert Ubaldini, nonce apostolique à la cour de France de 1608 à 1615, et celles de M. Savary de Brèves, ambassadeur de France à Rome, durant les mèmes années. Il s'est servi utilement aussi de la correspondance inédite des diplomates qui représentaient alors la France à la cour de Madrid.

Les révolutions de l'Espagne contemporaine, par M. Ch. de Mazade. Paris, imprimerie de Poupart-Davyl, librairie de Didier et C, 1869, in-12 de vi-400 pages. —

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