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Corpus inscriptiONUM ITALICARUM ANTIQUIORIS ÆVI ordine geographico digestum et glossarium italicum in quo omnia vocabula continentur ex umbricis, sabinis, oscis, volscis, etruscis, aliis que monumentis quæ supersunt collecta et cum interpretationibus variorum explicantur cura et studio Ariodantis Fabretti. Aug. Taurinorum, ex officina regia, 1861-1867, in-4°.

PREMIER ARTICLE.

Quand, à la fin du siècle dernier, l'abbé Lanzi publiait son Saggio di lingua etrusca, on ne possédait guère que le quart des inscriptions étrusques actuellement connues et quelques-uns seulement des textes épigraphiques qui appartiennent aux autres idiomes de l'Italie antéromaine. La plupart de ces monuments n'étaient encore qu'incorrectement transcrits; on n'avait pas, d'ailleurs, de notions assez précises des caractères extérieurs de ces diverses langues pour pouvoir toujours distinguer nettement à laquelle d'entre elles telle ou telle inscription devait être rapportée. La tentative du savant Italien était donc prématurée, et elle demeura à peu près stérile. Depuis trente années, les découvertes de textes lapidaires italiotes se sont notoirement multipliées; on a pu ainsi établir des comparaisons plus nombreuses et commencer une analyse des éléments vocaux et grammaticaux renfermés dans ces textes.

Les travaux des savants allemands et italiens ont éclairé à des degrés divers les inscriptions osques, ombriennes, volsques, sabelliques et messapiennes. La langue étrusque seule, quoique représentée par un contingent beaucoup plus considérable de textes épigraphiques, a résisté presque totalement à l'analyse. Comme elle n'offre pas d'analogie manifeste avec l'ancien latin, comme on n'y saisit de prime-abord aucune affinité bien accusée avec le grec ni aucun idiome connu, on a manqué, pour son étude, d'une base certaine. Cependant les documents étrusques, actuellement placés entre nos mains, sont loin d'être tout à fait muets; ils se sont assez accumulés pour qu'il devienne possible de tirer de leur classement des indications positives et neuves. De là l'utilité d'un répertoire où tous les mots recueillis dans les inscriptions se trouveraient réunis et reproduits d'après les originaux avec la plus scrupuleuse exac

titude. C'est ce qu'a compris M. Ariodante Fabretti et ce qui lui a suggéré la pensée d'entreprendre l'œuvre qu'il vient d'achever. Dans ce répertoire de tous les matériaux de nature à éclairer la constitution et le vocabulaire des langues italiques, il nous apporte le dernier mot des études entreprises à leur sujet. Sa publication se décompose en deux parties: 1° un Glossaire renfermant tous les mots de ces divers idiomes, les noms d'hommes et de lieux compris, que nous ont transmis les auteurs ou que nous fournissent les inscriptions, les vases, les miroirs et les médailles; 2° un Corpus de toutes les inscriptions italiques connues dressé par ordre géographique, et dans lequel les textes sont donnés d'après les collations les plus authentiques, les variantes indiquées pour les lectures incertaines; le tout accompagné des informations nécessaires sur les monuments où sont gravés ces textes antiques. Ce Corpus inscriptionum italicarum antiquioris ævi reproduit même quelques inscriptions du latin le plus archaïque qui, par leur teneur et leur forme, se rattachent aux idiomes primitifs de l'Italie. Le même motif a fait donner place dans le Glossaire à divers mots du vieux latin.

Un pareil travail est le fruit d'un labeur considérable ét prolongé ; il est exécuté avec un soin et une conscience dont l'érudition doit être profondément reconnaissante à l'auteur. Tous les passages se rapportant aux mots que M. A. Fabretti a relevés, tous ceux qui peuvent répandre quelque jour sur leur signification ont été transcrits in extenso aux articles respectifs qui les comportent. Outre des figures intercalées dans le texte du Glossaire, et qui reproduisent des miroirs étrusques ou des médailles, des planches spéciales, dont l'ensemble compose un véritable atlas, donnent l'aspect et la forme de plusieurs des monuments originaux déjà consignés en caractères courants dans le Corpus. On voit donc que livre de M. Fabretti pourrait à lui seul suffire à ceux qui s'occupent de l'étude des idiomes italiques; car ce savant a coordonné tous les documents et les textes dont on peut actuellement faire usage; son ouvrage contribuera ainsi, sans aucun doute, à assurer les progrès de cette étude.

le

Nul mieux que M. A. Fabretti n'était préparé à reprendre l'œuvre de Lanzi. Mais il n'a point encore voulu aborder une tâche si difficile, et il nous promet seulement, pour une époque qu'il n'ose assigner, un exposé de la grammaire de ces divers idiomes, un aperçu sur les formes successives qu'y ont revêtues les lettres et sur la paléographie italique. Dans le livre dont il vient de nous doter, il se borne à enregistrer les opinions qui ont été proposées en renvoyant aux écrits où elles se trouvent développées. Ce que M. Fabretti n'a point encore tenté, on peut

déjà, sur divers points, essayer de le faire, grâce à l'instrument qu'il a mis entre nos mains. Quant aux autres idiomes italiques, du moins l'osque, l'ombrien et les dialectes sabelliques, les travaux récemment publiés en Allemagne ne laissent actuellement que peu à découvrir, et le rapprochement de plusieurs des articles du Glossarium italicum aidera à lever les dernières obscurités. C'est donc surtout à l'étrusque que je m'attacherai, puisque là, les problèmes à résoudre s'offrent à chaque pas. Loin même d'avoir fait avancer nos connaissances sur cet idiome, les textes épigraphiques, en se multipliant, ont, à certains égards, accru les difficultés, et les données positives auxquelles il est possible d'arriver ne sont guère en rapport avec le chiffre considérable d'inscriptions sur lequel on opère. Dans le bilan qu'il nous faut dresser de notre savoir en étrusque, les non-valeurs dépassent de beaucoup les créances recouvrables. A l'absence d'informations positives sur la famille linguistique dont cet idiome est sorti, se joignent les incertitudes qui naissent de l'usage incessant des abréviations. La suppression fréquente des voyelles et des lettres finales s'oppose bien souvent à ce que nous puissions constater la véritable forme du mot. Sans doute l'alphabet est aujourd'hui parfaitement connu, et nous lisons sans difficulté toutes les inscriptions; mais les textes bilingues sont si rares, surtout si courts et si peu explicites, qu'ils ne nous apportent que des secours bien insuffisants. Malgré cela, il n'est pas impossible d'arriver à des résultats, les uns incontestables, les autres ayant un haut degré de probabilité. La plupart ont été saisis, ou tout au moins entrevus, par les savants Italiens qui ont dirigé leurs efforts de ce côté, Vermiglioli, Orioli, Migliarini, Conestabile, etc. Il ne reste guère qu'à les formuler en des termes plus précis et à les établir avec plus de solidité. C'est ce que je tâcherai de faire, ajoutant çà et là aux découvertes de ces savants antiquaires le fruit de mes observations personnelles, que le livre de M. A. Fabretti m'a permis de compléter.

Trois résultats principaux me semblent pouvoir être regardés comme désormais acquis sur le terrain de l'étrusque : 1° la connaissance du système des noms propres en usage dans l'Etrurie et des diverses appellations qui figuraient dans les épitaphes 1; 2° le caractère indo-européen de l'idiome étrusque, caractère moins prononcé sans doute que celui qu'offrent le grec et le latin, mais qui se révèle à des signes certains ;

1

Déjà, sans avoir à sa disposition toutes les inscriptions que nons possédons, K. Ott. Müller (Etrusker, I, p. 436 et suiv.) avait proposé un aperçu assez satisfaisant du système des noms propres, quoique moins complet que celui que nous pouvons donner ici.

3o les lois principales de la vocalisation de cette langue fournies par la comparaison des noms grecs et latins avec leur transcription étrusque. Je consacrerai un article spécial à chacun de ces trois points.

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L'immense majorité des inscriptions étrusques a un caractère funéraire. En effet elles se lisent, soit sur des urnes ou sarcophages, soit sur les parois des hypogées; et la conformité de leur teneur avec celles d'inscriptions latines également funéraires, et qui parfois les accompagnent, achève de démontrer ce qui ressort du lieu où elles ont été gravées. On y lit, d'ailleurs, des mots que leur apparition incessante sur des tombeaux, leur ressemblance avec des noms propres latins, font tout de suite reconnaître pour des noms propres étrusques. Ces noms figurent aussi, d'autre part, dans des inscriptions latines de l'Étrurie comme ayant été portés par des personnages visiblement d'origine étrusque. Ce sont donc des noms propres qui composent le fond de beaucoup le plus riche du Glossaire étrusque de M. Fabretti. Notre curiosité aurait certainement préféré des substantifs qui eussent jeté plus de jour sur le caractère générique de la langue; mais il faut bien se contenter de ce qu'on a, et le mieux est de chercher à en tirer le plus grand parti possible. Or cette abondance singulière d'indications de personnes nous met à même de déterminer le mode d'après lequel les habitants de l'Étrurie avaient l'habitude de se désigner. Le Corpus de M. Fabretti rend les rapprochements faciles à cet égard, et l'élucidation de ce premier problème a, de plus, l'avantage de nous apporter des données précieuses sur la déclinaison, données qui nous serviront à leur tour pour arriver au second des résultats que j'ai énoncés plus haut. Les textes épigraphiques nous montrent que, chez les Étrusques, hommes et femmes portaient au moins deux noms, un prænomen et un nomen1. On voit sans cesse chez eux, comme chez les Romains, reparaître les mêmes prénoms, ce qui indique qu'il n'y en avait qu'un petit nombre d'usités en Étrurie. Je citerai d'abord pour les hommes:

Larth (OA), représenté fréquemment par les abréviations L. (4), La (AJ), Lth. (OJ), et qui répond manifestement au nom latin de Larthias, Lartius; souvent ce prénom est écrit avec un t(†9AJ) au lieu d'un th (O), et s'abrége conséquemment en Lat. (AJ).

'C'est ce qui avait aussi lieu dans le principe à Rome. «Antiquarum mulierum in usu frequenti prænomina fuerunt.» (Valer. Maxim. De nomin. ration.)

Lar (AJ) ou Laris (219AJ), qui, malgré sa ressemblance avec le prénom précédent, paraît en être différent1, et chez lequel on retrouve le mot qui entre dans l'appellation de Lars Tolumnius, citée par TiteLive et Valère-Maxime, et dans le prénom du roi Porsenna (Lartem Porsenam. Tit. Liv. II, IX. — Λάρος Πορσίνος. Dionys. Halic. V, xx1), ainsi que dans l'appellation de Lar Herminius (Tit. Liv. III, LXV. — Λάρος Equivios. Dionys. Halic. XI, L1).

Arnth (OHA), dans lequel u (V) est visiblement supprimé, car ce prénom répond, sans aucun doute, au latin Aruns, Aruntius. On trouve parfois ce vocable écrit avec un t (+H9A), par suite de l'échange de lettres qui vient d'être signalé, et il s'abrége, dans les textes épigraphiques, soit en Ar (9A), soit en Arth (09A).

Pour les femmes, nous citerons d'abord les formes féminines des noms de Larth et d'Arnth, rendues ordinairement par Larthi (1098), Arnthi (10H9A), abréviations qui devaient se lire Larthia, Arunthia, comme on les rencontre quelquefois écrits tout au long; on observe pour ces vocables des changements d'orthographe et des abréviations correspondant à ceux qui sont habituels pour les noms masculins dont ils dérivent. Citons ensuite un prénom d'un emploi singulièrement commun, Thana (AHAO) on Thania (AIHAO), écrit quelquefois abréviativement Than (HAO), et qui répond certainement au latin Diana, ainsi que j'aurai occasion de le faire voir par la suite. Enfin le nom de Tanaquil (JIVAO), qui en est dérivé, et que l'épouse de Tarquin l'Ancien a rendu si célèbre..

D'autres prénoms ne sont que les formes étrusques de prénoms latins bien connus, et ont dû être empruntés par les Romains à leurs voisins, ou s'être répandus de Rome en Etrurie après la soumission de cette province 2; car nous ne devons pas oublier que la grande majorité de nos textes épigraphiques étrusques est certainement postérieure à la conquête de l'Etrurie, c'est-à-dire au y° siècle de la fondation (264 avant J. C.). La coexistence d'inscriptions latines et d'inscriptions étrusques dans divers hypogées, le rapprochement de la forme des lettres des inscriptions bilingues et de celles qui sont purement étrusques suf

La forme Laris est justifiée par le diminutif Lariscus, qui passa chez les Romains (Gruter, Inscript. 648, 4). Sur la peinture de l'hypogée de Ponte della Badia, on trouve inscrits au voisinage l'un de l'autre les noms de Larth Ulthes et de Laris Papathnas Velznach (Corpus, n° 2163). Déjà, avant la soumission de l'Etrurie, la présence des Étrusques venus à Rome pour y exercer les fonctions d'aruspices avait dû y répandre les noms étrusques (voy. Tit. Liv. V, xv). Après la prise de Véies, une foule de Toscans s'établirent à Rome.

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