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LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Descartes considéré comme physiologiste et comme médecin, par le D' Bertrand de Saint-Germain. Corbeil, imprimerie de Crété; Paris, librairie de Victor Masson et fils, 1869, in-8° de x1-532 pages. — La grandeur du rôle joué par Descartes comme philosophe et comme mathématicien a été souvent appréciée par les plumes les plus compétentes; mais on n'avait guère recherché, jusqu'ici, la part qui lui revient dans les progrès de la physiologie et de la médecine. C'est là une étude pleine d'intérêt, à laquelle M. le D Bertrand de Saint-Germain se trouvait on ne peut mieux préparé par ses travaux philosophiques antérieurs aussi bien que par ses connaissances médicales. Il commence par nous faire connaître, dans un chapitre préliminaire, l'état des sciences relatives à la médecine vers la fin du moyen âge, ainsi que leur rénovation au xvi° siècle, et conduit le lecteur jusqu'à la découverte, par Harvey, de la circulation du sang. Après cet exposé historique et critique, fait d'après les sources, l'auteur explique en détail les opinions de Descartes sur la physiologie et la médecine, opinions dont il a patiemment recherché la trace dans toutes les œuvres du maître et jusque dans sa correspondance. Il les reproduit, les discute, les rectifie quand il le faut dans une suite de chapitres traitant successivement de la connaissance générale de l'homme, des fonctions nutritives, des « esprits animaux, du système nerveux, des sens et de leurs erreurs, de l'âme dans ses rapports avec le corps, des passions, de la génération et de l'embryologie, de l'âme pensante considérée comme principe de la vie, de l'âme des bêtes, et enfin de quelques applications pratiques que Descartes a faites de ses connaissances anatomiques et physiologiques à la pathologie, à la thérapeutique, à la médecine légale et à l'hygiène. Bien que Descartes ait apporté à la science, sur ces divers points, peu de vérités nouvelles et qu'il y ait mêlé beaucoup d'erreurs, M. de Saint-Germain pense néanmoins que les physiologistes modernes lui sont en grande partie redevables des résultats positifs qu'ils ont obtenus, ces résultats étant dus à la direction imprimée aux recherches par ce grand philosophe et pouvant être attribués aussi à l'ordre d'idées et de vues dans lequel il a retenu les esprits par ses hypothèses mêmes. Le travail de M. de Saint-Germain porte partout l'empreinte d'un spiritualisme élevé, mais les convictions qu'il exprime souvent avec beaucoup de chaleur et d'éloquence n'empêchent point l'auteur de se renfermer uniquement dans le domaine. de l'observation pour tout ce qui regarde l'étude des fonctions vitales. L'ouvrage n'est pas moins remarquable au point de vue littéraire qu'au point de vue philosophique et scientifique; nous signalerons notamment le tableau du progrès des sciences au xvi° siècle et les pages qui traitent des passions et de l'âme des animaux. En résumé, ce livre ne nous semble pas indigne de paraitre sous les auspices du nom de Victor Cousin, que l'auteur à inscrit sur la première page comme hommage à la mémoire d'un illustre ami.

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Code rabbinique. Eben Haezer, traduit par extraits, avec les explications des doc-

teurs juifs, la jurisprudence de la cour d'Alger et des notes comparatives de droit

français et de droit musulman, par E. Sautayra, vice-président du tribunal civil

d'Alger, et M. Charleville, grand rabbin de la province d'Oran. Alger, imprimerie

d'Eug. Garaudel; Paris, librairie de A. Durand et Pedone Lauriel, 1869, deux

volumes in-8° de 183 et 360 pages. Aux termes du sénatus-consulte du

14 juillet 1865, les israélites indigènes de l'Algérie continuent à être régis par leur

<< statut personnel,» c'est-à-dire par les lois spéciales qui règlent chez eux tout ce
qui se rapporte à la famille, à la propriété, aux successions. Ces lois sont écrites
en langue hébraïque et n'ont jamais été traduites en français; aussi les tribunaux
chargés de leur application, ne les connaissant pas, sont-ils obligés de consulter les
rabbins et de se conformer à leurs avis, qu'ils ne peuvent ni discuter ni contrôler.
L'expérience a cependant constaté depuis longtemps que ces avis, presque toujours
insuffisants, reproduisent quelquefois des opinions isolées ou des dispositions tom-
bées en désuétude, qu'ils contiennent des erreurs de droit et présentent des con-
tradictions. Il était donc devenu nécessaire, dans l'intérêt d'une bonne administra-
tion de la justice, de la sécurité des transactions et du développement du crédit
dans la colonie, de substituer la loi aux simples avis des rabbins et de combler la
lacune qui existe dans la législation algérienne. C'est dans cette pensée que MM. Sau-
tayra et Charleville, avec une compétence et une autorité que personne ne contes-
tera, ont entrepris la traduction du code rabbinique, composé, de 1522 à 1554.
par Joseph Karo, et qui n'a pas cessé, depuis trois siècles, de régir le monde israélite.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir l'importance et l'utilité pratique de ce
travail, qui a été exécuté avec le plus grand soin, et au mérite duquel ajoutent
encore la savante introduction et les nombreuses notes explicatives jointes à la tra-
duction. Le livre Eben Haezer, qui forme la troisième partie du code rabbinique,
se compose de cinq traités : Ichoth, des unions; Kidouschin, du mariage; Ketouboth,
de la dot; Guittin, du divorce, et Yiboum, du lévirat. Les deux premiers de ces
traités remplissent le premier volume de l'ouvrage de MM. Sautayra et Charleville;
le second volume comprend les trois derniers traités.

TABLE.

Pages.

DES SAVANTS.

SEPTEMBRE 1869.

Le livre de l'agriculture d'Ibn-AL-AWAM, traduit de l'arabe par J. J. Clément-Mullet, ouvrage couronné par la Société impériale et centrale d'agriculture de France. 2 volumes in-8°; librairie A. Franck, Albert L. Hérold, successeur, rue Richelieu, 67, 1864.

PREMIER ARTICLE.

Avant de parler de l'ouvrage dont nous venons de reproduire le titre, il convient de remonter à l'origine première d'un Traité d'agriculture dont le livre d'Ibn-al-Awam serait en grande partie l'extrait, selon l'opinion d'Étienne Quatremère, ancien collaborateur du Journal des Savants, et auteur de tant d'articles remarquables qu'il y a insérés.

On doit à cet illustre orientaliste un excellent Mémoire sur les Nabatéens imprimé dans le nouveau Journal asiatique de 1835. Il pense qu'un peuple d'origine araméenne habitait le pays compris entre le Tigre et l'Euphrate, l'ancienne Chaldée. Le nabatéen qu'il parlait était, avec le syriaque, un des dialectes de l'araméen. On ne peut douter que les Nabatéens ne se soient livrés de bonne heure à l'agriculture, car Masoudi prétend que, d'après quelques traditions, le nom de nabats leur aurait été donné parce qu'ils avaient inventé l'Art de cultiver la terre et de faire sortir l'eau de son sein, étymologie peu naturelle, dit E. Quatremère. Quoi qu'il en soit, les Nabatéens aimaient les lettres, les sciences, la botanique en particulier, et les sciences occultes. On cite un grand

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nombre d'ouvrages nabatéens d'une très-ancienne origine; on en attribue trois à Sagrit, à savoir, un Traité d'agriculture en vers, divisé par chapitres; un Traité de médecine fort détaillé; enfin un livre sans précédent, tout à fait original, qualifié d'admirable, Sur les propriétés des temps. Zambouschad, venu longtemps après Sagrit, tout en respectant son OEuvre d'agriculture, y ajouta des faits nombreux. Adam avait, dit-on, écrit sur les plantes, les pays où elles croissent, leurs vertus et leurs propriétés nuisibles. On lui attribuait, en outre, un grand ouvrage sur la nature des terres, leurs saveurs diverses, leurs qualités, leurs productions.

Un certain nombre de ces ouvrages existait encore à l'époque où vivait l'auteur du livre signalé sous le titre d'Agriculture nabatéenne, comme la base du traité d'agriculture d'Ibn-al-Awam, que M. Clément-Mullet vient de traduire en français.

L'Agriculture nabatéenne est un traité volumineux; les détails y sont nombreux, et la magie y tient une grande place.

On n'est pas d'accord sur le nom de l'auteur. Si les uns le regardent comme l'œuvre d'un nommé Kouthaïi, d'autres prétendent qu'il est anonyme. E. Quatremère fait remarquer que les Orientaux, qui citent assez fréquemment l'ouvrage, en attribuent ordinairement à tort la composition à Ebn-Wahschiiah; car ce savant s'est borné à le traduire du chaldéen en langue arabe, dans l'année 291 de l'hégire (903 de l'ère chrétienne).

E. Quatremère fait remonter l'ouvrage original à une époque bien reculée « car, dit-il, on peut, si je ne me trompe, regarder comme très<< vraisemblable que ce livre fut écrit dans l'espace de temps qui s'écoula <«< entre l'époque où Bélésis affranchit la Babylonie du joug des Mèdes, « et la prise de Babylone par Cyrus. Peut-être dans ce laps de temps «< pourrait-on s'arrêter au règne de Nabuchodonosor II du nom. » Ce serait donc entre le vir et le vr° siècle avant J. C. que l'Agriculture nabatéenne aurait été composée.

Si l'on peut regretter que des manuscrits de la traduction arabe de l'Agriculture nabatéenne, qui existent dans plusieurs bibliothèques de l'Europe, n'aient point été réunis et traduits en français, la traduction du traité d'Ibn-al-Awam, par M. Clément-Mullet, diminuera ce regret, car un auteur arabe, Ebn-Khaldoun, qui jouit, comme critique, d'une grande réputation, s'énonce dans les termes suivants. Nous empruntons la traduction à E. Quatremère.

<«< Parmi les livres des Grecs, dit ce judicieux écrivain, on traduisit le « Traité d'agriculture nabatéenne, attribué aux plus savants d'entre les

« Nabatéens, et contenant sur l'article de la magie des détails qui annon<«< cent des connaissances profondes; mais des hommes religieux ayant « examiné ce livre, et regardant comme inutile et illicite tout ce qui «< concernait le chapitre des enchantements, se bornèrent à transcrire <«< ce qui avait trait aux végétaux, à leur plantation, à leur culture, et supprimèrent le reste. Ce fut en suivant cette méthode qu'Ebn-Awam publia un extrait de l'Agriculture nabatéenne. La partie qui traitait des << sciences occultes resta complétement négligée, jusqu'à ce que Mos« lemah, dans ses ouvrages sur la magie, en transcrivît les questions <«<les plus importantes. »

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« Les sciences magiques, dit ailleurs le même historien, étaient en « grande vogue chez les Syriens habitants de la Babylonie, et avaient été «l'objet de plusieurs traités spéciaux; mais de tous ces ouvrages, un << petit nombre seulement a passé dans la langue arabe : telle est l'Agriculture nabatéenne, traduite par Ebn-Wahschiiah, et qui contient les « pratiques en usage chez les Babyloniens. >>

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E. Quatremère fait la réflexion qu'après avoir lu le premier passage on est sans doute surpris de voir ranger l'Agriculture nabatéenne au nombre des livres grecs, quand son origine chaldaïque paraît si certaine à tant d'orientalistes.

Quant à l'époque à laquelle fut écrit le Livre d'agriculture d'Ibn-alAwam, elle paraît être à M. Clément-Mullet le vr° siècle de l'hégire, correspondant au xir de l'ère chrétienne. L'auteur habitait Séville et s'est livré à l'étude de l'agriculture dans les campagnes de la capitale de l'Andalousie, notamment, dit-il, dans la montagne de l'Alscharfa.

L'ouvrage se compose de trente-quatre chapitres. Les trente premiers concernent l'économie agricole végétale et les quatre derniers l'économie agricole animale. L'auteur les passe en revue dans une préface; il indique un trente-cinquième chapitre dont l'objet serait l'éducation des chiens, mais le traducteur croit que ce chapitre n'a jamais été écrit.

Un examen détaillé de l'ouvrage serait aussi fastidieux qu'inutile, mais, en suivant l'ordre adopté par l'auteur, nous nous arrêterons sur plusieurs points qui nous paraîtront présenter quelque intérêt relativement à l'agriculture proprement dite ou à l'histoire de ses pratiques.

Le premier chapitre traite des terres dans leurs rapports avec l'agriculture; il ne renferme rien de précis. L'auteur attache de l'importance à la couleur et à l'impression des terres sur le toucher: les noires, les violettes et les rouges sont les plus chaudes, et les plus froides les blanches et les jaunes. Il insiste sur les sels que les terres peuvent renfermer, qui leur donnent une saveur salée, styptique ou amère; généra

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