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cet heureux effet des vents sur leur végétation, parce que, disait-on, l'impulsion qu'elles en reçoivent est favorable aux vaisseaux et aux sucs que ceux-ci contiennent.

L'auteur arabe insiste avec raison sur le bon effet du contact de l'air avec les racines; aujourd'hui ce contact est reconnu indispensable à la végétation, parce que les spongioles des racines plongées dans la terre ne peuvent remplir leurs fonctions lorsque l'air du sol est privé de gaz oxygène.

A propos du fruit doux du grenadier, Ibn-al-Awam parle de la propriété qu'il a d'enlever aux aliments le goût de fumée qu'ils pourraient contracter par la cuisson; nous n'en avons pas la preuve expérimentale, mais, d'après nos observations sur la cuisson des légumes, le fait ne serait pas impossible, car nous avons constaté qu'en cuisant, au sein de l'eau tenant du sel, des navets et des carottes avec de l'oignon brûlé, le principe odorant de ce dernier se porte sur le navet, à l'exclusion de la carotte, de sorte qu'il y a là un phénomène d'élection fort remarquable, sur lequel nous avons insisté1.

Les citations précédentes montrent que l'ouvrage d'Ibn-al-Awam n'est point inutile à consulter, surtout quand il s'agit de la culture de plantes utiles des régions méridionales, et sans doute les personnes intéressées trouveront des indications utiles dans les détails nombreux dont les cultures de la vigne, de l'olivier, etc., sont l'objet. Je ferai remarquer cependant que l'auteur avance des opinions sans preuves à l'appui et qu'il donne plus d'un exemple d'un tribut payé aux erreurs de son temps. Il a foi aux antipathies et aux sympathies. Ainsi, selon lui, le laurier éloigne de son voisinage les cantharides et les serpents; le grenadier repousse les vipères et d'autres serpents; il en est de même de la fumée dégagée de son bois par la combustion, tandis qu'il reconnaît, au contraire, que la fumée du bois de laurier attire les animaux venimeux que son bois repousse.

Eu parlant du noisetier, il dit qu'on lui attribue le pouvoir d'éloigner la vipère, les autres serpents, les scorpions, et généralement les animaux venimeux. Le scorpion s'éloigne d'un homme qui tient dans sa main une ou deux noisettes; un bâton de coudrier met les scorpions en fuite.

Il est un fait des plus importants dans l'histoire des êtres vivants en général ou des plantes en particulier, c'est la connaissance de l'existence du sexe mâle et du sexe femelle répartis sur deux individus d'une même

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1 Notes d'un rapport sur le bouillon de la Compagnie hollandaise fait à l'Académie des sciences le 19 mars 1832.

espèce, comme celle du palmier, par exemple. Cette connaissance, signalée dans l'Agriculture nabatéenne, remonte, en Orient, à une haute antiquité. Non-seulement des auteurs grecs et romains en ont fait mention, mais Ibn-al-Awam en parle à plusieurs reprises et dit avoir luimême fécondé la fleur d'un palmier femelle avec la fleur d'un palmier mâle. Il nomme un grand nombre de plantes dans lesquelles les sexes sont séparés.

Comment est-il arrivé qu'un fait de cette importance ait été sinon oublié, du moins négligé des savants, qui, depuis la Renaissance, ont envisagé l'étude des plantes comme une science spéciale distincte de la pharmacie, de la médecine, et nous ajouterons de l'agriculture?

Pour peu qu'on veuille étudier l'histoire de l'esprit humain, telle qu'elle est, sa faiblesse apparaîtra dans toutes les branches qu'elle cultive, et, si on méconnaissait cette faiblesse, l'histoire devenue incomplète serait infidèle, et dès lors incapable d'expliquer des faits considérables pour tous ceux qui veulent se rendre un compte exact des phénomènes de l'entendement dans chacune des branches du savoir dont l'ensemble représente l'arbre des connaissances de la philosophie naturelle. Nous ne voulons parler en ce moment que de la botanique.

La connaissance des sexes mâle et femelle du palmier remonte à la plus haute antiquité, disons-nous, et au xir° siècle, ajoutons-nous, Ibnal-Awam en parle dans son Traité d'agriculture. Comment, à la Renaissance, ce grand fait a-t-il été oublié ou négligé de la part des savants, qui, sous le nom de botanistes, ont prétendu étudier les plantes, non plus relativement à l'application, mais au point de vue d'une science pure. Avant de répondre à cette question, nous résumerons de la manière la plus brève, dans les termes suivants, l'histoire de l'étude du sexe des plantes.

Quelques auteurs attribuent à un botaniste de Prague, Zaluzanski de Zalusan, la découverte des sexes des plantes; ils disent qu'il la consigna dans un livre intitulé, Methodi rei herbariæ libri tres, 1592; mais cette opinion est bien restreinte par des botanistes qui n'accordent à l'auteur que le mérite d'avoir adopté l'opinion des anciens, à laquelle il n'a ajouté à l'appui que des notions d'une faible valeur scientifique.

Il n'y a pas de désaccord pour reconnaître l'exactitude des recherches de Rudolphe-Jacques Camerarius, professeur à Tubingue, sur les sexes des plantes. Dans une lettre imprimée en 1694, adressée à Valentin sous le titre De sexu plantarum epistola, il en démontre, par ses propres expériences, l'existence dans les fleurs du mûrier, du maïs et de la mercuriale, et, avec une franchise qui l'honore, il reconnaît le

que

point de départ de son travail a été la connaissance des écrits de Ray (1686), et, pour dire toute la vérité, nous ajoutons que Ray, en adoptant l'existence des sexes dans les plantes, avait déjà été précédé de Grew (1682), aux yeux duquel les étamines de la fleur étaient des organes mâles et le pistil l'organe femelle. Plusieurs écrivains citent encore Millington et Bobart (1681).

Sébastien Vaillant, qui eut de grands torts à l'égard de Tournefort, fit un grand travail sur les Synanthérées (1718), où il accorda une grande importance à la considération des sexes dans l'histoire des plantes.

Mais jusqu'à l'époque de la publication des écrits de Linné sur le sexe des plantes (1737), le public ne put se former une idée juste de l'étendue de cette importance, et, sans opposer la méthode naturelle à la méthode artificielle, reconnaissons la grandeur de l'œuvre du célèbre naturaliste suédois, d'abord dans la double conception de l'extension qu'il donna à la considération des sexes, conception importante et indépendante de toute classification spéciale des plantes, et dans l'invention de son vocabulaire pour décrire les plantes avec autant de précision que d'exactitude.

Loin de nous le blâme des botanistes de la Renaissance qui envisagèrent les plantes sous un aspect différent de celui qui, avant eux, avait frappé le médecin et le pharmacien; en outre, connaissant la faiblesse de l'esprit humain, sous le double rapport et de la rareté des inventeurs, eu égard aux imitateurs, et de la nécessité où se trouve l'homme de génie de concentrer sa pensée sur le sujet qui l'occupe, nous nous expliquons clairement comment la connaissance du sexe des plantes mentionné dans l'origine, au point de vue de l'application, fut négligée pour des études qui se présentaient avec l'apparence de la science pure, de la science désintéressée; nous comprenons donc comment, depuis 1592, date de l'écrit de Zalusan, jusqu'en 1694, où parut celui de Camerarius, aucune application générale de l'existence des sexes à la classification des plantes ne fut faite, et nous concevons encore que Sébastien Vaillant, ait écrit dans le sens des idées de Camerarius, et enfin que l'homme de génie n'arriva que plus tard pour montrer la grandeur de l'importance des sexes dans la classification des plantes.

Tirons des conséquences de cet état de choses pour le progrès de la science. En profitant de tous ces grands travaux du xvII° siècle et du siècle actuel, dont la classification des êtres vivants a été l'objet, en payant un juste tribut d'admiration et de reconnaissance à leurs auteurs, gardons-nous d'une appréciation étroite en nous faisant d'avance des idées de subordination des caractères, d'après lesquels, au nom d'un

principe a priori, nous étudierions certains attributs à l'exclusion des autres, sous le prétexte que les premiers seulement nous sembleraient devoir servir à la classification.

Au point où nous sommes arrivés, cherchons à pénétrer dans la connaissance de l'individu représentant l'espèce vivante; tous les attributs dont il est doué méritent sans distinction de fixer notre attention, car tous concourent aux phénomènes que la vie présente à l'observateur; cette étude, en nous faisant connaître l'admirable harmonie de tous ces éléments, loin d'être étrangère à la recherche des rapports sur lesquels repose la classification, ne peut que l'éclairer. En considérant l'heureuse influence des sciences mathématiques, physiques et chimiques, sur la société, comment imaginer que les sciences naturelles dérogeraient ou s'abaisseraient en recherchant pourquoi une espèce vivante est utile ou nuisible à l'homme, et s'il est possible d'accroître l'attribut qui la rend utile, ou bien d'atténuer, sinon de détruire, celui qui la rend nuisible. Dans l'étude des êtres vivants, il ne faut plus de ces idées étroites qui rappelleraient celles d'un autre temps, où l'intervention de la main dans l'œuvre humaine lui ôtait de sa grandeur, de sorte que le médecin qui n'agissait auprès du malade que par la parole, quelle que fût la médiocrité de son esprit et de sa science, dominait le chirurgien, dont la main pouvait être conduite, sans parler de l'habileté, par l'esprit le plus observateur et l'intelligence la plus vive!

E. CHEVREUL..

(La suite à un prochain cahier.)

The Life or legend of Gaudama, the Budha of the Burmese, with annotations, etc. by the R'. Rev. P. Bigandet, etc. La vie ou la légende de Gotama, le Bouddha des birmans, avec des notes sur les voies de Nirvána et sur les Phonguis, ou moines Birmans, par Mgr Bigandet, évêque de Ramatha et vicaire apostolique d'Ava et de Pégu, Rangoun, 1866, in-8°, x1-538 pages.

DEUXIÈME ARTICLE1.

La mort du Bouddha est racontée dans la légende birmane avec une foule de détails, qu'il serait trop long de rapporter et qui paraissent de pure fantaisie, tant ils sont précis et minutieux. Nous les abrégerons beaucoup, et nous n'en garderons que quelques-uns.

« Le Bouddha, appelant Ananda, lui dit : « Voici le moment d'aller « sur le bord de la rivière Hinaravati, dans la forêt de Salas, qui appar« tient aux princes de Malla.» Suivi par une multitude d'arhats, le « Bouddha se dirigea vers la rivière. La forêt s'étendait sur une langue << de terre qui était entourée d'eau de trois côtés. «Ananda, dit le << Bouddha, tu vois ces deux grands arbres sur la lisière du bois; va << me préparer entre ces deux arbres un lieu de repos, et dispose les «< choses de manière que, quand je serai couché, ma tête soit tournée << vers le nord. Ma couche aussi doit être arrangée de façon que l'une « de ses extrémités soit près d'un de ces arbres et que l'autre extrémité << touche à l'arbre opposé. Ananda, je me sens fatigué 2, et je désire du

« repos. >>

«Quoique la force du Bouddha fût égale à celle de mille millions

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Voir, pour le premier article, le Journal des Savants, cahier d'août, p. 449. -The life or legend of Gaudama, etc., page 295. Il paraît qu'ici le traducteur birman a joint une note pour se demander comment il se peut que jamais le Bouddha ait permis à son corps de ressentir la moindre fatigue. C'était, répond le pieux traaducteur, pour apprendre à tous les hommes à supporter la douleur et la maladie.» • On demande encore, ajoute-t-il, pourquoi le Bouddha s'est donné tant de mal pour atteindre le nirvâna dans ces lieux. » Le traducteur birman voit à cela trois raisons, et il énumère ces trois raisons : la première c'est que le Bouddha voulait particulièrement instruire les princes de cette contrée avant de quitter le monde. C'était aussi dans ce pays que les reliques du Bouddha pouvaient être le plus équi tablement réparties.

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