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planches ou gravures fort bien exécutées. L'Annuaire contient, outre les renseigne-
ments d'usage, un intéressant résumé de l'histoire de la société.

SYRIE.

Histoire de Calife le pêcheur et du calife Haroun Er-Réchid, conte inédit, accom-
pagné de notes explicatives et de la traduction française en regard, par Charles
Clermont-Ganneau. Jérusalem, typographie de Terre sainte, 1869, in-octavo de
128 pages.
Ce conte inédit est extrait de la version turque des Mille et une Nuits
imprimée à Constantinople en six volumes grand in-octavo. M. Clermont-Ganneau,
drogman-chancelier du consulat de France en Palestine, tout en offrant aux simples
curieux une nouvelle histoire des Mille et une Nuits, qui ne manque point d'inté-
rêt, s'est proposé surtout de donner un texte facile et attrayant aux Européens qui
ont l'intention d'étudier la langue ottomane. La traduction en regard, aussi litté-
rale que possible, dont il est accompagné, leur permettra de se livrer commodé-
ment à l'exercice simultané de la version et du thème. Le style du conte n'est peut-
être pas d'un purisme irréprochable; il n'est certainement pas à comparer à celui
des auteurs classiques de la littérature ottomane. C'est précisément cette raison qui
a déterminé le choix de l'éditeur. Ce style présente en effet, dans une assez juste
mesure, un mélange de formes littéraires et de locutions usuelles constituant cette
langue moyenne dont il existe si peu de modèles écrits, et que l'étranger recherche
de préférence. Ajoutons que les allures variées de la narration et du dialogue, qui
alternent perpétuellement, sont très-propres à initier le lecteur aux tournures fa-
milières de la conversation. M. Ch. Clermont-Ganneau s'est attaché à rétablir la cor-
rection du texte, l'édition de Constantinople fourmillant de fautes typographiques,
et il l'a fait suivre de notes explicatives. Ce petit volume est élégamment imprimé
avec des encadrements et des ornements variés dans le goût oriental.

TABLE.

Pages.

Meraugis de Portlesguez, publié par H. Michelant. (1" article de M. Littré.)....
Renaissance de la physique cartésienne. (2o article de M. J. Bertrand.). .
Histoire de la philosophie cartésienne, par Francisque Bouillier. (2o article de
M. Ad. Franck.). . .

645

662

674

Collection des historiens anciens et modernes de l'Arménie, etc. par Victor Lan-
glois. (2o article de M. Éd. Dulaurier.)...

690

Nouvelles littéraires...

702

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

DÉCEMBRE 1869.

Le poëme de LuCRÈCE. Morale, religion, science, par C. Martha, professeur suppléant à la Faculté des Lettres de Paris. Paris, imprimerie Lahure, librairie L. Hachette et Cie, 1869, 1 vol. in-8° de XVI-362 pages.

Dans l'étude des grands monuments poétiques de l'antiquité on n'a jamais, que je sache, séparé absolument des formes de la composition la pensée qu'elles expriment. On peut remarquer cependant qu'aujourd'hui c'est cette pensée qui attire d'abord et surtout l'attention de la critique, qu'elle est, non plus comme auparavant le dernier terme, mais le point de départ de l'appréciation littéraire. Parmi les ouvrages récents conçus dans cet esprit, deux surtout ont été accueillis du public avec une juste faveur; celui où, se plaçant au point de vue particulier qu'indique ce titre, Le sentiment religieux en Grèce d'Homère à Eschyle, M. Jules Girard a retracé avec tant de sagacité, de goût et d'intérêt, le tableau des premiers âges de la poésie grecque1; celui où M. Martha a si savamment, si ingénieusement expliqué, avec les idées dont Lucrèce s'est rendu, chez les Romains, le sincère et éloquent interprète, c'était là son objet principal, les grands caractères de son génie poétique.

Déjà, dans un autre livre 2, aussi finement pensé qu'élégamment

1

Voyez Journal des Savants, cahier d'avril 1869, p. 193 et suiv. listes sous l'empire romain, philosophes et poëtes, 1865. 2° édit. 1866.

2

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Les moru

écrit, et de bonne heure désigné par des mérites d'un ordre très-distingué aux suffrages des académies, M. Martha avait considéré, non-seulement en littérateur d'un goût délicat et sûr, mais, avant tout, en historien et en moraliste, deux autres poëtes latins, Juvénal et Perse. Dans leurs vers, dont il faisait sentir à propos les énergiques et hasardeuses beautés, il avait recherché de préférence ce qu'ils nous apprennent sur la société romaine au temps de l'Empire, sur les mœurs et les sentiments de ses diverses classes, et, chez quelques-uns de ses plus nobles représentants, sur l'action puissante du stoïcisme. On comprend comment il a été conduit tout naturellement à faire de l'épicurien Lucrèce, du poëte en qui a trouvé une si baute expression la doctrine qui a partagé à Rome, avec le stoïcisme, le gouvernement des esprits, le sujet d'un travail analogue.

Nous sommes plus à même qu'à d'autres époques de porter un jugement équitable sur Lucrèce, non-seulement comme poëte, l'excellence poétique de son œuvre, longtemps méconnue, ou, du moins, imparfaitement estimée de nos critiques, j'ai eu occasion de le montrer dans ce journal1, est désormais hors de toute contestation, mais encore comme philosophe. Ce n'est pas que ne se renouvellent quelquefois, à l'égard de systèmes dont la réfutation et l'apologie pouvaient sembler épuisées, les anathèmes du XVII° siècle et les adhésions non moins passionnées du xvII. On est plus généralement porté à voir dans l'épicurisme un fait d'un autre âge, appartenant à l'histoire de la philosophie, à celle des sociétés antiques, qu'il s'agit simplement, pour nous autres modernes, de comprendre et d'expliquer; et, tout en condamnant les erreurs trop docilement acceptées d'Epicure par Lucrèce, à lui tenir compte, aussi bien qu'à son maître, de ce qui, dans l'état religieux et moral du monde grec et du monde romain, a pu les y induire, de la sincérité, de l'intention honnête avec lesquelles leur ardent prosélytisme les a professées, enfin de ce qu'ils y ont mêlé d'enseignements salutaires, conformes aux leçons de philosophies meilleures, et dont la vie humaine peut encore faire son profit.

C'est dans ces raisonnables et indulgentes dispositions que M. Martha a abordé le sujet qui s'offrait à lui, sujet bien intéressant, mais aussi bien délicat; car, dans l'intérêt des grands principes de la religion et de la morale, il obligeait à des réserves, qui, quelque expresses, quelque multipliées qu'elles fussent (et elles sont telles dans ce livre), couraient le risque, au milieu du conflit des spiritualistes et des matérialistes, de

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paraître aux uns insuffisantes et aux autres importunes. Je ne voudrais pas répondre qu'il ait été donné à M. Martha d'échapper à ce double danger. Mais, s'il en était autrement, ce serait un témoignage de la sage mesure qu'il a su garder.

Il s'est proposé particulièrement d'établir, à la décharge d'Épicure et de Lucrèce, qu'ils n'ont point voulu être, qu'ils ne se sont pas crus ce que, par le progrès des idées religieuses, ils sont devenus pour nous, des impies en révolte contre la Providence qui a créé et gouverne le monde, des corrupteurs enlevant à la fois, par leurs affirmations de la matérialité et de la mortalité de l'âme, par leur négation d'une vie future, au crime ses terreurs, à la vertu ses espérances et ses consolations. Si leurs doctrines avaient, il est bien loin de le contester, cette portée fàcheuse, il estime que, quand elles se sont produites, elles n'ont prétendu s'attaquer, et cela légitimement, qu'à la terreur superstitieuse entretenue, au sein des sociétés antiques, par des croyances en «< des dieux << malfaisants, sans justice comme sans bonté, dont l'intervention per«<pétuelle, inique et fantasque, empoisonnait la vie humaine et dégradait « les âmes; » par les sombres et désolantes images, étrangères, ou peu s'en faut, à toute idée de juste rémunération, sous lesquelles s'offrait alors à la pensée la notion confuse d'une existence ultérieure.

Que dans la lutte de l'épicurisme contre la superstition, la religion elle-même ait été atteinte, M. Martha, je l'ai déjà dit, le reconnaît, et il l'explique par l'entraînement nécessaire de la polémique.

Pour juger, dit-il, avec équité les doctrines morales, on doit tenir grand compte des circonstances historiques. Il faut considérer ce que ces doctrines sont venues combattre. La philosophie morale n'est pas une muse solitaire qui, dans une retraite désintéressée, médite sur les grands problèmes de la vie. Elle est mêlée au monde, elle est militante, et renverse avec l'erreur la part de vérité que l'erreur peut contenir..... dans la lutte elle ne songe pas à faire des distinctions raisonnables et circonspectes. Les révolutions philosophiques ressemblent en cela aux révolutions politiques où le peuple exaspéré détruit avec la tyrannie les principes mêmes les plus légitimes de tout gouvernement.

On pourrait demander si cette part de vérité que contenaient les erreurs combattues, après Épicure, par Lucrèce, ne rendait pas leur suppression plus préjudiciable à la société que ne l'eût été leur maintien. Ainsi pensait assurément un noble contemporain de Lucrèce, Caton, lorsqu'au Sénat, dans une délibération fameuse, il répondait, comme l'on sait, par d'ironiques et graves paroles, à la profession de foi épicu

Sallust. Catil. LII.

rienne de César. C'était aussi apparemment le sentiment de Virgile. quand, dans sa description des enfers, se conformant aux croyances communes, dont il avait fait ailleurs, comme les autres poetes de Rome, assez bon marché1, il les accommodait habilement aux enseignements de la philosophie platonicienne sur la destinée de l'homme après la vie, et le discernement final opéré par la justice divine entre les bons et les méchants.

Dans ce livre, où il est touché doctement, sensément, spirituellement, à toutes les parties de la doctrine épicurienne, où une raison indulgente, tout en faisant justice de ses étrangetés théologiques, physiques, psychologiques, lui tient compte équitablement de ce qui les rachète, c'est, on le conçoit, sa morale qui occupe le plus de place. L'auteur la montre sous tous ses aspects, dans sa primitive sévérité, si l'on peut se servir de ce mot, d'une justesse relative cependant, dans ses rencontres avec des morales plus hautes, et aussi dans les grossières applications vers lesquelles de bonne heure on la détourna; avec son charme attirant, et aussi ses dangers, ses mécomptes, ses tristesses : il en retrace l'histoire en Grèce et à Rome; en Grèce où, comme d'autres philosophies de même date, elle naît, en quelque sorte, de la langueur dans laquelle s'est endormie, sous l'accablant protectorat des rois de Macédoine, la libre, la féconde, la puissante activité de ses citoyens; à Rome où l'accueillent et la corruption élégante des opulents vainqueurs du monde gagnés tout d'abord à la facilité commode de ses prescriptions, et, dans l'espoir du calme, du repos promis par elle aux âmes, ce découragement, cette lassitude qui suivent les dissensions civiles.

Quelles formes très-diverses le principe si peu déterminé de cette morale, le plaisir, l'a-t-il amenée à revêtir, M. Martha le montre dans une piquante revue qui nous conduit jusqu'aux temps modernes. Nos lecteurs me sauront gré de reproduire ce morceau, comme spécimen de la manière de l'auteur, du mélange de solidité et d'agrément qui la

caractérisent.

Quand on nous parle de stoïcisme et de stoïciens, nous savons au juste de quelle doctrine il s'agit et de quels hommes. Leur principe peut être plus ou moins rigide, mais il est le même pour tous, malgré la diversité des temps et des caractères. Sénèque, Epiclète, Marc-Aurèle, ne diffèrent que par ce qu'ils ont mis de leur imagination et de leur âme dans leurs discours; ils se rencontrent dans un principe qui

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