Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

se retrouve dans le volsque esaristrom (ESARISTROM), on a là un correspondant de l'étrusque Esar signifiant « Dieu,» au dire de Suétone 1. De telles ressemblances ne nous autorisent pas à conclure que l'étrusque appartenait à la même branche, soit que l'ombrien, soit que l'osque et les dialectes congénères. Nous ne pouvons donc pas espérer que les travaux des éminents philologues ici nommés puissent servir à pénétrer le sens des inscriptions de l'antique Tyrrhénie, et nous nous voyons obligé fort à regret de séparer l'étude de l'étrusque de celle des autres langues italiques.

M. Fabretti présente le résumé des travaux entrepris sur la famille sabino-ombrienne jusqu'à l'époque où il a achevé son glossaire, et un supplément comprend les mots et les sens que des recherches ultérieures ont ajoutés au vocabulaire. Il est certains développements qui n'ont pourtant pas trouvé place dans ses addenda, quoique de nature à modifier quelques-uns des articles du Glossaire. Tel est le cas pour ce que M. Corssen, dans un article publié au tome XI de la Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung, a dit du mot osque meddix, un de ceux dont le sens nous est le mieux connu. Je suppléerai au silence de l'auteur italien en résumant ici les considérations de M. Corssen. L'analyse des vues proposées par cet habile philologue me fournira l'occasion de montrer au lecteur français la finesse et la rigueur de méthode introduites par l'école dont il est l'un des maîtres.

Festus nous apprend que meddix était, chez les Osques, le nom d'un magistrat, et il cite un vers d'Ennius où ce nom figure. Tite-Live compare le suffète des Carthaginois au meddix tuticus des Osques. Or les inscriptions italiques nous présentent des formes où l'on peut reconnaître soit ce mot, soit ses dérivés, à savoir meddis (1993)2, écrit par abréviation med (1) dans des textes épigraphiques de la Campa

1 Une affinité de mots entre les dialectes de la famille osco-sabine que je ne dois pas omettre ici, est celle du surnom de Falacer donné par les Sabins à une de leurs divinités (Divus Falacer) et l'étrusque faland(um) qui signifiait ciel au dire de Festus. M. W. Corssen rattache avec beaucoup de vraisemblance ce dernier mot à la racine sanscrite bha signifiant brillant, laquelle devient a en grec (Oz-λós, clair, brillant, éclatant). Le divus Falacer semble donc avoir été, chez les Sabins, le dieu qui a créé la lumière, le Jupiter Lucetius des Romains. Voyez Zeitschrift für vergleichende Sprachforschung, t. XI, p. 423. Cette explication du mot falant est différente de celle que j'ai notée dans mon précédent article (p. 569), elle parait reposer sur une donnée plus satisfaisante; mais je souscris moins à la manière dont M. Corssen y rattache le sens de haut pour le mot falat. Il y a deux i en osque (I et ); le second est rendu, dans les transcriptions adoptées, par i portant un accent aigu; je le rendrai par un i surmonté d'un tréma (ï).

2

nie et du Samnium, meddïss (2293), qui se rencontre sur d'autres inscriptions osques, MEAAEIE (μedder), que nous fournit une inscription de Messine en caractères grecs, enfin meddixud (MEDDIXVD) qui se lit sur la table de Bantia.

M. A. Fabretti, en rapportant ces différentes formes, ne fait aucune observation sur les variations d'orthographe qu'elles impliquent, et semble regarder les mots meddïs, meddïss, meddix, meddeix, comme autant de variantes soit arbitraires, soit tenant à des différences de prononciation locale. M. Corssen examine la chose de plus près; il constate que la forme meddïs (1993) appartient aux plus vieilles inscriptions et est conséquemment l'orthographe archaïque, tandis que la forme meddis (MEDDIS) est celle d'inscriptions moins anciennes, telles que la table de Bantia. Sur les monuments de la première catégorie, s (Z) finale est parfois redoublée au nominatif singulier comme au nominatif pluriel. ce qui donne le mot meddiss. Cette double sifflante s'est changée en un x chez les Latins et les Siciliotes, d'où la forme meddix, qui se trouve dans Ennius et Tite-Live, et la forme MEAAEIE de l'inscription de Mes

sine.

Cette remarque faite, M. Corssen se demande si le mot meddixud, qui présente également la lettre x, est un dérivé direct de la forme meddix, et voici comment il arrive à conclure négativement : Le vocable meddixud, que l'étude de l'inscription où il figure nous fait reconnaître pour un ablatif, doit être dérivé de la forme meddiciud par la suppression du second i, absolument comme le vocable medicim, qui représente à la fois le nominatif et l'accusatif singulier, est dérivé du primitif mediciom par la suppression de la même lettre, et répond au latin magisterium. Dans ce mot meddixud, l'effet de la voyelle i, qui suivait la consonne c a été de transformer celle-ci en une forte sifflante, et la voyelle a en même temps été éliminée; c'est là un fait phonologique de la même nature que celui qui a produit la transformation du t en s et la disparition de i dans la forme Banse équivalent du primitif Bantiæ.

La double orthographe meddis et meddiss, notée tout à l'heure, montre que la sifflante qui termine ce mot devait se prononcer d'une manière fort aiguë et très-accusée; dès lors il est à croire que, si les Osques écrivaient le même mot non avec un s mais avec un x (meddix), c'est que celte lettre prenait un nom sibilant, rappelant sans doute la prononciation du z espagnol. Que la lettre x se prononçât de la sorte, nous en avons la preuve par certaines variantes d'orthographe dans des mots latins exemple sescentas pour sexentas, Sestius pour Sextius, prætestati pour prætextati, etc., et surtout par certains textes épigraphiques

:

ou autres qui nous ont conservé la prononciation populaire; tel est le cas notamment dans les formes suivantes: visit pour vixit, vissis pour viris, unsit pour unxit, obstrinserit pour obstrinxerit, frassinus pour fraxinus, fossicum pour foxicum, cossim pour coxim, trissago pour trixago. Les langues romanes nous offrent des transformations phonologiques identiques.

Le mot meddix ou medix a été rattaché par MM. Schoemann et Th. Mommsen à la même racine que le latin mederi, medicus, car, à leurs yeux, l'orthographe primitive et véritable est medix avec un seul d. C'est ce qu'il est difficile de supposer, toutes les inscriptions osques portant, pour la forme nominative, meddïs ou meddïss avec la double dentale. Si, aux cas obliques du même mot ou de ses dérivés, n'apparaît plus qu'un seul d, comme le prouvent les formes medicei, mediceïs, medicim, medicated, on retrouve cependant le double d dans meddixud. Dans le vers d'Ennius cité par Festus et où se lit le mot meddix,

Summus ibi capitur meddix, occiditur alter,

la quantité veut que med soit long, ce qui implique l'existence de la double lettre. Quant au passage de Tite-Live, il y a trop de variantes dans le texte des manuscrits de son Histoire, pour que l'on puisse rien conclure de l'orthographe qu'y présente le mot en question. Les deux d appartenant à la forme originelle du mot meddix, il faut absolument en tenir compte dans la recherche de son étymologie, et on ne saurait dès lors le rattacher à mederi, medicus. Il y a, d'ailleurs, pour rejeter cette affinité, un autre motif. Dans le mot latin medicus, comme dans verticis génitif de vertex, appendicis génitif d'appendix, la syllabe ic est brève (medicus), or, la forme MEAAEIE (μedder) de l'inscription de Messine prouve que, dans meddix ou meddïs, meddïss, i est long.

Une troisième considération, et la plus décisive, achève de faire rejeter l'assimilation admise par MM. Schoemann et Mommsen, c'est que, dans l'inscription de la frise du temple de Bovianum, on lit metd (Яtam)'. abréviation pour medtis ou medtiss. Ceci nous fournit, selon toute apparence, la forme primitive du mot; c'est le voisinage du d et du t qui a opéré la transformation de la première lettre et son assimilation à la seconde; de sorte qu'au lieu d'un t et d'un d on a eu un double d.

M. Corssen conclut de tous ces faits que, pour trouver l'étymologie du mot meddïs ou meddïx, il faut remonter au primitif met-dic dans lequel se trouvent réunies deux racines, met et dic ou mieux deic. Cette seconde

1

Voyez Corpus, n° 2872; M. Fabretti enregistre cette forme, mais il ne fait aucune réflexion à son sujet.

racine reparaît dans le nom de divinité Liganak-dik-eï, qui se lit sur l'inscription d'Agnone, et dans le verbe osque deic-um de la table de Bantia, répondant au vieux latin deic-ere (dicere). Cette même racine entre dans les mots judex, vindex (génitif judicis, vindicis), sauf qu'ici la syllabe ic est devenue brève, ainsi que cela est aussi arrivé pour les mots veridicus, maledicus, prædicare. La première racine met ou me-t nous ramène à l'osque me-ti2 et trouve son explication dans le sanscrit ina-ti répondant au grec un-7. Le suffixe ti joint au thème fondamental entre pareillement dans l'osque fa-ti-om, équivalent du latin fateri (cf. grec Cá-TIS).

La voyelle i, qui appartenait à la racine primitive, a disparu dans le mot meldis, sa prononciation se faisant fort peu sentir entre les deux consonnes, de façon qu'elle devenait en réalité muette; il en résultait que le mot sonnait comme si ces deux consonnes se fussent immédiatement suivies, et l'articulation du mot devenait par là plus dure; ce fait ressort du rapprochement des formes osques et des formes latines équivalentes; Jovcüoi répondant au latin Jovicieo, Lovkl à Lucilius, Pupdiis à Pupidiis, Niumsis à Numisius. De même le vocable decmanniois nous fournit le thème decmo signifiant dixième, en latin decimo, et le vocable minstreis est à rapprocher du latin ministri.

L'analyse des mots composés latins formés de deux racines montre que, tandis que la première implique une idée substantive, la seconde représente le verbe dont l'action retombe sur l'objet que cette première racine exprime. La preuve nous en est fournie notamment par les mots ben-ficium, ol-facio, ar-facio, au-spex, nau-fragus, nau-stibulum, u-pilio, sacer-dos, prin-ceps, pel lu-vium, men-ceps 3. L'application de ce principe au mot med-dix (máti et dicere) nous fait voir qu'il signifie proprement celui qui dit l'avis, qui donne le conseil (en allemand Rathsprecher), de même que jadex (ju-dex) signifie celui qui dit le droit (le juge), vinder (vin-dex) celui qui dit le désir (en allemand Begehrsprecher), car la syllabe vin dérive de la racine van impliquant l'idée de désir, d'appétence, laquelle se retrouve dans le latin venia et le nom de Venus.

1

Cette interprétation nous amène à regarder le meddix des Osques

Ce nom de divinité, écrit и, est expliqué, dans l'ouvrage de M. Huschke, par déesse de la lex inevincebilis; » M. Mommsen le traduit par « déesse « de la tuta possessio. 2 Cette racine nous est fournie par le nom osque de Metius. Dans la décomposition de ces mots, M. Corssen note qu'il faut parfois tenir compte de l'élision de i par suite du concours des deux voyelles, comme cela a lieu dans sti-pendium pour stipi-pendium, cor-dolium pour cordidolium, veni-ficium pour veneni-ficium.

comme ayant été le président de l'assemblée de la nation (concilium, comitium), dont il promulguait la décision (sententiam dicebat). M. Fabretti, dans sa dissertation sur l'inscription ombrienne de Fossato, déjà citée, a montré que l'on devait rapprocher quant au sens de l'osque meddix, le titre de maro qui se lit au pluriel (MARONES) sur une inscription rapportée par Gruter (CLXXVII, 8), et encastrée dans le mur de la cathédrale d'Assise. Le sens de la qualification de maro, qui a été portée comme cognomen par des Romains et notamment par Virgile, ressort de l'inscription de bronze de Fossano, laquelle est ainsi conçue :

CVBRAR MATRER BIO ESO

OSETO CISTERNO N C·↓V
SV MARONATO
IIII

V.V.VARIE⚫T C.FVVONIE

Le mot maronato s'offre visiblement ici comme un nom de magistrature, et on doit traduire ce texte épigraphique avec M. Fabretti par : Cupree Matris 2 pium hoc ossetum cisterna numis conlatis LVIIII sub maronatu Vibii Lucii (fil.) Varii (et) Titi Caïi (fil.) Fullonii.

Le savant italien regarde le mot maronato comme un accusatif dont la forme complète serait maronatom, s'appuyant de cette circonstance que, dans les tables Eugubines, on trouve trifo pour trifom répondant au latin tribum; la forme ablative aurait été maronatei. Cette opinion exige, il est vrai, qu'on suppose à sub un accusatif pour régime; ce qui n'a rien au demeurant d'impossible, les prépositions ombriennes ne gouvernant pas toujours le même cas que les prépositions latines correspondantes; ainsi la préposition pus (en latin post) est suivie de l'ablatif dans les tables Eugubines.

Les marones s'offrent donc à nous comme ayant été, dans l'Ombrie et peut-être le Picenum, des magistrats d'un ordre non moins élevé que le meddix tuticus des Osques. M. Corssen explique leur nom par la racine qui entre dans le grec μɛpμaíρw (μɛpμépw) impliquant l'idée de soin, de souci, (latin curator), et que M. G. Curtius rattache à la racine sanscrite smar, qui entre dans le latin memor.

2

'Cf. Mommsen, Inscript. latin. antiq. n° 1412. Cuprar Matrer est une forme génitive. La déesse Cupra était vénérée dans le Picenum où se trouvaient les villes de Cupra montana et Cupra maritima, peut-être deux noms différents de la même localité. La présence d'un temple de cette déesse avait valu, ainsi qu'on le voit par ce que dit Strabon, son nom à la ville. M. W. Corssen a reconnu le même mot sabin qui, d'après l'étymologie donnée par Varron, impliquait l'idée de bonté, dans le datif ciperu, que fournit une inscription sabellique.

« ZurückWeiter »