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rien publié, mais cette année nous donnerons deux volumes, dont le premier contiendra réellement les travaux de l'an dernier, avec la date de 1870. L'autre répondra à l'année présente.

Nous aurons donc ainsi réparé, nous aussi, nos revers.

Si nous ajoutons que la publication du manuscrit de Guimann est commencée et que bientôt lllistoire de France pourra se dire enrichie de ce nouveau document, nous pourrons constater que notre Société n'est pas demeurée stationnaire, et qu'elle a fait valoir, pour le bien commun, les ressources qui lui furent départies. Si le calme parfait nous est rendu, il nous sera tout à la fois facile et agréable d'étendre et de rendre de plus en plus utiles ces travaux qui, pour être bien faits, demandent avant tout la tranquillité de l'esprit et l'atmosphère sereine de la paix.

DISCOURS DE RÉCEPTION

MESSIEURS.

de

M. GARDIN.

Le titre de membre de l'Académie d'Arras est un honneur auquel je n'aurais pas osé prétendre, si votre trop indulgente bienveillance n'était venue au devant de mes discrètes aspirations et ne m'eût conduit, comme par la main, jusqu'au lieu de vos séances où elle me réservait le plus gracieux accueil. Aussi lorsque votre savant secrétaire voulut bien me donner avis, dans les termes les plus gracieux, de la faveur dont j'étais l'objet, je m'empressai de lui exprimer toute la reconnaissance dont j'étais pénétré.

Mais cette manifestation d'un sentiment bien vivement éprouvé aurait été insuffisante et pour vous et pour moi.

Un usage, fondé tout à la fois sur une tradition presque séculaire et sur des convenances qui sont de toutes les époques, exigeait qu'il trouvâl, dans un discours de réception, une expression publique et solennelle, sorte d'épreuve qui ne serait pas sans péril, même pour celui qui viendrait à vous précédé des titres littéraires ou scientifiques les plus irrécusables. J'avais, d'ailleurs, à payer un tribut de respectueuse sympathie à la mémoire de l'homme de bien, du digne collègue qui fut mon prédécesseur à l'Académie, comme il était mon aïeul judiciaire.

Cependant des mois se sont écoulés, deux années peut-être et ce devoir n'est pas encore rempli. Les difficultés très-réelles de cette épreuve, la crainte, que pouvait m'inspirer l'insuffisance de mes paroles pour traduire fidèlement les sentiments que j'éprouve, de rester trop indigne de vous et de ne pas justifier votre choix expliqueraient sans doute des hésitations et des atermoiements; mais ces considérations, vous le savez, ont été étrangères à un retard bien involontaire. Je viens à vous tel que je suis, tel que vous avez bien voulu m'accueillir et sans aucune prétention à des succès oratoires. Les mille incidents d'une vie qui appartient tout entière à d'austères devoirs, des préoccupations parfois pénibles, ont absorbé tous mes instants, dérangé toutes mes combinaisons et retardé, bien au-delà de mes prévisions, une solennité que j'appelais de mes vœux puisqu'elle devait consacrer définitivement mon titre de membre de l'Académie d'Arras. Pourquoi me faut-il évoquer de douloureux souvenirs en vous rappelant que votre dernière séance publique annuelle a été rendue

impossible par les cruelles épreuves qui commençaient pour notre chère patrie et qui ont abouti à des désastres comme ceux qui ont marqué les plus tristes époques de notre histoire. Ma réception s'est trouvée ainsi fatalement retardée d'une année entière.

Qui donc aurait pu s'occuper des fêtes de l'esprit, alors que tous les cœurs étaient si péniblement oppressés ; que tous les intérêts étaient atteints ou en péril; que toutes les existences étaient en question, que toutes les intelligences cherchaient leur voie au milieu du dévergondage des discussions et de l'anarchie des idées. Ne faut-il pas, pour la culture des lettres et des arts, le calme des esprits, la sécurité du lendemain, la foi dans l'avenir.

Aujourd'hui qu'une accalmie, comme disent les marins, a succédé à la tempête; que la France mutilée et sanglante voit poindre l'aurore de jours meilleurs et que nous pouvons reprendre en paix le cours de nos travaux, je viens, suivant l'usage antique et solennel, vous dire combien je suis fier et reconnaissant de voir compléter ma carrière par l'insigne honneur que vous m'avez fait.

En me voyant l'objet d'une distinction que votre courtoisie a voulu me rendre doublement précieuse, j'ai dû me demander avec quelqu'inquiétude comment j'avais pu la mériter et quels matériaux j'apporte à l'édifice que vous élevez à la littérature, à la science, aux beaux-arts, à toutes les manifestations de l'activité intellectuelle. Je ne trouve, hélas, dans mon passé que des travaux accomplis au jour le jour; des réalités trop souvent étrangères à l'imagination, à l'art, à la littérature et qui ne constituent guères des titres académiques.

Je suis forcé de reconnaître que vous avez voulu continuer au sein de votre Compagnie la tradition des magistrats académiciens et honorer, dans celui qui les résume, des fonctions dont les esprits d'élite savent apprécier toute l'importance.

Vous avez voulu au moins m'imposer le devoir de justifier votre choix en prenant à vos travaux une part aussi active que le comportent les exigences de ma vie et en vous apportant le modeste tribut de mon expérience et de mes études.

La magistrature a toujours eu le privilége enviable de compter dans vos rangs quelques-uns de ses membres les plus distingués, et vos annales constatent que nos ancêtres judiciaires ont apporté à l'Académie une part considérable de leurs lumières et de leurs travaux. Dans tous les temps on a pensé que l'étude de la législation touche à presque toutes les branches des connaissances humaines, et que la recherche du droit de chacun et par conséquent l'habitude de méditer sur les divers phénomènes de la vie sociale, rendent les magistrats [articulièrement aptes à prendre part aux travaux d'une Société

savante.

Dans l'ancienne Académie, on rencontre les noms de MM. Dubois de Duisans, conseiller au conseil d'Artois, Lesergeant d'Hendecourt, chevalier d'honneur de ce conseil; Foacier de Ruzé, avocat général; Enlart de Grandval, procureur général; Rouvroy de Libessart, conseiller; Briois de Beaumetz, premier président.

L'Académie actuelle compte au nombre de ses membres les plus regrettés les deux honorables magistrats qui m'ont précédé sur le siége de président du tribunal

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